Communiqué du 28 septembre 2017.

Vendredi 29 septembre, à l’Université Paris-Ouest Nanterre, se tiendra une conférence intitulée « TDAH et accès aux soins » sous le patronage des plus hautes autorités de l’état. Comment ne pas s’interroger, tout d’abord, sur les raisons du soutien accordé par le Ministère des Solidarités et de la Santé à cette conférence, lorsque celle-ci est largement investie par les laboratoires pharmaceutiques – et ceci au sein même d’une université publique ?

Médecins, universitaires et laboratoires pharmaceutiques ont répondu à l’invitation faite par l’association « HyperSupersTDAH France ». Ils soutiennent une reconnaissance univoque d’une nouvelle maladie : le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) considéré comme un handicap qu’il convient de diagnostiquer au plus tôt – notamment dans le cadre scolaire – et de traiter dans la foulée. Face à l’agitation, le traitement préconisé est la prescription d’un dérivé amphétaminique, chez l’enfant le méthylphénidate (Ritaline, Concerta, Quazim…) au mieux accompagné d’une psychothérapie de type cognitivo-comportemental.  Continuer la lecture de Communiqué du 28 septembre 2017.

Share

Suite aux propos du ministre de l’Intérieur sur les terroristes et la psychiatrie.

Le Collectif des 39 tient, à son tour, à s’exprimer aux côtés de nombreuses réactions indignées suite aux propos du ministre de l’Intérieur sur les terroristes et la psychiatrie.

Ce n’est pas la première fois qu’un homme politique a exprimé une vision insoutenable de la psychiatrie. Le tollé des réactions des professionnels de soin, de leurs représentants et de la société civile ont rapidement déconstruit l’amalgame qui – sans réussir à disqualifier l’adversaire politique – a à la fois stigmatisé les patients psychiatriques, choqué leurs proches et semé le doute sur l’intégrité et le vrai rôle thérapeutique des soignants.

La réaction et la mise au point du ministère de la Santé ont été attendues comme inéluctables. La tentative d’embrigader la psychiatrie dans une bataille qui n’est pas la sienne semble à ce jour neutralisée. Il nous apparaît toutefois que le temps est venu de faire appel au ministre de l’Intérieur pour qu’il dissipe lui-même l’effet collatéral, préjudiciable pour la psychiatrie, de cette malheureuse tentative d’y découvrir une arme pouvant prévenir les actions terrorisantes de l’extrémisme politique. Car de tels discours, dans l’Etat d’urgence et dans le climat de  peur, pourraient aller jusqu’au crime, comme le meurtre récent d’un patient en pleine rue vient de le démontrer.

Nous constatons que suite aux propos du ministre de l’Intérieur des positions concordantes se sont exprimées. Elles résonnent avec les efforts de notre collectif et de nos partenaires à œuvrer pour une convergence des positions quant à l’état actuel de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie en France. Nos inquiétudes sont confirmées par le constat récent, implacable, de la mission de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, qui démontre que – au delà de la diminution de moyens – la psychiatrie traverse une crise éthique, favorisant des concepts qui exacerbent des mesures sécuritaires, des pratiques de contention et un non respect trop fréquent des droits des patients.

C’est cette crise que la psychiatrie doit chercher à surmonter, au lieu d’être victime collatérale des attaques qui ne lui sont pas destinées.

Share

Les journées de l’AMPI 2017

À noter et partager les prochaines journées de l’AMPI
à Marseille le jeudi 12 et vendredi 13 octobre 2017

Psychopathologie des soins quotidiens,

une boussole pour soignant désorienté

cliquez sur l’image pour l’agrandir

Mise en page 1 AMPI 2017

 

PSYCHOPATHOLOGIE DES SOINS QUOTIDIENS

UNE BOUSSOLE POUR SOIGNANT DESORIENTE

Le partage de la vie quotidienne avec les personnes psychotiques est l’occasion de nombreuses interrogations, que ce soit en institutions sanitaires, médico-sociales, en prison, dans la rue …

Le quotidien est fait de situations où la banalité apparente est le support de questions existentielles auxquelles il est bien difficile de répondre dans l’instant, l’octroi d’une cigarette revêtant la même importance qu’une réponse sur le devenir après la mort ou la réalité d’un complot persécuteur.

L’interlocuteur désemparé va alors se réfugier derrière son statut, le règlement intérieur, tout protocole bienvenu, la loi … pour ne pas « répondre », évitant ainsi la difficulté, mais aussi une possibilité de rencontre, se privant d’une occasion de transfert.

Transformer cette vie quotidienne en outil de soin est bien plus constructif et dynamisant.

La vie quotidienne comme source inépuisable de messages adressés, comme possible lieu de rencontre, comme chemin vers l’autre, comme facteur de changement.

Cet engagement dans l’aventure relationnelle s’appuiera sur un collectif à construire, une formation initiale et continue centrée sur la psychopathologie, les sciences humaines, sur une analyse permanente du dispositif institué et des processus instituants  et créatifs … outils travaillés par le mouvement de psychothérapie institutionnelle.

Cette lecture psychopathologique du soin quotidien pourra ainsi constituer une boussole, un repère pour toute personne ayant une fonction soignante.

Venez participer à la construction de cette boussole lors des journées de l’AMPI, mais attention c’est un objet rare : Ne la perdez pas !

Share

Rencontre avec les luttes auto-organisées de Thessalonique

La construction d’’un Réseau Européen de Santé Mentale Démocratique faisait étape à Thessalonique, en lien avec le séminaire du CEDEP sur le thème du Refuge du 24 au 28 mai.

Le jeudi 24 a été le moment de 2 rencontres avec le DSS et l’’entreprise VIO.ME.

Le Dispensaire Social Solidaire

Installé au 4ème étage d’un immeuble qui appartient à l’Union Locale des Syndicats, le Dispensaire Social Solidaire est le lieu où nous sommes accueillis par Anastasia, psychologue, et Byron, psychiatre (à la retraite), qui nous présentent le DSS dans la salle d’’attente des patients.

Le DSS a été créé en 2011 par les médecins, d’autres professionnels de la Santé et des militant-e-s antiracistes qui sont intervenus lors d’’une grève de la faim qui a mobilisé 50 migrants-réfugiés à Thessalonique (250 à Athènes). Cet engagement politique s’’est poursuivi dans la crise d’’une dette grecque illégale, illégitime et odieuse, du système banquier grec et international, transformée par la Troïka européenne en dette publique et en une série de mémorandums d’’austérité qui frappent l’’ensemble du peuple grec et en une crise humanitaire qui va croissante. Ce groupe de médecins fait face à des problèmes sociaux et de rupture des droits communs qui font apparaître : être au chômage, perdre ses droits et au mieux un travail mal payé. La situation s’’aggrave d’’année en année.

Le DSS s’auto-organise pour permettre l’’accès aux soins qui est drastiquement réduit avec les gouvernances d’’austérité des services publics en perdition. Il rassemble aujourd’hui  200 intervenants : médecins généralistes, dentistes, psychiatres, collaborateurs d’’autres spécialités ainsi que des psychologues et des psychothérapeutes. Il dispose d’’un dépôt de médicaments. Un Continuer la lecture de Rencontre avec les luttes auto-organisées de Thessalonique

Share

Communiqué à propos de Fort Boyard. Stigmatisation ?

Vous avez dit stigmatisation ?

Stigmatisation ?

Le jeu télévisé, miroir d’une société de compétition, Fort Boyard nous donne à voir depuis la reprise de l’édition 2017 une nouvelle épreuve appelée « Asile », un candidat camisolé doit tenter de sortir d’une cellule capitonnée. Des voix se sont élevées pour dénoncer une « stigmatisation » de la psychiatrie et reprocher à Fort-Boyard d’inquiéter les jeunes qui auraient besoin de consulter, comme si ce n’était pas la réalité de l’usage de la contention qui est effrayante.

Notre collectif a organisé un colloque au Sénat le 9 septembre 2015 pour demander l’interdiction de la pratique de la contention, alors que la loi dite de Modernisation du système de santé en discussion au même moment, ne prévoyait que d’introduire la traçabilité de ces pratiques. L’appel issu de cette journée « Non à la contention », a recueilli près de 10000 signatures, et peut encore être signé en ligne :

ICI

Nous savons que ces pratiques se sont multipliées en particulier après le discours du président de la République à Antony en décembre 2008, et nous ne cessons depuis de multiplier les réflexions sur ces faits. Plusieurs articles de presse ont abordé la question de la mise en isolement trop systématique et la contention comme moyen banalisé et fréquemment utilisé. Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté a à maintes reprises dénoncé ces faits. Nous savons que ce que nous qualifions de dérives de la psychiatrie n’est pas toujours entendu là où nous posons la question : à savoir que l’accueil de la personne en souffrance psychique demande avant tout une relation de confiance qui ne peut se constituer dans un rapport de force. La contention n’est pas et ne peut pas être un soin, quelle que soit la situation même exceptionnelle, de son utilisation. Toutes les observations cliniques et les expériences des professionnels démontrent que l’isolement répété et la contention sont des violences ajoutées à la violence de la souffrance des personnes. Les récentes recommandations de la HAS encadrent ces pratiques et sans doute limiteront les abus, mais paradoxalement n’interrogent pas leur fondement, donc les autorisent. Or une des questions essentielles de la psychiatrie, du soin, est celle de l’assujettissement du malade au pouvoir du soignant, car la folie pose avant tout la question de la liberté et du vivre ensemble.

On s’offusque de la stigmatisation médiatique mais pas des pratiques inadmissibles. Ce sont ces pratiques qui doivent être interrogées dans les équipes avec le concours des patients et des familles.

Le Collectif des 39

Sur le même sujet, lire le texte de l’association HumaPsy « Réponse aux producteurs de Fort Boyard qui n’ont toujours pas compris où est le problème ».

ICI

Share

Anniversaire des Ceméa

80 ans des Cemea

La rencontre avec la psychiatrie, une aventure qui dure !

Comment un mouvement de recherche pédagogique d’Education Nouvelle né en 1937 et dont la tâche première a été d’inventer la formation des moniteurs de colonies de vacances, s’est retrouvé sollicité par des médecins psychiatres pour réfléchir à la formation des infirmiers d’hôpitaux psychiatriques?

50000 malades mentaux meurent de faim dans les asiles psychiatriques au sortir de la guerre. Sauf à l’hôpital de Saint-Alban en Lozère qui ouvre ses portes sur l’initiative des psychiatres F. Tosquelles et L. Bonnafé. C’est dans ce contexte que dès 1946, à peine près de dix ans après la création des Cemea, une première rencontre entre Germaine Le Guillant membre de la première équipe permanente des Cemea à Paris et Georges Daumezon, psychiatre, médecin-chef à l’hôpital de Fleury les Aubrais près d’Orléans se fait. Quelques temps après Georges Daumezon et Louis Le Guillant, psychiatre à Paris, proposent à Germaine de réfléchir à une action des Cemea pour  former les personnels: « Ce dont nous avons besoin, c’est que vous donniez aux infirmiers les outils qui leur permettront d’établir un dialogue avec le malade ». Continuer la lecture de Anniversaire des Ceméa

Share

Dingo Dingue Théâtre de la Rotonde AVIGNON

Christian Mazzuchini
« L’amour c’est donner ce que l’on n’a pas, à quelqu’un qui n’en veut pas … » J. Lacan

Dingo Dingue est la « fuite » de « Psychiatrie/Déconniatrie », spectacle sur la folie créé au Théâtre des Salins de Martigues en 2004 et qui partit sur les routes de France pendant quatre années.

La « fuite » parce que le personnage totalement agité de « Psychiatrie/Déconniatrie » (textes du Catalan François Tosquelles fondateur de la psychothérapie institutionnelle – et de Serge Valletti) quittait la scène en disparaissant dans un film projeté sur des draps ! Ce sont donc ses retrouvailles quelques années plus tard. 

Paul Machto, Jacques Tosquellas et Marie France Negrel  de l’Association Méditerranéenne de Psychothérapie Institutionnelle, participeront aux deux débats  proposés  à l’issue des représentations les Mercredis 19 et 26 juillet. 

Dingo-Dingue Avignon

Dans son remue-ménage intérieur, il est persuadé d’être devenu acteur, à moins qu’il ne soit tout simplement son propre infirmier ou carrément redescendu à un « collapsus de la transcendance », schizophrène pour tout dire.

Bref son décollement du réel ne s’arrange pas, d’autant qu’il se retrouve propulsé dans une sorte de cellule d’isolement, costumé en Indien au beau milieu d’une reproduction approximative d’une installation de Dali et visité par sa mère redevenue enfant pour l’occasion.
On l’aura bien compris Dingo Dingue, armé d’un pinceau mental de sa fabrication,
est une descente en pente douce dans les entrailles de la folie en suivant les paroles éclairées et éclairantes de Jacques Lacan, Jean Oury, Lucien Bonnafé et François Tosquelles. Ces mousquetaires de la folie ont toutes leurs existences œuvrées à faire tomber les murs de l’asile pour soulager la souffrance de ceux que l’on dit fous.
« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui 
disparait. » F.Tosquelles
En écho à ces pensées étonnamment limpides s’ajoutent les écrits poético-maniacofestifs de Christophe Tarkos poète contemporain, et les Textes de Michel Bellier, tous deux plumitifs de génie.
Cocktail détonant de verbes en délire, Dingo Dingue tisse l’étoffe d’un songe déroutant sur les traces et les égarements psycho-poétiques d’un bouffon magnifique. Vagabondant sur les errances de l’âme comme sur un chemin de traverse, partagé entre le rire et l’émotion, c’est l’infiniment humain que cette « fuite » nous invite à traverser. 

Share

Le Collectif des 39 à MARCIAC – Avec la Ligue de l’Enseignement du Gers

Le Collectif des 39 « Quelle hospitalité pour la folie ? »- Avec la Ligue de l’Enseignement du Gers- propose pour cette 7ème Edition
les vendredi 4, samedi 5 et dimanche 6 août 2017

Dans le cadre des après-midis de JAZZ IN MARCIAC
Deux représentations de la Compagnie Sujet Barré  
« Ha Tahfénéwai ! » Conception, écriture, mise en scène et interprétation  Sophie Warnant et Romain Vaillant

image1

Et une projection du film écrit par Fara C. journaliste Jazz     (Humanité)    « Le moine et la sirène – Le chant de Charles Lloyd » 
Film de 60 mn coréalisé par Fara C. et Giuseppe de Vecchi 

Ces moments seront suivis de débats publics animés par des membres du collectif des 39.

Vend. 4 et Dim. 6 Août 2017 à 14h 30
« Ha Tahfénéwai ! »
Cie Sujet Barré« Parler de santé mentale avec détachement, humour et poésie, évoquer la place de ces prétendus « fous » dans notre société, réinterroger la psychiatrie d’aujourd’hui, ses avancées et ses reculs… Voilà, en substance, les objectifs poursuivis par Sophie Warnant et Romain Vaillant au travers de leur spectacle « Ha Tahfénéwai ! » Pour mieux comprendre ce sujet sensible et encore tabou, les deux comédiens ont passé un long moment dans deux institutions spécialisées en France et près de Charleroi, en Belgique.
De ce voyage in situ, ils sont revenus grandis et nourris d’histoires et de paroles, qu’ils ont décidé de nous faire partager sans lourdeur ni voyeurisme. La lumière est brute, sans artifices et les deux comédiens racontent, par le texte, mais également par le mouvement, ce qu’ils ont vu et entendu, en élargissant le propos à des questions aussi essentielles que dérangeantes : la place du patient en institution, la question de l’enfermement, les traitements lourds… Toute la force de « Ha Tahfénéwai ! » réside dans sa forme épurée et son propos, jamais moralisateur ni manichéen ». Continuer la lecture de Le Collectif des 39 à MARCIAC – Avec la Ligue de l’Enseignement du Gers

Share

« Non à la nuit gestionnaire »

PRATIQUES Les Cahiers de la médecine utopique , 77 Avril 2017 Tout le Contraire

Sandrine Deloche, médecin pédopsychiatre.

La nouvelle loi de la Santé confisque la dimension artisanale du soin psychique. La prédation se loge partout : des groupements hospitaliers de territoire au dossier patient informatisé, en passant par l’invasion d’une novlangue technocratique. Après la nuit sécuritaire, Non à la nuit gestionnaire.

En Afrique, il existe une jolie formule pour lutter contre les pachydermes indigents, car toujours plus proches des villages, ravageant les récoltes. Il s’agit de bâtir des clôtures d’abeilles. Les ruches sont disposées dans les arbres, reliées par un fil, entourant un territoire à protéger. En tentant de franchir l’obstacle, les éléphants secouent les ruches, énervent les abeilles. La piqûre voire le seul bruit du bourdonnement de l’essaim les fait fuir. S’organise alors une sorte d’intelligence de préservation réciproque entre les différentes communautés végétales animales et humaines. L’expérience le prouve et s’étend. Continuer la lecture de « Non à la nuit gestionnaire »

Share

« Contre la Novlangue : des paroles contraires » (Comment Eric Blair est devenu George Orwell)

PRATIQUES, Les Cahiers de la médecine utopique 77 Avril 2017 Tout le Contraire

Yann Diener , psychanalyste

Quand l’administration fait tout le contraire de ce qu’elle devrait faire, il faut lui opposer des paroles contraires. C’est la position que prend l’écrivain Erri de Luca dans son livre La parole contraire (Gallimard, 2015), en s’appuyant sur l’étymologie française du verbe saboter.

Je travaille à Paris dans un Centre médico-psycho-pédagogique, où je reçois entre autres des adolescents, des lycéens. Lors des manifestations contre la loi travail en 2016, certains lycéens venaient à leurs séances en sortant un moment des manifs. Mais ils étaient souvent bloqués, nassés par les CRS, ils me téléphonaient et j’avais tout d’un coup à l’oreille toute la violence qui leur était faite. Ceux qui parvenaient à venir en séance  arrivaient qui le bras en écharpe, qui le visage tuméfié, super choqués par la violence des charges des CRS alors qu’ils n’avaient fait que chanter des jeux de mots avec le patronyme de la Ministre du chômage. Continuer la lecture de « Contre la Novlangue : des paroles contraires » (Comment Eric Blair est devenu George Orwell)

Share

Aux candidats à la présidence de la république : Pour la Psychanalyse

Pour la promotion de la psychanalyse dans les lieux de soins, à l’université et dans les laboratoires de recherche

La Santé Mentale va mal dans notre pays. Aux difficultés matérielles s’ajoutent des orientations politiques qui compromettent la qualité des soins. En France, la psychanalyse a joué un grand rôle, fidèle aux aspirations humanistes de bonheur et de progrès de notre République. Elle est depuis longtemps une référence majeure de la vie intellectuelle.

En quelques années, cette situation s’est dégradée. Des acteurs administratifs ont pris des mesures de plus en plus coercitives qui font obstacle au recrutement de psychanalystes sur les lieux de soins et à l’Université. Alors que presque tous les syndicats de psychiatres ont la psychanalyse parmi leurs références, les universités de médecine  proposent une formation des psychiatres presque exclusivement axée sur le Manuel DSM 5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ). L’usage de ce manuel américain est imposé en France par l’O.M.S., sous la forme dite CIM 10. Ce manuel tire un trait sur la grande psychiatrie européenne, dont se sont inspiré Freud, Lacan et bien d’autres cliniciens.

https://www.change.org/p/aux-candidats-à-la-présidence-de-la-république-pour-la-psychanalyse?recruiter=644737547&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Cette orientation se réclame surtout des neurosciences, alors que ces dernières n’en sont qu’aux hypothèses. Elles manquent de preuves pour le diagnostic et la thérapeutique. En revanche, les preuves de la souffrance psychique abondent. Les nouveaux diagnostics DSM 5 sont si larges qu’ils sont devenus des fourre-tout. Ils recouvrent des problèmes très distincts, qu’il est dangereux de confondre. Par exemple, la « bipolarité » ou la « dépression » concernent les psychoses aussi bien que les névroses. Il faut pourtant savoir les distinguer. Pour les enfants, le « Trouble déficitaire de l’attention » (TDA/H) a connu une extension abusive, plus nocive qu’utile partout dans le monde. Ces diagnostics ne tiennent aucun compte des causes sociales de la souffrance, comme le burn out, certains suicides et certaines dépressions. Continuer la lecture de Aux candidats à la présidence de la république : Pour la Psychanalyse

Share

Communiqué du 25 mars 2017 À propos des recommandations de la Haute Autorité de Santé Sur la contention en psychiatrie.

Dix mille personnes (soignants, soignés, parents, citoyens) ont signé l’appel lancé par le collectif des 39 dénonçant les pratiques de contention physique en psychiatrie (*).

Les contrôleurs des lieux de privation de liberté (Mr Jean Marie Delarue, puis Mme Adeline Hazan) ont constaté, évalué et dénoncé à leur tour ces pratiques d’un autre âge, aussi inacceptables que traumatisantes pour des patients en grande difficulté.

La H.A.S. vient de publier un guide de bonnes conduites, limitant ces pratiques qui devraient être sévèrement encadrées.

Une grande avancée disent certains, un moindre mal disent d’autres.

Mais de ces  recommandations peut naître le pire : la banalisation instituée de ces pratiques par la confirmation qu’il serait souhaitable de les utiliser «  à certains moments »,  sans s’interroger sur ce qui a conduit au retour de ces pratiques, à cette régression.

Le collectif des 39 maintient que ces pratiques doivent disparaître et que leur existence, ne serait-ce qu’a-minima , interdit de poser les vrais enjeux que pose l’accueil des personnes en détresse psychique : quelle conception de la souffrance, quels moyens, quelle formation?

Pour cela le gouvernement doit prendre ses responsabilités : arrêter d’organiser le saccage de la psychiatrie publique. Mais les soignants doivent aussi prendre les leurs : refuser, penser, agir pour sortir des impasses de la soumission ou de l’impuissance ; ou encore de la croyance en des théories sur-médicalisées où la complexité du fonctionnement psychique fait place à des raisonnements binaires incompatibles avec les spécificités du psychisme humain.

La confusion entre contention (attacher, sangler) et isolement thérapeutique, parfois nécessaire, est entretenue et rend difficile le grand débat éthique nécessaire à tout soin en psychiatrie. Pourquoi ? Comment ? Que se passe-t-il ? sont les questions incontournables qui devraient permettre, si elles étaient réellement soutenues, posées et pensées,  d’abolir des pratiques qui bafouent la dignité humaine,  tant pour celui qui les subit que pour celui qui les applique.

http://www.hospitalite-collectif39.org/?NON-A-LA-CONTENTION

Share

SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

17022317_1991577204410658_4728038807536034765_n

 

SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

Les patients et les soignants, acteurs des clubs thérapeutiques du secteur de psychiatrie rémois 51ZR4, le groupe d’entraide mutuelle La Locomotive et l’association HumaPsy, réunis sous le nom du Collectif Artaud, oeuvrent depuis 2011 à construire une semaine alternative aux Semaines d’Informations de la Santé Mentale.

Les événements de la Semaine De La Folie Ordinaire se veulent le reflet de la créativité qui nous anime et du « vivre ensemble » que nous soutenons.

Pour la 7ème année consécutive et en lien direct avec le thème national « Santé Mentale et travail », le collectif s’est de nouveau mis au travail et vous invite à participer à :

Une authentique exposition du 11 au 31 Mars

Maison de la vie associative

122 bis, rue du Barbâtre à Reims Continuer la lecture de SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

Share

Festival Divers d’hiver divergents

Corpus Fabrique

est heureux de vous inviter au Festival Divers d’hiver divergents

Bricolages et expériences singulières en psychiatrie

« Corpus Fabrique accueille et présente des films issus de diverses expériences singulières et de toutes sortes de bricolages filmiques autour de la psychiatrie. »

Vendredi 24 et Samedi 25 février 2017

de 13h30 à 23h

au Pavillon Chaslin de l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard,

à Neuilly-sur-Marne (93).

Vous trouverez ci-joint le programme du Festival

programme festival mail

Share

APPEL DES PSYCHIATRES ET MEDECINS DU CH LE VINATIER BRON

Nous, psychiatres et médecins du Centre Hospitalier le Vinatier 69500 BRON, au nombre de 166 signataires, sommes confrontés actuellement à une dégradation des conditions de prise en charge des patients. Nous exprimons notre très grande inquiétude sur l’avenir des missions de la psychiatrie publique, nos craintes à pouvoir maintenir des soins de qualité et de proximité dans les dispositifs de secteur et à prendre en charge les populations les plus démunies.

La mutualisation de moyens et l’organisation en Pôles de 2011/2012 (Loi HPST) avaient peut-être donné à certains l’espoir que cette restructuration serait utile et pérenne. C’était sans compter sur la tyrannie des économies comptables, véritable rouleau compresseur, faisant fi des besoins des patients. Les directeurs d’hôpitaux exécutent les injonctions des ARS qui exécutent les ordres du ministère, au nom d’impératifs financiers dont nul ne se risquerait à comprendre le sens véritable et le but ultime. Si ce n’est l’inexorable démantèlement de la médecine hospitalière depuis vingt ans, tous gouvernements confondus.

Une nouvelle feuille de route pour les hôpitaux est tombée fin 2016 : l’ONDAM* a décidé une diminution des dépenses de santé de 3 milliards et demi pour l’année 2017 et sur ces trois milliards et demi la réduction des dépenses sera de 1,7 milliards pour les hôpitaux publics en 2017. Mutualisation, fusion de services ont presque atteint leurs limites ; c’est donc sur les réductions d’activités (fermetures de lignes de soins) et sur la réduction des effectifs (non remplacement des départs en retraite) que se feront les économies à venir. Nous assistons à la paupérisation globale de l’offre de soins, à la mise en place de conditions de travail de plus en plus éprouvantes (accroissement de la souffrance au travail), à la perte des solidarités et au lent naufrage de nos valeurs et engagements cliniques. Ces coupes réglées impactent directement nos pratiques et nos convictions. Continuer la lecture de APPEL DES PSYCHIATRES ET MEDECINS DU CH LE VINATIER BRON

Share

Le sentiment de la Psychogéographe

Samedi 11 Mars 2017, de 15H à 23H,                                                           Annie Vacelet propose  une lecture, intégrale ou presque, du livre

« Le sentiment de la Psychogéographe » écrit et publié dans les années 1990.

Centre d’Anim de la Place des Fêtes                                                                         2-4 rue des Lilas 75019 Paris

Métro Place des Fêtes lignes 11 et 7bis.       Bus 48 et 60.

 

Pensez à réserver par mail : bytarika@orange.fr

Share

Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

POUR SIGNER ICI
La CPPLF s’est constituée afin de

« Promouvoir des concertations, en vue de définir les meilleures conditions de garantie d’existence et de qualité scientifique des publications, dans le respect des règles déontologiques et des principes éthiques. À cette fin, elle rassemble des acteurs et instances qui concourent à la publication, à la diffusion, à la conservation et à la valorisation des travaux de psychologie, par l’édition de revues, d’ouvrages, imprimés ou numériques. »

Pour une pluralité ouverte dans les recherches, les langues et les formations en psychologie.

Le  29 décembre 2016

à Madame Najat VALAUD-BELKACEM, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

et à Monsieur Thierry MANDON, Secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Continuer la lecture de Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

Share

VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

Communiqué du Collectif des 39 sur les inspections des hôpitaux de jour.    Le 21 décembre 2016,  Le Collectif des 39

Qualifiées de « visites » en Ile-de-France, la vague des « inspections » des hôpitaux de jour pédopsychiatriques en cours sur le territoire français est-elles une dernière onde de choc d’un coup de force des lobby, désormais écartés des cabinets des pouvoirs publics ?

Le rejet le 8 décembre dernier par l’Assemblée nationale de la « Résolution Fasquelle », signe-t-il le tournant dans le traitement politique glaçant de la question de l’autisme en France ? Les 89 députés parmi ceux qui ont initié ce texte, ont-ils réalisés la manipulation dont ils ont fait l’objet, au point de décider finalement de ne pas voter eux-mêmes le texte ?! Ils auraient pu être éclairés bien plus tôt !

En effet, au printemps dernier, les familles et les professionnels de ce champ ont dénoncé le ligotage du Secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées par un lobby de « la seule méthode ». Après l’intervention du Président de la République, les personnes avec de grossiers conflits d’intérêt ont été écartées de l’entourage de Ségolène Neuville. Le ton que celle-ci a pris le 8 décembre en s’adressant dans l’hémicycle à ceux des députés qui relayaient encore ce lobby marchand et anti-service public, reflétait-il la force de son humiliation ? Continuer la lecture de VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

Share

L’hôpital Sainte-Anne, fossoyeur de la santé mentale des enfants.

Docteur Sandrine Deloche.   Médecin pédopsychiatre.

En 2017, l’hôpital Sainte-Anne fêtera ses 150 ans d’existence. L’occasion pour son personnel de témoigner de l’histoire de cette grande maison. Son directeur, Monsieur Jean-Luc Chassaniol, est président d’un vaste empire appelé  le « Groupement Hospitalier de Territoire Paris – Psychiatrie & Neurosciences »  réunissant 5 hôpitaux psychiatriques parisiens. Il a été gratifié d’avoir ouvert le bal de l’application des nouvelles directives ministérielles. A savoir, la création de groupements hospitaliers psychiatriques, avec mutualisation des moyens, qui visent à détruire un acquis social et sanitaire unique au monde : la psychiatrie publique de secteur, dont celle dévolue aux enfants 14ème arrondissement de Paris, gérée par l’hôpital Sainte-Anne.

Dans les faits, en janvier 2017, les équipes de pédopsychiatrie de secteur, récemment implantées Porte de Vanves vont subir un énième déménagement, embarquant avec elles plus de 900 familles suivies. Cette fois-ci, pour s’installer dans l’enceinte même de l’hôpital Sainte-Anne, à l’étage d’un pavillon appelé « local à tiroirs ». Continuer la lecture de L’hôpital Sainte-Anne, fossoyeur de la santé mentale des enfants.

Share

ASSEZ !

Déjà en juin 2013 nous lancions un appel avec plusieurs dizaines d’associations et organisations pour demander la suppression de la recommandation de l’HAS et la nécessité impérieuse d’un autre plan autisme. (http://www.hospitalite-collectif39.org/?-APPEL-DES-1000-JUIN-2013-).  Cet appel a été signé par 7835 personnes .

 Le député Daniel Fasquelle, suivi par près de la moitié des députés du groupe LR réitère son acharnement contre la diversité des pratiques et le libre choix des parents et des patients par une proposition de résolution (n° 4134) qui sera présentée au Parlement le 8 décembre 2016. Continuer la lecture de ASSEZ !

Share

Un homme est mort sous les balles de la Police

110818542

La Commission Psy, Soins et Accueil.  19 novembre 2016

Le vendredi 2 septembre 2016, un homme est mort sous les balles des forces de l’ordre. Cet homme était suivi par un des secteurs psychiatriques du Val de Marne. Une visite à domicile par l’équipe soignante visait à le ré-hospitaliser. En difficulté face à l’agitation de ce patient, l’équipe soignante a appelé la police en renfort.

C’est par voie de presse que nous avons appris sa mort.

Fait regrettable, un tel drame n’a été que très peu relayé. Fait encore plus regrettable, quand un organe de presse s’en charge1, c’est pour alimenter les peurs et nourrir les fantasmes en stigmatisant le malade comme « agresseur » alors qu’il s’agit avant tout d’une personne vulnérable, avant même d’être victime des balles de la police. Cette formulation réactualise outrageusement le mythe du « fou dangereux ». Continuer la lecture de Un homme est mort sous les balles de la Police

Share

Renaître avec Kirikou et plonger avec Némo

Valérie Gay-Corajoud       14 Septembre 2016

Nouvelle mouture du texte « Renaître avec Kirikou » écrit initialement pour une intervention autour de l’autisme lors du colloque « affinity therapy » en mars 2015 à Rennes. Afin de permettre d’autres interventions, pour un autre public, dans d’autres circonstances, j’ai étoffé le texte et l’ai complété par les nouvelles affinités de Théo. Je l’ai également fait précéder d’un prologue.

https://blogs.mediapart.fr/valerie-gay-corajoud/blog/140916/renaitre-avec-kirikou-et-plonger-avec-nemo

Share

Nos enfants valent mieux que ça

Mireille Battutm      29 novembre 2016

En ces temps de campagne, chacun fourbit ses armes, et l’autisme est une valeur qui monte. Monsieur Fasquelle, député LR, fondateur du groupe d’études sur l’autisme au sein de l’Assemblée nationale connait par cœur les mots clés qui sont présumés faire grimper les parents au plafond de l’applaudimètre.

https://blogs.mediapart.fr/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/291116/nos-enfants-valent-mieux-que-ca

Share

Pour un accueil inconditionnel et de droit commun pour les migrants-réfugiés

 

programme-un-pont-vers-la-societe_fra

Jean-Pierre Martin,      Psychiatre du service public, membre du CEDEP et de l’USP, auteur des livres « Psychiatrie dans la ville » (2000) et « La Rue des Précaires » (2011) aux éditions ERES.           Néa Philadelphia, 12 novembre 2016

La mise en crise des services publique et de toute protection sociale solidaire, au nom de politiques d’austérité imposées par les lois du marché concurrentiel de l’Union Européenne, crée une catastrophe humanitaire en Grèce mais aussi des effets de  destruction de l’Etat social et démocratique dans les pays d’Europe. Ce cours, annoncé comme une nécessité indépassable de croissance du capitalisme mondialisé, est celui d’une transformation de toute activité humaine en marchandise et de répression étatique de tous ceux qui s’y opposent. Cette régression majeure crée les conditions  de développement de forces ultraréactionnaires dont les objectifs est l’Etat autoritaire et un populisme pénal de criminalisation des déviants, qui sont la négation de toute pratique de solidarité. Dans ce contexte, la psychiatrie est réduite à une santé mentale positive de programmes spécifiques, en rupture avec sa dimension généraliste et propice à différentes formes de contrôle social, avec ses contraintes et ses contentions, donc le retour à un nouvel enfermement médicalisé.

Nous sommes ici, 40 ans après l’action de fermeture du bagne de Leros, pour affirmer notre esprit de résistance et construire des réseaux alternatifs à partir du soutien solidaire au mouvement des dispensaires sociaux autogérés grecs, qui sont aujourd’hui l’expression la plus avancée de cette résistance. Trois points de constitution d’un réseau de soins fondés sur l’Humain d’abord sont ici à mettre en débat : l’accueil sans conditions, la continuité des soins au sein de la vie commune, les droits des patients à conquérir comme protection sociale solidaire. Continuer la lecture de Pour un accueil inconditionnel et de droit commun pour les migrants-réfugiés

Share

Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

José Morel Cinq Mars    Psychologue

Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux où grandir bien serait possible parce qu’on lui permettrait d’être insouciant, curieux et changeant ?

Un enfant peut-il encore être espiègle ? timide ?  turbulent ?  frondeur ?  lunaire ?  joueur ? distrait ?  sans que pression soit faite pour le « normaliser » ?

Un enfant peut-il encore être accompagné dans ses difficultés à l’école ou dans sa famille sans qu’on le désigne comme handicapé ? Continuer la lecture de Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

Share

Une nouvelle antipsychiatrie

Pierre Dardot   Philosophe

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Nous faisons face à l’offensive d’une nouvelle antipsychiatrie. L’ancienne antipsychiatrie, celle des années 1960-1970, se voulait une contestation radicale de la psychiatrie comme institution. Rappelons que le terme de « psych-iatrie » désigne dès l’origine une spécialité médicale (iatros signifie médecin) qui ambitionne de soigner les maladies de l’âme (psuchè signifie âme). L’ancienne antipsychiatrie remettait précisément en cause l’obligation de soins en remettant en cause le type de savoir qui la légitimait : à ses yeux, ce savoir médical est un savoir objectivant qui écarte le discours que le fou tient sur lui-même. Aussi dénonçait-elle la violence par laquelle la psychiatrie se fait instrument de répression sociale et choisissait-elle de « défendre le fou contre la société » (Maud Mannoni). Continuer la lecture de Une nouvelle antipsychiatrie

Share

Ouvrir d’autres voies

 Liliane Irzenski    Pédopsychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Quel avenir pour les enfants ? Quel avenir pour l’enfance de l’humanité ? Prévention ou prédiction ? Les 39 se sont constitués spontanément, fin 2008, en réaction à la violence d’un discours de l’ancien président de la République, tenu à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique Erasme à Antony. Son discours ne niait pas l’existence de la folie, mais l’amalgamait avec des notions de dangerosité mensongères et abusives. Elles donnèrent lieu à la budgétisation immédiate de moyens de surveillance et de contraintes intolérables à l’encontre des patients. Ce discours aussi bête que démiurgique, médiatisé à haute dose, renforça une figure de l’ennemi intérieur en insufflant à toute la population le fiel de la peur. Il renforça aussi la méfiance envers les autres, déjà induite par la montée, de plus en plus inquiétante, du chômage et de la mise en concurrence des humains. Attiser la peur en orchestrant le sécuritaire exploite les sentiments d’insécurité et d’incertitude propres à chacun et amoindrit notre pouvoir et notre devoir de penser : qu’est-ce qui fait société ? Continuer la lecture de Ouvrir d’autres voies

Share

L’enfance effacée

 Sandrine Deloche   Pédopsychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

À propos de l’école, des tas d’enfants « à problèmes » vont voir un psy. La plupart sont estampillés « handicap psychique » par la MDPH (maison départementale des personnes en situation de handicap), car porteurs de maux/mots qu’on leur assigne : dyspraxie, troubles oppositionnels, hyperactifs, troubles attentionnels, précocité… Une fabrique de diagnostics qui marquent dans la chair et valorisent le traitement des effets et non des causes du système scolaire français, le plus inégalitaire de l’OCDE. Désigner ces enfants sans prendre la mesure de décisions politiques en amont, c’est cela effacer l’enfance. Comment ignorer la fermeture accélérée des classes uniques dans les villages ou dans les grandes villes les classes surchargées, la diminution des effectifs d’enseignants mais aussi de médecins, psychologues, assistantes sociales scolaires. La disparition des Rased (réseau d’aide scolaire pour enfants en difficulté), des maitres E ou G, des classes d’adaptation, des commissions locales d’orientation a destitué un dispositif de lutte contre l’échec scolaire. Au prétexte comptable, le démantèlement de ce savoir-faire a été remplacé par un nombre incalculable d’emplois de service précaires. Ce tour de passe-passe s’est fait grâce à l’expansion d’un pouvoir technocratique dont les visées gestionnaires, comme baisser les chiffres du chômage aux dépens des moyens de l’éducation nationale, ont abouti. Depuis 2005, la MDPH, en s’invitant à l’école, est la pire des ombres: elle déplace l’axe pédagogique en imposant le signifiant « handicap » et sa cohorte de solutions mensongères. Continuer la lecture de L’enfance effacée

Share

Handicap partout, soins nulle part

Carlos Parada, Psychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Crétin, imbécile, stupide, schizo, débile, dément ou parano, triso, taré, maso et psychopathe ! Voilà bien des quolibets qui ont transité entre la médecine et le langage quotidien. Dans les cours de recréation, autiste est déjà une insulte banale. Le transfert des mots d’un domaine à un autre est courant et c’est ce qui se passe dans une catachrèse. Dans la clé USB, il n’y a ni clé ni serrure. Une table n’a pas plus de pieds que n’a la lettre. Votre scie n’a pas de dents, comme le métro n’a pas de bouche. Notez que dans ces formulations, nous ne rendons plus compte du détournement d’un mot de son usage d’origine. Transposé du social au champ clinique, en psychiatrie, le handicap a la valeur d’une catachrèse (observation inspirée d’une observation de Roland Gori sur un tout autre thème). Il y a peu, ce mot portait une vague notion anglaise, philanthropique et sociale. Il a gagné le domaine fragile du soin psychiatrique d’aujourd’hui. Il remplace ce qui était nommé autrefois comme déficience, retard mental, inadaptation, inhibition, problème psychologique, etc. Cette expansion du domaine du handicap sur le soin psychique est loin d’être anodine et mérite réflexion. Continuer la lecture de Handicap partout, soins nulle part

Share

A propos de l’article, J’ai fait un mauvais rêve.

Le Collectif des 39 publie, à nouveau, le texte qui a été confié à son Blog par Philippe Rassat, membre du Collectif des 39, afin de mener dans cet espace, dédié à la réflexion des professionnels et des proches des patients en psychiatrie, un débat autour des questions, des tensions, voire des tempêtes, concernant la pratique du packing.

En effet, sa publication avait été suspendue par prudence durant cet été, suite aux actions surprenantes de l’ARS d’ Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente qui a non seulement condamné les opinions de Philippe Rassat (ce qui, en soi et sous cette forme, est déjà surprenant pour une agence publique), mais qui a décidé d’intervenir auprès de ses deux employeurs d’une façon qui aurait pu aboutir aux licenciements de ce professionnel ! Cela nous a paru extrêmement inquiétant et incompréhensible, et nous avons donc pris le temps nécessaire de réflexion et de conseil juridique.

 Le Collectif des 39 tient à préserver, malgré ces attaques qui témoignent d’une ambiance de plus en plus anti-démocratique, l’existence d’un espace d’expression respectueux à la fois de la liberté des opinions et du droit.

Nous tenons toutefois à faire remarquer, que les actions de l’ARS qui visent l’auteur du texte semblent, sur certains points, confirmer les préoccupations exprimées dans son texte par Philippe Rassat – acteur de terrain attentif, citoyen engagé et professionnel apprécié – sur la dimension idéologique autoritariste, antidémocratique, du management qui se répand dans le champ du soin. Les épisodes des Plans autisme, et celui plus récent de la création des GHT, en sont des exemples criants expérimentés par tous les professionnels.

Nous tenons à rappeler également que le film « Le Mur », soutenu par un collectif qui comprend à la fois des parents et des tenants des «thérapies» cognitivo-comportementales, dont parle Philippe

Rassat dans son texte, a d’abord été condamné à l’interdiction de diffusion. A notre connaissance cette interdiction a été levée en appel, en vertu de la liberté d’expression, sans pour autant que le tribunal d’appel désavoue le fait qu’il s’agit d’un montage manipulateur, qui nous apparaît digne des films de propagande des régimes extrémistes des années 30-40. L’immense majorité des familles des enfants autistes et des professionnels ne peut se reconnaître dans ces procédés condamnables.                                              

Le Collectif des 39.


Le texte est retiré à la demande de la présidente de l’union régionale Poitou-charentes d’Autisme France suite à la réunion de conciliation organisée par le conseil départemental de l’ordre des médecins de Gironde.

Il est remplacé par le texte suivant de Philippe Rassat :

« Sincèrement je n’ai jamais eu l’intention, en m’exprimant comme je l’ai fait, dans le cadre d’un débat d’idée, de heurter quiconque.  Si tel est le cas je le regrette et je présente mes excuses aux parents qui ont pu être affectés. »

Share

L’éthique : un levier pour réinventer une psychiatrie humaine !

Klopp Serge

Intervention Ethique Villejuif octobre 2016

En préambule je voudrais remercier les organisateurs de m’avoir invité et rappeler que vu le temps qui m’est donné, je vais forcément apparaître caricatural dans certains de mes propos qui nécessiteraient d’être plus explicités et illustrés d’exemples, mais nous n’en aurons pas le temps.

Jamais il n’a été autant question d’éthique qu’aujourd’hui. Et jamais notre société dans tous ses domaines n’a été aussi peu éthique. Au point que lorsque j’entends parler de mise en place d’un groupe d’éthique, je me demande quels reculs éthiques sont en train de se mettre en place.

En effet, le fait que l’on ait institutionnalisé les comités éthiques, cela ne laisse-t-il pas croire que les réflexions éthiques sont réservées aux spécialistes, aux experts du Comité Ethique ?

Cela ne risque t-il pas paradoxalement d’amener les soignants à faire l’économie d’une réflexion éthique personnelle singulière et donc à banaliser les pratiques non éthiques ?

Le fait que les comités Ethiques soient composés d’un nombre fermé de membres désignés cela n’est-il pas en soi une aberration éthique ? Continuer la lecture de L’éthique : un levier pour réinventer une psychiatrie humaine !

Share

Enfance effacée…? Résister, Inventer – MEETING du 16 Octobre 2016

   ENFANCE EFFACÉE ..? RÉSISTER, INVENTER 

MEETING POÉTIQUE ET POLITIQUE, organisé par le groupe  Enfance du Collectif des 39, dimanche 16 octobre 2016 de 9h à 18h, à  la PAROLE ERRANTE à Montreuil

Retrouvez les vidéos en cliquant sur ce lien  http://collectifdes39.fr

Interventions poétiques et artistiques tout au long de la journée avec Hélène Bouchaud (actrice), Aurélien Chaussade (acteur),                     Martine Irzenski (actrice), Tolten (rimailleur)

PROGRAMME :

Continuer la lecture de Enfance effacée…? Résister, Inventer – MEETING du 16 Octobre 2016

Share

Le Collectif des 39