De l’enfermement psychiatrique dépassé vers un univers concentrationnaire nouveau pour réfugiés et immigrés
Le samedi 13 février 2016 s’est tenue à Athènes une journée d’échanges sur la base de l’argument suivant: « 25 années se sont écoulées depuis l’initiative de transformation radicale et de désinsitutionnalisation de l’hôpital psychiatrique de Léros, un lieu inscrit dans la mémoire historique collective comme incarnation visible d’une barbarie inhérente à la psychiatrie dominante qui continue, en synergie diachronique avec des politiques étatiques qui lui correspondent, après même la condamnation sans appel de l’expérience de Léros, de fonctionner comme mécanisme de contrôle social, de forclusion de la subjectivité, de violation des droits et d’asservissement des personnes avec « problèmes de santé mentale ».
Ces lieux, utilisés pendant la période d’après-guerre pour l’enfermement successif de groupes indésirables à la classe et au pouvoir dominants (enfants de partisans de gauche contraints à être « rééduqués aux idéaux de la nation », malades psychiques, dissidents politiques exilés par la junte des colonels) de préparent aujourd’hui pour servir comme lieu d’enfermement des réfugiés et immigrés, de tous ceux de plus en plus nombreux qui, rescapés du tombeau liquide de la mer d’Égée (et du procédé officiel de refoulement violent pratiqué en guise de « premier accueil ») sont destinés à être enfermés là-bas, en application des recommandations de l’UE avant le rapatriement forcé vers leurs pays d’origine.
Ainsi, la question d’une « réforme psychiatrique » (jamais vraiment réalisée) au cœur de la crise inédite actuellement à l’œuvre, crise sociale et politique, qui fait appel à un paradigme psychiatrique dominant, investi des aspects les plus répressifs et brutaux, se réactualise en simultanéité avec la dénonciation du traitement barbare et assassin de ces « autres déchets » du système, des millions de réfugiés et immigrés créés par les politiques internationales (exploitation économique, interventions militaires, etc.) de ce même système.
Dans la suite du débat « Léros, 25 ans après »1, ouvert à Léros même lors des Journées de juin dernier, nous appelons toutes et tous qui prospectent des parcours au-delà de la psychiatrie dominante, qui désirent lutter pour « l’ouverture des portes » de l’échange, du dialogue équitable, de la mobilisation des services (sans ankyloses ni isolations mécanistes) dans le plein respect des personnes ayant une expérience de la psychiatrie, contre les politiques ravageuses de « l’Europe forteresse », pour une politique « d’ouverture des frontières », politique qui, contre toutes formes de racisme, accueillerait réellement, offrirait l’hospitalité, soutiendrait et n’internerait pas dans des « centres de rétention » (hotspots/ camps de concentration) des réfugiés et immigrés, de participer et contribuer à la manifestation-débat du 13/02/16 et à la mise en place d’actions de résistance contre toute forme d’enfermement et de traitement barbare des personnes en souffrance psychique, des immigrés, des réfugiés.
PROGRAMME DE LA MANIFESTATION
L’EXPÉRIENCE DE DÉSINSTITUTIONALISATION À L’HP DE LÉROS.
COMMENT CE QUI PARRAISSAIT IMPOSSIBLE EST DEVENU POSSIBLE.
COORDINATION : Théodoros MEGALOECONOMOU (theodorosmegaloeconomou@yahoo.gr)
-DES IMAGES DE L’ENFERMEMENT CONCENTRATIONNAIRE A LEROS
-Maria KAKOGIANNI (Université de Vincennes – Saint-Denis, Paris VIII): « L’initiation d’une marche de transformation à travers la praxis quotidienne. Réflexions et expériences issues de la participation au groupe de volontaires de Thessalonique »
– Maria GIANNOPULU (maria.giannopulu@gmail.com): «Le langage du changement ».
– Chryssa KRAVVARITI : « Depuis le silence de l’asile vers la belle, grande musique »
– Lambros YOTIS, psychiatre, drama-thérapeute (layo@otenet.gr) : «Le groupe de théâtre comme levier de désinstitutionnalisation »
– George EFTHYMIOU : « L’expérience de l’intervention d’un groupe d’étudiants volontaires du département de Psychologie de l’Université de Thessalonique, à l’HP de Léros en juillet 1999 et 2000 »
– Kostas BAIRAKTARIS (trella@psy.auth.gr) : « ONG et humanitarisme lucratif »
REFUGIES ET IMMIGRES : LES DECHUS DE LA NOUVELLE ERE.
Des vies entre le tombeau liquide de la mer d’Egée et l’enfermement concentrationnaire.
COORDINATION: Lykourgos KARATZAFERIS, psychiatre, Hearing Voices Network
Dora KOUTSANELLOU : « Comment le pouvoir central et local annule le travail des citoyens solidaires en créant des centres de tri – hotspots – et d’un camp de rétention à Léros ».
Despina KOSTOPOULOU: « Réfugiés et trauma : de la violence de la guerre à la violence de l’enfermement ».
Histoires et parcours individuels d’exil et d’immigration : Riyad, Mohamed, Fatima, Jelal, David.
Elisabeth ANTAPASSI : Auto-organisation et solidarité : une expérimentation sociale au 26 rue Notara.
Chryssa KOUKOUTOU: « L’action du mouvement social en faveur des réfugiés et immigrés dans une structure solidaire autogérée. Défis et dilemmes »
CLOTURE: Katérina MATSA (savvasmatsas@gmail.com)