Manifeste du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire
Adresse aux candidats à l’élection de la Présidence de la République
La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.
L’art et les pratiques cliniques psychiatriques prennent en compte la personne dans son ensemble, son histoire : il s’agit de soigner une personne qui souffre et non une maladie.
Engagée dans la réalité sociale, la psychiatrie se doit de préserver la singularité et l’originalité des personnes qui se confient à elles ou lui sont confiées : telle est son éthique. Elle ne se conçoit qu’en relation avec les patients, leurs familles mais aussi avec les acteurs du social et du champ médico-social. Par conséquent, c’est une politique psychiatrique inscrite dans la communauté qui doit être promue.
Nous, soignants en psychiatrie , patients, familles affirmons que :
-Les valeurs républicaines de liberté, égalité et de fraternité sont le socle constitutif de toute pratique
– L’engagement thérapeutique tient d’abord à la prise en considération de la vulnérabilité mais aussi de la créativité des patients. Il doit conduire à promouvoir tous les lieux nécessaires à une hospitalité pour la folie qui constitue l’enjeu de la pratique. Dans l’hospitalisation, comme dans les lieux ambulatoires, l’accueil doit être mis au centre des projets et des préoccupations thérapeutiques.
-La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins. L’apport de la psychanalyse à la psychiatrie est incontestable; ne peut être nié, voire pire « interdit. Il est un élément important dans la nécessaire pluralité des pratiques qui composent notre discipline.
Aussi refusons-nous avec force :
• L’idéologie sécuritaire qui stigmatise, isole et maltraite les plus démunis des citoyens.
• Toute modification ou interprétation des lois qui confirmerait la ségrégation et la stigmatisation des patients en les assujettissant à des lois spécifiques et aggraverait la tendance à l’enfermement.
• L’idéologie falsificatrice qui ferait croire que soigner sous la contrainte dans la cité serait une avancée pour les patients ou leur famille.
• L’imposture des protocoles standardisés pseudo scientifiques déniant la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient.
• La mainmise de l’appareil gestionnaire tentant d’annihiler, de nier et d’écraser la dimension créative et inventive de tout processus de soin.
Aussi soutenons nous toute pratique qu’elle soit publique en accord avec les acquis du secteur, libérale ou associative, garantissant en particulier la continuité des soins et prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que : respect du secret professionnel, engagement relationnel, indépendance professionnelle, respect de l’intimité et des droits du patient, la prise en compte de son entourage familial.
Nous défendrons un enseignement reposant en particulier sur la psychopathologie, et nécessitant la réintroduction de formations spécifiques désarrimées de la logique, du cadre théorique et des intérêts hospitalo-universitaires actuels autant que de l’emprise des laboratoires pharmaceutiques et ceci pour tous les professionnels de la psychiatrie.
Avec et pour ces valeurs nous continuerons à dénoncer toutes les dérives politiques, techniques, gestionnaires et sociales qui enfermeraient peu à peu les patients dans un carcan déshumanisant.
Nous affirmons que ce combat est essentiel pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir feraient disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.
Cette conception du soin psychique implique une rupture avec les politiques législatives, administratives et idéologiques engagées par les pouvoirs publics depuis des années
C’est pourquoi nous exigeons :
-L’abrogation de la Loi du 5 juillet 2011 qui fait passer la psychiatrie d’une logique sanitaire à une logique sécuritaire de contrôle policier des populations.
-L’abrogation de toutes les lois organisant depuis des années la gouvernance hospitalière et nous empêchant d’être soigné et de soigner correctement, et en particulier la loi HPST.
-L’abrogation de la loi de février 2008 sur la « rétention de sûreté ».
-L’arrêt immédiat de tous les processus d’accréditation et de certification, des recommandations de “bonne pratique “ et “des conférences de consensus”, validés dirigés et imposés par l’HAS, dont l’objectif d’une mise en normes des pratiques, protocolisées et homogènes, est anti thérapeutique, destructeur des soins et constitue un obstacle majeur à des soins psychiques de qualité.
– La suspension immédiate de toutes les contraintes médico- administratives mettant en péril les principes de confidentialité.
Concernant les moyens :
La psychiatrie publique doit avoir les moyens – tant financiers qu’humains (en nombre et en qualification) – de répondre aux besoins de l’ensemble de la population. Elle n’est pas la santé du pauvre. Ce qui implique un renforcement substantiel de ses moyens
Elle doit pouvoir bénéficier d’une enveloppe budgétaire spécifique.
Concernant l’organisation :
Le Secteur Psychiatrique doit être réaffirmé comme étant l’élément central du dispositif de psychiatrie publique.
Les pôles doivent être démantelés, car il s’agit d’un dispositif antinomique de l’organisation sectorielle, qui concerne un territoire à taille humaine.
Un bureau de la psychiatrie doit être rétabli au sein du Ministère de la Santé, afin que les dossiers de la psychiatrie soient traités par des personnes au fait de la discipline
Concernant les formations :
La nécessité d’assurer une formation spécifique à tous les intervenants en psychiatrie. Cette formation devant permettre aux futurs professionnels d’appréhender la complexité de la psychopathologie. Dans ce cadre nous exigeons que l’enseignement, pour tous les professionnels soit pluraliste avec notamment un apport nécessaire en psychopathologie, psychanalyse et sciences humaines qui enrichissent nos pratiques.
Concernant les internes, tous les Secteurs doivent pouvoir redevenir qualifiants.
Concernant le financement :
Ni la T2A, ni la VAP ne doivent s’appliquer à la psychiatrie. Celle-ci doit disposer d’un financement lui permettant de répondre à ses missions tant de soins que de post-cure et de prévention, ainsi qu’à son implantation dans le tissu social de la Cité.
Hum, ça sent la grève…
est-il possible de faire entendre ces voix partout!!! Je remercie profondément mes collègues psychiatres pour autant de mobilisation. ça réveille et éveille les consciences et inconsciences.merci
Bonsoir, à tous. Faut-il remercier les soignants ? Faut-il protéger le citoyens ? Faut-il obliger les politiques ? Faut-il plaindre les patients ? Faut-il compatir envers ceux qui ont été touché, malades, les Ex survivant des Camps de la folie passagère.
Ne faudrait-il pas demander simplement "réparation pour préjudice morale en la personne des hospitalisés ayant par miracle été relâché dans la nature" . On-t-ils été "oubliés" faute de moyens, en matériel et personnel ? Doivent-il imposer ( l'ensemble des touchés psy) à nos gouvernants et futurs Présidentiables un projet de loi visant à, objectivement, comptablement, connaître les "non emprisonnés" par un moyen chimique ou autre, afin qu'au moins ils puissent se syndicaliser pour faire eux-aussi grève ? Afin qu'ils puissent envisager un rassemblement dans les rues et ainsi rappeler "la cours des miracles" avec à leur tête le "roi des fous" ? Oh je rêve d'un monde où les Présidents seraient des artistes, des virtuoses, il nous faut du vécu à la "tête" pas d'audit de situations, les faits et méfaits sont connus et reconnus depuis des lustres !! Pas de virtuelles suppositions ou élaborations du réel, elle tue la T.V.A ( Taxe sur la valeur de l'artiste ) c'est le show qui brûle et jette l'argent par les fenêtres. [excusez-moi de "traduire" les abrégés, c'est plus "professionnel" me semble-t-il et parlant surtout , moins "élitistes"…c'est pour la mobilisation du " nombre" ,de l'armée, des volontaires ]
Malades MOBILISEZ VOUS !! Attaquez en justice pour harcèlement moral et physique le ministère de la santé ses ministres et le roi des ministres. Mais directement auprès de l'ONU ou du Tribunal de la Hayes…bref on se perd un peu dans les couloirs des Grands Palais !!
L'ai-je mal exprimez, mon indignation ? Est-ce Diplomatique, cette intervention ? Je ne penses pas que ce que j'écris est "politiquement correct" ? SI ? Alors "VIVES LA FRANCE LIBRE" et pour ses habitants ont verra après s'il reste de l'argent pour soigner les grands traumatisés de la guerre du média plein de tiques…
Excellent! Merci!
Voici le lien d’une pétition en faveur d'une approche clinique de l'autisme à partir de la psychanalyse :
http://www.lacanquotidien.fr/blog/petition/
C'est vraiment grotesque !
Qu'est il arrivé au collectif contre la loi sécuritaire du début, auquel je m'étais inscrit. Plus le temps passe, plus les articles sont teintés de messages qui n'ont plus rien à voir avec l'identité d'origine du forum.
Je suis contre la loi de soins sous contrainte, mais je n'adhère absolument pas à ce délire paranoïaque dans lequel le collectif est tombé.
Par ailleurs, je pense que de tels messages décrédibilisent ceux qui s'opposent à cette loi sécuritaire en les faisant passer pour des irresponsables.
Lorenzino
Je rejoins l'avis de Lorenzino. Ce n'est sûrement pas avec des phrases telles que "l'apport de la psychanalyse à la psychiatrie est incontestable et ne peut être nié" que l'on va convaincre. Tout peut être contesté, il en va du libre arbitre de chacun. Il serait plus intelligent d'essayer de montrer en quoi la psychanalyse peut apporter un éclairage dans la prise en compte des troubles psychiques.
Ensuite, demander "l'arrêt immédiat de tous les processus d'accréditation et de certification" ou "des recommandations de bonnes pratiques" est la meilleure façon de donner raison à ceux qui prétendent que les professionnels de la psychiatrie française ne se remettent pas en question et n'acceptent aucun droit de regard sur leurs pratiques. Pour ma part, je pense qu'il est tout à fait normal que ce secteur fasse l'objet d'un regard sur ses pratiques, c'est la meilleure façon de les expliquer et d'être transparent, même si bien sur, nous savons que ces démarches d'évaluation ont aussi pour but de rationaliser les coûts et les pratiques. A nous d'être plus intelligents et de montrer en quoi la pratique de la psychanalyse et de la thérapie institutionnelle apporte un "supplément d 'âme" à nos pratiques avec "les plus malades d'entre nous" (voir le bon article de Mathieu Bellahsen). Nous devrions nous saisir de cette demande d'expliciter nos pratiques, au lieu de tout refuser en bloc. Il est temps de prendre conscience du fossé qui s'est creusé entre les professionnels de la psychiatrie (et de la psychanalyse) et l'ensemble de la population, de comprendre pourquoi et de se remettre en question avant que des lois encore plus dures nous y obligent.
Bref, je ne me reconnais pas dans cet appel aux candidats à la présidentielle. Je le trouve démagogique, manichéen et ne servant pas la cause des professionnels qui entendent avancer avec humilité et ouverture d'esprit. C'est dommage.
Cordialement,
BrL.
Plein de résolutions, mais il ne faut pas se leurer, depuis longtemps et ça continue, rien dans vos considérations ne passent. Même si vous porter plainte, on vous rends inimputable à l'état psychique précédemment soigné, en ce sens que les éventuelles causes ne datent pas d'hier. Pas de prévention, donc et quand il y en a c'est toujours trop tard? Non, ne nous leurrons, à part vos piqures et vos médicaments, on se fou bien des malades. Des plus atteints à ceux pour qui s'est bénin. Pourquoi, parce qu'on ne s'attache pas à ce que disent les patients, aux faits, à ce qu'ils ont subis. En un mot, personne viendra vérifié les abus dont a été victime un patient avant d'être soigné. Pire, il y a plein de gens qui devraient être soignés et qui ne le sont pas. Alors, vos préoccupations restent digne d'intérêt si il y a une pratique qui en découle. Si je montre ce qui est écrit à un praticien hospitalier, il ne le lira pas, pire il trouveras que mon état a empiré, que je suis devenu pathologique, ou que je souffre d'une psychose. C'est chronique, vous montrer l'exemple, vous tenter de militer, de faire passer un message, et on ne vous voit pas, ou on vous voit mal aller donner des leçons en psychiatrie. Comprenez moi bie, vos thèses si vous en faites cas, on vous dit que vous abusé, que votre prose n'est en rien susceptible de remettre en cause la cause professionnel. Oui, c'est démagogique , sans doute ne peut -on faire avancer les choses de manière très différentes, mais ce qui est dit est purement théorique d'autant plus que le vocabulaire méticuleux et précis de la psychiatrie permet avant tout l'excès de langage, on suppute, on évalue mais en fonction de tableaux préétablis où l'handicap est masqué par le concept et non l'inverse. De plus, le nombre de connaissances contradictoires sur ces métiers est très nombreux, untel attaque Freud, untel attaque LACAN, etc.. Si déjà, à l'instar de la science, il y a tant de méthodes comment en plus prétendre promettre autant..