Des nouvelles du côté de Bourg en Bresse !
La Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté, Madame Adeline Hazan, ancienne maire de Reims, a rendu public le rapport qu’elle avait adressé à la Ministre de la Santé en février. Comme l’écrit le journal « La Croix » dans son édition du 16 mars 2016, il s’agit « d’un rapport sidérant. Le récit de violences ordinaires, presque banalisées contre des personnes atteintes de pathologies psychiatriques ». Ces faits ont été constatés au centre psychothérapique (sic !!!) de l’Ain. Un établissement de 412 lits implanté en périphérie de Bourg-en-Bresse.
Outre les « très graves » entraves à la « Liberté de circulation » – si chère à Jean Oury dans la perspective d’une dimension thérapeutique dans un cadre institutionnel -, les mises en pyjama systématiques, les contrôleurs ont constaté une banalisation des mises en chambres d’isolement et des contentions.
Ce que le Collectif des 39 a vigoureusement dénoncé depuis décembre 2008 avec la politique sécuritaire et la dérive des pratiques, nous l’avons remis de façon encore plus ciblée en septembre 2015 avec l’Appel « La sangle qui attache, tue le lien humain qui soigne ».
Cet appel est soutenu à ce jour par près de 9000 signataires. On peut toujours le signer et plus encore aujourd’hui avec ces révélations. Celles-ci ne nous étonnent guère, tant l’isolement et la contention sont devenues depuis une quinzaine d’années et plus encore récemment, parmi les pratiques les plus habituelles. Comme en témoignent les « formations » fortement conseillées pour faire face « à la violence et à l’agitation », les récupérations et les justifications parfois même sous-couvert d’arguments pseudo-psychanalytiques, « c’est contenant, rassurant , ça apaise »… ou d’autres arguments avancés sur les réseaux sociaux tels « Mais ces contrôleurs n’y connaissent rien, ils ont qu’à y venir dans les services …(c’est pourtant ce qu’ils font), il y a des patients qui nous remercient ».
L’objectif de cet appel n’est bien évidemment pas de faire « la leçon », ou de désigner de « mauvais » soignants, car nous savons bien de par la pratique, que des situations cliniques sont complexes et qu’il peut y avoir des nécessités de contraintes ! Il s’agit qu’enfin puisse être débattues, portées sur la place publique ces questions et de lutter contre cette banalisation inacceptable, qui renvoie à l’indignité d’une souffrance surajoutée à la souffrance psychique.
Si ce qui vient d’être révélé près de Bourg en Bresse suscite une émotion légitime, il ne faut certainement pas désigner ce seul établissement comme le mouton noir de la psychiatrie publique. La plupart des Etablissements Publics de Santé Mentale est concernée ! Une vigilance doit nous faire ouvrir les yeux et le débat s’ouvrir sur la complexité des situations qui amènent à une telle banalisation : quelle conception de la maladie mentale ? Une seule est devenue hégémonique avec une médicalisation idéologique et pseudo scientifique ! Quelles formations globales pour tous les personnels en psychiatrie ? Quels budgets pour la psychiatrie ? Quelles places pour les citoyens – patients et familles- dans les dispositifs de soins ?
Nous publions le communiqué de la Fédération d’Aide à la Santé mentale « Croix-Marine » à l’occasion de la révélation de ce qui se passe dans cet hôpital psychiatrique de l’Ain– c’est vraiment une imposture de le nommer « centre psychothérapique »-.
Dans ce communiqué, la Fédération d’Aide à la Santé Mentale « Croix-Marine » nous apprend que cet établissement avait obtenu une bonne certification en janvier 2012, confirmée en novembre 2015 par la Haute Autorité de Santé !!!
Quelle véritable mascarade que sont ces procédures d’Accréditation et de Certification de cette Haute Autorité de Santé !!!!
Le Collectif des 39 depuis sa création a dénoncé cette logique folle et cette imposture !
Le temps soignant gaspillé, les budgets alloués à toutes ces procédures et protocoles imposés par la Haute Autorité de Santé pour suivre des recommandations de « bonnes pratiques » (sic) tout ceci témoigne bien d’une organisation totalement bureaucratique dans laquelle la question de l’hospitalité et de l’humanité n’existent plus.
Ce sont les patients et leurs familles qui pourraient nous en dire quelque chose !
L’article de Paul Machto sur Mediapart ICI