>A propos des initiatives actuelles contre la psychanalyse.

Communiqué de presse

Du 12 février 2012

 

À propos des initiatives actuelles

contre la psychanalyse

 

Après avoir lancé sa proposition de loi « visant à interdire la psychanalyse pour l’accompagnement des personnes autistes », le député U.M.P. Daniel Fasquelle continue sa croisade.

Il vient de déclarer à l’AFP qu’il « va saisir le Conseil national des universités afin que l'enseignement et la recherche sur les causes et les prises en charge de l'autisme ne fassent pas référence à la psychanalyse ».

Ce député se fait donc le relai du puissant lobby de quelques associations pour  interdire la psychanalyse et également la Psychothérapie Institutionnelle.  Certaines de ces associations, se sont illustrées par la violence et la virulence de leurs attaques personnelles contre des praticiens pourtant reconnus. 

Si des parents d’enfants autistes ont pu être malmenés, mal accueillis, maltraités par certains psychanalystes, il est tout à fait justifié qu’ils puissent faire entendre leur voix. De la même façon, les dérives sécuritaires comme les mises en chambre d’isolement abusives, les contentions punitives, et les « traitements de chocs »ne sont pas tolérables.

 Mais ce n’est pas une loi qui règlera les dérives des pratiques ou qui devrait décider des traitements à la place des praticiens.

Les familles et tous les citoyens doivent pouvoir garder le droit inaliénable d’une liberté de choix de leur praticien et de la façon dont ils souhaitent se soigner,

en respectant  la nécessaire pluralité des approches.

Au nom de quel pouvoir, de quel supposé savoir un député peut-il refuser aux personnes autistes d’avoir un inconscient comme tout être humain et donc de bénéficier de soins relationnels pluralistes dans leur inspiration?

De telles initiatives ne laissent pas d’interroger sur leurs buts.

En effet depuis quand une loi devrait-elle venir s’immiscer dans le débat scientifique ?

Allons-nous accepter sans réagir des lois interdisant la liberté de pensée et de recherche ?

La psychanalyse est une méthode qui a fait ses preuves depuis plus d’un siècle et qui constitue un aspect crucial de la formation des praticiens. Bien au-delà elle fait aussi partie intégrante de la Culture au même titre que les autres avancées du savoir humain.

Aurons-nous bientôt une loi interdisant le darwinisme et niant l’existence des dinosaures comme certains fondamentalistes chrétiens le prônent aux USA en menaçant les enseignants?

Depuis le nazisme qui avait interdit la psychanalyse comme science juive et pratiqué des autodafés des œuvres de Freud, seules des dictatures comme celle des colonels grecs avaient osé interdire cette part du savoir de l’humanité !

 Ou encore le stalinisme qui, à la fin des années 40, avait interdit la psychanalyse en tant que « science bourgeoise ». 

Tout récemment, à l’automne 2011,une psychanalyste syrienne, Rafah Nached a été emprisonnée par la dictature syrienne parce qu’elle animait des groupes de parole pour des personnes traumatisées par la répression.

 Au-delà de la personne du député Fasquelle qui vient de se discréditer irrémédiablement et dont nous exigeons la démission de la présidence du Groupe d’études sur l’autisme à l’Assemblée Nationale, nous nous inquiétons de cette dérive inquiétante où des propos tenus jusqu’alors uniquement par des sectes telles que l’église de scientologie font retour depuis le sommet de l’Etat.

Cette dérive au même titre que certains discours prônant l’inégalité des cultures est en train d’introduire un discours populiste fort inquiétant pour la démocratie.

Nous appelons donc tous les professionnels du soin psychique, mais aussi  tous les citoyens à une vigilance républicaine pour refuser un tel tournant dangereux pour les libertés.

Contact : Marie Cathelineau 06 81 37 95 25 

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>Conférence : l’Autisme aujourd’hui ?

Samedi 18 Février 2012 de 14h30 à 18h45  

Salle du bureau des entrées de l’Hôpital de Montfavet, conférence de Simone Molina qui viendra nous parler des liens entre la pratique clinique et les enjeux actuels autour de la question de l’autisme, suivie d’un débat animé par Loriane Brunessaux, pédopsychiatre et membre du Collectif des 39 

Discutants : Dr Anicet, Dr Bonnauron,  Chefs de pôle en pédopsychiatrie, aborderont leurs pratiques et les questions institutionnelles qui se posent aujourd’hui. Présence du Docteur H. Rouveyrollis ancien chef de Pôle Enfant-Nord, qui participera au débat.

16h 45 : Pause / collation offerte. Vente des Actes du Point de Capiton, et du livre de S.Molina «  Archives Incandescentes » (éditions l’Harmattan 2011)

17h -18h45 : Assemblée Générale du Point de Capiton :

Ordre du jour de l’AG

– Simone Molina, Présidente : Rapport moral et bilan d’activité 2011 

Bilans du Cycle Utopia et du colloque «  Entre rêve et création, le fil rouge de l’infantile ? », bilan du lien avec l’Appel des 39 et de la rencontre du 19 novembre à Cavaillon ; information sur le nouveau Site et sur les Actes en préparation ; bilan des liens avec l’Inter-associatif européen de psychanalyse dont le Point de Capiton est partenaire depuis 2011. Bilan des groupes de travail en 2011.

– Joëlle Fatticionni- trésorière : Bilan financier  (montant de l’Adhésion 2012) :

– Bilan du CA et Désignation des membres du nouveau CA (vote des adhérents)

– Projets avec l’inter-associatif européen de psychanalyse : séminaire sur un week-end, à préparer en lien avec des associations grenobloises.

– Proposition d’un séminaire par Simone Molina.

– Propositions des adhérents : Le Point de Capiton est aussi  ce que chacun en fait, par son dynamisme, son souci de creuser une question avec d’autres, puis d’en rendre compte en réunion publique, ouverte aux seuls adhérents ou à un public plus large. C’est pourquoi l’assemblée générale se veut un lieu de débat et un creuset pour que le désir de ceux qui souhaitent travailler avec d’autres prenne consistance.

Nous vous attendons nombreux !

Entrée libre pour les Adhérents.

Participation aux frais : non Adhérents 3 euros

Adhésion 2011 valable jusqu’à la fin de l’AG : 20 euros / le montant 2012 sera voté en AG.

 

Le Point de Capiton

www.le-point-de-capiton.net / lepointdecapiton@hotmail.fr

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> A propos du documentaire « Le mur »

Le documentaire « Le mur » est problématique car il laisse penser, ce qui correspond aux idées habituellement diffusées dans les médias, qu’un débat se joue, dans le champ de l’autisme, entre les « psychanalystes » et les « comportementalistes ».

Les termes du débat ne se situent pourtant pas tout à fait là puisque les cliniciens tenants de ces deux approches théorico-cliniques, ainsi que les chercheurs en neurosciences et en sciences cognitives ont appris, pour un certain nombre d’entre eux, à travailler ensemble depuis plusieurs années. Par contre, ce qui est juste, c’est qu’il existe un féroce mouvement « antipsychanalytique », porté notamment par certaines associations de parents de personnes d’autistes soutenus par des hommes et femmes politiques (Daniel Fasquelle, Valérie Létard), pour qui l’urgence ne semble pas être la réflexion autour de l’amélioration des prises en charge de ces enfants et adultes mais la dénonciation des dérives de certaines théories psychanalytiques, la condamnation et l’interdiction de la psychanalyse, sans prendre en compte l’extrême diversité de ce champ. 

A chacun ses priorités. Heureusement, toutes les associations de parents ne sont pas dans ce cas-là ; malheureusement, les associations de parents les plus virulentes sont celles qui se font le plus entendre et qui se servent du film documentaire « Le mur » comme d’un document scientifique prouvant quelque chose sur « la Psychanalyse ». « Le mur » est pourtant un film de propagande dont le manque de rigueur et la malhonnêteté ne peuvent échapper à aucune personne s’intéressant un tant soit peu à l’état actuel des connaissances et des pratiques dans le champ de l’autisme. 

En effet, dès les premières secondes, on s’étonne de l’aplomb avec lequel la voix off affirme que l’autisme est un trouble neurologique, que « Tous les autistes présentent des anomalies dans une zone du cerveau, le sillon temporal supérieur ». Or, cette hypothèse n’a jamais été validée scientifiquement, cette anomalie du sillon temporal supérieur n’ayant été retrouvée que chez un petit nombre de personnes autistes. L’état actuel des recherches en neurosciences favorise l’hypothèse d’un trouble de la connectivité neuronale d’étiologie inconnue plutôt qu’une lésion neurologique localisée. Les autres hypothèses que l’on peut retrouver, à propos de l’origine de l’autisme, sont génétiques, hormonales, toxiques, infectieuses, environnementales, psychogénétiques… Et si elles représentent des voies de recherche, elles n’en demeurent pas moins des spéculations. 

Ensuite, la voix off affirme que la psychiatrie française est largement dominée par la psychanalyse, ce qui est un fantasme grotesque au vu de l’extension massive de la psychiatrie biologique en France, du faible nombre de services d’orientation psychanalytique en dehors de la région Ile-de-France et de l’absence quasi-totale de la psychanalyse dans les études médicales. La psychiatrie n’est pas la psychanalyse. La voix off poursuit en affirmant que les psychiatres français ignorent résolument les découvertes récentes dans le domaine de l’autisme, ce qui est faux, et achève son introduction par la déclaration suivante : « Pour les psychanalystes, l’autisme est une psychose, autrement dit un trouble psychique majeur résultant d’une mauvaise relation maternelle. » Il est vrai que la plupart des psychanalystes considèrent l’autisme comme une psychose, mais il est absolument réducteur et présomptueux d’affirmer que la psychose résulte d’une mauvaise relation maternelle ! La psychose est un trouble grave de la relation à l’autre et au monde, et ne peut en aucun cas se définir par une hypothèse sur sa causalité !

Les discussions sur la causalité de la névrose, de la psychose, de la souffrance psychique, ont entraîné des réflexions et des prises de positions différentes dans le champ de la psychanalyse, et ces discussions ne sont pas nécessairement au-devant de la scène car, quand il s’agit de travailler avec des enfants et des adultes en souffrance, névrosés, psychotiques, autistes, la question de la causalité peut devenir accessoire. 

Les psychanalystes, en ce qui concerne la causalité, ont pu évoquer des hypothèses psychogénétiques tout autant qu’organogénétiques : il est arrivé à Freud de parler d’un « roc biologique », à Mélanie Klein d’une « cause constitutionnelle », Geneviève Haag, dans le cas de l’autisme, penche en partie pour la possibilité d’un trouble de la connectivité neuronale ; Jacques Lacan mettait l’origine de la psychose en rapport avec l’accession de l’être humain au langage.

Après que la voix off a affirmé que la psychose serait due, pour les psychanalystes, à une mauvaise relation à la mère, chaque psychanalyste interrogé qui répond que l’autisme est une psychose devient donc suspect d’accuser les mères… C’est ainsi que le professeur Pierre Delion, par exemple, se fait piéger. Plus loin, un montage grossier fera de lui le défenseur du psychanalyste Bruno Bettelheim présenté comme le grand accusateur des mères, alors que Pierre Delion essaie seulement de lutter contre la caricature souvent faite de ce psychanalyste. 

Ensuite, le choix des personnes interviewées ainsi que le choix des séquences montrées à l’écran est étonnant : on comprend que la réalisatrice ait choisi de rencontrer Pierre Delion et Bernard Golse, deux professeurs de pédopsychiatrie ayant beaucoup travaillé avec des enfants autistes, mais comment se fait-il que Pierre Delion ne soit pas interrogé sur ce qu’il prône, à savoir une pédopsychiatrie intégrative, associant les neurosciences, le cognitivisme, la psychanalyse, le comportementalisme ? Comment se fait-il que Bernard Golse ne soit pas interrogé sur sa conception d’un « modèle polyfactoriel » dans l’origine de l’autisme, prenant en compte les facteurs organiques, neurologiques, génétiques, environnementaux ? Pourquoi les faire passer pour des psychanalystes incriminant les mères, ce qu’ils ne sont pas ? 

Par la suite, on découvre neuf psychanalystes. On s’étonne de constater qu’aucun n’appartient au courant de psychanalyse post-kleinienne, qui est pourtant un courant ayant compté un certain nombre de grands psychanalystes d’autistes (Frances Tustin, Donald Meltzer), et qu’aucun n’appartient à l’association de psychanalyse la CIPPA (Coordination Internationale entre Psychothérapeutes psychanalystes s’occupant de Personnes avec Autisme), rassemblée autour de Geneviève Haag, travaillant depuis des années avec des chercheurs en neurosciences et sciences cognitives et avec des parents d’enfants autistes. 
On s’étonne également de constater la surreprésentation, dans le documentaire, de clichés du discours lacanien, caricaturé et chosifié, porté par six psychanalystes interviewés sur neuf.

Parmi eux, on retrouve un pédiatre, Aldo Naouri, qui a valorisé dans certains de ces ouvrages les découvertes comportementales dans le champ de l’autisme (ce qui n’est pas montré à l’écran, il s’en est d’ailleurs plaint en dénonçant la malhonnêteté de la réalisatrice), et une psychanalyste dont le sous-titre annonce qu’elle est « kleinienne », alors même que le discours qu’elle tient évoque la place du père dans le discours de la mère, considération qui n’a rien de kleinienne quand on sait que Mélanie Klein se désintéressait du psychisme des parents de ses analysants, se focalisant sur le monde fantasmatique des enfants et adultes qu’elle recevait en analyse. Il s’agit à nouveau d’un cliché.

Parmi ces psychanalystes lacaniens, aucun n’appartient à l’ALI, (Association Lacanienne Internationale) qui est pourtant une école lacanienne comptant des psychanalystes particulièrement intéressés par la question de l’autisme, avec Marie-Christine Laznik et Graziella Crespin, qui ont fondé l’association PREAUT (PREvention de l’AUTisme) dont le but est de mêler les apports de la méthode cognitiviste TEACCH et de la psychanalyse lacanienne. Comment expliquer leur absence ? Pour finir, on s’étonne de voir interviewer trois psychanalystes de la même école freudienne dont deux ne travaillent pas spécialement avec des personnes autistes: Jacqueline Schaeffer qui se fait piéger sur la question de l’inceste et le professeur Daniel Widlöcher (il faut savoir que la réalisatrice s’est présentée comme effectuant un documentaire sur la psychanalyse en général, pas spécialement sur la psychanalyse dans l’autisme). Quand à Laurent Danon-Boileau, le montage grossier a pour objectif de lui faire porter un autre cliché de la psychanalyse : le psychanalyste qui dort, qui ne fait rien, qui attend, inactif, en face d’une personne autiste, face à des méthodes cognitives et comportementales qui permettraient des progrès grâce à une hyperstimulation active. Le seul tort de Laurent Danon-Boileau est d’avoir évoqué trop librement ses éprouvés contre-transférentiels alors que ceux-ci ne peuvent être compris sans explications.

Mais justement, par le biais du montage, d’explications il n’y aura pas.

Ce sont pourtant des praticiens, soignants, thérapeutes d’inspiration psychanalytique, parfois liés à la psychothérapie institutionnelle ou à la psychiatrie communautaire, qui ont théorisé et mis en pratique la prise en compte des détails du quotidien, de l’organisation de l’institution, l’élaboration rigoureuse du cadre et du support psychothérapique, la mise en place de repères spatio-temporels précis et structurés et la nécessité d’un engagement intense dans le soin, entre autres, des enfants autistes.

Comment, alors, comprendre un tel manque de rigueur dans un documentaire sur la psychanalyse dans l’autisme ? Comment ne pas s’étonner de l’aplomb avec lequel il est affirmé que, sur le modèle des institutions de Bruno Bettelheim, la séparation parents-enfants est un pilier du traitement psychanalytique, alors même que les psychanalystes de personnes autistes travaillent depuis bien longtemps avec les parents ? 

Dans le champ de l’autisme, la psychanalyse a certaines visées précises, qui ne sont pas les mêmes que celles des méthodes éducatives, mais qui les complètent dans un enrichissement mutuel : la thérapie permet aux personnes autistes de réduire leurs angoisses conscientes et inconscientes, de libérer leurs capacités d'apprentissage, de permettre qu'ils trouvent du plaisir dans les échanges émotionnels et affectifs avec les personnes qui les entourent, de permettre qu'ils gagnent du champ dans les choix de vie les concernant.

Au total, il paraît bien évident que les quelques associations de parents d’enfants autistes et hommes et femmes politiques qui valorisent ce film sont au courant de la malhonnêteté de celui-ci mais que, pour eux, la fin justifie les moyens ; autrement dit l’interdiction de la psychanalyse et la lutte contre le travail de l’inconscient justifie bien quelques gros mensonges. Dans ce cas, ces personnes ne peuvent plus prétendre se réjouir que l’autisme soit la Grande Cause nationale 2012 car il est évident que pour elles, c’est la haine de la psychanalyse et de l’inconscient qui est la Grande Cause nationale 2012.

Espérons que le groupe parlementaire saura donner la priorité à ce qui le mérite vraiment : palier au déficit de prise en charge thérapeutique, éducative et pédagogique pour tous les enfants et adultes en difficulté dans ce pays et favoriser la recherche de points de convergence, de divergence et de complémentarité des différentes théories et pratiques de la psychiatrie.

Loriane Brunessaux, 31/01/2012.

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>Soins Psychiatriques. Autorisation de délirer au centre Antonin-Artaud (L'humanité.fr)

 

(Flora Beillouin)

Depuis sa création, 
en 1985, le centre 
de jour Antonin-Artaud offre, à Reims, une vision humaniste 
de la psychiatrie. 
Son fondateur, 
Patrick Chemla, militant dans le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, mêle ses patients à cette réflexion qui les concerne en premier lieu : le sort que l’on réserve aux fous 
dans notre société.

 

Reims (Marne), 
envoyée spéciale. «Que s’est-il passé cette semaine ?» Olivier embraye : «Il y a eu des élections au Maroc et en Égypte, remportées par des partis qui se réclament de l’islam modéré et veulent instaurer la charia…» Au centre de jour Antonin-Artaud, comme chaque mercredi depuis quinze ans, le forum d’actualité commence, animé par un infirmier. «En France, l’équivalent, ce serait Bayrou ? » tente une petite voix, vite interrompue par Vincent, qui, debout, finit de rouler sa cigarette, une lueur de révolte barrant ses yeux gris-bleu : « Tout ce qu’on sait, c’est que ça n’a jamais rien donné de bon de mélanger la religion à l’État !»

La revue de presse passe du coq à l’âne. Sébastien a la mémoire des chiffres, Fred un goût prononcé pour les contre-pouvoirs. Pour Vincent, « les médias veulent faire de nous des moutons », et il « faut mettre un grand coup de pompe dans la fourmilière ». Un thème retient néanmoins l’attention collective : la folie. Il est notamment question du tueur d’Oslo et d’un reportage de France 3 sur l’unité pour malades difficiles (1) de Sarreguemines. « On voyait les patients, visages floutés, qui refusaient leurs médicaments, et le journaliste racontait qu’ils frappaient les infirmiers », relate Clément, sous le regard horrifié de l’assemblée.

Ici, on est loin du schéma extrême de Sarreguemines. Au centre Artaud, il n’y a ni blouse blanche ni pyjama. Les médicaments, seulement si nécessaire, ne sont que des éléments de la thérapie proposée par l’équipe de Patrick Chemla. « Le médicament n’agit que sur les effets, or la problématique humaine est bien plus complexe, de par la diversité de ses causes, à la fois sociales, traumatiques, anthropologiques », explique le psychiatre, qui refuse de « classer les gens dans des cases », selon les cloisonnements chers à Nicolas Sarkozy. (…)

Lire la suite sur le site de l'humanité 

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>Lettre ouverte

Monsieur le Président du Conseil National de l’Ordre des médecins, Mesdames et Messieurs les parents de personnes autistes, Deux médecins, le Professeur Pierre Delion, « véritable promoteur du Packing en France1  », Chef du Service Psychiatrie Enfant et Adolescent du CHRU de Lille, et le Professeur David Cohen, Chef du Service Psychiatrie Enfant et Adolescent de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière ont été ou sont convoqués devant leurs Conseils départementaux de l’Ordre des médecins suite à la plainte d’une association représentant des familles de personnes autistes, l’association Vaincre l’Autisme. Leur délit : soutenir le principe d’une recherche scientifique validée dans son objet et son protocole par le Comité de Protection des Personnes du CHRU de Lille, recherche menée dans le cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique National (PHRC), validé en 2008 (PHRC 2007/1918, n° Eudra CT : 2007-A01376-47), financée par le ministère de la Santé et dont le thème est « L’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du comportement, notamment les automutilations, des enfants porteurs de TED/TSA  ».


Ces plaintes2  constituent une véritable attaque personnelle et professionnelle difficile à comprendre quand on prend le temps de connaître l’objet de ces attaques et les hommes qui en sont les victimes.

De plus, les comparutions devant le Conseil de l’Ordre s’accompagnent d’appels à la manifestation devant les dits Conseils, selon des méthodes d’un autre âge qui interrogent sur les véritables motivations de leurs instigateurs. Elles rejoignent d’autres mobilisations telles celles qui ont violemment attaqué les équipes pratiquant l’avortement ou celles, plus récentes, exigeant l’interdiction de représentations culturelles jugées blasphématoires au nom de la religion.

Or, la recherche scientifique est tout sauf un blasphème, même si elle va à l’encontre de convictions qui peuvent, en elles-mêmes quand elles ne se manifestent pas sur le mode du dénigrement et de la disqualification, être respectables. La science n’est pas un dogme, Pierre Delion et David Cohen ne prétendent pas détenir la vérité, ils la cherchent. « Toute connaissance est issue d’un processus de construction, processus qui consiste en une réorganisation qualitative de la structure initiale des connaissances et qui peut s’assimiler à un changement de conceptions3 .

Pierre Delion rappelle que « ils [ les scientifiques] savent bien qu’avant de pouvoir démontrer quelque vérité scientifique que ce soit, le chercheur émet des hypothèses abductives (j’ai l’intuition que) puis conduit ses recherches pour tenter de démontrer de façon déductive et inductive les hypothèses émises. S’il n’y avait pas d’abord des intuitions basées sur la clinique, aucune découverte n’aurait pu être faite en médecine, ni a fortiori démontrées dans le cadre de l’Evidence Based Medicine . » C’est la base même de la recherche expérimentale.

Une étude scientifique ne préjuge pas de son résultat, ce que font les associations de parents d’enfants autistes qui ont décidé que cette technique « relevait de la torture4  », qu’elle était pratiquée « sans protocole, sans évaluation et sans résultat3  » voire qu’elle « ouvrait la voie à l’abus sexuel5 »  et qu’il fallait y mettre un terme parce que « dénuée de tout respect et de toute dignité3  ».

Pourquoi, donc, s’opposer à un examen scientifiquement validé de la question du packing ?

Le packing, contrairement à ce que laissent entendre ceux qui demandent son interdiction, n’a pas pour origine la psychanalyse et il existe une abondante littérature scientifique sur cette technique, anglo-saxonne notamment6 . Il trouve sa source dans la médecine antique et repose sur l’utilisation de l’eau dans les soins physiques et psychiques, l’hydrothérapie étant utilisée en Grèce dès le VIIIème  siècle avant Jésus-Christ. Soranus d’Ephèse la recommande au Ier  siècle de notre ère pour soigner la dépression. Au XVIIIème  siècle, Pinel demande que l’on utilise les bains chauds à visée de relaxation. Cullen, médecin anglais, est le premier à recommander les enveloppements humides dans le même but. En 1948, Paul Sivadon a utilisé des approches corporelles à base d’eau, à Sainte Anne, « pour favoriser le sentiment de sécurité, la prise de conscience de l’existence corporelle et la relation avec les objets et les personnes  ». En 1966, un psychiatre américain, Woodbury introduit sa méthode d’enveloppement (“packing” en anglais) en France : la technique est la même mais l’enveloppement se déroule en présence d’un infirmier qui reste aux côtés du malade en permanence durant ce temps d’enveloppement. « Le but de ce traitement est de donner au malade une stimulation du schéma corporel, de contrôler ses tendances autodestructrices et agressives, sans l’aliéner par les médicaments ou l’isolement  ». 

La technique du packing sera proposée pour le traitement des enfants et adolescents autistes les plus gravement malades ou qui présentent des troubles graves du comportement (hyperactivité, instabilité grave, auto- ou hétéro-agressivité, stéréotypies envahissantes, anorexie grave, insomnie rebelle notamment).

Il s’agit donc de valider, ou non, scientifiquement « L’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du comportement, notamment les automutilations, des enfants porteurs de TED/TSA  », en aucun cas traiter l’autisme ou ce que l’on nomme aujourd’hui les Troubles Envahissants du Développement (TED). Le Professeur Pierre Delion a maintes fois rappelé que « le packing ne concerne que quelques enfants porteurs de TED/TSA lorsqu’ils présentent des signes graves voire gravissimes de troubles du comportement, pour lesquels une indication précise doit être posée et une formation de l’équipe réalisée dans de bonnes conditions  ».

Tout le monde est aujourd’hui d’accord pour dire que l’autisme, on devrait probablement dire les autismes, est un trouble neuro-développemental, entrant dans le cadre des troubles envahissants du développement ce qui ne préjuge en rien de son étiologie qui demeure inconnue, les hypothèses allant des anomalies génétiques aux atteintes infectieuses ou toxiques, probablement associés à des degrés divers.

Il n’existe pas de traitement curatif de l’autisme. En revanche, de multiples approches de prise en charge ont vu le jour depuis la découverte de ce syndrome, approches issues de divers courants théoriques et fondées sur des conceptions très diverses de l’autisme7 . De manière pratique, des études scientifiques ont à ce jour permis de démontrer l’efficacité d’une prise en charge précoce à l’aide d’approches éducatives comportementales (ABA8 ), cognitives (TEACCH) ou développementales. La littérature scientifique est unanime sur ce point : il faut que l’intervention éducative soit précoce, massive et structurée.

Mais, quel que soit la nature du handicap ou de la différence de la personne autiste, le mérite de la psychiatrie et de la psychanalyse aura été de montrer qu’elle demeure un être de relation, doté d’un inconscient, tout comme ses parents, et que les interactions relationnelles et identificatoires sont modifiés par le trouble. Et ce même si l’on réduit l’inconscient à ses dimensions cognitives, ce qui n’est plus le cas des neuro-biologistes, Lionel Naccache considérant même Freud comme le Christophe Colomb des neurosciences9 .

L’époque n’est plus aux antagonismes, neurosciences versus psychanalyse par exemple, et l’ensemble de ces disciplines se confrontent utilement au travers d’interfaces que nous avons été nombreux à appeler de nos voeux. « Une réflexion critique qui confronte les diverses approches des sciences de la vie et des sciences de l’homme et de la société autour du cerveau de l’homme et de sa fonction devient nécessaire10.  » Dès que l’on parle de l’homme et de la nature, il faut « nouer sciences fondamentales et sciences humaines  » dit Michel Serres.

Il ne suffit pas de se targuer d’autres autorités scientifiques qui, en l’occurrence, s’appuient sur des préjugés qui ont une construction scientiste voire idéologique, pour invalider le travail de plusieurs années au service d’une cause que Pierre Delion et d’autres ont défriché de longue date : combien d’entre nous ne se sont-ils pas intéressés grâce à lui à l’autisme, d’abord par une grande ouverture d’esprit clinique et une réflexion plurifactorielle sans exclusive assortie d’une grande rigueur scientifique ? Si le regard commun et scientifique sur l’autisme a pu évoluer dans ce pays, on le lui doit en grande partie, il suffit de lire ses travaux et ses publications avec honnêteté.

Les attaques visant Pierre Delion, David Cohen, Daniel Widlöcher et Bernard Golse visent aussi toute une profession, que le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux avait appelé à juste titre la Communauté soignante, dans une optique de « mise en cause des compétences médicales de la psychiatrie  » et, plus généralement, de disqualification de la psychiatrie et de la psychanalyse.

Comment attaquer Pierre Delion, dont l’intégrité professionnelle, le sens éthique et l’humanité peuvent difficilement être discutés par quiconque est de bonne foi ? « Nous sommes tous des Pierre Delion  » disait le Syndicat des Psychiatres Hospitaliers, nous dirions plutôt « Nous voudrions tous être des Pierre Delion  ». Et avoir ses qualités humanistes, son profond respect de l’autre souffrant, sa rigueur scientifique, sa compétence dans l’animation des équipes dont il a eu la charge, sa qualité d’enseignant “maïeutique”, la cohérence qui est la sienne entre sa pratique et son enseignement, son attachement à la “défense et illustration” de la prise en charge des enfants autistes et de leurs familles. Son travail, son enseignement plaident pour lui mieux que quiconque ne pourrait le faire. A travers lui, c’est toute une conception de l’humain, du social et du scientifique qui est en jeu. Et ces attaques inquiètent car elles traduisent une dérive qui voudrait que ceux qui prennent en charge les personnes en souffrance psychique les remplacent, en coupables expiatoires, comme objets de fantasmes primaires stigmatisants. Ainsi, les acharnés de la guérison sont nombreux dans le champ des médecines différentes, précisément parce qu’ils cherchent toujours et encore l’arme absolue qui puisse enfin avoir raison des échecs thérapeutiques qu’ils ne supportent pas.

L’autisme est une souffrance, pour l’autiste d’abord, pour ses proches ensuite. La douleur des parents doit être respectée et entendue, y compris quand elle s’exprime de manière excessive.

Mais l’alliance thérapeutique que prône l’ensemble des dispositifs voulus ces dernières années par les pouvoirs publics suppose respect mutuel et confiance réciproque. La controverse n’est pas inutile, « Le mot liberté n’admet, par définition, aucune restriction11  », si elle fait progresser la lutte contre la souffrance. Chacun doit se regarder en conscience, la pratique de la psychiatrie et de la psychanalyse n’ont pas toujours été heureuses en matière d’autisme, toutes les associations de parents d’autistes ne se reconnaissent pas dans des discours excessifs, et chercher comment concilier au mieux « corps et esprit humains, inséparables12  ».

Cette nécessaire alliance, chacun doit y participer. Autistes  dans la mesure de leurs moyens, parents  qui doivent trouver une réponse à leur détresse et aider leur enfant à progresser autant qu’il lui est possible afin de « garantirl’intégration des personnes autistes en milieu ordinaire ou la création de places adaptées en milieu spécialisé13  » ; pouvoirs publics , qui doivent éviter toute posture démagogique, proposer des espaces de médiation et soutenir toute recherche, sans exclusive aucune, qui permettra de faire avancer les connaissances en matière de troubles envahissants du développement ; les médias, qui doivent aider à la prise de conscience en ces matières mais aussi informer de manière objective. Les professionnels  enfin, dont le dévouement ne peut être contesté et qui, quoi qu’il advienne et quel que soit le champ de compétence de leur intervention, demeureront un maillon indispensable à l’évolution positive des enfants et adultes concernés.

Ces alliances sont tout le contraire de démarches qui ont une construction sectaire en ce sens qu’en s’appuyant sur la détresse et l’émotion au détriment de la réflexion critique, elles se soutiennent du “principe de simplification”, supercherie visant à séduire les personnes en détresse par l’indication d’une “voie unique”, factice face à la complexité des problèmes posés, voie qui, en ce sens, constitue une régression épistémologique.

Claude Finkelstein, présidente de la FNAPSY, rappelle que « les chapelles en psychiatrie sont devenues des sectes, chacune pensant avoir “raison” contre la “déraison” et ceux qui en souffrent sont les patients, non les familles, même si j’en suis sûre celles-ci sont de bonne foi. Seul le patient peut dire si telle ou telle intervention lui a servi . » Pour toutes ces raisons, nous soutenons Pierre Delion, David Cohen, et tous les professionnels mis en cause dans leur démarche scientifique, clinique et thérapeutique, et nous dénonçons la véritable chasse aux sorcières dont ils sont l’objet. Nous demandons qu’ils reçoivent tout l’appui qu’ils méritent de la part de leurs confrères de l’Ordre des médecins, en reconnaissance de leur courage, de leur rigueur et de leur compétence et pour l’ensemble de leur oeuvre

 

1 Vaincre l’Autisme (ex Association Léa pour Samy)


2 Ces comparutions, fondées sur un supposé manque de rigueur scientifique et une volonté de nuire interviennent dans un contexte particulier dont témoigne la diffusion d’un film, « Le Mur », construit uniquement à charge contre la psychanalyse et les psychanalystes et qui, grâce à un montage subtil, discrédite trois professionnels, Pierre Delion, déjà, Daniel Widlöcher et Bernard Golse. Ce document, quelle que soit la volonté explicite de ses auteurs, ne vise pas à faire le point sur l’apport (ou non) de la psychanalyse dans la prise en charge des autistes, critique s’il le faut, mais à constituer un dossier à charge qui ridiculise les professionnels.

3 Hélène Hagège : La démarche scientifique : invariants et spécificités disciplinaires, une approche épistémologique, LIRDEF, Université Montpellier II – IREM, février 2007

4 Vaincre l’Autisme

5 Site officiel du Collectif de soutien au film « Le Mur »

6 Le Professeur David Cohen en donne maintes références dans son argumentaire. Parmi les articles récents, citons :

1. Hospital and Community Psychiatry. 1986, 37: 287-288.

2. Am J Psychiatry. 1988, 145: 242-245.

3. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence. 2009, 57 : 529-534.

4. Clinical Neuropsychiatry. 2009, 6: 29-34.

5. Journal of physiology. 2010, 104: 309-314

6. Issues in Mental Health Nursing, 2009, 30:491-494.

7. Adolescent Psychiatry. 2011, 1: 163-168

7 Voir les travaux, notamment de Jacques Constant et ceux de Centre Ressource Autisme de Languedoc-Roussillon à la demande du ministère de la santé en 2007

8 qui connaît également ses détracteurs, on lira sur ce point l’ouvrage très documenté de Laurent Mottron, « L’autisme, une autre intelligence : Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle », Editions Mardaga, 2004, 235 pages

9 Le nouvel inconscient, Poche Odile Jacob, février 2009

10 L’homme de vérité, Jean-Pierre Changeux, Editions Odile Jacob, Paris, 2002, page 9

11 Jean Yanne, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil

12 Pierre Delion, Lettre ouverte

13 Autisme France

Marie-Noëlle Alary, psychiatre des hôpitaux,  Mathieu Alary, doctorant en neuro-imagerie, Patrick Alary, psychiatre des hôpitaux,  Claude Allione, psychanalyste,  Marie Allione, pédopsychiatre des hôpitaux, Jean-David Attia , pédopsychiatre des hôpitaux en retraite, Guy Baillon , psychiatre des hôpitaux en retraite, Mathieu Bellahsen , psychiatre de secteur, Jean Bertrand , Psychiatre, Liège, Belgique, Dominique Besnard , Psychologue, Directeur National des CEMEA, Jean-Raphaël Bessis , Psychologue clinicien, Gérard Boittiaux , psychiatre des hôpitaux, Michel Botbol , professeur de pédopsychiatrie, Alain Bouvarel , psychiatre des Hôpitaux, président du CNASM, Loriane Brunessaux , pédo-psychiatre, Marie-France Canoville , addictologue des hôpitaux, Frédérique Cataud , cadre de santé – assistante chef de Pôle, Patrick Chaltiel , psychiatre des hôpitaux, Sophie Charancon , Martine Charlery , pédopsychiatre, Dorota Chadzynski , psychomotricienne, psychologue clinicienne, Patrick Chemla , psychiatre des hôpitaux, Jean-Luc Chevalier , psychologue clinicien, Jacques Constant , pédopsychiatre des hôpitaux en retraite, formateur sur la question de l’autisme, Alain Couvez , psychiatre des hôpitaux, chef de service, Jean-Yves Cozic , psychiatre des hôpitaux, président du Syndicat des Psychiatres Français, Jean-Michel de Chaisemartin , psychiatre des hôpitaux, Pascal Crété , psychiatre, directeur Foyer Léone Richet, Alain Darbas , directeur de Stéphanie Dauver , pédopsychiatre des hôpitaux, Francine Delionnet , ex-enseignante spécialisée, Marie-Philippe Deloche , psychiatre MGEN, Matthieu Duprez , Psychiatre des Hôpitaux, Bernard Durand , pédopsychiatre des hôpitaux en retraite, Président de la FASM Croix-Marine, Michel Duterde , ex-responsable des CEMEA, Claude Finkelstein , présidente de la FNAPSY, Martine Fournier , psychiatre hospitalier, Lise Gaignard , psychanalyste, Nicolas Geissmann , psychiatre des hôpitaux, Roger Gentis , psychiatre retraité de secteur public, Patrick Genvresse , pédopsychiatre des hôpitaux, Yves Gigou , formateur, Geneviève Giret , pédopsychiatre des hôpitaux, Pierre Godart , psychiatre des hôpitaux, chef de pôle, Philippe Goossens , psychiatre, Bruxelles, Belgique, Marie-Christine Hiébel , directrice d’Etablissement public de santé, Ariane Hofmans , psychologue, Michel Jadot , psychiatre médecin-directeur du service de santé mentale de Verviers, Belgique, Christine Jedwab , Psychologue clinicienne, Dina Joubrel , Psychiatre des hôpitaux, Claire Jutard , psychomotricienne, Dimitri Karavokyros , Psychiatre honoraire des Hôpitaux, Anja Kloeckner , psychomotricienne, Yves Le Bon , psychologue-Clinicien, psychanalyste, chargé d'Enseignement à l'Université de Paris 7-Diderot, Paul Lacaze , neuropsychiatre d'exercice privé libéral et institutionnel, Yvon Lambert , formateur retraité des CEMEA, Georges Lançon , pédopsychiatre, Dominique Launat , psychologue, Agnès Lauras-Petit , psychomotricienne, docteur en psychologie clinique et pathologique, Catherine Le Berre , cadre de santé, Michel Lecarpentier , psychiatre, Catherine Legrand-Sébille , socio-anthropologue, maître de conférences, Leïla Lemaire , comédienne, Marc Livet , cadre de santé, Stéphanie Levêque , pédospychiatre, Marie-Hélène Lottin , psychiatre, psychanalyste, Jean-Jacques Lottin , directeur d'études de santé publique, Paul Machto , psychiatre des Hôpitaux, psychanalyste, Jacqueline Mairot , psychiatre, Sandrine Malem , psychanalyste, Marie-Line Marcilly , cadre coordonnateur, Esteban Morilla Martinez , psychiatre des hôpitaux, Vincent Marzloff , interne en psychiatrie, Bénédicte Maurin , membre du collectif des 39, éducatrice spécialisée en pédopsychiatrie, Simone Molina , psychanalyste, Joseph Mornet , psychologue, secrétaire général de la FASM Croix-Marine, Françoise Nielsen , psychanalyste, Joséphine Nohra-Puel , psychologue, psychanalyste, Heitor O'Dwyer de Macedo , psychanalyste, Vincent Perdigon , psychiatre des hôpitaux, Juliette Planckaert , psychologue honoraire des hôpitaux psychiatriques, Martine Ragot , aide-soignante, Philippe Rassat , Pédopsychiatre, Psychanalyste, Directeur médical de CMPP, Nathalie Renon , psychologue clinicienne, Elise Ricadat , psychologue clinicienne, Martine Rosati , psychologue, directrice de l’école de Bonneuil, Sara Rudel , psychologue, Cosimo Santese , psychanalyste-psychologue, Madeleine Sarrouy , pédopsychiatre, Pierre Sadoul , pédopsychiatre des hôpitaux en retraite, Gérard Sadron , directeur, Jacques Sarfaty , pédopsychiatre des hôpitaux, Madeleine Sarrouy , pédopsychiatre, Gérard Schmit , professeur de pédopsychiatrie, Sylvie Séguret , Psychologue, psychanalyste, Jean-François Thiébaux , psychiatre des hôpitaux, Marc Toulouse , psychiatre des hôpitaux, Bruno Tournaire-Bacchini , psychiatre des hôpitaux, Jean-Marc Triffaux , psychiatre universitaire, Liège, Belgique, Maria Eugenia Uriburu , psychologue clinicienne, Pierre Vaneecloo , psychiatre des hôpitaux, retraité, Lucie Verkaeren , monitrice IDE, Benjamin Wouts , diplômé en psychologie,

Association des Cadres et Infirmiers en Santé Mentale, Association Marseillaise pour la Psychothérapie Institutionnelle, Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, Collège de psychiatrie grenoblois, Fédération d’Aide à la Santé Mentale Croix-Marine, Fédération Inter-Associations Culturelles en Santé Mentale, Groupement des Hôpitaux de Jour francophones

Pour signer cette lettre contacter Patrick Alary

patrick.alary@orange.fr 

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>La "radio des fous" a 20 ans (courrier international)

Lancée en 1991 par un psychologue de Buenos Aires, la station de radio La Colifata, animée par les patients d'un établissement psychiatrique, est devenue un modèle original de thérapie et a largement dépassé les murs de l'hôpital.

 

Il y a vingt ans, le psychologue Alfredo Olivera montait à l'hôpital Borda de Buenos Aires un atelier radiophonique, La Colifata, aujourd'hui reconnu pour sa valeur thérapeutique et journalistique. Première radio au monde gérée par les patients d'un hôpital psychiatrique, ce projet a rencontré et rencontre encore un grand écho dans le monde, de l'ancien footballeur Oscar Ruggeri au réalisateur Francis Ford Coppola, en passant par l'animateur de radio Lalo Mir, le médecin et journaliste Nelson Castro et le musicien Manu Chao. Pourtant, son histoire, ses perspectives de travail, et son projet politique restent méconnus. La Colifata "permet à l'ensemble de la communauté de progresser en construisant ses propres solutions face un problème douloureux et complexe", résume Alfredo Olivera.

Revenons vingt ans en arrière. En août 1991, le psychologue Olivera réunit un groupe de patients autour d'un magnétophone, et leur propose de participer à un projet de radio pour raconter leur quotidien. Peu à peu, "un collectif d'hommes et de femmes diagnostiqués comme fous se sont mis à produire une déconstruction des mécanismes à l'œuvre dans notre société."

Les premières années du projet furent rudimentaires et artisanales. Et comme il s'agissait d'une expérience inédite, Oliveira procédait par tâtonnements. Il transmettait ses conversations avec les patients à la radio et leur faisait ensuite écouter la réponse des auditeurs lors de la rencontre suivante. Tout cela par le biais de cassettes. Et édité sur un magnétophone à double cassette qui lui avait été prêté.

L'année suivante, une radio de San Miguel leur offre un émetteur, qui semble tout droit sorti de la Seconde guerre mondiale, et une antenne. Les patients circulaient dans les couloirs de l'hôpital pour tester la puissance et la portée de l'émission. Ensuite un généreux donateur leur fait cadeau d'une Citroën, qui sera rapidement convertie en antenne mobile. Le projet a également bénéficié du soutien de la radio FM La Boca. Les patients autorisés à sortir pouvaient ainsi profiter de ses studios pour apprendre le métier. Une autre station de radio, FM La Tribu, leur a fait bénéficier de son soutien en leur proposant des émissions, des ateliers et des stages.

Aujourd'hui, LT 22 Radio La Colifata possède son propre studio d'enregistrement et elle est diffusée sur les ondes et sur Internet. Les émissions sont retransmises dans tous les hôpitaux psychiatriques argentins. Et grâce à ce projet fondateur, des centaines d'expériences similaires ont vu le jour en Amérique latine et en Europe. La notion de thérapie par l'évènement, l'incidence sur les politiques publiques et la transversalité sont les fondamentaux du projet. Sa réussite s'explique par une nouvelle manière d'être à l'écoute, une ouverture à l'irruption de l'imprévu. "Il était important d'être attentif aux répercussions du phénomène et de créer les conditions idéales pour cette narration. C'est-à-dire, une thérapie par l'événement, pensée de manière active, respectueuse des sujets qui traversent des situations de souffrance psychique, et où la radio fait partie du dispositif."

Dès lors, ce n'est pas seulement le parcours psychiatrique des patients qui importe, c'est aussi leur situation familiale, leur entourage, le fait d'avoir créé de nouvelles relations à travers la radio. Tout cela influe sur la subjectivité. D'après une étude de 2008, 40 % des relations sociales des animateurs de cette radio sont nées de La Colifata, puis se sont poursuivies en dehors de ce cadre.

Cette même étude montre que 40 % des patients vivent avec leur famille, tandis que les 60 % restants résident dans un hôtel proche de l'hôpital. Plus de 70 % des internés ont pour seule source de revenus leur pension d'invalidité. Mais son montant correspond à ce que coûte l'hôtel, si bien que leur état de vulnérabilité psychique et sociale est très important. Ils doivent donc fréquenter les soupes populaires et n'ont pas les moyens de s'acheter des vêtements.

"A quoi cela me sert-il de soigner les gens sur le plan psychique si je ne tiens pas compte de ces situations ?", se demande Olivera. Et de répondre : "Nous élaborons des stratégies d'intervention à partir de ce contexte de vulnérabilité socio-économique, qui se construit dans le devenir de la relation à la personne, afin de pouvoir penser l'aspect radiophonique".


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>Interdire la psychanalyse ?

Les ténors du système néo-libéral travaillent depuis longtemps à de nombreuses choses qu'ils ont expérimentées au début des années 70 au Chili, puis en Argentine. C'est ainsi que le système financier, gestionnaire, celui des actionnaires tout-puissants à pu prendre le contrôle de la planète, ou quasiment. Le documentaire qui suit est exemplaire. Il suffit alors, dans le contexte actuel à propos de l'autisme par exemple, de remplacer le mot marxisme par psychanalyse. Les méthodes sont les mêmes, le but identique. Mais comme vous le verrez, ce sont des méthodes psychiatriques qui illustrent le propos dès le début du documentaire. Pas n'importe lesquelles.

Prenez le temps de visionner cette heure d'histoire et de réflexions, basée sur l'ouvrage de Naomie Klein "La stratégie du choc" : l'objectif de ceux qui prétendent vouloir obtenir des "résultats" (qui sont désastreux pour les populations) est celui d'arrêter toute forme de réflexion, de contestation : au fond c'est l'arrêt de la pensée qui est inscrit dans cette "philosophie" du monde. Et par ricochet, de notre humanité.

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>Des adieux poétiques : hommage d'hommes et de femmes à Hervé Bokobza

Il est jours qui ont de l'importance. Qui font sens. Des jours où les hommes et les femmes réunis sentent en eux un serrement au cœur particulier. C'était un jour comme celui-ci, ce mardi 17 janvier 2012.

Au centre psychothérapique de Saint Martin de Vignogoul, un après-midi de spectacles avait été organisé ce mardi là. En hommage à un homme qui s'en va, continue sa vie ailleurs, n'offrira plus son écoute et son humanité aux personnes en souffrance, en recherche, en doute, qui viennent dans ce lieu protecteur, cet asile merveilleux qu'est Saint Martin de Vignogoul.

Il avait son fauteuil au premier rang, le bougre !

Et il riait, riait : parce que l'hommage était beau et drôle à la fois. Parce que les artistes, ces fous créateurs, avaient mis le paquet : théâtre, musique, poésie, slam… 

Et oui, Hervé Bokobza : 23 ans à être là tous les matins, en groupe de thérapie, ce n'est pas rien. Le groupe 1. Number one. Un cercle de chaises. Des êtres humains, assis, qui se contemplent. Attendent. Parlent. Se taisent. Ecoutent. Crient. Pleurent. Rient.

Hervé Bokobza a reçu le plus beau des hommages. Celui de ceux qui l'aiment pour son "humanité qui sauve", cette extraordinaire capacité à accompagner par le regard, la parole, l'écoute…

Hervé est un artiste de l'âme, des membres du "groupe un" l'ont ainsi défini. 

C'est si vrai. Si simple. On pourrait en pleurer.

Mais régalons-nous, braves gens ! Osons l'espoir, la création et l'inventivité : Hervé Bokobza est parti de Saint Martin, vive Hervé Bokobza ! (et Saint Martin).

Ecoutez maintenant ce texte déclamé avec la force de l'âme, son auteure se nomme Jehanne.

Prenez le temps d'entendre et vibrer, rire avec ces mots qui cognent, qui secouent et qui trompent aussi : là est toute la substance moelle de nos existences, celle des êtres vivants qui vibrent, cherchent, souffrent, jouissent et jamais ne ferment la porte. Nous sommes des êtres humains.

Vive nous !

 

 


Boulimique-Jehanne by collectif39

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>Fleurs du mal, Le Romantisme à l'ère d'internet

Là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. (Charles Baudelaire)

 

Gecko, jeune beur, sort difficilement d'une enfance de foyers. Streetdancer, yamakusi, il arpente les rues parisiennes à la recherche de lui même. Anahita, jeune iranienne, fuit à Paris la violence de son pays. 

Etudiante à l'Université de Téhéran, belle et intelligence, elle découvre paris à la recherche d'une liberté inconnue. L'internet habite les vies de nos deux protagonistes. Violent parfois, il pénètre les vies de ces deux jeunes à leur insu et rappelle sans cesse la cruauté du monde et la violence des actes.

Ce film est l'histoire d'une rencontre de deux jeunesses blessées. Mais c'est aussi l'histoire d'un protagoniste technologique qui s'immisce dans une relation amoureuse romantique et passionnelle en plein coeur de la ville des amoureux.

Anahita ne peut pas briser le fil qui la retient à l'Iran et c'est son inséparable ordinateur qui lui rappelle sans cesse le pays qu'elle a fui, la lâcheté qu'elle a amenée avec elle dans ses bagages, l'envie de vivre qui l'a poussée à partir et les amis étudiants qui se battent pour une liberté chimérique au prix le plus fort qui soit, celui de leur vie.

Gecko quant à lui, exprime sa solitude à travers un corps en perpétuel mouvement, il danse, danse et danse encore son ennui, sa honte de n'avoir pas été un bon fils et son envie d'aventure.

Ponctué de vidéos youtube montrant la violence iranienne dans sa réalité la plus crue, parfois à la limite de l'insoutenable, on ne peut pas rester indifférent devant un tel film.

Quand le spectateur s'évade dans le romantisme de cette relation amoureuse, Internet le rappelle sans cesse à son souvenir. Il se retrouve alors auprès d'Anahita et souffre avec elle en portant la honte d'être si impuissant devant de telles images. A d'autres moments, le corps du spectateur s'anime devant les figures complexes de Gecko, il danse et voltige avec lui mais le Web revient encore et encore lui rappeler qu'il est des pays où même danser est un crime.

David Dusa, réalisateur de Fleurs du Mal a su mettre dans cette oeuvre toutes les émotions les plus vives et les plus crues. D'origine hongroise, élevé en Suède et vivant en France, ce cinéaste a collectionné des années durant des vidéos de l'insurrection iranienne ayant suivi l'élection de Mahmud Ahmadinedjad en 2009, sans trop savoir comment il allait les utiliser. C'est sa rencontre avec les deux acteurs principaux de ce film qui lui a permis de construire l'intrigue de ce film sur fond d'Internet.

David Dusa nous entraîne alors dans un tourbillon de sentiments des plus forts et des plus violents. La relation amoureuse tissée entre ces deux jeunes protagonistes est empreinte d'un romantisme rare mais elle est aussi le rappel qu'une rencontre d'individus est tout d'abord la rencontre de deux histoires, de deux souffrances parfois tellement fortes qu'elles en deviennent incompatibles.

Des dialogues ciselés, pertinents, sensibles entraînent le spectateur dans des ressentis très perturbants. C'est ainsi qu'on se laisse entraîner dans le sentiment amoureux, la passion, la violence, l'impuissance, la honte et dans tout ce qui fait qu'on se sent exister au plus profond de soi même.

Internet devient le personnage principal. Il est celui qui nous permet de nous rencontrer, de nous informer mais il est aussi celui qui, par sa violence et sa réalité crue, peut nous séparer, nous hanter et nous faire faire des choix irréversibles. Anahita et Gecko vivront leur passion jusqu'au bout de ce qu'ils peuvent et savent donner, l'iranienne qui rêve de liberté et le danseur qui s'emprisonne dans des clichés sociaux et culturels se donnent l'un à l'autre sans compter, sans espérer et Internet saura les rappeler à leur douloureuse réalité.

Il est difficile d'écrire au sujet d'une telle oeuvre tant l'émotion est fulgurante. Si on devait en résumer l'essence et le sens, un mot suffirait peut-être : celui de Liberté. Les Fleurs du Mal n'ont jamais été d'autant d'actualite quand Charles Baudelaire, en d'autres temps avait dit : 

Les sanglots des martyrs et des suppliciés

Sont une symphonie enivrante sans doute,

Puisque, malgré le sang que leur volupté coûte,

Les cieux ne s’en sont point encore rassasiés.


 

Sortie en salles le 8 février.

Marie L

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>Adresse à tous les candidats républicains pour qu’ils s’engagent à soutenir une psychiatrie fondée sur l’hospitalité.

 

Collectif des 39 – Quelle hospitalité pour la folie ? Quelle hospitalité pour l’humain ?

Meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93

 

La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.

Les conditions d’hospitalité pour la folie se dégradent inexorablement depuis près de trente ans.

Depuis le 2 décembre 2008, date du discours du Président de la République à l’hôpital d’Antony, la situation s’est considérablement aggravée ; il est de plus en plus difficile de soigner et d'être soigné particulièrement depuis la loi du 5 juillet 2011.

Nous sommes à un moment politique où tous ces enjeux cruciaux pour la psychiatrie se posent aussi pour l'ensemble de la société.

Nous nous adressons à tous les candidats républicains pour qu’ils s’engagent à soutenir une psychiatrie fondée sur l’hospitalité.

Nous, professionnels du sanitaire, du médico-social, patients, familles et proches qui fréquentons la psychiatrie affirmons que : 

-L’engagement thérapeutique doit conduire à mettre l'accueil au centre des préoccupations afin de prendre en considération la vulnérabilité et la créativité des patients nécessaires à toute prise en charge thérapeutique.

-La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins.

-L’accès à des soins de qualité est un principe républicain.


Aussi refusons-nous avec force :

– L’envahissement d’une logique gestionnaire et managériale, l’exigence de rentabilité du soin, le manque de temps soignant, le manque de lits et de places, qui amènent à une accélération inconsidérée des prises en charge. Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien. Ce qui de fait conduit à un abandon des plus fragiles renvoyés à la rue ou à la prison.

–  Les empêchements à la mise en place d’un accueil de bonne qualité dans les services et dans les lieux ambulatoires, où les protocoles standardisés pseudo scientifiques dénient la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient et constituent un obstacle à la rencontre avec les patients.

– La politique de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui  impose cette protocolisation destructrice d’hospitalité par des « quasi rituels » de soumission sociale au travers de processus d’accréditations homogénéisants et abêtissants.

– La nouvelle loi du 5 Juillet 2011qui se fonde sur l’illusion dangereuse qu’un traitement sous la contrainte juridique dans la cité est une avancée pour les patients ou leur famille.

– La mise à mal de la protection judiciaire de la jeunesse et la volonté de prédire le destin psychopathologique d’enfants de 3 ans ou d’adolescents. Ces choix  vont à l’encontre de toute expérience clinique et éducative et aggravent de fait la situation psychique des jeunes concernés.

Les diagnostics effectués par des programmes informatiques ou des questionnaires sans finesse clinique qui relèvent d’une pratique machinique que nous n’aurions jamais imaginée.  Cette dérive ne peut conduire qu’à des aberrations et à une déshumanisation.

Aussi soutenons nous toutes pratiques qu’elles soient publiques, libérales conventionnées ou associatives, garantissant en particulier la continuité des soins et prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que le respect du secret professionnel, l’engagement relationnel, l’indépendance professionnelle et le respect de l’intimité du patient.

Nous défendons pour tous les professionnels de la psychiatrie  un enseignement qui repose  notamment sur la psychopathologie et nécessite la réintroduction de formations spécifiques ancrées sur la clinique.  Une rupture nette du cadre hospitalo – universitaire  sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques doit être effective.

Nous nous battons déjà quotidiennement là où nous travaillons pour une autre pratique du soin et de l’hospitalité pour les patients et leurs familles. Nous le faisons malgré toutes les difficultés que nous rencontrons sur le terrain. Les résistances internes aux collectifs de soins ont toujours nécessité un travail d’analyse permanent ouvrant  une possibilité  concrète d’agir sur  l’organisation  du travail. Or  ces résistances se trouvent considérablement aggravées par l’organisation bureaucratique actuelle de la Psychiatrie.

Nous sommes dans l’urgente nécessité de refonder la psychiatrie avec les principaux concernés: soignants de tous métiers et travailleurs sociaux, patients et usagers, familles et tous ceux, intellectuels et artistes qui soutiennent notre  mouvement.

Nous affirmons que cette perspective est essentielle pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir feraient disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.

Nous  demanderons solennellement aux politiques lors de ce meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93, de s’engager dans ce mouvement de refondation et d’abroger

– la Loi du 5 juillet 2011, et toutes les lois organisant depuis des années la bureaucratisation de la gouvernance hospitalière.

– La loi du 25  février 2008 sur la rétention de sûreté


Contacts presse:


Yves Gigou: 06 60 48 98 84 – yglns39@orange.fr


 

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>Appel au meeting du 17 mars 2012

 

Communiqué de presse – Collectif des 39 – Quelle hospitalité pour la folie ?

Appel au meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93

La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.

Depuis le 2 décembre 2008, discours du Président de la République à Antony la situation ne fait que se dégrader, il est de plus en plus difficile de soigner et d'être soigné particulièrement depuis la loi du 5 juillet 2011.

C'est pour ces raisons que nous interpellerons lors de cette journée les candidats à l'élection présidentielle ainsi que celles et ceux qui solliciterons nos suffrages aux législatives.

Reprenant la charte que nous avons rédigés le 7 février 2009.  

Nous, soignants, patients/usagers et familles en psychiatrie affirmons que :

• Notre engagement thérapeutique tient d’abord à la considération de la vulnérabilité et de la créativité des patients ; il doit par ailleurs nous conduire à promouvoir tous les lieux nécessaires à une hospitalité pour la folie qui constitue l’enjeu de notre travail : dans l’hospitalisation, comme dans les lieux ambulatoires qui doivent mettre l’accueil au cœur de leur projet.

• La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins

• Les valeurs républicaines de liberté, égalité et de fraternité sont le socle constitutif de toute pratique.

Aussi refusons-nous avec force :

• L’abandon des patients renvoyés à la rue ou à la prison

• L’idéologie sécuritaire qui stigmatise, contient, isole et maltraite les plus démunis des citoyens

• Toutes les lois qui confirmerait la ségrégation des patients en les assujettissant à des lois spécifiques et aggraveraientt la tendance à l’enfermement.

• L’idéologie falsificatrice qui ferait croire que soigner sous la contrainte dans la cité est une avancée pour les patients ou leur famille.

• L’imposture des protocoles standardisés pseudo scientifiques déniant la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient.

• La mainmise de l’appareil technico gestionnaire tentant d’annihiler, de nier et d’écraser la dimension créative et inventive de tout processus de soin.

Aussi soutenons nous toute pratique qu’elle soit publique en accord avec les acquis du secteur, libérale conventionnée ou associative, garantissant en particulier la continuité des soins et prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que : respect du secret professionnel, engagement relationnel, indépendance professionnelle, respect de l’intimité du patient.

Nous défendons un enseignement reposant en particulier sur la psychopathologie, et nécessitant la réintroduction de formations spécifiques désarrimées de la logique, du cadre théorique et des intérêts hospitalo-universitaires actuels autant que de l’emprise des laboratoires pharmaceutiques et ceci pour tous les professionnels de la psychiatrie.

Avec et pour ces valeurs nous continuons à dénoncer toutes les dérives politiques, techniques, gestionnaires et sociales qui enferment peu à peu les patients dans un carcan déshumanisant.

Nous affirmons que ce combat est essentiel pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir ferait disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.

Contacts presse:

 
Yves Gigou: 06 60 48 98 84 – yglns39@orange.fr


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>L’autisme, grande cause nationale ?

L'autisme a reçu le label "Grande cause nationale 2012". L'exposition médiatique de ce sujet va s'intensifier, un groupe de travail s'est formé à l’Assemblée Nationale dont les premières rencontres parlementaires débutent jeudi.

 

 
 
Comment ne pas se réjouir de l'intérêt porté à l'autisme face aux insuffisances actuelles de la prise en charge thérapeutique, éducative et pédagogique et des possibilités professionnelles proposée à ces patients (adultes et enfants) ? Cependant, l'aspect polémique et orienté des discours offerts au grand public empêche d'ores et déjà d'être optimiste sur l'issue de ce travail parlementaire.
En effet, on nous donne à entendre:
 
Ø De fausses évidences:
 
· "L'autisme est un trouble neurologique".
         Faux: si une dimension biologique de l'autisme est une hypothèse forte, les différentes recherches effectuées sur le sujet, tant sur le plan d'une localisation neurologique (cerveau, cervelet, tronc cérébral), que d'une anomalie génétique ou hormonale (ocytocyne), n'ont pas permis d'établir formellement une origine organique à l'autisme. Il s'agit probablement d'une pathologie liée à l'intrication de plusieurs dimensions (organique, psychopathologique, environnementale, histoire de vie).
Mais ceci est un faux débat car une origine organique à l'autisme ne change rien au fait que ces enfants puissent évoluer grâce aux thérapies relationnelles.
 
· "Le vrai problème est un grand retard diagnostique, qui montre l'insuffisance de formation des pédopsychiatres"
         Faux: la raison de l'augmentation du nombre d'enfants autistes dépistés (passant de 1 enfant sur 2000 à 1 sur 150, environ) est l'élargissement des critères d'inclusion dans ce diagnostic de la classification DSM.
En effet, les "troubles envahissants du développement" ou "désordres du spectre autistiques" composent une acception de l'autisme beaucoup plus large que par le passé et conduisent à appeler "autistes" des enfants ou adultes qui précédemment auraient reçu un autre diagnostic (schizophrénie infantile, dysharmonie évolutive…). Ceci aux dépens de la finesse diagnostique et, du coup, de la finesse des prises en charge, moins ajustées à la singularité de chaque patient.
Par ailleurs, cette fausse évidence entraîne une confusion entre "diagnostic" et "prise en charge". Que le diagnostic soit posé tôt ou tard, la vraie question est celle des modalités de suivi des enfants présentant des particularités de développement, qui ne peut être réglée par un protocole préétabli et ce, quel que soit leur diagnostic.
Enfin, le diagnostic d'autisme est souvent posé tardivement parce que la clinique des enfants, de tous les enfants, est fluctuante et réversible, il est donc parfois dangereux voire traumatisant pour un enfant et pour ses parents de poser trop rapidement un diagnostic d'autisme. Il existe également un temps nécessaire aux parents pour accepter la pathologie de leur enfant et ce temps est propre à chacun. Si certains souhaitent un diagnostic le plus précoce possible, d'autres au contraire préfèrent que toutes les autres options diagnostiques soient éliminées précédemment.
 
· "Les pédopsychiatres français refusent de se mettre à jour de l'évolution des connaissances et persistent à utiliser des classifications vieillottes telle la CFTMEA".
         Faux: la plupart des pédopsychiatres français sont plus qu'à jour des scandales accompagnant la création des diagnostics DSM: alliances objectives entre médecins, compagnies pharmaceutiques et financeurs de l'industrie de la santé. Cette classification dite athéorique est au contraire profondément idéologique dans le sens d'une vision mécaniciste de l'être humain et se situe au carrefour d'enjeux financiers importants. Ceci lui ôte toute objectivité et toute scientificité.
 
Ø Un faux procès fait à la Psychanalyse:
 
· "La Psychanalyse est inefficace et inadaptée pour les enfants autistes".
         Faux: tout d'abord, la « Psychanalyse » n'existe pas. Il y a des psychanalyses, différents courants dans la psychanalyse d'enfants, qui travaillent différemment, comme il y a différents courants à l'intérieur du cognitivisme.
L'objet général de la psychanalyse des enfants autistes est de réduire leurs angoisses, de libérer leurs capacités d'apprentissage, de permettre qu'ils trouvent du plaisir dans les échanges émotionnels et affectifs avec les personnes qui les entourent, de permettre qu'ils gagnent du champ dans les choix de vie les concernant. Il s'agit d'un travail au long cours dont les résultats ne sont pas évaluables avec des critères mécanicistes. Ainsi, les méthodes psychothérapiques sont complémentaires des méthodes éducatives et pédagogiques. L'une ne remplace pas l'autre. Il s'agirait que ces différentes théories et pratiques puissent dialoguer sur le mode de la controverse et non sur celui de la polémique éliminationniste. 
Le vrai problème n'est pas celui de la méthode employée (psychanalyse, cognitivisme, pédagogie) mais celui de l'intensivité des suivis au cas par cas. Toute méthode, appliquée de manière intensive et raisonnée (au cas par cas pour chaque enfant) et avec un fort engagement des soignants, éducateurs, pédagogues, aboutit à des progrès chez l'enfant autiste.
 
· "La psychanalyse culpabilise les parents d'enfants autistes et notamment les mères".
         Faux: la culpabilisation des parents est une dérive malheureuse des discours soignants, éducatifs et pédagogiques de manière générale, et ce, de tout temps et de toutes époques.
Certains psychanalystes n'y ont pas échappé et cela est tout à fait affligeant.
La psychanalyse, en elle-même, offre au contraire les outils pour penser cette facilité qui consiste à incriminer les parents comme fautifs. En effet, par le biais des concepts de résistance du ou des thérapeutes, du contre-transfert, de la rivalité imaginaire qui peut surgir entre les équipes soignantes, éducatives, pédagogiques et les parents, la psychanalyse a construit les outils qui permettent de repérer, d'analyser et de dépasser les mouvements qui amènent un soignant, un éducateur ou un pédagogue à accuser massivement les parents d'un enfant en difficulté. 
 
Ø De fausses nouveautés:
 
"Avec des rééducations adaptées, un enfant autiste peut progresser et gagner en autonomie, mener une vie professionnelle et amoureuse épanouissante".
         Oui, et la même phrase est applicable "avec des soins adaptés".
 
Ø Un faux scandale et un faux espoir:
 
·"Le scandale est le manque d'intégration en école ordinaire des enfants autistes alors que, lorsque celle-ci est possible, ces enfants effectuent des progrès spectaculaires".
         Faux: l'intégration scolaire en école ordinaire des enfants autistes est un formidable tremplin pour certains, une simple aide pour d'autres, une corvée douloureuse pour d'autres encore et une souffrance intolérable pour d'autres enfin. Et ce, quels que soient les aménagements effectués.
L'intégration scolaire fait partie des techniques pédagogiques proposées aux enfants autistes, elle ne doit pas remplacer les techniques thérapeutiques ni les techniques éducatives. Ce n'est pas l'un ou l’autre mais les trois ensemble, au cas par cas pour chaque enfant.
Le triomphalisme des discours présentant l'intégration scolaire comme seule méthode faisant progresser l'enfant risque de provoquer de faux espoirs et, en conséquence, de lourdes déceptions pour les parents d'enfants qui ne peuvent supporter l'école et devront rester à domicile, sans place dans un établissement spécialisé.
 
Ø Un vrai scandale: la pénurie de places en établissements spécialisés et adaptés, en France, pour les enfants et les adultes en difficultés.
 
Il est scandaleux de devoir envoyer son enfant en Belgique car aucun établissement français adapté ne peut l'accueillir faute de place.
Il est également scandaleux de voir certains établissements inadaptés à la prise en charge d’enfants autistes (IME, ITEP) être mis en avant pour palier à l'insuffisance du service public ou à l'absence d'hôpitaux de jour dignes de ce nom. Ces établissements se voient souvent obligés de refuser les enfants les plus en difficulté, dans l'incapacité de leur offrir un accueil adéquat.
Cela produit une ségrégation honteuse et c'est à cela que devraient s'atteler les pouvoirs publics!
 
         Au total : quel sera l'effet de la mise en place du groupe parlementaire de travail sur l'autisme ? Au vu de la forte partialité des discours tenus, gageons que les conclusions aboutiront à la mise à l'écart des théories et pratiques psychanalytiques (pour des raisons idéologiques) et à une loi renforçant l'obligation scolaire des enfants en difficulté sans augmenter le nombre de places en établissements spécialisés (plus économique et plus démagogique à la veille des élections).
 
C'est alors que nous, patients, parents, soignants, nous aurons beaucoup perdu. Espérons que cette année sera aussi celle de la pensée et de la controverse, pas seulement celle du populisme et de la réduction des dépenses de santé.
 
Journée d’action des 39, le samedi 17 mars 2012 à Montreuil, "La Parole Errante à la Maison de l'Arbre", 9 rue François Debergue,  93100 – Montreuil-sous-Bois, Metro Croix de Chavaux.(métro ligne 9)
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>Décès de Monsieur Thierry MASNOU

 

Nous souhaitons vous faire part de la triste nouvelle du décès de Monsieur Thierry MASNOU.

Malgré une grave maladie, Monsieur Masnou a travaillé tant qu'il l'a pu au service de la psychiatrie, que ce soit comme administrateur d'associations du secteur médico-social, comme adhérent d'associations de parents ou comme membre actif du collectif des 39.

Il était très soucieux des conditions d'hospitalisations des malades et défendait l'idée qu'à leur sortie d'hospitalisation ils puissent avoir un logement ou un hébergement décent.

Père d'un enfant malade, il a initié, au sein du collectif, la création d'une commission "famille" permettant aux familles qui ne se retrouvent plus dans le discours de certaines associations de parents de s'engager à nos côtés. Nous éspèrons que ses efforts de création d'un réseau social entre les familles et les 39 ne seront pas vains et que cette commission perdurera. Ceux d'entre vous qui souhaitent continuer à faire exister cette commission peuvent écrire à maurinbenedicte@yahoo.fr

Nous tenons à présenter toutes nos condoléances aux proches de Monsieur Masnou et en particulier à sa femme et à ses enfants.

Le collectif des 39

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>La logique sécuritaire des « soins » sans consentement en ambulatoire enfin explicitée par le gouvernement

 

Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Communiqué du 10.01.2012


Dans un projet de décret de trois ministères (Intérieur, Santé et Cohésion sociale), la logique des « soins sans consentement en ambulatoire » nommés « soins psychiatriques sous la forme mentionnée au 2° de l’article L.3211-2-1 » par la loi du 5 juillet 2011 se précise.

 

Nos analyses concernant le contrôle social des personnes soumises à ce régime de « soins » sont clairement explicitées dans ce projet de décret (cf. l’annexe). Bien loin des discours rassurants sur l’atteinte aux libertés fondamentales prononcés lors du vote de la loi, le registre sécuritaire, sous couvert de permettre la réinsertion sociale, est entériné.

 

Sous prétexte d’une convention devant « définir le cadre global d’une prise en charge et un accompagnement de qualité en matière de réinsertion sociale des patients faisant l’objet de soins psychiatriques sous la forme mentionnée au 2° de l’article L.3211-2-1», il est imposé aux patients une levée du secret médical (Art. R.3222-11): « Les professionnels sociaux et médico sociaux intervenants dans la réinsertion sont informés des lieux et des horaires des différentes modalités de prise en charge mentionnées dans le programme de soins ».

 

Nous rappelons à l’ensemble des professionnels que la mise en place de tels « soins » n’est en rien obligatoire quand les personnes hospitalisées sans leur consentement sortent « définitivement » de l’hôpital. Ainsi est-il nécessaire de s’efforcer, pendant l’hospitalisation, à transformer les « soins sous la contrainte » en soins libres.

 

Il appartient aux équipes de travailler le consentement et l’alliance thérapeutique dans le temps de l’hospitalisation. En aucun cas la contrainte légale ne peut se substituer à la relation thérapeutique, sauf à croire qu’il n’y a que la loi pour soigner les patients.

 

Nous, collectif des 39, appelons de nouveau l’ensemble des équipes de psychiatrie à refuser la mise en place de tels « soins » pour les patients, une fois leur sortie de l’hôpital actée.

 

Nous appelons d’emblée au retrait de ce projet de décret levant le secret médical et qui, sous prétexte d’assurer une réinsertion pour les patients soignés « sans leur consentement », organise de fait leur stigmatisation dans l’espace démocratique accordé à tout citoyen en situation de précarité

 

Journée d’action des 39, le samedi 17 mars 2012 à Montreuil"La Parole Errante à la Maison de l'Arbre", 9 rue François Debergue,  93100 – Montreuil-sous-Bois, Metro Croix de Chavaux.(métro ligne 9)

 

Inscriptions à la journée d'action

 

ANNEXE : Projet de Décret

 

Décret n°                          du

 

relatif à la réinsertion sociale des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques.

 

NOR : […]

 

Le Premier ministre,

 

Sur le rapport du ministre du travail, de l’emploi et de la santé,

 

Vu le code de la santé publique, notamment son article L.3222-1-2 ;

 

Vu l’avis de la commission consultative d’évaluation des normes ;

 

 Le Conseil d’Etat (section sociale) entendu,

 

Décrète :

 

Article 1er

 

Au sein du chapitre II du titre II du livre II de la troisième partie du code de la santé publique,  il est inséré une section ainsi rédigée :

 

« Section II  Réinsertion sociale des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques sans leur consentement.

Art. R.3222-10  En application de l’article L.3222-1-2, le directeur de l’établissement de santé conclut des conventions avec le préfet de département ou, à Paris, le préfet de police, les représentants des collectivités territoriales et leurs groupements compétents sur les territoires de santé correspondants et le directeur général de l’agence régionale de santé.

Ces conventions ont pour but de définir le cadre global d’une prise en charge et un accompagnement de qualité en matière de réinsertion sociale des patients faisant l’objet de soins psychiatriques sous la forme mentionnée au 2° de l’article L.3211-2-1. Elles définissent les modalités de coopération entre les personnels de l’établissement prenant en charge le patient, les personnels des établissements et services sociaux et médico-sociaux et les services territoriaux d’assistance sociale afin de préciser les conditions d’organisation des réponses des différents acteurs sur un territoire déterminé et les procédures à mettre en œuvre en cas d’urgence. Ces conventions assurent la coordination des coopérations ainsi définies avec les

 

actions de soutien et d’accompagnement des familles et des aidants des patients menées par l’établissement de santé et les associations mentionnées à l’article L.3221-4-1.

 

Ces conventions précisent pour chacun des services placés sous l’autorité des signataires les principes et modalités de leur collaboration en matière d’échanges d’information, de formation et en cas de réadmission des patients en hospitalisation complète.

 

 La  modalité de mise en œuvre de la convention peut être précisée dans un protocole individuel relatif à un patient. Ce protocole constitue une pièce du dossier médical du patient.

 

 Art. R.3222-11   Les conventions précisent les modalités des échanges d’information prévus à l’article R.3222-10 intervenants, sauf en cas d’urgence due notamment à la levée de l’hospitalisation complète par le juge des libertés et de la détention avant la définition du programme de soins du patient et pendant l’exécution de ce programme de soins.

 

 Avant l’établissement du programme de soins, le psychiatre prenant en charge le patient informe les professionnels sociaux et médico-sociaux intervenant dans la réinsertion  de la prochaine modification de la prise en charge du patient, des caractéristiques du patient ainsi que de ses difficultés et de ses besoins en matière de réinsertion sociale.

 

Pendant le suivi du programme de soins, l’équipe soignante, les professionnels sociaux et médico-sociaux intervenant dans la réinsertion organisent des échanges réguliers sur la réinsertion sociale du patient et sur son évolution, afin de favoriser la continuité de la prise en charge, d’éviter les situations de crise et les ré hospitalisations à temps complet en urgence. Le protocole établi pour un patient indique la procédure à suivre en cas d’urgence.

 

Les professionnels sociaux et médico-sociaux intervenant dans la réinsertion sont  informés des lieux et des horaires des différentes modalités de prise en charge mentionnées dans le programme de soins

 

Art. R.3222-12  Les conventions prévoient que les équipes soignantes, les professionnels sociaux et médico-sociaux intervenant dans la réinsertion définissent leurs besoins communs et spécifiques en formation, notamment en matière de connaissances des pathologies mentales, de soins sans consentement, de dispositifs pour la réinsertion sociale.

 

 Art. R.3222-13  Sans préjudice des dispositions de l’article L.3222-1-1A, les conventions précisent les conditions dans lesquelles le patient en programme des soins est ré hospitalisé à temps complet, les organisations mises en place et les missions de chaque professionnel concerné pour :

 

– le  transport du patient, du lieu où il se trouve vers l’établissement de santé, par l’équipe soignante éventuellement escortée par les forces de police ou de gendarmerie requises par le préfet de département ou, à Paris, le préfet de police lorsque le patient présente un risque d’atteinte grave à l’ordre public résultant de sa dangerosité particulière attestée par un certificat ou un avis médical.

 

– l’accès au domicile du patient par l’équipe soignante.  En cas de refus réitéré du patient de laisser le libre accès à son domicile, et après que l’équipe soignante a tenté d’obtenir l’assentiment du patient d’accéder à son domicile, le recours aux forces de l’ordre peut être sollicité par l’intermédiaire du directeur d’établissement saisi par l’équipe soignante. Les forces de police ou de gendarmerie requises par le préfet de département ou, à Paris, le préfet de police interviennent lorsque les troubles mentaux du patient compromettent sa sécurité etla sureté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public.

 

Art. R.3222-14 Les conventions mentionnées à l’article R.3222-10 sont signées pour une durée d’un an, renouvelable par tacite reconduction. Leur application fait l’objet d’une évaluation annuelle conduite par l’établissement de santé avec l’ensemble des signataires de la convention. Cette évaluation est établie à partir d’une liste minimale d’indicateurs validés par l’agence régionale de santé et relatifs au projet de réinsertion sociale du patient, à la formation des professionnels concernés, et aux réadmissions en hospitalisation complète.

Les conventions et leurs avenants sont publiés au bulletin des actes administratifs de la préfecture du département dans lequel l’établissement de santé initiateur de la convention a son siège.

                                                            Article 2

 

 Le ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités locales et de l’immigration, le ministre du travail, de l’emploi et de la santé, la ministre des solidarités et de la cohésion sociale et la secrétaire d’Etat auprès du ministre du travail, de l’emploi et de la santé chargée de la santé sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

 

 Le

Par le Premier ministre :

 

Le ministre du travail, de l’emploi et de la santé

Xavier BERTRAND

 

Le  ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités locales et de  l’immigration

 

Claude GUEANT

La ministre des solidarités et de la cohésion sociale

Roselyne BACHELOT-NARQUIN

 

La secrétaire d’Etat auprès du ministre du  travail, de l’emploi et de la santé chargée de la santé

Nora BERRA

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>Pour une refondation de la psychiatrie (Tribune dans liberation.fr, le 02 janvier 2012)

Par Hervé Bokobza, psychiatre, membre du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

La psychiatrie, discipline profondément ancrée dans le champ social, est en grave péril. Ceci a été dénoncé vivement et clairement lors des états généraux de la discipline en 2003. Nous affirmions alors que seul un changement radical de politique permettrait d’éviter le risque de désastre sanitaire auquel nous étions confrontés.

Traiter des personnes souffrant de pathologie mentale pose toujours la question de l’exclusion et de la ségrégation : la peur de la folie est ancestrale et le demeurera probablement. Peur de la folie de l’autre, de la sienne, de l’étrangeté, de l’étrange, du déraisonnable.

Soigner, c’est dédramatiser, faire confiance, accompagner, encourager.

C’est, quand cela est possible, rassurer les familles, tenter d’expliciter notre travail, leur permettre de traverser des moments on ne peut plus douloureux.

Or, il y a trois ans, le président de la République est venu stigmatiser les malades mentaux : ils seraient tous potentiellement dangereux, nous a-t-il affirmé.

Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire est né de cette infamie.

En juillet, une loi inique et liberticide était votée : sous-tendue par cette supposée dangerosité, elle enferme les patients dans une coquille sécuritaire et elle continue de transformer les soignants en exécuteurs de diktats normatifs. Au lieu de veiller sur les patients, on nous demande de les surveiller.

La norme envahit les services, les pratiques, les espaces de soins : tout doit être contrôlé, protocolisé, prévu, géré, contrôlé, sécurisé. Or, le soin a besoin de liberté de penser et d’action, de confiance, de surprise.

Notre temps doit être consacré à nos patients, au travail de réflexion au sein des équipes de soin. Or, pour répondre aujourd’hui à ces exigences normatives, chaque soignant est convoqué à se replier ou à se renfermer pour accomplir sa «mission» : remplir des cases, des fichiers. En fait, tout se passe comme s’il fallait éviter, refouler ou dénier l’essence même de notre pratique : la rencontre avec le patient, seul garant d’un soin de qualité.

Une machine infernale est en marche. Chacun tente de résister comme il le peut. Lors d’un récent débat avec Claude Finkelstein, au forum de Libération à Lyon, j’insistais pour signifier que la psychiatrie ne se limitait pas, loin de là, «aux horribles internements» ; que près de trois millions de personnes se confient à des soignants tous les ans avec confiance et espoir, que c’est justement pour tenter de sauvegarder ces rapports de confiance que des mouvements importants de toute la profession s’étaient organisés dans le but de combattre cette récente loi qui justement institue la méfiance. Mais nous avons perdu une nouvelle bataille.

Dans ces conditions, que deviennent et que vont devenir nos lieux d’hospitalisation ? Seront-ils ou ne sont-ils pas déjà complètement obsolètes ? Ne sont-ils pas les lieux qui peuvent le moins résister à cette machine normative et excluante, dont les récentes lois ne représentent que les derniers avatars ?

Devrons-nous continuer d’accepter que nos pratiques soient à ce point méprisées, dévalorisées, étouffées par les pouvoirs publics ?

Devrons-nous continuer à garder un «entre nous de circonstance» où chacun tente de se débrouiller comme il le peut, en s’épuisant et parfois vainement, et n’a de cesse de dire : «Ce n’est plus possible» ?

Devrons-nous encore longtemps courber l’échine, oublier de dire, accepter l’inacceptable, participer à cette formidable œuvre de démolition qui s’accomplit devant nous et hélas parfois avec nous, au mépris de nos valeurs et de nos espoirs ?

Car nous continuons d’affirmer que ceux qui souffrent de pathologie mentale ont besoin et auront besoin à des moments de leur existence de recourir à des lieux d’asile et qu’il est hors de question de supprimer encore des lits ! Mais inventer des lieux où l’accueil de la souffrance est possible est indispensable ! Lieux où les rencontres nécessaires à tout soin qui se réclame «humain» ne sont pas dictées par des protocoles aliénants, lieux où les règlements ne sont pas l’unique proposition «contenante», lieux où prendre du temps est possible et estimé nécessaire, lieux où le patient puisse tout simplement être reconnu dans sa singularité.

Or, jour après jour, ces espaces sont de plus en plus difficiles à maintenir vivants. Que beaucoup disparaissent pour laisser place à des endroits indignes des valeurs humanistes qui ont fondé la psychiatrie moderne nous fait honte et nous révolte. Nous ne l’acceptons pas car cela nous écœure.

Seul un mouvement de grande envergure réunissant soignants, patients, familles, citoyens pourra stopper cette machine infernale. Il est décidément grand temps de refonder la psychiatrie.

Article original sur liberation.fr : http://www.liberation.fr/societe/01012380766-pour-une-refondation-de-la-psychiatrie

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>Les voeux des 39 pour 2012

Pour commencer l’année deux textes en attendant le rendez-vous du 17 mars 2012 à « La parole errante » 

 

On ne peut se défendre de l'impression que les hommes se trompent généralement dans leurs évaluations.

Tandis qu'ils s'efforcent d'acquérir à leur profit la jouissance, le succès ou la richesse, ou qu'ils les admirent chez autrui, ils sous-estiment en revanche les vraies valeurs de la vie.

Mais sitôt qu'on porte un jugement d'un ordre aussi général, on s'expose au danger d'oublier la grande diversité que présentent les êtres et les âmes.

Une époque peut ne pas se refuser à honorer de grands hommes, bien que leur célébrité soit due à des qualités et des oeuvres totalement étrangères aux objectifs et aux idéals de la masse. On admettra volontiers, toutefois, que seule une minorité sait les reconnaître, alors que la grande majorité les ignore.

Mais, étant donné que les pensées des hommes ne s'accordent pas avec leurs actes, en raison au surplus de la multiplicité de leurs désirs instinctifs, les choses ne sauraient être aussi simples.

 

Malaise dans la civilisation est l'un des textes classiques qui, publiés primitivement dans la Revue française de Psychanalyse, sont devenus introuvables. Il nous a semblé important de le remettre à la disposition de nos lecteurs. La présente traduction a paru dans la Revue française de Psychanalyse, t. VII, n ̊ 4, 1934, p. 692, et t. XXXIV, no I, 1970, p. 9. (Note de l’Éditeur.)

 

<°>———————-<°>———————-<°>———————-<°>———————-
 

Il est un ridicule usage,

– Dont on abuse au jour de l'an – 

Qui met nombre de gens en rage 

La manie est au Compliment ;


C'est ainsi de par l'étiquette –

Que bien des amis… détestés 

Sur un carton vous font risette…

– Sourires sitôt protestés !


Mais, galant ou grave en sa forme,

Sincère hommage ou tendre aveu, 

De ces cartons le tas énorme 

A son destin marqué: le Feu…


Un avenir bien plus durable 

Est réservé seul aux cadeaux

Ils font trouver un fat aimable…

S'il a su choisir les plus beaux


 

Rogues de Fursac (J.) Les écrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, Masson, 1905. (Cité par Frédéric Gros dans Création et folie PUF 1997 page 46)

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>Scandale du médiateur : la CNI demande l'arrêt des expérimentations

 

Les Agences Régionales de Santé de Provence Alpes Côte d’Azur, de l’Ile de France et du Nord Pas de Calais lancent l’expérimentation d’un nouveau métier « médiateurs-patients en santé mentale » (Presse APM et La Provence).

Ce programme est porté par le Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé (CCOMS) en partenariat avec la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Partie prenante du projet au départ, la Fédération Nationale des Patients en Psychiatrie (FNAPSY), s’est retiré du projet en janvier 2011. La CNI a participé à plusieurs réunions organisées par l’ARS PACA sur l’évaluation des différentes actions et le futur projet du SROS, sans que cette expérimentation ne soit évoquée. L’ARS PACA va investir 330 000 € dans ce projet alors que certains établissements sont en déficit, que l’emploi est menacé, l’embauche de professionnels réduite. A terme, ces nouveaux « emplois » devront être financés par les établissements.



  • Quelle politique de santé mentale souhaitons-nous mettre en place ?
  • Quels seront les soignants de demain ?
  • La pénurie de personnel est-elle aussi importante pour que l’on ait recours aux « anciens » patients pour prendre en charge leurs pairs dans les services de soins ?
  • Quelle amélioration cette innovation apporte-t-elle pour les patients hospitalisés ?



Nous voyons dans cette manoeuvre la volonté de création d’un nouveau métier.

Mais comment peut-on, dans la fonction publique, recruter des acteurs de soins, non pas sur leurs compétences ou leur niveau d’étude mais sur la qualité « d’anciens patients » en santé mentale ?
 Ces médiateurs seront formés en alternance, sur 8 semaines. Ils devraient faciliter l’accès aux droits, à la prévention et aux soins de l’usager des services de santé mentale mais n’avons-nous pas déjà des équipes pluri-professionnelles compétentes ?



Comment seront accueillis ces médiateurs par les établissements ? Rémunérés 1550 € brut, ils auront un salaire équivalent* à une IDE débutante ayant fait une formation initiale de 3 ans avec des responsabilités engagées au quotidien !



Nous ne jetons pas au panier l’idée. Que d’anciens patients hospitalisés puissent aider leurs pairs à l’extérieur des lieux de soins, dans des groupes d’entraide mutuels (GEM) où dans des associations, nous y sommes plus que favorable. Mais comment imaginer les relations professionnelles au sein d’une unité si soignants et médiateurs sont en désaccord, chacun avec une histoire et une expérience de l’hospitalisation différente? Avec les nouvelles Lois, la charge de travail des soignants augmente, comment dans ces conditions est-il possible d’envisager l’intégration de médiateurs-patients ? Comment aborder le respect de la liberté et de la confidentialité ?



Où sont les maisons des associations dans les établissements de santé qui pourraient recevoir les patients qui le souhaitent et ainsi les accompagner en tant que « pairs-aidants » ?



NON : Ce n’est pas en créant un nouveau métier de « médiateurs en Santé mentale », fussent-ils avec d’anciens patients que leurs pairs hospitalisés ou suivis en ambulatoire seront mieux pris en charge.



OUI : C’est en donnant les moyens aux établissements de santé d’assurer leurs missions de service public, en créant un véritable diplôme (niveau master) d’IDE spécialisé en psychiatrie, en revalorisant les salaires, en reconnaissant la pénibilité du travail, en réfléchissant à l’évolution des parcours professionnels pour reclasser les professionnels qui souffrent. C’est en redonnant et en ayant confiance dans les professionnels. C’est en donnant une place aux associations d’usagers dans les institutions par la création de maisons des usagers.



Le syndicat Coordination Nationale Infirmière demande l'arrêt immédiat de cette expérimentation et la réattribution des budgets.



* Une IDE gagne un peu plus 1551,15 € brut (1er échelon), où une aide-soignante gagne 1370,57€ brut (1er échelon) où une assistante sociale gagne 1426,13 € (1er échelon), un cadre de santé 1759,51 € brut (1er échelon) et certains médecins, guère plus, alors que leurs responsabilités sont engagées au quotidien.

Nathalie DEPOIRE

présidente de la CNI 

Article original : http://www.coordination-nationale-infirmiere.org/index.php/201112201491/Actualites/Scandale-du-mediateur-la-CNI-demande-l-arret-des-experimentations.html

 

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>D’anciens malades dans les équipes soignantes en psychiatrie

 

D’anciens patients en psychiatrie vont intégrer des équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ».

De patient à médiateur en santé mentale

Le quotidien La Provence du 9 décembre vient de révéler une expérimentation mise en place dans la région PACA qui vise à former pendant huit semaines, à la faculté de médecine, d’anciens patients en hôpital psychiatrique en vue de les intégrer dans les équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ». Cette expérience n’est pas spécifique à la région PACA mais sera conduite dans trois régions (Ile de France, Nord Pas de Calais et PACA).

Une expérimentation dans le cadre d’un programme national

Dans le cadre du nouveau « plan psychiatrie et santé mentale » en gestation, un groupe de travail composé de représentants du ministère de la Santé et de psychiatres a validé cette proposition. Ce plan devait être présenté aux organisations syndicales, mais l’expérimentation aurait été lancée sans concertation. La région PACA étant la plus avancée sur ce projet, c’est l’Autorité régionale de santé (ARS) de cette région qui, au cours d’une conférence de presse tenue le 8 décembre, a révélé ce projet.

Cette action s’inscrit dans le cadre d’un programme national « qui permet aux personnes présentant des pathologies mentales pouvant aller des troubles dépressifs aux troubles psychotiques les plus sévères d'être accompagnées, dans le cadre de leur prise en charge, par des personnes ayant elles-mêmes traversé des épisodes de troubles mentaux ». « Il s'agit d'un programme national porté par le Centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (CCOMS) situé à Lille, en partenariat avec la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui financera la formation et la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNAPSY). »

Un budget de 330.000 euros

« Les médiateurs vont intégrer les équipes et débutent une formation à la faculté de médecine en alternance de janvier prochain à octobre 2012. Leur formation est assurée par la CNSA. Et c'est l'ARS qui finance cette action pour un montant de 330.000 euros par an pour le recrutement par les établissements retenus (APHM, Valvert, Centre hospitalier de Cannes et Sainte-Marie à Nice) de 5 binômes de médiateurs, soit 10 médiateurs sur la région. Chaque médiateur sera rémunéré 2.500 euros brut par mois. Il sera un acteur reconnu dans l'équipe de soin, et pourra faire aussi des visites à domicile. » Cette proposition fait référence à des actions similaires menées dans d’autres pays comme le Canada, mais sur des secteurs différents (cancérologie, addictologie, etc.).

Des réactions vives en perspective

Les réactions syndicales sont d’ores et déjà vives. Elles dénoncent le manque de psychiatres, le manque de personnel dans les structures psychiatriques et voient arriver des personnes formées en huit semaines avec un salaire supérieur à celui d’une infirmière débutante. Le « gain » attendu de cette initiative en termes de soins n’est pas très explicitement formalisé puisque d’après l’ARS, « pour les équipes soignantes (…) le médiateur va pouvoir apporter en termes de complément, de "plus", "d'autre chose" à leur travail de soignants ». Alors que la nécessaire élévation du niveau de formation des professionnels de la santé fait l’objet de discussions et de propositions au sein de plusieurs instances, cette proposition de médiateurs en santé mentale est une « galéjade » ou une « provocation » pour certains, et « ne saurait être prise au sérieux » pour d’autres.

D’autres expériences menées

A Lille, une recherche est en cours sur un « programme d’embauche et de formation intégrée de médiateurs de santé – travailleurs-pairs dans les secteurs sanitaire et médico-social » se basant sur une pratique de plus en plus répandue dans les pays anglo-saxons. Le projet précise : « Le concept de "pairs-aidants" (Peer Support Worker) a émergé progressivement depuis les années 80 aux États-Unis sous l’impulsion des mouvements d’usagers. Des services de soins ont alors recruté des personnes dites "en rétablissement" dans leurs équipes, considérant que celles qui ont vécu un problème et réussi à le surmonter sont très efficaces pour aider les autres à faire la même chose. »

Les premiers résultats ont été jugés très négatifs mais l’expérimentation ayant été reprise avec des modifications, le constat affirmé est le suivant : « Cette étude démontre donc scientifiquement que les travailleurs-pairs ont une intervention significativement pertinente dans le traitement précoce (early treatment) de la maladie psychique et en particulier chez les personnes repérées comme ayant au départ une mauvaise alliance thérapeutique (clients not well engaged in treatment). »

En 2007, une mission de Médecins du Monde de santé mentale communautaire, qui s’adresse à des personnes sans chez soi présentant des troubles psychiatriques sévères, engage le premier médiateur de santé mentale comme salarié. En 2009, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille recrute le premier médiateur de santé mentale sur financement ciblé du ministère. Le profil de poste défini parle « d’enthousiasme, d’éthique, de réflexivité personnelle et sociale, d’empathie, etc. » Les pré-requis sont  les suivants : « Expérience de la rue, de la maladie mentale et de l'addiction, et expérience en tant qu’usager du système de soins en psychiatrie et/ou addictologie. La personne doit être inscrite depuis longtemps dans un processus actif de rétablissement. Le rétablissement sera défini conjointement par les pairs, les professionnels et la personne elle-même. Minimum niveau fin d'étude secondaire (niveau 4). » Nous sommes loin de la définition d’un poste d’infirmier dans ce profil.

Confusion des genres ou non ?

Le cadre même de ces médiateurs doit être clairement explicité : quel intérêt pour le patient ? Quel intérêt pour le personnel de soins autre qu’ « un plus », qu’un « autre chose » ? Quelle relation personnel soignant/médiateur ? Quelle relation psychiatre/médiateur ? Il en va de la crédibilité des mesures prises sur la psychiatrie et au-delà, cette mesure nouvelle étant présentée comme un « acte révolutionnaire », « un bouleversement des pratiques et des mœurs » dans le soin de demain.

Moins d’infirmiers demain mais plus de médiateurs ?

L’équation aura du mal à prendre sans une clarification nette. Et sera-t-elle de nature à doper les vocations chancelantes à embrasser la profession d’infirmier ?

Pour aller plus loin :

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/psychiatrie-des-malades-font-partie-de-lequipe-soignante

http://www.ars.paca.sante.fr/Mediateurs-en-sante-mentale.125761.0.html

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/handicap.pdf

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/

 

Article original sur : http://www.weka.fr/actualite/sante-thematique_7850/d-anciens-malades-dans-les-equipes-soignantes-en-psychiatrie-article_68182/

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>L'Association Humapsy ouvre ses portes !

 

A Reims des patients se sont constitués en association, pour essayer de faire un groupe de travail qui pourrait apporter des remarques et des suggestions quand auront lieu les états généraux de la psychiatrie.

Humapsy : Qui sommes-nous ?

Association de patients suivis en psychiatrie, inquiétés par le discours du Président de la République à Antony en décembre 2008,  la mise en place de la loi HPST, puis celle de  la loi sur les soins sans consentement.

Après avoir tenté de nous faire entendre auprès des différentes parties concernées (Sénat, Assemblée Nationale…) par le biais de meeting, manifestations et actions diverses en collaboration avec toutes sortes de professionnels, psychiatres, soignants, hommes de loi, patients, familles, artistes … Nous avons décidé de nous constituer en association afin de recueillir des idées, des doléances et des témoignages  en vue de préparer des propositions que nous soumettrons pour les états généraux de la psychiatrie (2012).

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contact : ahdp51@hotmail.fr

Le blog : http://humapsy.wordpress.com/

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>Vulnérable et capable

 (Dessin de Maria Elisa Cabral, d'après un portrait de Gaston Bachelard)

"Le moi s’éveille par la grâce du toi " Gaston Bachelard

Des mots pour te dire, des mots pour me dire

Comment interroger le quotidien de la relation avec notre proche, malade et handicapé psychique ? Comment se rendre accessible et percevoir un regard autre ? Comment éveiller en nous-mêmes un autre regard, tant nous pèse et parfois nous angoisse l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire ? Comment dissiper tous les malentendus[1]? Comment troubler, faire vaciller les habituels regards convenus portés sur une personne handicapée psychique, personne si peu reconnue dans sa singularité, mais encore dans son humanité partagée ? Comment accepter d’interroger les valeurs éthiques qui gouvernent les relations avec notre proche, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment remettre en question les valeurs politiques qui gouvernent l’accueil de ces personnes dans notre société, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment même remettre en question notre idée d’humanité, comme si elle n’allait pas de soi ? Quelle valeur pour la folie, comme s’il n’allait pas de soi que seule son éradication justifierait notre combat ?

Justement parce que ça ne va pas de soi ! A commencer par la blessure des mots. Ces mots malheureux, inadéquats, des paroles qui nous échappent. Ces mots esquissés ingénument, mots hasardés que l’on adresse à l’Autre dans l’oubli qu’aussi un visage parle. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », affirmait Albert Camus. Redoublement du malheur car il est déjà bien présent, installé dans une lisibilité chancelante de nos regards croisés, qui s’ajoute à la maladresse de pauvres mots incertains. Quand les émotions ne savent plus se dire ni se lire[2]sur l’intranquillité des regards envisagés, dévisagés. Quand la retenue de nos silences ajoute elle-même à la solitude. Dis quelque chose, parle-moi, je n’ai personne avec qui parler ! Je n’ai que mes voix à qui répondre ! Pourquoi tu crois que je parle tout seul ! C’est fou : mon portable, je ne peux pas même l’éteindre, il est dans ma tête, je suis constamment sonné ! Et quand parfois se fait le silence, du chaos surgit un néant pas moins insupportable. Silence envahissant que nul ne saurait habiter tant l’angoisse peuple ce vide, tant elle pèse dans son inconsistance. Qu’espérer attendre de ce rien ? Ou plus exactement ce presque rien : lorsque les voix se sont tues, rien ne dit en effet que l’on n’entendra pas alors sourdre l’obsédante litanie des automatismes mentaux. Pensées étranges qui échappent une fois de plus à tout contrôle. Un je ne sais quoi d’injonctions absurdes venues d’on ne sait où. Pensées insensées qui se répondent en écho, pensées volées, pensées qui se répandent, se propagent. Diffusion de la pensée.

Mais la vulnérabilité semble infinie. Parce qu’à cette dislocation de la conscience de soi et cette angoisse abyssale, se surajoutent une motivation en berne, une volonté bloquée, incapable d’émerger et une incapacité d’entreprendre, d’initier ou maintenir une action. Malgré soi, encore une fois ! Mais que reste-t-il du soi !  Insoutenable pour les proches et les moins proches. Et que dire de ceux qui ignorent tout de la psychose ! Insupportable pour Autrui.

Comment dès lors oser des mots ? Parler au risque de gaffer ? Dans un élan louable d’une bienveillante sollicitude, risquer la malfaisance. Où l’on voit que la vulnérabilité de notre proche entre en résonance avec notre propre fragilité. Où déjà se dit notre propre vulnérabilité lorsque nous sommes arraisonnés au-delà du raisonnable.

Mais en tant que sujet, ne suis-je pas fondamentalement assujetti à un Autre ? Dépendant d’Autrui ? Otage d’Autrui, osera même le philosophe Emmanuel Levinas. L’autonomie de la volonté que je voudrais revendiquer pour moi-même et retrouver pour mon proche, possédé par ses voix, par le mal qui l’habite, cette autonomie ne serait-elle fondée que sur une hétéronomie première, antérieure à toute volonté ? Sujet, je suis donc, malgré moi, pour un Autre. « De toute éternité, un homme répond d’un autre. D’unique à unique. Qu’il me regarde ou non, il me regarde, j’ai à répondre de lui », écrit encore Levinas dans Autrement qu’être. Vulnérabilité d’un sujet insuffisant, en dépit de la suffisance obstinée de son être, qui se sait blessé par le regard d’un Autre. Toujours en retard à répondre de lui, toujours insuffisant à lui répondre. Inscription de cette vulnérabilité au cœur même de notre humanité. Sans attente d’aucune réciprocité, mais encore dans sa propre vulnérabilité, en dépit d’elle, malgré elle, mais aussi grâce à elle, un humain vulnérable a à répondre d’un Autre vulnérable.

Humanité de personnes vulnérables, mais humanité de personnes capables. Il ne s’agit nullement cependant de capacité en tant que puissance, compétence, voire même, en terme de Droit, d’aptitude juridique à agir valablement pour soi-même. A bien y regarder, sans même considérer à l’extrême les incapables majeurs, l’humanité semblerait bien davantage constituée d’individus trop souvent semi-capables, 1/3 capables ou moins, bref par l’extrême variabilité des capacités de chacun. Faibles et vulnérables. Mais pour comprendre le capables dont il est ici question, il faut alors mettre en relation cet adjectif avec la “capabilité” (en anglais : capability) telle que la désigne l’économiste et philosophe indien Amartya Sen : «aptitude à réaliser diverses combinaisons de fonctionnements que nous pouvons comparer et juger les unes par rapport aux autres au regard de ce que nous avons des raisons de valoriser[3]». En dépit d’une multitude de déterminismes, je dispose d’une liberté de faire des choix valorisés, tant par une conception du bien que par un sens de la justice. Et les conditions dans lesquelles mes choix ont été faits comptent autant que sa finalité dans les résultats de mon action.

Conscient de cette capabilité qui m’habite, comment ne pas remarquer à quel point elle entre à son tour en résonance avec la capabilité de mon proche psychotique ? Parce qu’il reste paradoxalement une personne capable. Son incapacité à entreprendre et maintenir une action est certes bien réelle. Mais sa capacité d’effectuer des choix valorisés en vue de cette action potentielle n’en demeure pas moins aussi réelle.

C’est donc bien cette dépendance d’autrui pour agir, alors même que persistent le plus souvent toutes les capabilités potentielles qui ne demandent qu’à être réalisées, qui pose tant de questions, soulève tant de malentendus. On ne saurait les minimiser, tant ils revêtent des aspects dramatiques. Et comment ne pas soulever la question de la stigmatisation, celle que déjà l’on peut lire dans ce jugement arbitraire d’“incapables majeurs”. Jugement erroné qui ne tient aucunement compte de l’extrême variabilité des manifestations de la maladie, du poids du handicap. Stigmatisation de rapace insensé qui désigne la schizophrénie derrière tout dérangement de l’esprit, sans davantage regarder, chercher à comprendre, la singularité et la souffrance de celle ou celui à qui elle s’adresse. Stigmatisation qui banalise et flétrit : elle terrorise inéluctablement sa proie devant l’idée même de schizophrénie ; quand elle n’aggrave pas son repli autistique… lorsqu’elle est effectivement schizophrène.

S’il est une caractéristique première de l’état de dépendance, c’est bien le manque. Et ce manque est souffrance, qui conduit inéluctablement l’individu, être de besoin, à une recherche obstinée de l’objet de sa dépendance. Le petit d’homme, celui que sa mère met au monde, est sujet à la plus longue dépendance parentale du monde animal. A l’encontre des autres mammifères qui mettent bas, la femme met et donne au monde son petit. Parce qu’« il ne peut y avoir d’homme au sens propre que là où il y a un monde et il ne peut y avoir de monde au sens propre que là où la pluralité du genre humain ne se réduit pas à la simple multiplication des exemplaires d’une espèce[4].

Nous sommes donc nécessairement une humanité de personnes inter-dépendantes (dans leur in-suffisance) qui nous nourrissons de la différence des Autres. Etre humain, c’est être appelé à se décentrer et se vivre soi-même comme un Autre, dans le même temps que l’on vit l’Autre comme un étranger, un différent auquel on ne saurait demeurer indifférent. Plutôt que justifier de son identité, afficher sa carte de différence !

Quand il est question de prendre soin de la personne psychotique au cœur de notre commune humanité, c’est à de nouvelles valeurs pour fonder la politique qu’il faudra bien nous intéresser. Comment substituer une coopération de tous dans le souci premier des plus vulnérables à l’exaltation généralisée de la concurrence qui valorise les forts ? A l’heure où s’esquissent les prémices d’une politique du soin (CARE), il n’est pas inutile de rappeler qu’au 12é siècle,soigner signifiait cette besogne particulière qui consiste à fréquenter des marchés pour procurer des marchandises à quelqu’autre, dans le besoin.Etrange réminiscence d’une image moderne où le dealer répond à l’état de manque. Mais qui contesterait la nécessité de prodiguer des soins aux personnes dépendantes ? Qui contesterait qu’il y ait de la valeur dans cette dépendance-ci qui n’est pourtant pas dépourvue d’addiction[5]? A l’encontre de l’accoutumance (également appelée tolérance) du toxicomane qui dans la recherche frénétique de son produit en vient à négliger ceux qui dépendent de lui-même. Dépendre des Autres pour ne pas avoir à dépendre d’une chose, voilà ce que la politique ne saurait ignorer, ce qu’elle a à faire valoir.

L’éradication de la dépendance parait donc un leurre. Nous n’en avons pas moins à rester vigilants. Les progrès des sciences neurobiologiques dans la compréhension des fonctions cérébrales, l’analyse de plus en plus performante des dysfonctions au cours des diverses maladies psychiques, les progrès de la pharmacologie ne sont pas dénués de risque lorsqu’ils amènent à concevoir des processus de normalisation. Et quand la norme devient possible, c’est l’intolérance à l’anormalité qui croit. On en vient à traiter déjà sans grand discernement une foule d’enfants victimes de troubles de l’attention, au nom des performances normales que l’on attendrait d’eux. Un dépistage précoce des psychoses n’est plus à exclure, qui autoriserait un traitement préventif. Et lorsque les idéologies totalitaires s’installent insidieusement dans les esprits, qu’un mythe de l’homme nouveau gangrène les sociétés, une épuration psychique n’est jamais à exclure. Quand on sait ce dont l’homme fut encore capable depuis moins d’un siècle !

Comment ne pas préférer un monde imparfait qui accueille ses fous dans la Cité à la parfaite folie d’un monde sans fous ?

Jean-François de La Monneraye (UNAFAM 02)

 

 

[1]A lire : Le handicap psychique, un handicap caché, un handicap de tous les malentendus de Bertrand Escaig, RFAS 2009

[2]Des programmes psycho-éducatifs tels que PROFAMILLE et des ateliers d’échanges entre pairs tels PROSPECT sont d’excellents apprentissages pour adapter notre langage et notre posture lorsque nous nous adressons à notre proche.

[3]L’idée de Justice, Flammarion 2010

[4]Hannah Arendt, The Human Condition. Traduction française: La Condition de l’Homme moderne.

[5]Etre addict, c’est selon l’étymologie latine (ad-dicere) “être dit à” quelqu’un, comme l’étaient les esclaves sans autre nom que celui de qui les possède. Il est une forme de stigmatisation qui ne voit (ne dit) le psychotique qu’à travers sa psychose.

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>Marcel Storr, bâtisseur visionnaire

Du 16 décembre 2011 au 10 mars 2012, la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris présentent l’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire au pavillon Carré de Baudouin. Entrée libre.

L’oeuvre de Marcel Storr est à la fois intrigante dans le détail, époustouflante dans son ensemble. Elle regroupe une soixantaine de dessins de cathédrales et mégapoles imaginaires réalisés clandestinement par un cantonnier du bois de Boulogne, décédé en 1976 dans le plus complet anonymat. Il s’agit sans doute d’une des plus importantes découvertes d’art brut de ces dernières années en France.


Cette oeuvre magistrale est à découvrir pour la première fois dans son intégralité, du 16 décembre 2011 au 10 mars 2012 au pavillon Carré de Baudouin. L’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire est présentée par la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris, avec la collaboration de Liliane et Bertrand Kempf (les collectionneurs), Laurent Danchin (commissaire de l’exposition) et Géraldine Gauvin (coordination muséographique).
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>La psychiatrie dans la ligne de mire de la Scientologie (article Actusoins.com)

Une association liée à la Scientologie sollicite depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques sous prétexte de surveiller les hospitalisations sous contrainte.

Son nom peut porter à confusion, mais ne vous y trompez pas : la Commission des Citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH) n’a rien à voir avec la fédération du même nom.

Derrière cette association se cache en réalité l’Eglise de Scientologie. Active depuis plus de dix ans en France, la CCDH reprend le principal credo de la secte : la lutte contre la psychiatrie, les antidépresseurs et les hospitalisations sous contrainte.

C’est au nom de ce dernier prétexte que l’association harcèle depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques français. Comme l’a révélé le Canard Enchaîné le 23 juin dernier (1), la CCDH réclame à ces établissements « une copie des pages des registres 2008 et 2009 établis pour les hospitalisés sous contrainte ».

Ces documents administratifs indiquent notamment les noms des patients, leurs dates d’entrée et de sortie, ainsi que les visites de  contrôle effectuées par les préfets et les magistrats.

Une méthode légale

« Nous avons bien été sollicités par la CCDH » nous confirme un hôpital du Pas-de-Calais. « Après avoir consulté notre service juridique, nous avons décidé de ne pas donner suite à leur requête »explique la direction.

Mais quelques mois plus tard, l’hôpital est obligé de céder : « la CCDH a déposé à deux reprises un recours à la Commission pour l’accès aux documents administratifs (CADA), nous allons donc leur communiquer les éléments souhaités, à savoir les dates de passage des autorités judiciaires. Nous allons bien sûr anonymiser ces documents comme la loi nous l’impose ».

La CCDH profite en effet d’une loi du 17 juillet 1978 qui garantit l’accès des citoyens aux documents administratifs. « Nous ne demandons que les dates de passage des préfets et des magistrats » se défend Mylène Escudier, présidente de la CCDH. « Nous respectons bien sûr le secret médical. Notre objectif est juste de savoir si les procédures d’internements psychiatriques sont bien respectées » assure-t-elle.  

La CCDH a donc envoyé des lettres à tous les hôpitaux psychiatriques ainsi qu’aux commissions départementales chargées de contrôler les hospitalisations sous contrainte (CDHP), lettre dont ActuSoins a obtenu copie.

« Au moins la moitié des hôpitaux nous a répondu favorablement. Pour les autres, nous avons saisi la CADA. Mais parfois cela ne suffit pas : nous avons porté plainte au tribunal administratif contre dix CDHP qui ne nous ont pas envoyé leur rapport d’activité malgré l’avis favorable de la CADA »explique Mylène Escudier (2).

Lobbying au Parlement

L’association compile ensuite tous ses chiffres dans un rapport de synthèse, qu’elle envoie aux parlementaires et aux membres du gouvernement. Une méthode de lobbying qui porte ses fruits, comme l’a constaté Georges Fennech. « Plusieurs parlementaires se sont fait piéger l’an dernier. Ils ont été plus de 80 à réclamer des explications sur les hospitalisations sous contrainte à la ministre de la santé après avoir été sollicités par la CCDH » explique le président de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Mais Georges Fennech avoue l’impuissance des autorités face aux techniques de cette association. « L’Etat a une obligation de transparence et certains en abusent, c’est la force et la faiblesse d’une démocratie » constate-t-il. « La Scientologie possède une véritable force de frappe, car elle a de gros moyens financiers et des juristes à sa disposition » ajoute le président de la Miviludes.

Ces moyens financiers permettent notamment à la CCDH de mener depuis plusieurs années une campagne contre les antidépresseurs : l’association a déjà envoyé à plus de 50.000 médecins généralistes de France un DVD contenant un documentaire à charge contre ces médicaments, réalisé par le siège de la CCDH aux États-Unis.

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme.

Créée en 1969 aux Etats-Unis, la CCDH a vu le jour en 1974 en France. Elle est véritablement active depuis une dizaine d’années. Cette association est une émanation de l’église de scientologie. Elle ne cache d’ailleurs pas ses liens avec l’organisation, condamnée en 2009 pour escroquerie en bande organisée (3). La CCDH proteste contre l’usage des antidépresseurs et contre l’internement psychiatrique, qu’elle considère comme une atteinte aux droits de l’Homme. L’association s’appuie, entre autres, sur un des “credo” de la scientologie qui stipule que “l’étude du mental et la guérison des maladies d’origine mentale ne devraient pas être séparées de la religion, ni tolérées dans les domaines non religieux”.

(1) « La Sciento reprend du sévice », Canard Enchaîné du 23 juin 2010.

(2) Il s’agit des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques du Var, de la Moselle, de la Meurthe et Moselle, des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’Aube, de la Lozère, de la Seine et Marne, des Hauts de Seine et de la Corrèze (Source : CCDH).

(3) La Scientologie a fait appel, la procédure judiciaire est donc toujours en cours. Sur ce sujet, voir les articles du Monde (http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/27/la-scientologie-condamnee-a-des-amendes-peut-continuer-ses-activites_1259183_3224.html) et de L’Express (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-scientologie-une-religion-impossible-en-france_469122.html)

Amélie Cano (Article original dans Actusoins.com)

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>La psychiatrie gouvernée par les normes américaines (LePoint.fr)

 

Par 

Le manuel américain des troubles mentaux déshumanise la médecine et veut à tout prix faire entrer les malades dans des "cases".

Le Pr Maurice Corcos part en guerre contre le fameux DSM (Diagnostic and Statistical Manuel) américain. Ce psychiatre et psychanalyste, qui dirige le département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte à l'institut mutualiste Montsouris de Paris, s'insurge contre "le nouvel ordre psychiatrique", tel qu'il est enseigné aujourd'hui dans les facultés de médecine. Et il le fait savoir dans le livre qu'il vient de lui consacrer*. Il regrette la seule prise en compte des faits et donc la disparition de toute interprétation subjective, ce qu'il considère comme une grave régression pour les malades. Et il s'emporte contre la réduction des existences à de simples accidents biologiques.

Dès l'introduction, le ton est donné : "La pensée stérilisée par l'apprentissage à répondre efficacement à des QCM (questionnaires à choix multiples) pour valider leurs examens" réduit les étudiants en psychiatrie à "collecter les symptômes que leur impose le DSM, les additionnant sans fin, puis les soustrayant pour aboutir à un résultat qu'ils livrent joyeux comme le bon élève qui a vaincu une équation à une inconnue. Mais l'équation a plusieurs inconnues et l'homme, surtout quand il devient "fou", sont une machine déréglée qu'aucune check-list ne parviendra à résumer…"

Lire la suite sur lepoint.fr

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>Surveillez moi, oh oui, surveillez moi !

(on en parle, on en parle, on explique comment ça marche, et on a l’impression que tout le monde s’en fout (ou presque), mais fichtre diable, comment qu’il fonctionne et à quoi qu’il peut bien servir tout cet arsenal de surveillance, hein ? Parce que bon, Madame Michu, elle a rien à se reprocher, alors pourquoi qu’elle serait inquiète de la société de la surveillance généralisée, hein ?)

— « Moi, Monsieur, je ne vois pas où est le problème, parce que je n’ai rien à me reprocher ! Mais si vous, vous êtes contre, c’est p’têtre bien que vous avez des choses à cacher, non ? Et pis faut bien faire queqchose cont’tous ces délinquants, les terroristes barbus et tous ces mômes qui savent plus quoi faire d’leurs journées, hein ? » Ouais, c’est ça Marcel, je vais en parler à mon cheval. Le problème avec Marcel et ses potes, leurs femmes (dont Madame Michu fait partie, mais aussi des plus jeunes dont Jennifer, Kevin et Pierre-Henri), c’est qu’ils renvoient un lieu commun de plus en plus accepté : la surveillance est une bonne chose, et si elle est à la rigueur un peu gênante, c’est un moindre mal nécessaire pour contenir l’insécurité vendue par Jean-Pierre au journal de 13h et par Claude Guéant partout où il peut.

Amesys et ses technologies de DPI : l’accomplissement d’une politique de contrôle social déjà ancienne

Ne vous méprenez pas, vous qui maudissez le gouvernement actuel et pensez qu’il est le principal responsable de la société sécuritaire de surveillance qui se met en place : leurs potes de gauche ne sont pas en reste et ont été les premiers à en faire la promotion. Pour ceux qui étaient encore très jeunes à l’époque, rappelons que c’est Elisabeth Guigou, cette splendide blonde humaniste qui était garde des sceaux, lorsqu’en 1998 la loi sur le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été votée (FNAEG) avec une majorité socialiste à l’assemblée et un gouvernement tout pareil. Quelques-uns avaient mis en garde sur une dérive qui ne manquerait pas de survenir, mais nos bons républicains de gauche juraient la main sur le cœur que ces empreintes ADN ne seraient réservées, bien entendu, qu’aux criminels sexuels. Madame Michu était rassurée, Marcel pouvait se resservir un Pastis en lançant « qu’enfin on allait s’occuper de tous ces salopards de violeurs et de pédophiles ». Ouais, ouais, ouais…

Aujourd’hui on est à plus de 1 700 000 empreintes dans le FNAEG : n’importe quel gamin ayant participé à une manif, s’il est embarqué au poste à droit à son fichage ADN, aidé par une « circulaire Dati » qui soustrait le FNAEG au contrôle des juges. FNAEG grossit de 1000 fiches par jour ce qui nous donne 365 000 par an. Mais comme il est toujours possible d’aller encore plus loin, un professeur de l’INSERM n’a pas trouvé mieux que de prélever (en 2007) 6000 échantillons ADN de lycéens pour étudier la génétique des comportements (1). Ah ouais ? La génétique des comportements, c’est quoi ce truc ? Et bien comme nous allons le voir, si l’on parle de contrôle social dans le cadre de la surveillance des communication des populations, c’est qu’il y a un rapport étroit entre les deux.

Ils en rêvaient depuis des siècles, l’informatique leur ouvre les portes du contrôle social

Un excellent bouquin du célèbre linguiste Noam Chomsky « La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie » rappelle avec moult détails et précisions comment dès le XVIIIème siècle les dirigeants politiques et grandes fortunes du monde occidental se sont enquis des possibilités d’influencer les masses et surtout parvenir à un contrôle de leurs populations qui leur assurerait une continuité dans l’exercice du pouvoir et la transmission de leurs patrimoines financiers. Le principe est simple d’un point de vue théorique, mais compliqué dans sa mise en œuvre. Pour faire court, l’idée centrale est de parvenir à une société où les individus sont à la fois convaincus du bien-fondé du système dans lequel ils évoluent, pratiquent une auto-censure permanente et défendent leur propre asservissement pour conserver une cohésion collective. Cette « société parfaite » propose d’abolir le crime, la violence, la sédition pour que tout un chacun puisse se sentir protégé, sécurisé, (et que les classes possédantes puissent surtout ne pas être remises en cause par le reste de la population, c’est à dire la très grande majorité).

« 1984 » de Georges Orwell, roman d’anticipation écrit juste après la seconde guerre mondiale nous décrit avec une précision diabolique la société dans laquelle nous sommes déjà entrés : omniprésence des écrans et de l’information, « discours de peur » permanents des dirigeants, technologies de surveillance généralisées, détournements sémantiques des appareils d’Etat et des concepts (« la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage »), police de la pensée, ennemi éternel (le terrorisme permanent justifiant la surveillance), guerres et alliances modifiées en permanence…

Le ministère « de l’immigration et de l’identité nationale » est un bon exemple de pratique de détournement sémantique « à la 1984″. Comme la réception d’un Khadafi en 2008 déclaré ennemi sacré 3 ans plus tard. Le plan vigipirate ré-activé chaque année. Les slogans politiques de type « ensemble tout est possible ». « Les fous dangereux laissés en liberté », dénoncés par le courageux président lui permettant d’implémenter des caméras de surveillance dans les hôpitaux et proposer la « géo-localisation par bracelet électronique des schizophrènes (sic) alliée à la loi de soins sous contraintes en psychiatrie ». La surveillance des échanges de fichiers. Arrêtons-là les analogies pour nous pencher sur le contrôle social tel qu’il est insidieusement mis en place…et ce qu’il génère.

Le contrôle social, mais pourquoi ?

L’idée politique du contrôle social, dans une société vieillissante, et donc par essence plus inquiète et influençable, est avant tout la réalisation d’un fantasme originel de la haute bourgeoisie, des classe possédantes, en un mot de l’élite. Ce fantasme est celui de l’imposition à tous, d’un environnement social étanche et profondément contre-révolutionnaire dans sa structure même. La hantise des classes dirigeantes (cette bourgoisie ayant remplacé la noblesse) depuis l’apparition des démocraties, est la perte de ses privilèges, perte du contrôle des appareils d’Etat lui assurant sur plusieurs générations l’équivalent d’une immunité de sa rente financière, donc de sa totale mainmise sur les ressources les plus importantes, garantes de sa jouissance à tous les sens du terme.

La force brutale ne fonctionnant pas pour conserver cette mainmise, puisque poussant les classes les moins favorisées, dont la jeunesse fait souvent partie, à se rebeller, à vouloir « changer la société » et pouvant produire des révolutions, la classe dirigeante doit alors mettre en place un vaste système d’influence [des esprits, des mentalités], d’auto-régulation des masses [dans leur capacité à défendre les outils de contrôle que les dirigeants mettent en œuvre] et passant par plusieurs étapes. Ce qui est appelé contrôle-social n’est rien de moins qu’une vaste toile d’araignée dans laquelle on englue la population. Cette toile est constituée de plusieurs éléments, mais elle ne peut être mise en œuvre qu’avec des solutions technologiques qui n’étaient pas assez performantes il y a quelques dizaines d’années encore.

Comment faire passer la pilule et activer l’auto-censure ?

L’idée d’une société dangereuse parce que constituée d’individus néfastes et criminels, irrécupérables parce que « génétiquement programmés pour nuire » est le premier point à étudier pour comprendre comment fonctionne le contrôle social. La génétique est indispensable à une partie du discours, elle dédouane d’un côté le politique dans ses échecs d’amélioration sociales, éducatives, et permet un doublé extraordinaire : il faut surveiller les « délinquants génétiques », et « vous, les bons citoyens n’êtes pas de ceux-là, donc la surveillance ne vous concerne pas, même si elle s’exerce sur vous et que vous le savez plus ou moins ». Le rapport de l’INSERM de 2005 soutenu par les politiques dont l’actuel président de la république indiquait qu’un dépistage dès l’âge de 3 ans des comportements à risques était nécessaire. Avec ce types de développements comme « Le taux d’héritabilité génétique du trouble des conduites est proche de 50 % ». Rien d’étonnant, puisqu’on pense au sommet de l’Etat, par exemple, qu’on « nait pédophile ».



Sarko s’improvise « scientifique » par sarkonon

Le principe (sans aucune preuve formelle et scientifique) des causes génétiques des maladies mentales comme la schizophrénie est clamé sur tous les toits depuis quelques années. Les fichiers ADN cités plus haut ont été proposés comme outil de gestion de l’immigration, et on comprend très bien ce que permettrait la constitution d’un tel fichier. Parce que voilà le centre du sujet : passer de la lutte des classes (dangereuse pour la classe dirigeante) à la « lutte des comportements d’origine génétiques » [ethniques aussi par rebond, c’est en cours) , bien plus productive en termes de contrôle et de gestion des populations.

La toile, pour bien fonctionner, doit aussi étendre les outils de surveillance le plus loin possible afin, non pas de chercher à « coincer » n’importe qui, mais afin de dissuader le plus grand nombre de pratiquer toute forme de sédition. Parce que la limite entre parler de terrorisme et être terroriste n’est pas grande. Parce que dépasser de 4 km/heure une limitation de vitesse devient un acte délictueux qui vous pénalise immédiatement par l’automaticité de l’envoi du procès-verbal par le radar connecté au central des cartes grises. Fumer est délictueux dans la plupart des lieux. L’obligation de placer des détecteurs de fumée avec alarme à son domicile est prévue pour 2012. Comme l’obligation de posséder un alcotest dans son véhicule. Le fichier Base-éleve instruit les comportements des élèves. La liste est trop longue…mais tous ces éléments participent à une seule chose : établir un « état d’être » des populations soupçonneuses et soupçonnées, sous surveillance de l’Etat garant du mieux-être, de la sécurité du plus grand nombre, d’une société immobile nettoyée de ses éléments perturbateurs, ou en surveillance étendue.

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Plein de choses. Parce que l’utilisation de l’inspection profonde de paquets par Amesys (et bien d’autres) en Tunisie, Libye etc… pour espionner les populations est gravissime, mais doit créer un électrochoc au sein de notre société : ces entreprises vendent des technologies de surveillance de masse à l’étranger, il n’y a aucune raison qu’elles ne fassent pas de même en France. Et au delà de cette possibilité, le simple fait qu’une loi Hadopi permette déjà d’opérer la surveillance des échanges de fichiers des citoyens en peer-to-peer est une démonstration que l’opération « je suis partout, je vous surveille, faites gaffe à ce que vous faites » est en cours. Et le but de l’opération n’est pas de faire baisser le téléchargement illégal. Le but de l’opération, qu’on va nommer « Internet civilisé » dans le cas des outils de surveillance numériques est de monter d’un cran le contrôle social déjà en place. Parce que plus vous aurez l’impression qu’on vous surveille, plus vous ne ferez que le strict minimum. Vous vous censurerez. Comme en Tunisie à l’époque de Ben Ali où discuter dans un bar était très risqué puisque la probabilité qu’un client soit un agent de Ben Ali était proche de 100%. Il y avait un flic pour 10 habitants en Tunisie à cette époque. Imaginez ce qu’il est possible de faire avec l’espionnage massif des communications, une surveillance urbaine totale par caméras, un fichage génétique de grande ampleur. Et ce que cet « état de fait » peut déclencher psychologiquement et socialement chez les citoyens.

Le Patriot Act de Georges W. Bush a pu par exemple permettre que toutes les coordonnées des emprunteurs de livres de bibliothèques parlant de l’islam soient immédiatement transférées au FBI. FBI qui déboulait chez les dits emprunteurs, et pas avec de bons sentiments. « 1984 » n’est pas loin. C’est le moins qu’on puisse dire. Alors quelques solutions : faire partager cette information au plus grand nombre, en parler autour de soi. Utiliser des outils sécurisés sur le net, surveiller les surveillants ou aider à le faire. Mais surtout travailler à démonter les pseudo-sciences du comportement, dénoncer les fichages quels qu’ils soient, la pseudo-société de l’insécurité massive qui n’est qu’une pure fabrication, un mensonge politique ; demander des moyens sociaux pour permettre aux populations les plus défavorisées de participer  correctement à la vie collective, éteindre les postes de télévision, dénoncer la mise en place du contrôle social. Et aussi, se dire et faire savoir, qu’une dictature n’a pas besoin de se nommer pour se mettre en place. Ni de coup d’Etat. La dictature la plus puissante qui soit est celle des esprits. Rien ne nous dit qu’elle n’est pas déjà bien entamée ou qu’elle ne va pas encore aller plus loin, jusqu’à que nous ne soyons plus en mesure de dire « Non ». Ou mieux, quand l’emprise du contrôle en place sera telle qu’il ne nous sera même plus possible de penser dire « Non ».

(1) : source « Big Brother Awards – Les surveillants surveillés »

Article publié à l'origine dans Reflets.info

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>J…(Texte paru dans la revue « Une larme du diable », décembre 2011 )

-Tais-toi

-Je n’ai rien dit

-Tu as pensé

-A peine

-Tu as voulu penser

-Mais j’ai échoué

-Alors tais-toi. Tu ne sais pas qui je suis.

-Bien sûr je le sais. Tout le monde sait ici.

-Allons donc, je suis venu incognito.

-Si tu le dis

-N’est-ce pas ? J’ai considérablement adouci ma voix

-Voilà

-Je suis mieux accueilli ainsi

-Mettons

-Quoi ! Tu trouves que je n’ai pas réussi mon entrée ? Continuer la lecture de >J…(Texte paru dans la revue « Une larme du diable », décembre 2011 )

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>Autisme : trois psys répondent aux accusations du film « Le Mur » (Tribune sur Rue89)

 

Les trois signataires de cet article :

Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste. Elle a tenu la plume.

Bernard Golse, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Necker – Enfants malades (Paris) et membre du conseil d'administration de la CIPPA, et Dominique Amy, présidente de la CIPPA et auteure de deux livres sur l'autisme.

 

A l'occasion du procès de la réalisatrice du documentaire « Le Mur » , dont l'audience se tient ce jeudi 8 décembre, et qui a suscité un important débat sur Rue89, nous donnons la parole à des psychanalystes membres de la Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA). L'un des signataires, Bernard Golse, est interviewé dans le film, mais ne le poursuit pas devant la justice. Le film accuse la psychanalyse d'apporter de mauvaises réponses à l'autisme infantile. Geneviève Haag et ses deux co-signataires répondent.

 

La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA), reconnaît la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien.

Elle dénonce la condamnation abusive des « psychanalystes » et de « la psychanalyse » dans un amalgame autour de certaines formulations émises dans le documentaire « Le Mur ».

Il serait nécessaire de rétablir l'authenticité des propos émis par les interviewés car ceux-ci ont été coupés et remontés, certains fragments ont même été recollés de façon complètement déformante.

Ainsi, Bernard Golse dénonce le rapprochement de ses propos sur la biologie de la grossesse, indépendante des questions sur l'autisme, de propos parlant de mouvements inconscients de rejets du futur bébé. Il réfute le lien de causalité entre les mouvements inconscients de la mère dans la période prénatale et l'autisme.

Le courant que nous représentons, regroupement de praticiens résolus à améliorer leurs pratiques, ne se reconnait en aucune façon dans une série d'accusations.

L'accusation de la culpabilisation des parents

Dominique Amy souligne la nécessité de contacts fréquents avec les parents au cours des prises en charge en institutions. Elle insiste aussi sur le partage des observations et des tentatives de compréhension tenant compte des difficultés spécifiques de chaque enfant. La psychothérapie psychanalytique, individuelle et groupale proprement dite, loin d'être un placage d'une théorisation préalable périmée, est le lieu d'une observation très détaillée et patiente du langage corporel préverbal que les enfants eux-mêmes nous ont aidés à décrypter.

Les enfants cherchent ainsi à communiquer des vécus corporels pénibles (tomber, se répandre, perte du sentiment de peau, perte de sensation de certaines parties du corps), que nous verbalisons. Ces apports se relient très bien à toutes les recherches en cours – qu'elles soient cognitives, neuroscientifiques ou génétiques – sur les particularités sensorielles, perceptives et de représentation.

L'accusation d'empêcher les enfants d'accéder à l'éducation et à l'instruction

Nos membres proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant (comme décrit dans le livre Autisme : L'accès aux apprentissages d'Anne-Yvonne Lenfant et Catherine Leroy, 2011).

Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique.

L'accusation de l'isolement

La théorisation purement psychogénétique de l'autisme et l'ignorance ou le mépris des apports des recherches cognitivistes neurophysiologiques et génétiques ne nous concernent pas. Plusieurs d'entre nous ont participé au Réseau interdisciplinaire Autisme Sciences (RIAS, rattaché au CNRS), au Cercle de neuropsychologie et psychanalyse (CNEP).

Dans « Comment aider l'enfant autiste » (Dunod, 2004), Dominique Amy affirme que les recherches neurophysiologiques et génétiques mettent à juste titre les mères et les pères hors de cause concernant l'émergence de l'autisme chez leur enfant. Nous pensons cependant qu'ils ont à être très soutenus afin de les aider à mieux surmonter leur détresse, à comprendre les difficultés de leur enfant et à lui proposer un environnement adapté, avec des actions éducatives et thérapeutiques couplées à une scolarisation bien accompagnée (AVS et soutien du personnel enseignant).

L'accusation de refuser toute évaluation

Certes nous avons pris du retard en matière d'évaluations formalisées utilisant les outils recommandés. Dès sa fondation en 2004, la CIPPA a recommandé à ses membres les évaluations standardisées et beaucoup d'équipes se sont formées et/ou travaillent en coopération avec les Centres de diagnostic . Pour les psychothérapies proprement dites, nous participons au Pôle Autisme du réseau INSERM de recherche fondée sur les pratiques psychothérapiques.

L'accusation de ne pas solliciter des diagnostics

Il est faux de dire que nous ne proposons pas de prises en charge précoce, car bon nombre d'entre nous collaborons avec les PMI et les crèches afin de favoriser autant et dès que possible la prévention et les suivis nécessaires. Nous sommes en étroite liaison avec les recherches de l'association Préaut, de dépistage de l'autisme.

 

Lire l'article sur le site Rue89

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> "Accueillir la folie" : un réseau social pour tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie !

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

Oui, nous avons créé un réseau social !

Parce que nous pensons qu'il est encore plus important désormais que le plus grand nombre de personnes concernées par la psychiatrie puissent échanger, partager, discuter, offrir, recevoir : patients, ex-patiens, citoyens concernés, militants des droits de l'homme, membres de familles de patients ou d'ex-patients , proches de patients ou d'ex patients, professionnels du secteur psychiatrique du soin ou de l'éducatif…

Ce réseau social permet de nombreuse choses. Chacun peut y créer son blog, des  groupes de discussion, participer à ceux des autres, offrir de la musique (et écouter celle des autres), des photos, des vidéos, en un mot : échanger.

 

 

Parce que la folie est aussi source d'inspiration et de création, parce que la psychiatrie concerne toute la société, parce que nous sommes entrés dans une époque sombre où le sécuritaire et l'enferment ont pris le pas sur l'accueil, l'échange, le partage, l'humain dans tout ce qu'il peut avoir de sensible, nous pensons que le réseau "Accueillir la folie" est un outil indispensable qui nous manquait.

Ce réseau peut permettre de rallier tous ceux qui veulent permettre de réformer la psychiatrie, défendre la psychothérapie institutionnelle, faire reconnaître les personnes en psychiatrie comme des citoyens à part entière, soutenir ou créer des initiatives permettant un véritable accueil de la folie dans la "cité".

 

 

Comme à l'époque de Gutemberg, nombreux sont ceux qui ont alors craint ce qu'allait engendrer la "révolution du livre" : ils avaient raison, le livre a changé l'humanité et continue à le faire, comme les outils numériques, eux aussi, aujourd'hui le font. A tous ceux qui pourraient croire que les outils de l'Internet comme un réseau social sont uniquement chronophages et aliénants, nous disons : le livre à ses débuts a reçu les mêmes critiques, regardez aujourd'hui le nombre d'heures que vous avez passées à les lire et les bénéfices humains que vous en avez retiré…

Rien ne s'oppose, tout se complète, le monde physique peut être investi beaucoup plus facilement aujourd'hui grâce aux rencontres d'hommes et de femmes sur des réseaux sociaux comme celui-ci, réseau qui nous appartient, à tous ceux qui veulent un autre accueil de la folie. Un réseau social est un espace de rencontres et d'échanges, il est aussi et avant tout un moyen d'aller plus facilement vers les autres, de faire connaître ce qu'il se fait, se dit dans le monde physique.

 

Le réseau social "Accueillir la folie" deviendra que ce que nous en ferons et le site  du collectif des 39 (que vous lisez en ce moment) restera bien entendu le point de publication centralisé du collectif des 39, mais qui deviendra peut-être à termes le collectif…des 109, des 1009 entre autres grâce au réseau social : plus nombreux  seront  ceux qui revendiqueront la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, moins l'homme aura de chances de disparaître…

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

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>Lettre à Nicolas Sarkozy concernant la loi sécuritaire et autre aberrations

Monsieur le Président de la République

Palais de l'Elysée

55, rue du Faubourg Saint-Honoré.

75008 PARIS

 

Objet : ma perte de confiance. Ivry le 6 décembre 2011

 

Monsieur le Président,

Par cette lettre, je vais me permettre de vous expliquer les raisons qui m'ont amené à quitter l'UMP en septembre 2010 et surtout la conviction que je ne suis pas sûr de voter pour vous en 2012 et je tiens à ce que cette lettre vous parvienne et je demande à vos collaborateurs de bien vouloir vous la transmettre.

Mais d'abord je vais vous dire que je n'ai pas été toujours contre vous et ce fut le cas en septembre 2006 où je pris la décision d'accepter de m'ouvrir à vous puisque vous aviez décidé de faire une large ouverture envers la population populaire et envers les bonne volontés proche de la gauche.

Il est vrai que votre discours envers les ouvriers, les handicapés (je suis invalide de catégorie 1), le droit des femmes, les problèmes de délinquance en banlieue et plein d'autres sujets m'avait beaucoup plu et semblaient très réalistes. Pourtant, tant de promesses n'ont pas été tenues et il est inutile de vouloir dire que c'est la crise car elle était largement prévisible et si un simple citoyen comme moi l'avait pressentie il est évident qu'un homme de votre rang était déjà au courant de la situation d'endettement des ménages aux USA et surtout des conséquences que cela aurait sur notre économie.

C'est dans une optique très positive que je prenais contact avec Emmanuel Chambon délégué de afin de prendre ma carte d'adhésion.

Comme je le disais, je suis travailleur invalide et j'ai lutté tant que j'ai pu pour me réinsérer en commençant par une formation dans le bâtiment qui s'est soldée par un échec dû à un accident qui m'a fracturé les huit côtes du côté droit et ceci durant deux ans et ma mère peut témoigner de la souffrance que j'ai enduré. Je ne suis pas resté sur cet échec, car dès le mois de septembre 2010, j'ai décidé de reprendre mon ancien métier de téléconseiller auprès de la société H2A qui m'a embauché huit fois d'affilé en CDD. Voyant que le CDI n'arrivait pas, j'ai décidé de rejoindre un employeur qui m'a fait une proposition tout à fait acceptable de télétravail depuis mon domicile. Durant deux mois et demi en plein été 2010, j'ai effectué un travail de titan dépassant les objectifs demandé et surtout la qualité au delà de la demande de l'employeur. Pourtant, je suis depuis le mois de septembre à la recherche d'un emploi et suivit par le CAP Emploi d'Ivry et ARHIM CONSEIL où une évidence est simple : mon métier de téléconseiller est à mettre au placard du fait de mes troubles bi-polaires entrelacée d'une petite schizophrénie. Maintenant nous touchons aux raison pour lesquelles si la présidentielle avait lieu dimanche prochain JE NE VOTERAIS POUR VOUS et sauf un rebond de situation venant directement de vous en la faveur des personnes handicapés atteintes de troubles psychotiques car il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je suis loin d'en être un.

Je commence par la première grosse idiotie de votre gouvernement et de votre personne : votre discours à l'hôpital d'Erasme. Bien que sur certains point nous pouvons comprendre la tristesse des familles perdant un proche du fait des actions d'une personne atteinte de troubles de la personnalité comme la schizophrénie ou autre, il ne faut pas fustiger toutes les personnes atteintes de troubles psychiques. Nous sommes avant tout des êtres humains alors pourquoi nous montrer du doigt. C'est comme si je disais que tous les membres de l'UMP sont des […], je préfère ne pas le dire car cela est faux, dans tous les partis politiques il y a des gens bien et des gens qui font le mal. Je préfère rester consensuel (à la différence que certain sont tellement cons qu'ils en ont perdu leur sensualité). Je reviendrais sur la suite de cet événement et la raison qui me pousse à vous écrire aujourd'hui.

Venons à la seconde idiotie de votre gouvernement. Je reconnais par cette lettre que la situation de la France est très préoccupante, au point que la population se demande ce que va devenir notre pays et nous voyons tout un tas de pays de la zone Euro en difficulté comme la Grèce, l'Italie l'Espagne, le Portugal, l'Irlande mais aussi des pays comme l'Islande qui a été en cessation de paiement vite oublié par les actualités. Comme je vous le disais, j'ai eu une proposition de poste en qualité de téléenquêteur par une société de Perpignan, embauche gérée par le CAP Emploi de Cabestany. Pourtant, nous étions quatre travailleurs handicapés et trois ont été licenciés par cet employeur car il n'avait pas touché les aides de 10 800€ promises par les AGEFIPH qui se sont vue dans l'obligation d'envoyer un mail à tous les CAP Emplois de France (confirmé par le CAP Emploi France) n'ayant plus d'argent pour rétribuer les entreprises dans l'aide à l'embauche. Sur 43 200€ de subventions promises, l'AGEFIPH n'a versé que un peu plus de 16 000€ mettant l'employeur dans une véritable situation de faillite mais il a réussit à s'en sortir. Toutefois, n'étant pas le seul employeur dans cette situation, le taux de chômage des handicapés a très fortement augmenté et que les entreprises ne veulent plus se casser la tête à embaucher des personnes atteintes d'un handicap. J'ai fait des recherches et j'ai découvert que le ministre du budget François Baroin s'est servit dans les caisse de l'AGEFIPH sans prendre en compte les dossiers en cours d'indemnisation.

Que dois-je penser, monsieur le Président ? J'ai cherché à être reçu par les députés des Pyrénées Orientales et j'ai été traité comme un moins que rien. C'est ce qui m'a poussé à comprendre que je n'étais pas le bienvenu à l'UMP : "un pauvre handicapé qui est venu nous faire chier". Pourtant l'handicapé a été présent sur la liste d'opposition d'Union de la Droite et du Centre de la ville de Fontenay-aux-Roses aux côtés de Muriel Guilleminot et j'en suis fier encore aujourd'hui car loin de penser que ce "rêve" allait être réalisé par la droite.

Maintenant monsieur le Président, je viens à la dernière raison qui me pousse à ne pas voter pour vous, si l'élection avait lieu dimanche prochain. Votre loi absurde sur les soins obligatoires et ambulatoires concernant les personnes atteintes d'un trouble psychique. Pourquoi vouloir monter la population contre les personnes atteintes d'un trouble psychique ? Je n'ai pas compris aujourd'hui la raison qui vous pousse a la généralisation des soins envers les handicapés. Pourtant la loi de 2005 a permis la création de structures indépendantes des services médicaux que sont les GEM et dont je suis aujourd'hui trésorier de mon GEM et je préfère une heure de transport en commun pour servir là où je suis utile plutôt que d'aller là où je ne trouve que peu de réconfort. J'ai fait plusieurs GEM et j'ai posé mes bagages dans celui qui m'a accordé sa confiance.

Je vous le disais : je comprends les familles des proches dont un schizophrène complètement incohérent peut dérailler. Vos soins ambulatoires et obligatoires ne feront que donner plus de malaise à notre population. Si une obligation devait être donnée à un malade, ce serais plutôt l'obligation d'insertion par l'intermédiaire de ces structures. Disons-le aujourd'hui que mes projets se tournent vers l'artistique et que la menace de baisse de subventions qui pèse sur les GEM ne peut servir la cause commune de notre pays. Cependant, vous êtes en droit de modifier la mission dans une demande d'insertion plus élaborée comme celle de mettre en contact les professionnels des CAP Emplois et ceux des GEM.

Votre loi ne peut qu'aboutir à des contrariétés pour notre public. Notre GEM est très bien géré par l'association qui en ait la marraine et une entente parfaite avec les permanents salariés font que les dérives violentes sont assez rares. Venez nous rencontrer, nous vous ferons voir nos activités (choisissez le GEM de votre choix). Aidez les GEM à l'ouverture des 35 heures. Faites aussi un article dans votre loi qui obligerait les communes à fournir un local moyennant un loyer modéré au moins de 120m² et obligez les personnes atteinte d'un trouble psychotique à venir dans nos structures qui ne sont pas médicalisées mais qui par nos activités redonnent un équilibre certain et un certain équilibre. Ne remettez pas en cause ce que vous avez créé depuis 2002, ce serait une grave erreur. Envoyez vos élus constater que nos activités ne sont pas de simples récréations mais que la création et l'artistique (vous connaissez l'art thérapie ?) peuvent consolider là où les médicaments ne font que pallier un état de détresse sans rechercher les solutions. Il en va aussi de l'équilibre budgétaire de la sécurité sociale. Ce n'est pas en six ans qu'un bilan peut être fait et l'amélioration du dispositif doit être soumis à la condition où les moyens sont donnés à nos structures. Nombre de personnes étant passées par les GEM travaillent aujourd'hui avec une totale réussite.

Une dernière chose. J'ai choisi au niveau médical de faire confiance à l'association l'Elan retrouvé et je suis suivi par le docteur Tuffelli. De même, vous pouvez demandé à mon entourage proche et familiale les progrès que j'ai fait au niveau humeur et ceci depuis que je connais mes troubles qui ne m'ont jamais été diagnostiqués et connaissant leurs conséquences je peux agir avant qu'il ne soit trop tard.

J'espère que cette lettre vous donnera vraiment des idées et surtout la sagesse de réviser cette loi non dans la sanction et les résultats sans conséquences positives mais réfléchissez au contenu de cette lettre et aux moyens que l'on peut donner aux structures alternatives où là, je consens à l'obligation de fréquentation pour le bien être de tous dans une société qui se cherche.

 

Je vous prie de recevoir, monsieur le Président, mes meilleures sincères salutations.

 

THIERRY LEVIEIL.

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>Formations à Utopsy (Vidéos)

Pierre Dardot à UTOPSY from UTO PSYS on Vimeo.

Pierre DARDOT,

Philosophe et auteur avec Christian Laval de

« La nouvelle raison du monde, essai sur la société néolibérale »,

publié à la Découverte en 2009.

Présentation

Jean-Claude Polack "Entre structures et processus : psychoses et conditions d’une analyse pragmatique » from UTO PSYS on Vimeo.

Jean Claude POLACK, psychiatre et psychanalyste, auteur de l'ouvrage:

"Epreuves de la folie, travail psychanalytique et processus psychotiques".

Il a travaillé pendant une douzaine d'années aux côtés de Jean Oury et de Félix Guattari à la clinique de La Borde. Jean Claude Polack exerce actuellement dans un collectif d'analystes à Paris.
Il est également directeur de la revue Chimères (http://www.revue-chimeres.fr/), fondée en 1988 par Gilles Deleuze et Felix Guattari. Il a aussi réalisé un film sur François Tosquelles.

Bibliographie:
– " Epreuves de la folie, travail psychanalytique et processus psychotiques", Eres 2006
– " L'intime utopie", co-écrit avec Danielle Sivadon.
http://www.revue-chimeres.fr/

Cette vidéo a été réalisée lors du diplôme universitaire "Psychose et institution" coordonné par le Dr Guy DANA (EPS Barthélémy Durand, Etampes) et la faculté Paris7

Dans leur ouvrage, Dardot et Laval analysent les modifications du capitalisme et voient dans le passage du libéralisme au néo-libéralisme, l’avènement d’une nouvelle rationalité où la question centrale n’est plus de « laisser-faire » (Adam Smith) mais bien de « conduire les conduites » des hommes, en créant un cadre normatif propice au développement de la concurrence.

Après une analyse politique, historique et philosophique s’appuyant notamment sur les outils foucaldiens comme « la gouvernementalité », les auteurs définissent un nouveau processus de subjectivation où les individus intègrent eux-mêmes la normativité concurrentielle, chacun devenant « auto-entrepreneur » de lui-même, ce qu’ils définissent comme étant la fabrique du « sujet néo-libéral ».

S’appuyant sur cette analyse politique, les auteurs développent une pensée critique pour sortir des alternatives proposées par l’antilibéralisme classique, où nombres de partitions sont devenues inopérantes pour analyser les enjeux du monde contemporain (notamment la partition entre l’Etat et le Marché, entre le public et le privé). Pour ce faire, Dardot et Laval étudient les questions amenées par Marx, s’extirpant par là des définitions imposées par le marxisme orthodoxe, véritables « obstacles à la pensée » qui plutôt que de s’affronter à un « champ de questions » élaborent des « réponses définitives sur le sens des mots » (Cités 2010/3, n° 43).

Présentées comme « naturelles » ou « allant de soi », Dardot et Laval montrent que ces normes peuvent être considérées comme des constructions politiques, d’autant plus efficaces qu’elles ne peuvent être remises en cause qu’après une analyse minutieuse. Dès lors, comment mettre en perspective le « pouvoir de la norme » ?

C’est du côté des « communs », en tant que ces derniers sortent du cadre de pensé imposé par le néolibéralisme, qu’une politique d’émancipation pourrait se recréer. L’enjeu est bien d’avancer dans un constructivisme à même de fonder une politique des communs : « La théorie des communs permet de souligner le caractère construit des communs. Rien ne peut laisser penser qu’un commun pourrait fonctionner sans règles instituées, qu’il pourrait être considéré comme un objet naturel.»

Inventer des outils pour penser le monde contemporain, sortir des positions orthodoxes pour affronter les nouveaux agencements problématiques, mettre en acte une praxis émancipatrice : cette analyse des nouvelles figures de l’aliénation sociale n’a-t-elle pas de grandes résonances avec ce qui se joue pour nous dans la clinique quotidienne avec la folie ?

Ainsi, comment questionner les orthodoxies de tous poils qui prétendent diriger nos actes explicitement ou implicitement ? Aux politiques d’émancipation pourrait-il correspondre des cliniques émancipatrices ?

Rappel des épisodes précédents

L’an passé, Yves Clot et Samuel Lézé, nous ont tous deux commentés le rapport du Centre d’Analyse Stratégique remis à N. Kosciusko-Morizet « La santé mentale, l’affaire de tous ». Ce rapport, en pointe dans la redéfinition du champ psy et dans l’avènement du « santé-mentalisme », nous obligent à questionner le cadre normatif qui tente de s’imposer par des entités « naturelles » comme « le bien-être », « la qualité de la vie », « la souffrance au travail », « la santé mentale positive » etc.

Ces nouvelles normes nous ont été décrites par Y. Clot comme un « hygiénisme rénové » tandis que S. Lézé y voyait une entreprise de dépossession de la problématique même de la « santé mentale » qui en devenant « l’affaire de tous » n’est paradoxalement plus celle des psys, concourant ainsi à délégitimer toute une série de pratiques inventives.

Par ailleurs, les mots employés sont révélateurs : si le terme de « santé mentale » fut à une époque porteur d’une ouverture dans le champ psychiatrique, il est désormais un mot récupéré et « occupé » par la rationalité dominante, tout comme les mots d’usagers, de déstigmatisation etc.

Perspectives et lignes de fuite

Dès lors, comment penser une clinique fondée sur un autre type de processus de subjectivation qui porterait en son sein la question du désir inconscient articulé à un « agir en commun » émancipateur ? Comment se nourrir des réflexions sur le commun pour articuler une praxis clinique qui serait émancipatrice et s’articulerait autour d’un agir commun. « Une politique des communs [nécessite] d’inventer des normes de l’action qui permettent de faire fonctionner un commun » précisent les auteurs.

De fait, les conditions du renouvellement de la pensée critique se précisent, à mesure que se créent des outils, des concepts et des pratiques pour penser le monde et agir sur lui. Du côté de la clinique, cela nous a été amené par nos premiers invités de l’année : Christophe Chaperot, Guy Dana et Paul Brétécher.

Comment repenser les apports fondamentaux développés par la psychanalyse à partir du transfert et par le mouvement de psychothérapie institutionnelle en termes de collectif et de pratiques instituantes ?

Si la psychothérapie institutionnelle travaille l’articulation entre aliénation sociale et aliénation psychopathologique, entre marxisme et psychanalyse, penser la contemporanéité en mettant à jour les questions posées par Marx tout en se détachant de son orthodoxie, nous semble fondamental.

« Seul l’acte d’instituer les communs fait exister les communs » précisent Dardot et Laval. N’est-ce pas là poser la question du processus d’institutionnalisation et de l’analyse institutionnelle (Oury), là où l’ouvert de l’instituant est en proie aux tentatives de fermetures de l’institué ?

Mathieu Bellahsen et Loriane Brunessaux pour UTOPSY

 

Gonon à Utopsy Partie 1 from UTO PSYS on Vimeo.

François Gonon, neurobiologiste et directeur de recherche au CNRS à Bordeaux

sur le thème "Les dérives du discours du neurosciences et sés conséquences sociales : l'exemple de l'hyperactivité TDAH"

Il sera discuté par Samuel Lézé, chercheur à l'Institut de Recherche Interisciplinaire sur les enjeux Sociaux, et chercheur en sciences sociales au CNRS

François Gonon développera la manière dont le discours des neurosciences est abusivement mis en avant pour affirmer une origine neurobiologique des troubles psychiques sur la base d'évidences scientifiques en réalité faibles.
Il travaille en tant que neurochimiste depuis 34 ans sur un neurotransmetteur: la dopamine et a donc travaillé sur les psychostimulants comme l'amphétamine ou la ritaline qui sont les médicaments prescrits aux enfant hyperactifs. Concernant l'hyperactivité, le dogme est que ce trouble résulte d'un déficit de dopamine que vient corriger le médicament psychostimulant. François Gonon a écrit en 2009 un article de synthèse, publié dans une grande revue nord américaine Trends in Neuroscience où il montre, après un examen attentif de la littérature scientifique, que ce dogme n'est pas fondé.
Actuellement, il travaille avec des sociologues et des chercheurs en sciences de la communication pour comprendre comment est généré l'écart entre les observations scientifiques sur les troubles mentaux et les conclusions abusives présentées au grand public.

Alexandra de Séguin, pour Utopsy

Bibliographie :

https://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=536 : "Le trouble déficitaire de l'attention : faits et interprétations politiques" François Gonon (chercheur au CNARS) et Annie Giroux-Gonon (psychologue, psychanalyste)

1.Gonon, F., Guilé, J. M. & Cohen, D. Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité: données récentes des neurosciences et de l’expérience nord américaine. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence sous presse (2010). Cet article peut être demandé à francois.gonon@u-bordeaux2.fr

2. Gonon, F. The dopaminergic hypothesis of attention-deficit/hyperactivity disorder needs re-examining. Trends in Neuroscience 32(1), 2-8 (2009).

Gonon à Utopsy part 2 from UTO PSYS on Vimeo.

Gonon à UTOPSY partie 3 from UTO PSYS on Vimeo.

François Gonon, neurobiologiste et directeur de recherche au CNRS à Bordeaux

 

Christophe CHAPEROT "Transfert et schizophrénie" from UTO PSYS on Vimeo.

CHRISTOPHE CHAPEROT est psychiatre et psychanalyste,
Rédacteur en chef de la revue "L'Evolution Psychiatrique" (par délégation)

Auteur d'une quarantaine d'articles sur la schizophrénie (et son traitement psychanalytique), le structuralisme, le transfert, la psychothérapie institutionnelle (dans L'Evolution Psychiatrique, L'Information Psychiatrique, L'encyclopédie médico-chirurgicale, La revue internationale de psychopathologie, etc.), Christophe Chaperot est également lecteur pour les éditions "Flammarion".

Par ailleurs il a fondé en 2001 le "Collectif Psy Abbevillois" qui organise tous les ans un colloque à Abbeville (http://www.collectifpsy.org/index.html).

Médecin chef de service à Abbeville, il développe un projet de psychothérapie institutionnelle, avec «club thérapeutique ». C'est à partir des activités communautaires en autogestion soignants-soignés (sans subvention) qu'une analyse des transferts et des répétitions peut être menée: "Ma démarche est phénoméno-technique au sens de Bachelard, un concept doit toujours être appliqué dans la réalité concrète, le concept d'inconscient freudien doit être appliqué à l'institution sinon il ne s'agit que de bavardage."

Florent Gabarron-Garcia pour Utopsy.

Cette vidéo est issue du Diplôme Universitaire "Psychose et Institution" coordonné par le Dr Guy DANA ( EPS Barthélémy Durand) et la faculté Paris 7

Bibliographie principale:

– Christophe Chaperot, Structuralisme, clinique structurale, diagnostic différentiel névrose psychose, Paris, L'Harmattan, 2003, coll : Etudes psychanalytiques.

– Christophe Chaperot, Anne Bourgain et Christian Pisani, Le rire à l'épreuve de l'inconscient, Paris, Hermann, 2010, coll : Psychanalyse.

Jean OURY et Patrick CHEMLA, La psychothérapie institutionnelle, le collectif, le commun from UTO PSYS on Vimeo.

Filmées lors du festival "les évadés du bocal", les interventions de Jean Oury et de Patrick Chemla, psychiatres et psychanalystes respectivement à la clinique de La Borde et à Reims, transmettent une autre manière de faire la psychiatrie, manière qui met en question l'aliénation psychopathologique et l'aliénation sociale.
 

http://lesevadesdubocal.canalblog.com/

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>Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ?

Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant. Je suis membre des 39 parce que je crois en la sincérité du collectif, à son engagement pour protéger et mieux aider les patients qui traversent la psychiatrie. Sur leur supposé dogmatisme, parfois dénoncé ici ou là, j'ai observé les membres soignants des 39 dans de nombreuses réunions et leurs capacités à se remettre en question et à ne pas se laisser entraîner dans une forme de religion de la psychanalyse, par exemple, m'a surprise. Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine, ces soignants là ne sont pas des ayatollah de la psychanalyse. 

Ces soignants là luttent avec leurs armes, et une arme plus particulièrement : la parole. La circulation de la parole. Parfois physiquement quand ils vont brandir des pancartes ou des banderoles comme au printemps dernier mais aussi en accompagnant des débats autour de films comme "Un monde sans fous ?" afin de tenter d'expliciter la réalité de ce qu'il se passe dans le monde de la psychiatrie en France. C'est-à-dire de la nécessité de réformer cette psychiatrie agonisante qui ne propose plus que de considérer les hommes et les femmes en souffrance psychique (qu'elle est pourtant censée accueillir, et qu'en réalité elle "gère"), comme des troubles à résorber, une suite de protocoles à exécuter, comme des individus dangereux et inquiétants qu'il faut contenir et traiter chimiquement ainsi qu'avec des processus thérapeutiques courts de psycho-éducation neuro-cognitiviste.


Les débats sont riches au sein des 39. Ce fut le cas de ce samedi 3 décembre. Autour de thèmes comme la famille, les enfants, la formation, les pratiques…Ces débats sont ouverts, horizontaux, chacun peut y prendre la parole, qu'il soit psychiatre, éducateur, infirmier, psychologue ou autre chose, c'est à dire "individu ayant à voir (et à penser) avec la psychiatrie, comme je le suis. Des auto-critiques y sont formulées dans ces débats : sur l'aveuglement, à certaines époques, des psychiatres membres des 39, un peu trop enfermés dans des croyances, par exemple.


Personne n'est parfait, les soignants comme les autres, mais surtout les soignants qui travaillent avec cette matière totalement insaisissable qu'est le psychisme. Le reconnaître, le discuter, est pour moi une qualité extraordinaire qui je dois le dire, ne cesse de m'impressionner. J'ai été saisi hier par la réelle volonté de ces professionnels à se placer à la fois comme militants d'une autre psychiatrie, qui tous les jours agissent dans le sens de l'accueil, mais pour autant conscients de leurs erreurs, de leurs difficultés, de leurs progressions et de l'arrivée à un moment où il ne leur est plus possible de laisser le "voile noir du scientisme, sécuritaire, protocolaire, cette froide médecine de l'esprit auto-déclarée scientifique" recouvrir tant d'années d'efforts. Et écraser l'humanité en l'homme.


Quels efforts ? Ceux qui pourraient donner une voie à la réforme de la psychiatrie. Cette réforme qui doit absolument survenir avant que l'enfer d'une vision concentrationnaire ne s'abatte définitivement sur les patients et une partie des soignants. Si je parle de vision concentrationnaire, ce n'est ni par provocation, ni par légèreté. Les méthodes, pratiques, lois qui s'opèrent aujourd'hui en hôpital ou en clinique ne sont à mon sens qu'une forme de métaphore des camps de concentration nazis adaptés à une certaine modernité du soin psychique : grilles d'évaluation pour mieux diriger les personnes vers certains protocoles, comme on séparait et évaluait ceux qui allaient travailler et ceux qui allaient être de suite éliminés dans les chambres à gaz. Volonté d'imposer la croyance que l'homme et son cerveau fonctionnent de la même manière qu'un ordinateur et penser que le "reprogrammer " ce cerveau, est la solution pour soigner ces maladie "mentales du cerveau". Comme le nazisme pensait faire adhérer "la planète occidentale" à la vision de l'homme nouveau, du surhomme (qui n'a rien à voir celui de Nietzsche), cet aryen programmé lui aussi pour penser la civilisation du troisième Reich. Cette civilisation de la perfection, de la puissance et de la maîtrise scientifique en toutes choses. 

 

Je ne dis pas que les soignants, "enfermés dans ces approches", dans ces institutions "concentrationnaires" sont des nazis, qu'on ne s'y méprenne pas. Ni que les hôpitaux psychiatriques sont des camps de concentration. Non. Je dis simplement que l'état d'esprit qui prévaut en leur sein, niant l'humain dans sa complexité, son histoire, le réduisant à une suite d'opérations à effectuer, à une pathologie, état d'esprit cumulé à beaucoup de maltraitance (que j'ai rencontrée à chaque fois au cours des 20 dernières années) comportent des similitudes avec l'approche concentrationnaire. Une approche particulière de l'homme, donc. Et qu'à termes, si rien n'est fait, il sera difficile de faire la différence entre la vision totalitaire des nazis et celle que la société aura engendrée, sous une autre forme, mais similaire.


Les efforts des 39, pour nombre d'entre eux durant plus de 30 ans, ont été d'accueillir et de créer de l'espace thérapeutique basé sur l'humain et sur sa parole. De tenter d'accompagner des hommes et des femmes afin de les aider à soigner les plaies de leur âme. Pas de protéger la société d'une dangerosité supposée. Pas d'obtenir des taux de ré-hospitalisation inférieurs à 50% dans les deux années suivantes. Pas de vérifier que le médicament est bien pris par le patient. Pas de surveiller la capacité à devenir violent de ceux qu'ils ont accueillis. Non. Ils ont aidé des personnes à ce que les traitements neuroleptiques soient une chose acceptée, que la personne les prenne en toute confiance. A ce que l'accueil chaleureux et humain n'incite pas à la violence. A créer des espaces de créativité, d'échanges, de relations. Les membres des 39 ont permis par exemple, à ce que le dialogue soit un plaisir thérapeutique entre un infirmier et un patient, en dehors de tout cadre établi à cet effet, dans un couloir, dans la salle des médicaments… 


Les membres des 39 ont fait des efforts pour mieux faire accepter et comprendre leur travail avec les parents des patients qu'ils aidaient, par exemple. Avec des approches en perpétuel changement, parce que l'homme change, comme la société, comme la perception des réalités que l'on a. Les efforts des 39 sont ceux qui permettraient de faire de l'hôpital psychiatrique, de la clinique psychiatrique, des lieux d'asile où les personnes en souffrance psychique pourraient se réfugier, se réparer, se reconstruire, vivre, revivre. Si ces efforts que les membres des 39 font depuis des années étaient massivement effectués, ces lieux aujourd'hui majoritairement concentrationnaires pourraient devenir ce qu'ils devraient être : des asiles chaleureux pour se soigner. Et dont on sortirait confiant en l'homme, en la société, la civilisation humaniste que nous étions censés construire ensemble depuis des siècles désormais, et plus particulièrement depuis 1945.


J'espère que nous, 39 parviendrons à faire suffisamment entendre notre voix pour que ce projet voit le jour et qui, bien qu'apparemment utopiste en ce 4 décembre 2011, n'est en fait qu'une volonté politique et citoyenne simple à activer, mais qui doit l'être le plus vite possible.


Simon Sensible

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>Rendez-vous le 17 mars 2012 à la parole errante

Le dimanche 4 décembre 2011, 


RDV le samedi 17 mars 2012 de 9h à 17h

à la Parole Errante à Montreuil/Bois 93100

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire s’est réuni les 3 et 4 décembre 2011 afin de poursuivre le mouvement que nous avons instauré depuis maintenant trois ans. 

Prenant acte que : 


La loi du 5 juillet 2011, malgré sa restriction pour les libertés publiques des patients et des citoyens ayant affaire avec la psychiatrie, est appliquée dans la plupart des services de psychiatrie adulte ; 


Les pratiques de terrain ne cessent de se détériorer dans le champ psychiatrique et pédopsychiatrique ; 


La tendance gestionnaire nous éloigne du coeur du métier qui est de prendre soin ; 


La tendance sécuritaire semble désormais contaminer les partis d’opposition (le parti socialiste, suite à l’affaire de Chambon sur Lignon, fait maintenant la promotion des centres éducatifs fermés). 


Prenant également acte que : 


Les professionnels, patients et proches que nous rencontrons dans les différents espaces (forums, manifestations, et débats organisés partout en France depuis 3 ans avec le collectif des 39) s’insurgent contre le mode de traitement des humains les plus en difficulté psychiquement


Le manque de formation des professionnels, le manque d’explications et de transmission des savoirs faire aux proches des patients et à leurs familles, le manque de tolérance de la société aux personnes questionnant les normes dominantes se retrouvent partout ; 


Les discours critiques sur la situation actuelle ne peuvent avoir de porté sans des pratiques de terrain accueillantes faisant réellement hospitalité à la folie ; 


L'expérience de certains lieux et de certaines équipes démontre que d’autres psychiatries sont possibles. 


Nous nous engageons à : 


Construire un mouvement partant avant tout du terrain: il est désormais nécessaire de regrouper les lieux, les personnes – patients, proches, familles, soignants – et les équipes qui veulent une psychiatrie nouvelle ; 


Proposer une formation aux soins relationnels qui prenne en compte la complexité de l'humain et de son psychisme afin de ne pas se satisfaire de réponses simplistes et de savoirs faire expéditifs ; 


La préparation d'Assises refondant une psychiatrie accueillante et rigoureuse dans son éthique et ses praxis ; 


Mettre la psychiatrie à l’ordre du jour des élections présidentielles et législatives, pour questionner ses rapports avec la protection des libertés fondamentales, au sort réservés aux personnes à la marge voire exclues du fait de leurs rapports aux normes dominantes. 


Nous appelons toutes les personnes qui, au quotidien, ne se satisfont pas du sort réservé aux citoyens les plus en difficulté psychique à nous rejoindre pour construire: 


– localement des espaces d’hospitalité ; 


– nationalement une force qui modifiera le tournant sécuritaire et gestionnaire de l’ensemble du lien social actuel. 


Nous nous donnons rendez-vous : 


le samedi 17 mars 2012 à Montreuil 

à "la maison de l’arbre, la parole errante" 

9, rue François Debergue – 93100 Montreuil 

Inscriptions: www.collectifpsychiatrie.fr 

 

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. 

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>«On a besoin de psychiatres qui ne désertent pas» (Libération, le 29/11)

 

 

 

Par ERIC FAVEREAU

«Qu’est-ce que voulez-vous que je dise ? C’est une honte.» Hervé Bokobza, psychiatre et psychanalyste, ne cache pas sa gêne. Il répond à une question de Claude Finkelstein sur l’assourdissant silence des psychiatres devant la montée en puissance des chambres d’isolement pour les malades mentaux, devant les pratiques de contention qui se multiplient, devant l’abrutissement aux médicaments, et, en l’occurrence, devant la passivité des psychiatres de Nice qui n’ont rien dit après le licenciement d’une de leurs collègues, considérée comme responsable de l’évasion d’un malade détenu.

«On a besoin de vous, on a besoin de psychiatres qui nous défendent. Et non pas de professionnels de santé qui désertent», a répété Claude Finkelstein. Ce week-end à Lyon, lors du Forum de Libération, la rencontre était inédite. D’un côté, Hervé Bokobza, psychiatre, porte-parole du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, un groupe qui s’est constitué, il y a trois ans, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la «sécurisation» des hôpitaux psychiatriques. De l’autre, Claude Finkelstein, qui dirige avec un courage unique la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie : elle est malade et elle se bat. Depuis des années, il y a comme un fossé, lourd de malentendus et d’incompréhension, entre les malades et les psychiatres. Comme s’il n’était pas tout à fait sur le même bateau ivre. Au point que les politiques ou l’administration font alliance avec l’un pour contrer l’autre.

A Lyon, ces deux figures de la psychiatrie ont débattu, avec chaleur : «Oui, j’ai honte de notre silence, j’ai honte de la pratique dans certains lieux, mais n’est-ce pas un peu toute la société qui est anesthésiée ? Nous, au Collectif des 39, nous nous sommes créés contre cela», a expliqué Hervé Bokobza. Claude Finkelstein : «C’est vous qui pouvez nous aider, et empêcher que l’on soit enfermé contre notre volonté. On a l’impression, aujourd’hui, que c’est normal de contraindre un malade. Il n’y a qu’en psychiatrie que l’on peut imposer des soins… C’est incroyable, alors que bien souvent il suffit d’un peu de temps pour que le malade accepte

Hervé Bokobza : «Le malade n’est pas dangereux. Il l’est quand il est abandonné, isolé, reclus. Je crois qu’il faut fermer les hôpitaux psychiatriques et ouvrir des lieux pour accueillir ceux qui en ont besoin.» Il ajoute : «On a une mauvaise façon de voir, on parle toujours des 1% de malades qui sont hospitalisés, internés, des grands fous. Mais la très grande majorité se débrouille, vit dans la ville. On en connaît tous des gens qui sont un peu bizarres, qui délirent un peu, mais se débrouillent.» Claude Finkelstein : «On ne choisit pas d’être fou. Il faut s’en accommoder, trouver le bon traitement, un peu mais pas trop.» Puis Hervé Bokobza : «Il faut aller vers des états généraux de la folie

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>Le juge, l'avocat, le psychiatre… et le patient

Avocat à La Rochelle, Dominique Jourdain a été désigné pour assurer le service des «gardes à vue psychiatriques». Il s'oppose vivement à la poursuite d'une « expérience » qu'il juge « calamiteuse » et partage avec nous son argument.

J'ai déjà dénoncé la fausse bonne idée que représente le simulacre de débat contradictoire que met en scène la Loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge applicable depuis le 1er août dernier. Cette loi systématise en effet l'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) pour valider les hospitalisations d'office, les hospitalisations sans le consentement du patient.

Le système mis en place (que de précédents textes avaient déjà imaginé mais sans les ritualiser avec un caractère automatique) a suscité l'opposition de l'immense majorité des soignants. Seuls se sont félicités quelques notables du Barreau, saluant « la grandeur d'un métier qui permet de porter la parole dont serait privé celui que la maladie a rendu vulnérable »…Sauf que, dans la pratique, faire intervenir le JLD pour valider une « détention » en restaurant « la parole à la défense » n'est ni plus ni moins que faire du psychiatre un agent de l'administration pénitentiaire et du patient celui qui a transgressé la règle, la loi, l'ordre, c'est à dire un présumé délinquant. L'hospitalisation est exclusivement un acte de soin, alors quid de la place de l'avocat ?

Suite de l'article à cette adresse :


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>Empêcher les crimes et renoncer à la démocratie ?

C'est avec un certain effroi que l'on peut accueillir le déferlement de réactions politiques suite au crime perpétré par un adolescent de Haute-Loire à l'encontre d'une autre adolescente du même lycée. Effroi à l'égard des réactions politiques, une fois passé l'effroi causé par le crime lui-même, mis en lumière par les médias et ainsi exposé à la curiosité malsaine du public.

Le crime évitable

Comme pour tout drame causé par le déchaînement de violence d'un individu envers un autre, quelle qu'en soit la cause ou la raison, les membres de la société seront choqués, effrayés, dégoûtés. Mais après ? Rien. Comme pour n'importe quel crime, les émotions sont là, mais rien ne peut faire revenir la victime. Pour autant, la question qui désormais se pose après chacun de ces drames est l'aspect rétroactif de l'événement et la mise en cause de tiers par le politique afin de trouver une chaîne de responsabilités qui expliqueraient pourquoi le criminel a pu perpétrer son crime. La démonstration qui suit invariablement depuis quelques années est toujours, que sans cette chaîne défaillante, le crime ne serait pas survenu. Enfin, ce crime-ci. La famille touchée dans sa chair se débrouillera avec le sentiment obligatoirement odieux pour elle, d'un drame exprimé comme tout à fait "explicable", "évitable", presque "logique" : une forme de complot formé d'incompétences en cascades qui permet au criminel d'accomplir son crime. Ce criminel était un monstre que la société n'a pas osé, voulu mettre de côté, des incompétents et le système pas assez répressif ayant accompagné la défaillance,  tel est le message qui circule alors.

Le politique retrouve le contrôle perdu

Il est donc désormais indispensable, pour les responsables politiques, de venir expliquer que chacun de ces drames impliquant une personne ayant déjà eu affaire à la justice, aurait pu être "empêché". Chaque fait divers sanglant de ce type est l'objet du même discours politique, celui de la prédiction, et plus exactement de la défaillance de la prédiction du crime. Le politique, plus déterminé que jamais, promet alors d'empêcher que d'autres défaillances prédictives surviennent et, ce par de nouveaux appareils législatifs qui permettront de restreindre le champ des crimes possibles. Cette approche se généralise à un moment précis, un moment où le politique est totalement démuni dans ses capacités à prédire l'évolution de la société, alors qu'une crise financière et économique majeure s'est abattue sur la planète. Crise que le politique ne contrôle pas, et dont il ne peut prédire la suite…

Une société sans crimes ?

Cet aspect de reprise en main du politique par le biais du sécuritaire est basée sur la prédiction du crime, c'est-à-dire la volonté de démontrer qu'un individu ayant commis un acte grave réitèrera. Mais ce choix politique mène à des modèles de société qu'il est nécessaire de bien envisager. Parce que si des faits divers viennent démontrer que la prédiction du risque n'est le plus souvent pas "juste", ou bien que les dispositions de remise en liberté sont dues à des défaillances puisqu'elles laissent des crimes "évitables" se perpétrer, alors les solutions pour éviter ces crimes semblent toutes tracées et déjà imaginées. La société de la "prédiction totale du crime", celle du roman de Phillip K. Dick, "Minority Report", en est une. La société de Minority Report est une société où les criminels sont arrêtés avant d'avoir commis leur crime grâce à des ordinateurs établissant pour toute la population des statistiques permettant de déterminer leurs actions criminelles potentielles futures. Société policière, totalitaire, de surveillance et de prédiction complète. Une société sans crimes perpétrés (mais pas sans criminels) puisque le criminel est arrêté avant même d'avoir agi, voire d'avoir pensé le crime. Une autre société, mais qui, elle, a réussi à abolir le crime, est celle du film Equilibrium. Ainsi, en 2075, les citoyens doivent prendre une drogue quotidienne (sous peine d'exécution) qui abolit tous les sentiments, déclarés source de tous les maux de l'humanité, donc source des crimes et de la violence. Les citoyens d'Equilibrium ne ressentent ni haine, ni amour, ni dépit ou emballement. Le film établit bien le rapport entre risque et liberté : une société sans risques est une société qui abandonne toutes les libertés individuelles. Une société sans risques est une société sans sentiments, donc inhumaine.

Prévoir, écarter, protéger, empêcher, mais à quel prix ?

Le consensus créé par les politiques autour des crimes de récidivistes est dangereux. Parce que mettre en avant un meurtre,  appeler à l'assentiment général, au bon sens commun pour établir que le meurtre peut être évité, et ce, afin de modifier une énième fois le droit, est risqué. Risqué parce qu'impliquant petit à petit une "impossibilité à faillir" de l'individu, un refus d'accepter la capacité humaine à la violence. De décider que l'enfermement, la privation de liberté est l'unique alternative pour celui qui commet un crime ou simplement devient violent. Comme si le crime n'était pas vraiment envisageable, au fond, comme si le crime était devenu une "hérésie" insupportable que la société ne pouvait plus accepter. Mais qui a dit que le crime était une action humaine qui ne devrait pas survenir ? Après des décennies de violences télévisuelles quotidiennes, de guerres à répétitions mises en scène sur les écrans, d'œuvres mettant en scènes des criminels de tous poils qui ravissent le public ? Combien de jeunes gens ayant commis des viols, comme celui de la Haute-Loire, ont été suivis par des éducateurs, des psychiatres, se sont réinsérés et n'ont plus commis d'actes violents ? Combien pour un qui réitère et tue une innocente ?

Quelques chiffres sur la criminalité en France, de façon générale :

Sur la part des mineurs  dans la criminalité :

Population incarcérée depuis 1991 (Source: INSEE) :

Part des 16-18 ans dans la population carcérale (Source INSEE) :

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n'y a pas de progression constante des incarcérations de mineurs entre 16 et 18 ans (comme pour les moins de 16 ans), ainsi que pour la part des délits commis par des mineurs. Quant aux homicides, de façon globale ils diminuent depuis 30 ans. Alors, la complexité d'un individu qui commet un acte aussi horrible soit-il que celui du lycée de Chambon-sur-Lignon est-elle soluble dans une loi sur les centres fermés et la mise en cause de mauvaises prédictions d'experts ? Qu'est-ce que cette violence criminelle signifie, et plus particulièrement celle des jeunes ? Alexis de Toqueville, en plein milieu du XIXème siècle disait la chose suivante, qui devrait nous interpeller aujourd'hui après avoir entendu les réactions et proposition politiques qui ont surgi instantanément après le drame de  Chambon-sur-Lignon : "Quand toutes les opinions sont égales et que c'est celle du plus grand nombre qui prévaut, c'est la liberté de l'esprit qui est menacée avec toutes les conséquences qu'on peut imaginer pour ce qui est de l'exercice effectif des droits politiques. La puissance de la majorité et l'absence de recul critique des individus ouvrent la voie au danger majeur qui guette les sociétés démocratiques : le despotisme."

 

Article originellement publié sur : http://reflets.info

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Le Collectif des 39