Le collectif des 39 s’associe pleinement à ce texte émanant de l’AFPEP-SNPP dont il partage entièrement le point de vue à propos du “Collectif pour le progrès de la psychiatrie”.
Nous continuerons à œuvrer avec tous les professionnels privés et publics, les familles et les patients, pour un progrès de la psychiatrie qui s’écarte d’un réductionnisme étroit autour d’une idéologie scientiste, mais se fonde au contraire la complexité et l’ouverture à tous les champs du savoir et de l’expérience humaine.
Nous assistons depuis quelques semaines à la collecte de signatures pour un manifeste s’intitulant :
« Collectif pour le Progrès de la Psychiatrie »
Le signe du progrès serait que la psychiatrie soit définie comme une spécialité médicale comme une autre.
Ce serait aussi de ne plus tenir compte de l’environnement. Lors de notre séminaire de Printemps sur le diagnostic, ce sont les neuroscientifiques qui sont venus nous rappeler que un gène ne code pas un destin mais s’exprime en fonction de l’environnement
« Les membres du collectif soussignés pensent que le moment est venu de refonder les pratiques de la psychiatrie, de redéfinir son rôle dans la société, dans l’esprit d’un progrès nécessaire et attendu. »
Le champ sémantique est éclairant : Il est question de « techniques de réhabilitation », de « processus d’évaluation », d’ « outils de compensation », d’ « indicateurs avancés du diagnostic », pour déboucher sur « la mise au point de pratiques recommandables » : vocabulaire technico-commercial, bilans statistiques à l’horizon, ainsi que dressage comportemental et DSM à l’appui, bien sûr. Depuis les années 1970, les politiques de maîtrise des dépenses de santé ont eu un succès limité jusqu’à présent car elles avançaient à visage découvert. Les citoyens et les médecins pouvaient mieux se défendre. Aujourd’hui la maîtrise comptable prend le masque de la rigueur de la science pour mettre en place une organisation scientifique du travail médical et psychiatrique. Cette définition se retrouve dans ce manifeste, et aussi dans le livre blanc de la psychiatrie, c’est à dire au service de l’économie et de la rentabilité.
Cet argumentaire trace bien la ligne de partage entre la logique du besoin, très fortement revendiquée par ces signataires, et celle du désir, qui est sans doute le marqueur le plus solide d’une pratique inspirée par la psychanalyse
Á la question: « quel est votre désir? » vient se substituer l’affirmation: je connais vos besoins
.En filigrane, suffisamment subtilement pour qu’on puisse s’égarer en première lecture, apparaît que ce qui s’oppose au « progrès » est exactement ce qui constitue nos fondamentaux : ce « progrès » se ferait contre notre histoire, contre l’affirmation de la subjectivité, contre l’idée même de l’existence de l’inconscient, contre l’indépendance professionnelle, tout simplement contre l’activité de penser.
Victor Klemperer dans « LTI » ou plus récemment Eric Hazan avec « LQR » ont démontré comment la langue pouvait être occupée.
Ne nous laissons pas intimider par l’idée de progrès qui nous laisserait au rang de conservateurs, de réactionnaires. Le progrès de notre discipline c’est ce à quoi nous travaillons jour après jour avec nos patients. C’est cette recherche clinique incessante que nous menons, appuyée sur notre référence théorique que doit rester la psychopathologie, et sur notre engagement.
Le collectif au travail de l’AFPEP-SNPP