Archives par mot-clé : Groupe enfance

29/1/23 – DIMANCHE à l’AERI

VIDEO DE LA JOURNEE ICI

Interventions de

Liliane Irzenski, Sandrine Deloche, Mathilde Hamonet, Martin Pavelka, Michaël Paszt, Augustin Clarou, Agnès Caffier, Marie-José Mondzain, Bernard Ferry, Séverine Ouaki, Françoise Nielsen, Catherine Laval, Anne Perret, PDG de Tyraline et son assistante, Philippe Rassat, Dr BB, Jean-Marc Royer, Alexis de Tocqueville (en différé), Bastien Sueur, Capucine Meilhac, Revue NREA, … et les présents ce dimanche à l’AERI

PUBLICATION « L’ENFANCE MISE AU PAS » : https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no_revue=963&no=74027    

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Les enfants et adolescents souffrant des dits Troubles du Neurodeveloppement ne sont-ils que « des processus » sans sujet ? – Severine Ouaki

Les approches envisagées par l’Arrêté du 10 mars 2021 relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues mentionnée à l’article R.2135-2 du code de la santé publique sont les thérapies cognitivo-comportementales, la remédiation neuropsychologique et cognitive et la psycho-éducation désignées consensuelles par la HAS. L’arrêté passe sous silence d’autres types d’approches, qui font pourtant partie des recommandations de la HAS dans la catégorie « non-consensuelles » notamment l’approche psychodynamique sous tendue par des théories psychanalytiques. Elles sont ici censurées dans un texte qui s’autorise à outrepasser les recommandations de la HAS, comme un pas de plus vers la révocation de la vie psychique de l’enfant et de l’adolescent.

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Pédopsychiatrie – Menace sur les CMPP en Nouvelle-Aquitaine

Collectif des 39         28 février 2020

Une vive réaction des professionnels de terrain, de leurs partenaires et des familles d’enfants concernés a été provoquée par le Cahier des charges régional des CMPP en Nouvelle-Aquitaine, transmis en fin d’année dernière.

Les CMPP, où travaillent ensemble, depuis des décennies, des pédopsychiatres, des psychologues, des pédagogues, des orthophonistes, des psychomotriciens … proposent aux enfants de 0 à 20 ans et à leur famille, un accueil et un soin individualisés, qui tendent à prendre en compte leur parcours psychique dans toutes ses dimensions (médicale, développementale, et psycho-sociale…).

Les CMPP (tout comme les CMP enfants) reçoivent, sans à priori, toutes les familles qui les contactent, le plus tôt possible après qu’elles en aient fait la demande. Ces centres ont malheureusement subi des baisses importantes du nombre de professionnels au cours des dernières années, des structures ont été déplacées, fermées… et les listes d’attente se font alors de plus en plus longues. C’est une nouvelle attaque que subissent les CMPP en Nouvelle-Aquitaine : Continuer la lecture de Pédopsychiatrie – Menace sur les CMPP en Nouvelle-Aquitaine

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La pédopsychiatrie low-cost

Comment les politiques managériales des hôpitaux façonnent nos pratiques – PRATIQUES 84,  JANVIER 2019

 Catherine Laval,  Médecin pédopsychiatre

Quand j’ai fini mon internat, il y a quinze ans, c’était pour devenir pédopsychiatre de secteur, que je pensais être un médecin qui accueillait la souffrance, prenait le temps d’écouter et d’entendre, une discipline à la croisée de la médecine, des sciences humaines, de la psychanalyse, de la politique certes, mais pas du management d’entreprise. Je n’avais rien compris. Continuer la lecture de La pédopsychiatrie low-cost

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VIDÉOS du meeting ENFANCE EFFACÉE du 16 octobre 2016

ENFANCE EFFACÉE ..?  RÉSISTER, INVENTER…

Journée poétique et politique 

Nous sommes inquiets et en colère. Les politiques s’attaquent à notre humanité dès l’enfance.

Ainsi commençait le meeting du 16 octobre 2016. Ces  propos restent  cruellement  d’actualité.

VIDEO DU MEETING :   http://collectifdes39.fr

PHOTOS DU MEETING : https://www.flickr.com/gp/145990701@N04/506P29

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Attaque du médico social – Alerte enfance en danger !

Marie BAKCHINE   Psychologue / psychothérapeute dans un     CAMSP    Reims, 2017

Le secteur médico-social regroupe 900 000 salariés et prend en charge environ 1 million 500 personnes (enfants et adultes).

C’est un secteur complexe qui accueille dans 35000 structures une population hétérogène pour des missions de soins, d’accompagnement, de prévention, d’actions éducatives, d’intégration, de protection, d’hébergement.

La politique d’austérité mise en place par les gouvernements successifs a porté un coup sévère à la qualité des soins.

Le secteur médico-social et sa branche consacrée à la petite enfance (1) sont aujourd’hui menacés dans leurs pratiques. Jusqu’à présent, les politiques gouvernementales en matière de « santé mentale » ont eu pour conséquence un repli des structures publiques vers celles du médico-social, souvent gérées par des associations privées à but non lucratif.

Les CAMSP par exemple, (Centre Action Médico-Sociale Précoce, prés de 250 aujourd’hui en France) sont créés dans les années 1970 pour accueillir, dépister, annoncer un diagnostic et soigner sur un temps long, grâce à un plateau technique pluridisciplinaire, les enfants et leur famille touchés par un handicap ou une maladie chronique, dans des consultations précoces et proches du domicile. Ils sont aujourd’hui confrontés au démantèlement progressif des hôpitaux publics et plus particulièrement de la psychiatrie de secteur infanto juvénile.

En conséquence, les CAMSP sont contraints de prendre en charge, en nombre croissant, des pathologies psychiques de plus en plus lourdes, habituellement traitées dans les CMPE (2), tels que autismes et psychoses infantiles, afin de pallier une carence d’offre de soin en psychiatrie et de places en hôpitaux de jour. Ceci est le résultat de la mise en place des GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire) qui visent la fusion des structures sanitaires et médico-sociales toujours dans une logique de réduction des coûts et au détriment des personnes en souffrance.

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Communiqué du 25 novembre 2017

Le collectif des 39 salue la mise en ligne de la pétition « Le TDA/H me fâche ! », qui s’inscrit dans le mouvement actuel de prise de conscience des familles et des professionnels du soin et de la santé mentale face aux enjeux de la politique de l’enfance.

Les concepteurs et signataires de cette pétition attirent l’attention sur la question de la validité de ce diagnostic, sur les risques du traitement médicamenteux et sur la présence d’instructions diagnostiques sur un site de l’Education nationale.

Le Collectif des 39 a déjà débattu des questions de l’enfance, notamment lors des assises du sanitaire et du médico-social en 2013 (http://www.collectifpsychiatrie..fr/?p=6869). L’élaboration d’une réflexion a continué en novembre 2014, lors d’un grand forum rassemblant familles, professionnels, citoyens, artistes (https://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=7365), puis lors d’un colloque au Sénat en 2015 (https://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=7835) et  en octobre 2016 avec le Meeting «Enfance effacée, Résister, Inventer » pour alarmer  sur l’inhospitalité des pratiques prescrites (https://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=8317).

D’autres professionnels ont fait de même (pétition « TDA-H : une dangereuse surmédicalisation ? », http://www.stopmedikids.org), afin de contrer la tendance actuelle qui vise à évacuer la dimension psychique, relationnelle et multifactorielle des perturbations de l’attention et de la psychomotricité chez les enfants, qui amène ainsi à « oublier » la possibilité d’un soin psychothérapeutique.

Nous tenions à dénoncer plus précisément le management actuel des soins aux enfants et familles en difficultés. Management organisé par les injonctions de la Haute Autorité de Santé (Recommandation de bonne pratique, décembre 2014), relayées sur l’ensemble du territoire par les Agences Régionales de Santé, et appliquées in fine par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées dans le cadre de l’Education nationale. Les MDPH sont les rouages institutionnels qui, en triant bureaucratiquement (sur dossiers) les populations, classent et stigmatisent chaque jour un plus grand nombre d’enfants et de parents, pour une école dite « inclusive ».

En rappelant ces initiatives nous souhaitons œuvrer dans le sens d’une convergence des forces des professionnels,  des familles et des citoyens, pour une meilleure hospitalité pour l’enfance et, plus généralement, contre une « nouvelle psychiatrie » réduite au traitement bio-éducatif des souffrances psychiques.

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VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

Communiqué du Collectif des 39 sur les inspections des hôpitaux de jour.    Le 21 décembre 2016,  Le Collectif des 39

Qualifiées de « visites » en Ile-de-France, la vague des « inspections » des hôpitaux de jour pédopsychiatriques en cours sur le territoire français est-elles une dernière onde de choc d’un coup de force des lobby, désormais écartés des cabinets des pouvoirs publics ?

Le rejet le 8 décembre dernier par l’Assemblée nationale de la « Résolution Fasquelle », signe-t-il le tournant dans le traitement politique glaçant de la question de l’autisme en France ? Les 89 députés parmi ceux qui ont initié ce texte, ont-ils réalisés la manipulation dont ils ont fait l’objet, au point de décider finalement de ne pas voter eux-mêmes le texte ?! Ils auraient pu être éclairés bien plus tôt !

En effet, au printemps dernier, les familles et les professionnels de ce champ ont dénoncé le ligotage du Secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées par un lobby de « la seule méthode ». Après l’intervention du Président de la République, les personnes avec de grossiers conflits d’intérêt ont été écartées de l’entourage de Ségolène Neuville. Le ton que celle-ci a pris le 8 décembre en s’adressant dans l’hémicycle à ceux des députés qui relayaient encore ce lobby marchand et anti-service public, reflétait-il la force de son humiliation ? Continuer la lecture de VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

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Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

José Morel Cinq Mars    Psychologue

Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux où grandir bien serait possible parce qu’on lui permettrait d’être insouciant, curieux et changeant ?

Un enfant peut-il encore être espiègle ? timide ?  turbulent ?  frondeur ?  lunaire ?  joueur ? distrait ?  sans que pression soit faite pour le « normaliser » ?

Un enfant peut-il encore être accompagné dans ses difficultés à l’école ou dans sa famille sans qu’on le désigne comme handicapé ? Continuer la lecture de Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

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L’enfance effacée

 Sandrine Deloche   Pédopsychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

À propos de l’école, des tas d’enfants « à problèmes » vont voir un psy. La plupart sont estampillés « handicap psychique » par la MDPH (maison départementale des personnes en situation de handicap), car porteurs de maux/mots qu’on leur assigne : dyspraxie, troubles oppositionnels, hyperactifs, troubles attentionnels, précocité… Une fabrique de diagnostics qui marquent dans la chair et valorisent le traitement des effets et non des causes du système scolaire français, le plus inégalitaire de l’OCDE. Désigner ces enfants sans prendre la mesure de décisions politiques en amont, c’est cela effacer l’enfance. Comment ignorer la fermeture accélérée des classes uniques dans les villages ou dans les grandes villes les classes surchargées, la diminution des effectifs d’enseignants mais aussi de médecins, psychologues, assistantes sociales scolaires. La disparition des Rased (réseau d’aide scolaire pour enfants en difficulté), des maitres E ou G, des classes d’adaptation, des commissions locales d’orientation a destitué un dispositif de lutte contre l’échec scolaire. Au prétexte comptable, le démantèlement de ce savoir-faire a été remplacé par un nombre incalculable d’emplois de service précaires. Ce tour de passe-passe s’est fait grâce à l’expansion d’un pouvoir technocratique dont les visées gestionnaires, comme baisser les chiffres du chômage aux dépens des moyens de l’éducation nationale, ont abouti. Depuis 2005, la MDPH, en s’invitant à l’école, est la pire des ombres: elle déplace l’axe pédagogique en imposant le signifiant « handicap » et sa cohorte de solutions mensongères. Continuer la lecture de L’enfance effacée

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Handicap partout, soins nulle part

Carlos Parada, Psychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Crétin, imbécile, stupide, schizo, débile, dément ou parano, triso, taré, maso et psychopathe ! Voilà bien des quolibets qui ont transité entre la médecine et le langage quotidien. Dans les cours de recréation, autiste est déjà une insulte banale. Le transfert des mots d’un domaine à un autre est courant et c’est ce qui se passe dans une catachrèse. Dans la clé USB, il n’y a ni clé ni serrure. Une table n’a pas plus de pieds que n’a la lettre. Votre scie n’a pas de dents, comme le métro n’a pas de bouche. Notez que dans ces formulations, nous ne rendons plus compte du détournement d’un mot de son usage d’origine. Transposé du social au champ clinique, en psychiatrie, le handicap a la valeur d’une catachrèse (observation inspirée d’une observation de Roland Gori sur un tout autre thème). Il y a peu, ce mot portait une vague notion anglaise, philanthropique et sociale. Il a gagné le domaine fragile du soin psychiatrique d’aujourd’hui. Il remplace ce qui était nommé autrefois comme déficience, retard mental, inadaptation, inhibition, problème psychologique, etc. Cette expansion du domaine du handicap sur le soin psychique est loin d’être anodine et mérite réflexion. Continuer la lecture de Handicap partout, soins nulle part

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A propos de l’article, J’ai fait un mauvais rêve.

Le Collectif des 39 publie, à nouveau, le texte qui a été confié à son Blog par Philippe Rassat, membre du Collectif des 39, afin de mener dans cet espace, dédié à la réflexion des professionnels et des proches des patients en psychiatrie, un débat autour des questions, des tensions, voire des tempêtes, concernant la pratique du packing.

En effet, sa publication avait été suspendue par prudence durant cet été, suite aux actions surprenantes de l’ARS d’ Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente qui a non seulement condamné les opinions de Philippe Rassat (ce qui, en soi et sous cette forme, est déjà surprenant pour une agence publique), mais qui a décidé d’intervenir auprès de ses deux employeurs d’une façon qui aurait pu aboutir aux licenciements de ce professionnel ! Cela nous a paru extrêmement inquiétant et incompréhensible, et nous avons donc pris le temps nécessaire de réflexion et de conseil juridique.

 Le Collectif des 39 tient à préserver, malgré ces attaques qui témoignent d’une ambiance de plus en plus anti-démocratique, l’existence d’un espace d’expression respectueux à la fois de la liberté des opinions et du droit.

Nous tenons toutefois à faire remarquer, que les actions de l’ARS qui visent l’auteur du texte semblent, sur certains points, confirmer les préoccupations exprimées dans son texte par Philippe Rassat – acteur de terrain attentif, citoyen engagé et professionnel apprécié – sur la dimension idéologique autoritariste, antidémocratique, du management qui se répand dans le champ du soin. Les épisodes des Plans autisme, et celui plus récent de la création des GHT, en sont des exemples criants expérimentés par tous les professionnels.

Nous tenons à rappeler également que le film « Le Mur », soutenu par un collectif qui comprend à la fois des parents et des tenants des «thérapies» cognitivo-comportementales, dont parle Philippe

Rassat dans son texte, a d’abord été condamné à l’interdiction de diffusion. A notre connaissance cette interdiction a été levée en appel, en vertu de la liberté d’expression, sans pour autant que le tribunal d’appel désavoue le fait qu’il s’agit d’un montage manipulateur, qui nous apparaît digne des films de propagande des régimes extrémistes des années 30-40. L’immense majorité des familles des enfants autistes et des professionnels ne peut se reconnaître dans ces procédés condamnables.                                              

Le Collectif des 39.


Le texte est retiré à la demande de la présidente de l’union régionale Poitou-charentes d’Autisme France suite à la réunion de conciliation organisée par le conseil départemental de l’ordre des médecins de Gironde.

Il est remplacé par le texte suivant de Philippe Rassat :

« Sincèrement je n’ai jamais eu l’intention, en m’exprimant comme je l’ai fait, dans le cadre d’un débat d’idée, de heurter quiconque.  Si tel est le cas je le regrette et je présente mes excuses aux parents qui ont pu être affectés. »

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Communiqué de presse Collectif des 39 – Groupe Enfance –

Le Collectif des 39 est inquiet et en colère face à l’évolution de nos sociétés, avec l’affaissement permanent des systèmes de solidarité publiques.

Le groupe Enfance de ce collectif organise un meeting poétique et politique intitulé   « Enfance effacée..? Résister, Inventer! ».

Ce meeting aura lieu le dimanche 16 octobre 2016 de 9h à 18h à la Parole Errante à Montreuil, 9, rue François Debergue (Métro Croix de Chavaux).

L’entrée est libre et gratuite.

L’objet de cette journée est de dénoncer la logique gestionnaire qui entame la liberté de penser et d’agir, particulièrement dans le champ de l’enfance. Nous apporterons aussi le témoignage de la force, de la beauté et de l’intelligence d’autres pratiques qui respectent l’imaginaire et le temps de l’enfance.

Avec ce meeting nous voulons amplifier les solidarités, tisser des liens entre les mouvements individuels de résistance à la mise à mal de nos métiers, à la disparition tendancielle, dans les eaux glacées du calcul égoïste, de ce qui construit l’humain.

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ENFANCE EFFACÉE : RÉSISTER, INVENTER… REJOIGNEZ-NOUS !

Quel avenir pour les enfants ? Quel avenir pour l’enfance de l’humanité ? Prévention ou prédiction?

Liliane IRZENSKI – Pédopsychiatre

Les 39 se sont constitués spontanément, fin 2008, en réaction à la violence d’un discours de l’ancien président de la république, discours tenu à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique « Erasme » situé à  Antony. Son discours ne niait pas  l’existence de la Folie, mais  l’amalgamait avec des notions de dangerosité mensongères et abusives. Elles donnèrent lieu à la budgétisation immédiate de mises en acte de contraintes intolérables, à l’encontre des patients.  Il ré-encensa  une figure de l’ennemi intérieur en   prescrivant à toute  la population le fiel de la peur ce qui renforça la méfiance envers les autres, déjà induite par la montée, de plus en plus inquiétante, du chômage et du virtuel.  Fabriquer des peurs sociales et de ce fait  attiser insidieusement la peur inhérente au désir,  atteste d’une orchestration  contraire à l’humanisation  car en creusant les sentiments d’insécurité et d’incertitude propres à chacun,  de tels propos   abêtissent notre pouvoir  de penser : qu’est-ce qui fait société ? Cette mise en scène de domination  bien familière aux politiques est  une  mise aux pas assassine de la population. C’est à partir  de ce discours aussi bête que démiurgique, médiatisé à haute dose,  qui contribua à  vouloir  légitimer la mise en place  d’une politique  sécuritaire que nous nous sommes retrouvés près de 2000, en février 2009, pour un premier meeting, à la Parole Errante, « CONTRE LA NUIT SECURITAIRE ». Nous étions  rassemblés par un désir  d’amitié, conjuguant résistance avec hospitalité et ce désir nous continuons  de l’affirmer en vous donnant rendez-vous le 16 octobre. Continuer la lecture de ENFANCE EFFACÉE : RÉSISTER, INVENTER… REJOIGNEZ-NOUS !

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ALERTE AUX DÉLITS D’OPINION

Un de nos collègues psychiatre, le docteur Philippe Rassat,  nous a fait part d’une lettre adressée par le directeur de l’Agence régionale de santé d’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes à la Présidente de l’association qui gère un établissement dans lequel il exerce.

Le ton et l’esprit de cette lettre, les sanctions qu’elle annonce ouvertement, confirment avec éclat l’état de déliquescence du débat démocratique en France. A nouveau il faut constater que ce sont certaines associations de parents d’autistes (Autisme France) qui ont pour seul souci de faire régner leur vérité, à l’exclusion de toute autre. A nouveau, ce n’est ni plus ni moins qu’une interdiction professionnelle qui est appelée en lieu et place de tout débat. Les opinions de certaines associations de parents d’enfants autistes, opinions qu’elles ont bien évidemment le droit d’avoir, mais qui tirent à l’évidence leurs réputations d’interdire aux autres d’avoir une pensée différente de la leur au point que toute personne qui attaquerait leur raisonnement relèverait d’une plainte judiciaire est une atteinte gravissime à la démocratie.

A nouveau, on est stupéfait de voir l’empressement de hautes instances d’Etat à se glisser dans les ornières de cette politique nauséabonde. Nous avions déjà connu la mise en cause de la psychanalyse dans les pratiques et les formations soignantes, nous voici désormais face à la promotion d’un délit d’opinion. Qu’on les fasse taire ! disent ces associations, visant à travers Philippe Rassat, l’ensemble de la profession, non conforme à leurs yeux. Qu’on les sanctionne !, dit le représentant de l’Agence régionale de santé.

De quoi s’agit-il ? Le directeur d’une Agence régionale de santé, se disant informé par des associations de parents d’autistes qui auraient jugé les propos de ce médecin comme étant « de nature diffamatoire ou injurieux », annonce qu’une « information a été effectuée en ce sens par ses services auprès de la Haute autorité de santé. » Son initiative se fonde asur des extraits d’une lettre de ce médecin qui s’exprime dans le cadre d’un regroupement de personnes intitulé : « Collectif psychiatrie des 39 », soit dans le cadre de ce qu’on appelle communément l’expression d’une opinion politique. Ce collectif s’est fondé sur le refus d’une rhétorique d’exclusion qui superpose folie et criminalité, comme si les malades mentaux étaient par nature dangereux. On connaît la logique profonde de cette politique, et on en a vu les effets. C’est dans ce cadre que P. Rassat s’est exprimé, signant son propos, où il dénonce la mainmise grandissante d’une idéologie d’extrême droite dans le champ psychiatrique.

Dans l’extrait cité, il est impossible de tenir pour diffamatoires ou injurieux les propos concernant des faits, produits par le régime nazi et historiquement avérés, sauf à tomber sous le coup de la loi sur le négationnisme. Ce sont donc les énoncés concernant des associations qualifiées dans le texte d’extrême droite qui seraient injurieux, non pas du fait qu’ils soient d’extrême droite, mais qu’ils pourraient laisser croire sans doute qu’ils sont de l’ordre du nazisme. Raisonnement très enseignant puisqu’il laisserait supposer, concernant les opinions politiques, qu’il ne serait permis que de proférer uniquement celles qui s’avéreraient absolument vraies. Pour ceux dont la crainte du nazisme leur laisserait supposer qu’il vaut mieux prévenir que guérir, un tel raisonnement leur interdirait d’émettre une quelconque inquiétude, et seule l’authentification du régime nazi par sa présence effective permettrait d’énoncer la chose établie !

Devant une telle dégradation du débat politique on ne peut plus se contenter de baisser les bras, car hélas des affaires plus ou moins spectaculaires se succèdent les unes après les autres, participant de la mise en place par essais successifs d’un ordinaire antidémocratique. Il faut le dire : la posture du directeur de l’Agence de santé est d’une extrême gravité, car elle signe une atteinte profonde à la liberté d’expression : que l’on soit d’accord politiquement ou pas avec les propos de notre collègue Philippe Rassat, cela n’autorise en aucun cas d’en interdire l’expression.

Pour notre part, nous sommes profondément d’accord avec ce que son texte contient d’un constat d’alerte. Mais ce que nous défendons ici n’est pas la pure vérité de ce qu’il dit, mais son droit de le dire. A l’inverse, on peut s’interroger : d’où le directeur de l’ARS peut-il bien tirer une quelconque compétence réglementaire lui permettant de porter ainsi atteinte à l’expression politique ? Cette « autorité » dont son titre le pare serait-elle de nature scientifique ? Il faut souligner ici ce qui est peut-être le plus inquiétant, dans la présente affaire comme dans les précédentes concernant la psychanalyse, c’est que la « vérité-HAS » prétend s’avancer sous les traits de la norme et de la règle. A quel titre le Directeur de L’ARS peut-il prétendre avoir autorité à faire taire le débat ? Quel est le fondement de son autorité en la matière ?

Il y a hélas dans notre pays une tendance croissante à faire du débat d’opinion l’affaire des experts. La bureaucratie, c’est d’abord la prétention à effacer toute dispute pour la résoudre en consensus d’experts. Voici où cela mène : à une forme de police bureaucratique qui, sous couvert de discours scientifique épuré de toutes contradictions, prétend incarner la vérité politique, comme on l’a vu dans des états totalitaires, toutes idéologies confondues.

En démocratie, nous avons le droit de critiquer des opinions avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Mais les gouvernements qui tirent leur fonction d’avoir été élus par le peuple délèguent de plus en plus le débat politique aux appareils techno-bureaucratiques et mettent gravement en péril les démocraties qui ont mis des siècles à se mettre en place. Acceptons, même si nous ne pouvons pas le démontrer de manière absolue, que les régimes démocratiques ne sont pas à jamais irrémédiablement inscrits dans nos sociétés et qu’il convient d’en partager les choix pour se mobiliser afin de les maintenir.

C’est pourquoi cette affaire est gravissime. Le directeur de l’Agence régionale doit faire amende honorable des propos qu’il a tenus, et le gouvernement doit cesser de participer de cette dérive. Mais il appartient surtout à chacun de participer à l’instauration d’un débat de fond, non sur les questions techniques, mais bien sur les enjeux éthiques et politiques que posent nos pratiques.

Franck CHAUMON        Roger FERRERI

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