Collectif des 39 – Quelle hospitalité pour la folie ? Quelle hospitalité pour l’humain ?
Meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93
La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.
Les conditions d’hospitalité pour la folie se dégradent inexorablement depuis près de trente ans.
Depuis le 2 décembre 2008, date du discours du Président de la République à l’hôpital d’Antony, la situation s’est considérablement aggravée ; il est de plus en plus difficile de soigner et d'être soigné particulièrement depuis la loi du 5 juillet 2011.
Nous sommes à un moment politique où tous ces enjeux cruciaux pour la psychiatrie se posent aussi pour l'ensemble de la société.
Nous nous adressons à tous les candidats républicains pour qu’ils s’engagent à soutenir une psychiatrie fondée sur l’hospitalité.
Nous, professionnels du sanitaire, du médico-social, patients, familles et proches qui fréquentons la psychiatrie affirmons que :
-L’engagement thérapeutique doit conduire à mettre l'accueil au centre des préoccupations afin de prendre en considération la vulnérabilité et la créativité des patients nécessaires à toute prise en charge thérapeutique.
-La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins.
-L’accès à des soins de qualité est un principe républicain.
Aussi refusons-nous avec force :
– L’envahissement d’une logique gestionnaire et managériale, l’exigence de rentabilité du soin, le manque de temps soignant, le manque de lits et de places, qui amènent à une accélération inconsidérée des prises en charge. Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien. Ce qui de fait conduit à un abandon des plus fragiles renvoyés à la rue ou à la prison.
– Les empêchements à la mise en place d’un accueil de bonne qualité dans les services et dans les lieux ambulatoires, où les protocoles standardisés pseudo scientifiques dénient la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient et constituent un obstacle à la rencontre avec les patients.
– La politique de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui impose cette protocolisation destructrice d’hospitalité par des « quasi rituels » de soumission sociale au travers de processus d’accréditations homogénéisants et abêtissants.
– La nouvelle loi du 5 Juillet 2011qui se fonde sur l’illusion dangereuse qu’un traitement sous la contrainte juridique dans la cité est une avancée pour les patients ou leur famille.
– La mise à mal de la protection judiciaire de la jeunesse et la volonté de prédire le destin psychopathologique d’enfants de 3 ans ou d’adolescents. Ces choix vont à l’encontre de toute expérience clinique et éducative et aggravent de fait la situation psychique des jeunes concernés.
Les diagnostics effectués par des programmes informatiques ou des questionnaires sans finesse clinique qui relèvent d’une pratique machinique que nous n’aurions jamais imaginée. Cette dérive ne peut conduire qu’à des aberrations et à une déshumanisation.
Aussi soutenons nous toutes pratiques qu’elles soient publiques, libérales conventionnées ou associatives, garantissant en particulier la continuité des soins et prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que le respect du secret professionnel, l’engagement relationnel, l’indépendance professionnelle et le respect de l’intimité du patient.
Nous défendons pour tous les professionnels de la psychiatrie un enseignement qui repose notamment sur la psychopathologie et nécessite la réintroduction de formations spécifiques ancrées sur la clinique. Une rupture nette du cadre hospitalo – universitaire sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques doit être effective.
Nous nous battons déjà quotidiennement là où nous travaillons pour une autre pratique du soin et de l’hospitalité pour les patients et leurs familles. Nous le faisons malgré toutes les difficultés que nous rencontrons sur le terrain. Les résistances internes aux collectifs de soins ont toujours nécessité un travail d’analyse permanent ouvrant une possibilité concrète d’agir sur l’organisation du travail. Or ces résistances se trouvent considérablement aggravées par l’organisation bureaucratique actuelle de la Psychiatrie.
Nous sommes dans l’urgente nécessité de refonder la psychiatrie avec les principaux concernés: soignants de tous métiers et travailleurs sociaux, patients et usagers, familles et tous ceux, intellectuels et artistes qui soutiennent notre mouvement.
Nous affirmons que cette perspective est essentielle pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir feraient disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.
Nous demanderons solennellement aux politiques lors de ce meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93, de s’engager dans ce mouvement de refondation et d’abroger
– la Loi du 5 juillet 2011, et toutes les lois organisant depuis des années la bureaucratisation de la gouvernance hospitalière.
– La loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté
Contacts presse:
Yves Gigou: 06 60 48 98 84 – yglns39@orange.fr
Vous niez l'utilité, pourtant évidente, pour garantir les droits fondamentaux des patient(e)s tenu(e)s sous contrainte, du processus de judiciarisation des internements à temps complet à l'oeuvre depuis le 1er août dernier.
Or, l'évidence s'impose, d'août à octobre 2011, en seulement trois mois d'exercice de cet aspect de la réforme du 5 juillet 2011 que NOUS (les patients et anciens patients en lutte), avons emporté contre le Gouvernement, contre sa majorité, et contre vous d'ailleurs aussi, environ 1 000 mainlevées ont été ordonnées par les JLD, sur 15 000 contrôles d'HSC. Ce qui donne une projection de 4 000 mainlevées par an, contre 200 à 300 mainlevées obtenues antécédemment avec des moyens artisanaux, et des contrôles seulement facultatifs dont vous autres, les psychiatres hospitaliers, n'informaient même pas vos patients sous contrainte … Soit une multiplication des libérations d'internements par voie judiciaire par à peu près 15! De plus, plusieurs dizaines de cabinets d'avocats se sont formés ces derniers mois et sont opérationnels à travers le pays. Ils ne l'étaient pas avant.
Vous niez qu'il s'agisse d'un pas en avant fondamental que nous avons emporté contre le Gouvernement, sa majorité, mais aussi contre vous. Vous le niez d'ailleurs par corporatisme.
Vous avez mobilisé des patients et anciens patients pour servir vos seuls intérêts corporatistes. Ce qui est assez scandaleux dans le genre.
Effectivement des mainlevées d'internement ont pu augmenter.
Nous ne nous situons pas dans ce registre, mais dans celui de l'amélioration de la qualité des soins. Nous ne pouvons que prendre acte d'une dégradation qui s'accroit et qui ne va pas du tout dans l'interet des patients et de la psychiatrie que nous voulons, cad fondée sur l'hospitalité. Les soignants perdent encore plus de temps qu'avant pour des taches administratives, et ceux qui avaient des pratiques que nous condamnons se cantonnent à une position médicolégale pour ne pas être attaqués.
Nous continuons à nous mobiliser contre cette loi, mais aussi contre cette dégradation de l'accueil en psychiatrie. Et je pense que nous avons un combat commun à mener.
Le combat pour les droits des patients n'a de sens que s'il est accolé à une transformation radicale de la psychiatrie.
Nous ne supportons pas non plus les mauvaises conditions d'accueil et l'abandon fréquent des patients et de leurs familles.
Donc nous ne nous réjouissons en aucune manière de cette loi !
Est-on vraiment moins bien soigné en psychiatrie qu'il y a trente ans comme vous le dites? Je n'en suis vraiment pas sûr…
J'ai l'impression que certains soignants font un peu trop l'amalgame entre la dégradation "perçue" de leurs conditions d'exercice et la qualité des soins psychiatriques délivrés aux patients. Les deux ne sont pas forcément toujours liés…
A propos d'hospitalité:
http://www.herodote.net/citations/citations.php?nom=L'Hospital
Réponse à dr Maboule
je travaille depuis 37 ans en psychiatrie . Nous sommes partis d une situation asilaire épouvantable que nous avons considérablement transformé avec l espoir de refonder une autre psychiatrie. Le tournant néolibéral des années 80, la disparition des formations spécifiques pour les infirmiers et les internes se sont conjuguées à un changement des mentalités . Le désengagement et le découragement de nombreux soignants ont été aggravés par une standardisation des soins et une perte du sens du travail. Quand l autre n est plus considéré comme un sujet avec son histoire singulière dans laquelle sa souffrance peut se décrypter , c est la porte ouverte au nihilisme thérapeutique et à la panacée médicamenteuse . Qu on y rajoute le tournant sécuritaire actuel et la plupart ne pensent qu à se couvrir et à répondre aux objectifs du plan: faire sortir les patients au plus vite! Il est des équipes qui résistent et qui tiennent bon mais elles sont minoritaires et à contre courant. Tous les jours nous recevons des appels de familles voulant faire soigner leur enfant souffrant et laisse à l abandon !
Des soignants désengagés, découragés, qui n'ont pas le sens du travail, des soins "standardisés", sécuritaires… Je ne trouve pas que ce soit particulièrement le cas mais si vous me le dites, je dois faire partie de ces équipes qui résistent, sauf que je n'ai absolument pas l'impression de résister à quoi que ce soit. De même pour les patients. Je n'ai pas l'impression que les plus vieux d'entre eux soient scandalisés par l'évolution de la psychiatrie depuis trente ans.
Patrick Chemla écrit : « Le combat pour les droits des patients n'a de sens que s'il est accolé à une transformation radicale de la psychiatrie. »
Ceci est la négation radicale des droits des patients. Les patients n'ont rien à faire d'une « transformation radicale de la psychiatrie » qui ne satisfasse pas leurs droits, au nombre duquel le droit d'être bien soignés.
En distinguant les droits des patients et la transformation radicale de la psychiatrie, il est évident que ce ne sont pas les patients et leur droit à être bien soignés qui est le fondement d'une transformation radicale de la psychiatrie : ce sont des “idées” qui en sont le fondement, et des idées dont on refuse qu'elle soient conditionnées aux droits des patients, dont celui d'être bien soigné.
La phrase « Le combat pour les droits des patients n'a de sens que s'il est accolé à une transformation radicale de la psychiatrie » révèle le refus de la notion même de droit. Ce ne sont pas “les droits des patients” qui sont ici en question, c'est la notion même de droit. Cette notion même de droit, qu'il s'agisse de patients ou de quoi que ce soit d'autre que la psychiatrie, est inexistante chez l'auteur de cette phrase.
C'est dans ces conditions que le « corporatisme » est évoqué dans un message ci-dessus, même s'il ne s'agit que de “bonnes intentions”. Mais quand c'est la notion même de droit qui n'est pas comprise, les “bonnes intentions” sont difficilement reconnaissables.
Le droit, les droits, n'ont pas à être conditionnés à quoi que ce soit. Conditionner le droit, les droits, est la négation radicale de la notion même de droit et des droits.
"Le combat pour les droits des patients n'a de sens que s'il est accolé à une transformation radicale de la psychiatrie". Je persiste à le soutenir pour deux raisons principales:
-L'expérience récente de l'application à la lettre de la loi du 5 juillet montre un très grand respect du droit cad de la loi votée, et bien peu de respect pour les patients, avec des internements à domicile tout à fait légaux "renommés programmes de soins" pratiqués à tour de bras. On peut se satisfaire que certains internements aient été cassés pour vice de forme. On peut aussi remarquer l'abandon grandissant des patients et le fait qu'ils se retrouvent à la rue en toute légalité faute de place dans les hôpitaux.
-Par ailleurs nous ne soignons pas "au nom de la loi" comme des juges ou des policiers, mais nous essayons de transformer les conditions pour une psychiatrie plus hospitalière et plus humaine.
Cela aucune loi ne nous le prescrit, et même tout l'esprit des nouveaux textes va dans un renforcement de la méfiance à l'égard des patients.
Je ne prétends pas être juriste, mais j'essaie avec d'autres d'avoir une pratique qui redonne du sens au travail thérapeutique.
Ce qui n'est pas encore proscrit par la loi, encore que un projet de loi interdisant la psychanalyse est sous tendu par cette haine d'un sens à trouver au soin psychique et à la vie en général.
Peut-être n'avons-nous pas les mêmes soucis ni les mêmes points de perspective, mais nous aurions tout intérêt à éviter la casse de ce qui tient le coup en terme de psychiatrie respectueuse de l'humain…
Œuvrons pour le changement !
http://humapsy.wordpress.com/2012/01/30/mais-pourquoi/
Vous êtes et vous ne pourrez être que des patients à croupetons ! Vous ne voulez voir des abus dans les structures psychiatriques qu'éventuellement, de même que la maltraitance qui est pourtant systématique. C'est à croire que vous avez vos aises dans le système! Vous ne pouvez être qu'un genre de cireurs de pompes aux pieds des soignants et des institutions locales !
La lutte juridique permet au moins de mettre au clair les contradictions du genre!
@Jean
C'est vrai, désolé…
Et merci pour votre clairvoyance et aussi de vos explications si limpides. Continuez à nous éclairer de votre sagesse, s'il vous plait.
Cher Patrick Chemla,
Dans votre réponse, vous confondez le droit et la loi (en l'occurrence la loi de 2011 relative aux “soins” sans consentement). Il est donc normal qu'étant dans cette confusion, vous persistiez à dire « Le combat pour les droits des patients n'a de sens que s'il est accolé à une transformation radicale de la psychiatrie. »
Ce qui n'est donc pas correct (… perseverare diabolicum), c'est que vous confondiez le droit et la loi. Vous ne lisez que la loi vous concernant, la dernière du 5 juillet 2011, et vous dites que c'est le droit. Ce qui s'appelle d'ailleurs regarder son nombril. La loi n'est pas le droit, et le droit n'est pas la loi. Le droit est le dit des juri-dictions (les juridictions “disent pour droit”). Le dit des juridictions, le droit, est l'articulation des faits et des lois entre eux, et à cette occasion des lois entre elles. Le droit en l'occurrence comporte la lecture de la loi à la lumière notamment de la Convention européenne des Droits de l'Homme (et de la Convention Onu relative aux droits des personnes handicapées, entrée en vigueur en France 20 mars 2010 dans l'indifférence… dont la vôtre ?). Par suite, le droit, tant qu'une juridiction ne s'est pas prononcée, consiste à se figurer comment une juridiction se prononcerait si une juridiction était saisie.
Plus précisément, vous confondez le droit avec l'exécution de la loi. s'agissant des actes réglementaires des administrations publiques, avec l'application de la loi, s'agissant des actes individuels de ces administrations, et avec la conformité à la loi, s'agissant principalement des actes des personnes privées. Vous précisez même, ô funeste naïveté, que l'application « à la lettre » de la loi du 5 juillet 2011 est le droit (dans le domaine considéré). Mais précisément, une loi « à la lettre » n'est en aucun cas du droit, le droit (dans le domaine considéré). L'application « à la lettre » d'une loi, ce n'est pas du droit, par hypothèse. La notion d'application « à la lettre », précisément, est proscrite en droit (tout comme réciproquement la fumeuse application de l'“esprit” de la loi).
Vous ignorez donc tout cela. Peut-on mettre cette ignorance sur le compte de ce que vous dites par « Je ne suis pas juriste » ? Vraiment ? La notion même de droit et de loi serait réservée aux juristes ??? Personnellement, j'en doute. Cependant ) votre décharge, su vous avez suivi votre scolarité en France, pas plus qu'à moi au cours de celle-ci on ne vous a exposé cela : je soupçonne une volonté politique (en France) d'éviter d'exposer cela dans la scolarité, mais vous vous pliez par la suite à cette volonté politique d'obscurité, et même d'obscurantisme, ou non.
Vous écrivez « nous ne soignons pas "au nom de la loi" comme des juges ou des policiers ». Mais dans le cas des hospitalisations sans consentement, dont la législation existe depuis 1838 et dans les lois successives, au nom de qui ou de quoi soignez vous ? Si vous êtes capable de vous poser la question selon laquelle vous n'agissez pas au nom de la loi comme des juges ou des policiers (ce qui d'ailleurs est inexact : les juges n'agissent pas au nom de la loi, mais au nom de la République française, et les policiers agissent au nom de l'État, encore des choses qui n'est pas apprises dans la scolarité), c'est que vous êtes capables de vous poser la question au nom de qui ou au nom de quoi vous soignez, s'agissant des personnes hospitalisées sans consentement. Vous allez donc sans avoir à réfléchir pouvoir nous donner sur l'instant la réponse. Bien entendu, une réponse du genre “au nom de je moi-même et de mes idées à moi en ma personne et de mes copains” ferait rigoler tout le monde, hormis les copains (dont je suis certainement, en tout cas dans le domaine considéré).
Vous écrivez : « … nous essayons de transformer les conditions pour une psychiatrie plus hospitalière et plus humaine. Cela aucune loi ne nous le prescrit ». Comment ce fait-ce, vous ignoreriez donc le code de déontologie des médecins, qui vous prescrit exactement cela, et de façon bien plus marquée encore ? Vous ne supporteriez donc pas que l'on vous prescrive quoi que ce soit ???
Je me demande si vous assumez la question « Qui t'a fait roi ? ». S'agissant des hospitalisations sans consentement, qui vous a fait roi, vous ou vos collègues, pour tenir les clés des portes du pavillon et pour soigner les intéressés ? Au nom de qui, au nom de quoi, tenez-vous les clés de ces pavillons et soignez-vous les intéressés ? Vous savez déjà que ce n'est pas au nom des juges ou des policiers ; vous le dites. Donc vous savez au nom de qui ou au nom de quoi. Dites-le nous. Si vous avez les idées claires sur la question, cela ne pourra que vous apporter encore plus de respect et d'adhésion à ce que sont vos (nos) idées.
Amicalement,
frdm
PS. : Oh pardon (mon message précédent), plus précisément les juges agissent au nom du Peuple français, sous couvert de la République française (c'est comme le Port-Salut, c'est marqué dessus, en capitales en tête de toutes les décisions de justice, tant de l'ordre administratif que de l'ordre judiciaire). Et donc sans changement (mon message précédent) : en aucun cas les juges n'agissent au nom de la loi.
Cher Patrick Chemla,
Si vous avez du temps à consacrer à cette discussion, je vous demande avant de répondre de tenir compte de ma réponse étroitement connexe mais sur le « fond », dans une autre discussion sur le présent site : http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=3048&cpage=1#comment-2093
(Et en pardonnant mes fautes de frappe et d'accord, celles-ci dues à des modifications non coordonnées de projet de message, mais enfin, vous voyez bien que mon français n'est pas trop mauvais en général…).
Je signale à tous que les programmes de soins sous contrainte dont ceux à domicile, légalisés par la loi du 5 juillet 2011, risquent fort d'être déclarés non constitutionnels par le Conseil Constitutionnel statuant sur une Q.P.C. du C.R.P.A. (Cercle de réflexion et de proposition d'actions sur la psychiatrie), vers le 15 avril prochain. Une telle décision, si elle prend corps, rebattra les cartes et permettra un nouveau débat politique et parlementaire dans le cadre d' une nouvelle réforme de la contrainte psychiatrique, sur le point de la contrainte aux soins hors les murs.
Voir à ce sujet l'article suivant : http://psychiatrie.crpa.asso.fr/202 /
Cher frdm,
Je vous remercie pour vos explications qui me confondent dans mon ignorance!
J'essaie avec d'autres de travailler à une psychiatrie plus humaine et orientée par la psychanalyse.
Je travaille en institution, cad en construisant du collectif avec les patients qui sont partie prenante de cette construction, prennent la parole et prennent aussi leurs responsabilités.
Effectivement je ne suis pas juriste, et ce qui m'intéresse, ce n'a jamais été de respecter la loi, mais de de ne pas me défiler devant des enjeux éthiques et politiques. Nous avons été nombreux à construire la sectorisation, cad du soin avant que le secteur ne fasse l'objet d'un décret en 1986. L'invention a précédé la loi comme bien souvent!
Par ailleurs, je n'ignore tout de même pas que les internements sont encadrés par des lois depuis celle de 1838. Mon boulot a toujours été de pratiquer le moins possible d'internements, ou lorsque c'était indispensable (ce qui est très rare) d'écourter ces situations le plus possible.
Actuellement nous ne pratiquons aucun internement à domicile dans notre service, même rebaptisé sous l'euphémisme de "programme de soins"; parce que c'est étranger à notre conception du soin et du transfert qui ne peut se prescrire (j'allais dire "au nom de la loi" mais je me retiens pour éviter votre courroux!). Les internements lorsqu'ils ont lieu peuvent être levés très rapidement avant le 15° jour , ce qui évite aux patients d'aller au palais de justice; cette mesure ne m'enthousiasme pas et a plutôt tendance à les terrifier. Les seuls patients qui restent internés le sont du fait de la justice après des actes médico-légaux et vous n'ignorez pas que ce sont les internements les plus difficiles à lever.
Pour l'essentiel, il est tout à fait possible de travailler de cette manière, et sachez que nous sommes plutôt menacés de procès pour imprudence plutôt qu'encensés par nos collègues qui multiplient les "programmes de soins" en faisant sortir les patients le plus vite possible pour s'en débarasser avec une injection quinzomadaire de neuroleptiques retard!
Des patients peuvent ainsi passer de chambre d'isolement à la rue, et certains couchent dehors actuellement.
La nouvelle loi est venue révéler et aggraver une situation assez catastrophique de la qualité d'accueil en psychiatrie. Le renforcement de la judiciarisation fait actuellement la quasi unanimité de tous ceux qui pourront ainsi légitimer leur abandon du soin.
Ce qui est prédominant pour moi c'est cette destruction programmée depuis 25 ans de la psychothérapie institutionnelle, qui va de pair avec les attaques contre la psychanalyse que vous connaissez fort bien. Il s'agit de penser ces attaques contre les soins psychiques dans leur globalité et pour ma part je ne vois que de la régression actuellement.
Quant à l'Europe, c'est aussi ce qui a permis de détruire les métiers de la psychiatrie en supprimant la formation spécifique de l'internat en psychiatrie et la profession d'infirmier psychiatrique. Aujourd'hui des jeunes collègues arrivent sans aucune formation analytique, et en sont même dissuadés. Les quelques analystes qui tiennent le coup en arrivent à des situations de quasi clandestinité; et pendant ce temps certains demandent l'interdiction de la psychanalyse en direction des autistes!! Et si ça ne passe pas comme loi, ça reviendra comme recommandation de la HAS .
Il y a une bataille à mener et qui devrait être commune sur tous ces fronts où une certaine barbarie est en train de s'avancer…
Cher Patrick Chemla,
Je n'ai pas de doutes de vos bonnes intentions : je préfère ceux qui délaissent les lois en pensant que les bonnes intentions sont supérieures aux lois, plutôt que ceux qui invoquent les lois (par exemple les Droits de l'Homme) alors qu'ils en refusent le texte et se croient compétents pour les lire seuls, sous prétexte qu'en tant que psychiatres et/ou psychanalystes ils sont “professionnels de l'interprétation”.
J'admire votre réponse, mais, selon le principe que ce sont les trains en retard qui attirent l'attention, et non ceux qui arrivent à l'heure, certains passages sont à relever.
Vous écrivez : « ce qui m'intéresse, ce n'a jamais été de respecter la loi ». Mais vous ne dites pas dans votre réponse si ne vous intéresse pas non plus de respecter le droit, les droits (sur la distinction, cf. mon message précédent). Et qu'entendez-vous par « respecter » ? Si l'on prend le sens classique et même étymologique, cela signifie « regarder une deuxième fois », y regarder à deux fois. Si l'on prend le sens populaire actuel, cela signifie « être soumis ». Mais « être soumis » à la loi (à une loi particulière, prise “littéralement”) correspond rarement au droit (cf. mon message précédent).
Dans le premier sens, vous respectez parfaitement les lois, et c'est exactement votre préoccupation, d'évidence, puisque vous “y regardez à deux fois”. Si vous n'acceptez pas le deuxième sens, vous êtes de plus parfaitement juriste.
Donc il faudrait cesser de battre votre coulpe : en fait vous reconstituez parfaitement la logique du droit, tout en le déniant. Seulement, cette négation que vous affichez vous conduit à des incohérences ; d'un côté, vous comprenez et exprimez qu'être soumis à la lettre, c'est mal, d'un autre côté, vous refusez de retourner la loi contre elle-même, au sens de ceux qui veulent l'appliquer à la lettre… et pour autant vous l'appliquez vous-même à la lettre, en faisant cesser les hospitalisations sans consentement avant le 15e jour, ce qui évite la présentation des dossiers / des patients au juge !
Vous écrivez (répondez) : « Quant à l'Europe, c'est aussi ce qui a permis de détruire les métiers de la psychiatrie en supprimant la formation spécifique de l'internat en psychiatrie et la profession d'infirmier psychiatrique ». Mais vous parlez là de l'« Europe » au sens commun d'« Union européenne ». Ce n'est pas de cela dont je vous ai parlé, vous répondez à côté de la question. Je vous ai parlé du Conseil de l'Europe (à propos de la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales, sous l'égide du Conseil de l'Europe). Ne me dites pas là encore une fois qu'il faut être juriste pour faire la distinction… ça ne passerait pas, vous avez un diplôme d'études supérieures tout de même, et les journaux sont à votre disposition.
Enfin, vous n'avez pas répondu à la question du dernier paragraphe de mon message précédent ; je le recopie donc littéralement :
« Je me demande si vous assumez la question « Qui t'a fait roi ? ». S'agissant des hospitalisations sans consentement, qui vous a fait roi, vous ou vos collègues, pour tenir les clés des portes du pavillon et pour soigner les intéressés ? Au nom de qui, au nom de quoi, tenez-vous les clés de ces pavillons et soignez-vous les intéressés ? Vous savez déjà que ce n'est pas au nom des juges ou des policiers ; vous le dites. Donc vous savez au nom de qui ou au nom de quoi. Dites-le nous. Si vous avez les idées claires sur la question, cela ne pourra que vous apporter encore plus de respect et d'adhésion à ce que sont vos (nos) idées. ».
Il est clair que nous avons les mêmes préoccupations « philosophiques ». Ce que je vous demande, c'est un peu plus de logique, de sorte d'attirer encore plus de soutiens. À moins que le flou soit une option délibérée, ce qui ne serait d'ailleurs aucunement condamnable.
Bien cordialement,
frdm
@frdm, SVP : ne vous trompez pas de cible… en matière de pratiques psychiatriques, Chemla devient un oiseau rare dans le grand fatras de la psychiatrie chimique et de ses merveilleux succès… Laissez-le vivre. Il tient à un prix que vous semblez avoir du mal à imaginer. Visiblement, vous n'êtes pas soignant en milieu hospitalier… et ce n'est pas un reproche !
Si vous connaissiez sa charge de travail, vous comprendriez qu'il n'a guère de temps disponible pour finasser avec virtuosité sur "la Loi, le Droit, et la littéralité" qui sont, certes, de vraies questions universitaires. Il met en pratique au quotidien des valeurs qu'à l'évidence vous partagez, mais que vous ne n'exercez pas du même lieu. Enfin, il a le courage d'intervenir à visage découvert. Respect.
À eldjidji :
Quelles que soient, avérés, l'intérêt, l'excellence (en tout cas au profit de mon intérêt), de toutes vos interventions sur les forums de ce site, et les qualités éminentes que vous évoquez de Patrick Chemla et que je peux que, de loin, sous-estimer, selon vos judicieuses observations à ce propos, votre mention « finasser avec virtuosité sur "la Loi, le Droit, et la littéralité" qui sont, certes, de vraies questions universitaires » est parfaitement vicieuse, et en particulier par le terme « universitaires ».
Si vous ne savez pas dire au nom de qui, au nom de quoi (au sens de : institutions reconnues, ou pourquoi pas institution manquante à reconnaître) agissent les psychiatres qui tiennent les clés des pavillons et y soignent les personnes hospitalisées sans consentement, il ne peut s'agir par défaut dans votre esprit que de ce que le droit ne peut qualifier que de tutelle par les psychiatres (ce que l'on appelle "tutelle à la personne", distinguée de la "tutelle aux biens") (mais ce n'est pas ce qu'implique la loi actuelle, pas plus que ce n'était le cas de celle de 1990 ni même de celle de 1838 laquelle, cependant, impliquait la tutelle aux biens, mais pas par les psychiatres).
Le refus de répondre à la question est soit une sournoiserie, soit une stratégie, le cas échéant très pertinente sans que je la partage, et la bonne foi n'étant pas en cause, tout le monde conclura du silence que c'est une stratégie (ou tactique), le cas échéant sous les prétextes les plus divers, mais parfaitement inutiles, dont vous invoquez certains.
Quelle est votre réponse ? Le silence sur la question ? Je n'y vois pas d'objection.
frdm,
Vous semblez, cher frdm, avoir suffisamment parcouru mes interventions pour savoir que si je pratique l'attaque frontale avec une certaine constance contre nos adversaires, dont vous ne faites évidemment pas -loin de là- partie, je ne suis nullement suspectable de sournoiserie, même si parfois "un peu" vicieux… J'ai plutôt le défaut de me fier plus à mon intuition, que de fabriquer des systèmes. Bref, sauf erreur, je ne me sens ni (trop) parano, ni complotiste. Juste un peu amoureux des disputations. Et suffisamment âgé pour pouvoir me lâcher.
Mais je ne sais pas au fond si vous interpellez Chemla ou eldjidji dans votre adresse…
Tant pis, je reviens donc sur ma formulation (en reprenant à mon compte celles de Chemla), et je persiste : vous êtes mal tombé en pinaillant Chemla, non pas qu'il soit une vache sacrée, mais comme Delion, il défend des valeurs élevées dans sa pratique hospitalière, dans son écriture, et chaque année, dans les formidables colloques de la Criée de Reims (venez-y cette année les 1 et 2 juin) où, dans une ambiance très festive et amicale (vive le champagne et la musique), sont traités des thèmes ouverts dans l'ambiance respirable et contagieuse de la psychothérapie institutionnelle. Nous travaillerons cette année le beau thème des "POLITIQUES DE L'HOSPITALITÉ", et vous serez bienvenu.
Chemla conclut la plaquette de présentation par ces mots : "Penser l'hospitalité… l'enjeu consisterait, en évitant la nostalgie d'un âge d'or, à soutenir les collectifs qui RÉSISTENT et soutiennent une pratique inventive, tout en évitant un repli dans des institutions qui pourraient vite devenir de petites "forteresses vides", si nous cessions d'y relancer un mouvement de subversion de l'institué".
Tout ça pour dire qu'à Reims et ailleurs (dans des lieux de plus en plus rares), ce ne sont pas les psychiatres qui tiennent les clés des pavillons, mais les équipes qu'ils animent dans la tradition (est-ce un gros mot) de la psychothérapie institutionnelle. Quant à savoir combien Chemla soigne de personnes hospitalisées sans consentement, lui seul pourra y répondre, question de responsabilité, donc de liberté, encore que je connaisse la réponse. Vous avez développé impeccablement, comme on dit ici en Provence, une rhétorique que je considère "universitaire", savante et argumentée, un peu trop abstraite à mon goût, face à un praticien du terrain, obligé à une urgence du concret quotidien, sauf à ce que beaucoup crèvent.
Je n'ai sans doute pas répondu à votre question (on ne répond jamais que de soi ? Oh dieu, dois-je répondre de mon frère ?), mais j'ai écrit avec respect. Bonne soirée.
quel cafouillage… C'est le froid et le mistral qui font trembler ces lignes…
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@patrick chemla J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre argumentation, et pour une fois, les échanges sont d’un bon niveau.
J’ai juste une question sur la durée d’hospitalisation : dans l'Adresse à tous les candidats un passage exprime la plainte que "Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien."
Mais vous, de votre côté, vous dites :
« Les internements lorsqu'ils ont lieu peuvent être levés très rapidement avant le 15° jour , ce qui évite aux patients d'aller au palais de justice; »
Comment gérez vous cette déshopitalisation rapide, dans la mesure où vous êtes également opposé aux soins sous contrainte à domicile ?
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Ooops :
Je recommence. Mauvais copié collé de texte formaté.
@patrick chemla J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre argumentation, et pour une fois, les échanges sont d’un bon niveau.
J’ai juste une question sur la durée d’hospitalisation : dans l'Adresse à tous les candidats un passage exprime la plainte que "Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien."
Mais vous, de votre côté, vous dites :
« Les internements lorsqu'ils ont lieu peuvent être levés très rapidement avant le 15° jour , ce qui évite aux patients d'aller au palais de justice; »
Comment gérez vous cette déshopitalisation rapide, dans la mesure où vous êtes également opposé aux soins sous contrainte à domicile ?
À eldidji
Il était parfaitement clair que je m'adressais à vous, mon message commençait par « À eldjidji », en réponse à votre message.
Il n'y avait strictement aucune ambiguïté là-dessus.
Je note que non content de ne pas répondre à ma question, ce dont je maintiens que je n'y ai pas d'objection, vous la qualifiez de « pinaillage », ce qui dénote une arrogance que je ne m'explique pas ou peu.
Si vous appelez pinaillage la question de savoir au nom de qui et de quoi agissent les psychiatres qui tiennent les clés des pavillons et soignent les personnes hospitalisées sans consentement, la bonne foi est en cause.
À waltercolor
Vous écrivez à Patrick Chemla :
« « Les internements lorsqu'ils ont lieu peuvent être levés très rapidement avant le 15° jour , ce qui évite aux patients d'aller au palais de justice ». Comment gérez vous cette déshopitalisation rapide, dans la mesure où vous êtes également opposé aux soins sous contrainte à domicile ? ».
Mais votre interprétation tenant à « déshospitalisation » est fausse. La cessation de l'internement ne signifie aucunement en elle-même déshospitalisation. La cessation de l'internement peut être suivie d'hospitalisation libre. Patrick Chemla ne le précise pas, mais il semble que cela va de soi : il parle implicitement de tous les cas où l'acceptation de l'hospitalisation libre est obtenue, par les bons soins reçus dans une brève période d'internement. Dans ce cas le plus grand nombre des patients le nécessitant, du point de vue des psychiatres concernés, ne peuvent que souhaiter librement la poursuite de l'hospitalisation en régime libre.
frdm
quand vous dites "savoir au nom de qui et de quoi agissent les psychiatres", vous n'en faites pas partie ? Vous non plus ne "répondez" pas à mes propositions de bonne volonté. Je ne peux certes pas répondre POUR Chemla, mais j'ai répondu pour ce qui me concerne. J'admire ceux qui s'expriment "strictement sans aucune ambiguïté". Je ne sais pas comment on peut y parvenir… je suis ambigu, mais pas nécessairement ambivalent.
Enfin, je ne cherche pas à avoir le dernier mot. Je vous le laisse bien volontiers.
J'ajoute simplement -"sans arrogance" – que ce "tenir la clé du pavillon" est une bien belle métaphore. Dois-je ajouter, "sans arrogance", qu'elle me semble joliment sexuelle…
frdm
Je ne sais pas comment vous faites pour penser "strictement sans aucune ambiguïté". Je vous envie donc. Par ailleurs, je ne vois pas d"arrogance" à disputer sur des termes pas si vifs d'un forum. Étrange comme l'arrogance est à la mode en ce moment. Je trouve très belle cette métaphore du "psychiatre qui tient les clés du pavillon", en quête sans doute de la bonne serrure pour les introduire. Est-ce "arrogant" d'y voir une jolie histoire sexuelle ? Si je ne peux pas répondre à la place de, en revanche, je vous ai bien donné ma position sur la pratique collective, et vous n'avez pas relevé ma proposition d'aller faire un tour à La Criée de Reims, pour y prendre le pouls de ces pratiques de psychothérapie institutionnelle. Vous parlez des psychiatres comme si vous n'en faisiez pas partie, ce qui n'est pas très gênant, mais peut aider à comprendre que parfois vous ne sentiez pas tous les "pinaillages" que j'évoque. En fin de compte, je ne souhaite pas avoir le dernier mot, et je souhaite que ce débat continue.
À eldjidji
Je ne vois pas en quoi il s'agirait de "penser" "strictement sans aucune ambiguïté", et contrairement à vous je n'envie pas ceux qui y prétendent. Je parlais des termes écrits d'un message, par lequel je vous demandais de répondre à une question, puisque vous interveniez dans la discussion, et je ne vois pas non plus en quoi vous demander de répondre à une question consisterait à vous faire parler (écrire) "à la place de". Merci de cesser d'affecter de croire que je m'adressais à un autre que vous, alors que mon message débutait par "À eldjidji", et se poursuivait en m'adressant à "vous", "votre réponse" (ou défaut).
De plus, l'arrogance n'est pas à disputer, je parlais d'arrogance exclusivement à propos de votre emploi du terme "pinaillage".
Les psychiatres, en qualité de responsables de service, ont sous leur responsabilité hiérarchique ceux qui tiennent les clés des pavillons d'internement. On peut donc dire que les psychiatres "tiennent les clés", sans entrer dans les détails. Ou alors expliquez-nous le contraire. Et les soins des personnes hospitalisées sans consentement sont décidés par les psychiatres en question.
Vous répondez en notamment m'incitant à assister à La Criée de Reims, pour mon édification relative aux pratiques de la psychothérapie institutionnelle. Je ne doute pas que cela puisse être enrichissant, mieux dans le sujet que d'assister à la criée aux poissons de Boulogne-sur-Mer, mais dans la présente discussion c'est manifestement hors sujet. Ce qui serait mieux dans le sujet du présent échange serait que je vous incite à assister à un colloque de juristes sur la notion d'hospitalisation psychiatrique sans consentement. Mais vous aurez constaté que je ne me suis pas permis de le faire.
Vous réitérez l'emploi du terme de "pinaillage(s)". Il s'agit donc de rejet de la notion même de droit, comme je l'observais dans mon premier message ci-dessus à Patrick Chemla.
Vous êtes donc en lutte contre la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales, sous l'égide du Conseil de l'Europe, ouverte à la signature et signée par la France en 1950, ratifiée par la France en 1974, avec depuis cette ratification application directe supérieure aux lois nationales françaises. En effet, cette convention comporte en son préambule l'exigence des États signataires de la "prééminence du droit".
Manifestement, une telle notion vous horripile et ne peut que vous horripiler, car dans le domaine considéré, vous manifestez en substance la prééminence de la psychiatrie.
Que de masturbation…
Pour avoir vécu un internement arbitraire alors que je cite: "n'a pas sa place ici, ni délirante, ni dépressive", je peux affirmer que avoir les yeux rivés sur une serrure fermée à clef laisse des trace: un état de stress post-traumatique ! Traumatisme pour lequel je vois un psychologue comportementaliste en plus d'un psychanalyste; ceci dit ce traumatisme en ayant réactivé d'autres cela m'a permis de prendre enfin conscience de la toxicité de mes parents (lire aussi Hirigoyen, Racamier…). Parents qui non seulement m'ayant fait subir une maltraitance psychologique depuis nombres d'année m'ont aussi agressé physiquement parce que évidemment le travail que je fais sur moi ne va pas dans le sens qu'ils espéraient. Tout ça pour dire que bientôt le psychiatre qui voulait tant me garder (le gardien des clefs !) dira bientôt qu'il voulait en fait me protéger…Et puis aussi pour dire qu' il y a des personnes qui souffrent, vous savez les fameux patients, des personnes qui ont des choses à dire, des sujets, pas des objets, c'est ça l'hospitalité et puis tout simplement ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse !
@Christel
Ne vous trompez pas Christel ce n’est pas le traumatisme de l’enfermement qui est douloureux mais la mémoire. Revisitez votre mémoire et vous verrez immédiatement la douleur s’estomper. Il faut dans un premier temps renier ses parents, vous le faites bien mais aussi ses maîtres, docteurs et autres et ainsi revenir à la Raison (la grande liberté) « pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Effectivement, dans un premier temps, c'est sur la mémoire traumatique que j'ai travaillé, faire en sorte que mon cerveau ne rejoue pas sans cesse les mêmes scènes douloureuses; à présent, je restaure ma confiance en moi et mon estime de moi-même parce que c'est le genre de situation qui finit de vous laminer…L'analyse me permet de donner du sens à d'autres éléments de mon histoire…Je ne sais pas si on doit parle de renier, c'est juste faire la part des choses et accepter et surtout ne plus vivre dans l'illusion…Je pense que notre inconscient sait ce qu'il fait, c'est juste dommage qu'il ne soit pas plus écouté et surtout que les personnes ne soient pas plus respectées car il y a eu l''enfermement mais aussi des humiliations de la part du personnel infirmiers et des psychiatres à part une infirmière d'un professionnalisme et d'une humanité irréprochable qui a su ce rendre compte de certains choses en très peu de temps…
Maboule qualifie de masturbation ce que eldjidji qualifie de pine-aillage. On est en bonne compagnie sur le sujet ou la sujette. J'ai donc réussi le tour de mettre d'accord maboule et eldjidji, l'autre fois c'était maboule et walterecolore. Mission accomplie.
Je viens de voir dans le "tableau de bord" un message avalé par le système (par un automatisme qui se produit parfois, contre les "spams", et qui retient même si c'est rare des messages qui n'en sont pas). Message d'eldjidji, qu'il a remplacé en substance par celui 8 février 2012 à 9h41mn qui a passé le filtre. Dans ce message non affiché figure une question plus claire que dans celui ré-écrit : « quand vous dites "savoir au nom de qui et de quoi agissent les psychiatres" [s'agissant de la mise en oeuvre des hospitalisations sans consentement et soins à cette occasion], vous n'en faites pas partie ? ». Non, je n'en fais pas partie. Pas même des médecins autres que psychiatres ou professions de santé mentionnées au code de la santé publique. Que vous vous soyez posé la question ne peut être dépourvu de signification. Cordialement
frdm, vous avez tout d'une caricature, si ce n'est ue vous vous prenez au sérieux. C'est effrayant…
C'est votre diagnostic, Docteur Maboule ?
Au fait, préférez-vous que ce soit moi qui sois effrayant, plutôt que vous ? Je veux bien vous rendre ce service.
Je ne me rabaisserai pas à votre niveau en diagnostiquant l'interlocuteur et m'en tiendrai à la caricature que vous faites de la cause psychanalytique…
Tenez : un peu de lecture http://www.lefigaro.fr/sciences/2012/02/08/01008-20120208ARTFIG00632-autisme-la-neurobiologie-discredite-la-psychanalyse.php
1. Maboule vient de faire un diagnostic de la personne (8 février 2012 à 22h18mn) au lieu de répondre quant au texte d'un message, et il dénie ce diagnostic qu'il vient de faire.
2. Maboule énonce que je fais une caricature de la cause psychanalytique. Maboule est donc un défenseur de la cause psychanalytique contre ceux qui la caricaturent. (« Ce qu'il fallait démontrer. »)
3. Maboule est un défenseur de la cause psychanalytique contre ceux qui la caricaturent, hormis s'agissant d'autisme, puisqu'il nous fournit un lien (mais hors-sujet dans ce fil de discussion) vers un article d'hier du Figaro-santé qui est un dégueulis de notions et recherches scientifiques (y compris relatives à la génétique) mal digérées destiné à ridiculiser la psychanalyse… tout en citant une psychanalyste estimée à juste titre pour sa bonne approche… mais sans citer la CIPPA (Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme) dont les positions figurent sur le présent site à l'adresse http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=2832 — Cet article du Figaro ose se prévaloir du nom et des travaux de la chercheuse Monica Zilbovicius, alors que dans les “bonus” du film « Le Mur », celle-ci indique expressément que les découvertes neuro-biologiques à propos de l'autisme ne permettent en rien de dire si les anomalies relevées sont la cause ou la conséquence de l'« autisme ». À ces propos, mon commentaire détaillé se trouve sur le présent site à l'adresse http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=3048&cpage=1#comment-1956
A propos de l'article du Figaro.fr/sciences et en ce qui concerne "l'héritabilité", ses rédacteurs feraient bien de relire (ou lire) ceci:
http://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-l-heritabilite_fr_21728.html
BJP
BJP, j'ai reporté dans le dernier fil relatif à l'autisme la mention d'article que vous indiquez :
http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=3186&cpage=1#comment-2222
Tous : il serait étrange de transformer à cause de maboule le présent fil en fil sur l'autisme…
frdm,
Ok pour ne pas prolonger le hors-sujet.
Ceci fait, frdm, je crois que vous accordez à docteurmaboule une importance et un pouvoir qu'il n'a pas…
BJP
C'est bien possible, mais c'est parce que je ne voudrais surtout pas le vexer.
frdm,
A propos de ne pas vexer docteurmaboule, tout comme S.Freud à cette mère chercheuse de bonne attitude éducative, je vous dis:
"Faites comme vous voulez, vous vous tromperez toujours!"
Car c'est sa boule, au docteur, qui se vexe, toute seule…
BJP
Oui, mais quand on écrit ici, on peut toujours faire semblant de s'adresser à quelqu'un, en réalité on est lu par le public, dont fait partie pas plus et pas moins le quelqu'un. Là-dessus, on ne peut pas se tromper.
Je suis content que cet article du Figaro fasse réagir… Je suis ravi que vous fassiez honneur à votre démarche caricaturale frdm, en traitant de vomissure tout ce qui ne vous plait pas et tout ce qui va contre la psychanalyse. Mais il faut bien vous rendre à l'évidence, cet article pointe des choses importantes, des vomissures peut-être mais on peut tout à fait vomir des vérités… Dire que des milliers de gens vont lire ça… Tout ce travail de propagande bien mené pendant des décennies pourrait finir par ne plus faire illusion…
Le suivi ambulatoire est renvoyé devant le Conseil Constitutionnel sur QPC (Question prioritaire de constitutionnalité), par une décision du Conseil d'Etat d'hier, suite à une instance du Cercle de réflexion et de proposition d'action sur la psychiatrie (CRPA). Voir le lien suivant donnant sur le site du Conseil d'Etat :
http://arianeinternet.conseil-etat.fr/arianeinternet/getdoc.asp?id=193578&fonds=DCE&item=1 /
Nouveau lien. Mon précédent envoi ne marchant pas : http://arianeinternet.conseil-etat.fr/arianeinternet/getdoc.asp?id=193578&fonds=DCE&item=1
Ou bien sur : http://psychiatrie.crpa.asso.fr/202
@BJP Tout à fait intéressant votre article sur la génétique.
Je ne peux pas me prononcer sur l'autisme, mais sur la mélancolie, je peux juste constater que mon père était vrai jumeau, que sa dépression grave l'a tué, mais que son frère n'était pas dépressif et a vécu une longue vie sans signes de dépression;
Cela dit, j'estime tout de même que la revendication de parents et de spécialistes d'un soin précis sur l'autisme et d'un rejet des méthodes dites psychanalytiques, doit être prise très au sérieux. pas question de blaguer ou d'envoyer bouler les gens là-dessus. Ça serait une erreur fatale;
Qu'on le veuille ou non, c'est un tremblement de terre pour le monde psychanalytique, et ça ne va pas s'arranger dans les prochains temps, ça va même empirer, il ne faut pas se faire d'illusion.
J'attends tout de même, comme pas mal de monde je pense, qque chose comme des Etats généraux de la psychanalyse où l'on remette à plat qques notions, théories, pratiques, qu'on discute et qu'on fasse un peu le tri plutôt que de tout laisser couler à pic comme une bande de lemmings dépressifs.
Je suis sûre que la psychanalyse reste une thérapie de premier ordre pour des troubles aberrants d'ordre sexuel ou criminel, pour des sujets non accessibles à une chimiothérapie ou à des TCC, c'est évident.
Le problème est que les psychanalystes ne se poussent pas au portillon pour avoir ce type de clientèle. C'était un peu du pain bénit pendant toutes ces années de faire de l'institutionnel avec des enfants dans un style un peu cheap qui n'a absolument rien à voir avec la clinique de Freud ou Lacan.
Je crois que cette époque d'une pratique facile est révolue et qu'il faut se poser de nouvelles questions sur l'avenir de la psychanalyse, qui sera certainement plus difficile à exercer et demandera une meilleure maîtrise de la clinique (c'est la moindre des choses).
Mais je ne vois personne commencer à en parler….
Sur : docteurmaboule le 9 février 2012 à 17h22mn
Mais tout-à-fait maboule, le vomi par exemple journalistique contient des aliments réels mal digérés. Vous vous délectez de vomi. Dont acte.
Je ne sais pas vraiment qui digère mal l'information ici… Mais je sais désormais que le signifiant vomi émerge chez vous lorsque la donnée scientifique ne confirme pas les théories psychanalytiques, c'est à dire, à peu de chose près, toujours. Vous vous habituerez un jour à la science, peut-être, mais pour l'instant, restez à distance pour préserver votre estomac.
Maboule croit que ce sont les journalistes du Figaro qui disent la science.
Pas du tout, je pense qu'il la relayent comme ils peuvent, et que là, ça ne vous plaît pas donc c'est du vomi…
Ce ne sont pas les journalistes qui dictent la compréhension de la science, en tout cas pas pour moi.
Quant à une source sérieuse :
Sur le Communiqué de presse du CNRS en date du 9 février 2012, intitulé « De nouveaux résultats soulignent l'importance des gènes synaptiques dans l'autisme », voir sur le présent site mon commentaire (de portée plus générale que l'autisme) :
http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=3186&cpage=1#comment-2241
pourquoi les candidats ne parlent jamais du handicap mental?
Madame, Monsieur,
Vous allez soumettre au suffrage universel votre candidature à la Présidence de la République.
Nous, parents, frères, sœurs, familles, proches et amis, professionnels impliqués et citoyens solidaires, tenons à vous faire part solennellement de notre vive inquiétude devant le silence assourdissant qui pèse sur la question des programmes d’aide qu’il conviendrait de développer en direction des enfants et adultes en situation de handicap et notamment de handicap mental.
[…]
"On met souvent en avant, à propos de l’autisme la persistance de querelles idéologiques entre les différentes approches: ces oppositions sont malheureusement dramatisées, voire instrumentalisées pour reculer le déploiement des moyens nécessaires. Nous pouvons heureusement constater sur le terrain que de plus en plus d’équipes travaillent dans une perspective intégrative, en conciliant les avantages des approches éducatives spécifiques et des interventions thérapeutiques adaptées."
Aussi, à la lumière de tous ces constats, nous, parents, frères, sœurs, familles, proches et amis, professionnels impliqués et citoyens solidaires, nous vous demandons d’exprimer votre propre analyse de la situation, et, à partir de cette analyse, de faire connaitre vos engagements concrets,
En rendant publique cette lettre, et en invitant un maximum de citoyens à manifester leur soutien, nous souhaitons prouver que cette préoccupation est largement partagée.
Saïd Acef, Directeur d’un réseau de santé spécialisé
Pascal Aubrun, pédopsychiatre, père d’une adolescente autiste
Pascal Bazin, psychologue
Florence Bouy, orthophoniste
Jacky Jurion, Directeur d’Etablissement
Georges Kritchmar, responsable d’un service d’accueil de jour, thérapeute familial, père d’un enfant « différent »
Laure Kritchmar, responsable d’un pôle éducatif en CSAPA, mère d’un enfant « différent »
Maryline Moreau-Aubrun, comédienne, mère d’une adolescente autiste
Dr Pascal Aubrun
http://www.petitions24.net/pourquoi_les_candidats_ne_parlent_jamais_du_handicap_mental
Je soutiens totalement votre lettre, et la fais circuler sur mes réseaux. Merci.