(on en parle, on en parle, on explique comment ça marche, et on a l’impression que tout le monde s’en fout (ou presque), mais fichtre diable, comment qu’il fonctionne et à quoi qu’il peut bien servir tout cet arsenal de surveillance, hein ? Parce que bon, Madame Michu, elle a rien à se reprocher, alors pourquoi qu’elle serait inquiète de la société de la surveillance généralisée, hein ?)
— « Moi, Monsieur, je ne vois pas où est le problème, parce que je n’ai rien à me reprocher ! Mais si vous, vous êtes contre, c’est p’têtre bien que vous avez des choses à cacher, non ? Et pis faut bien faire queqchose cont’tous ces délinquants, les terroristes barbus et tous ces mômes qui savent plus quoi faire d’leurs journées, hein ? » Ouais, c’est ça Marcel, je vais en parler à mon cheval. Le problème avec Marcel et ses potes, leurs femmes (dont Madame Michu fait partie, mais aussi des plus jeunes dont Jennifer, Kevin et Pierre-Henri), c’est qu’ils renvoient un lieu commun de plus en plus accepté : la surveillance est une bonne chose, et si elle est à la rigueur un peu gênante, c’est un moindre mal nécessaire pour contenir l’insécurité vendue par Jean-Pierre au journal de 13h et par Claude Guéant partout où il peut.
Amesys et ses technologies de DPI : l’accomplissement d’une politique de contrôle social déjà ancienne
Ne vous méprenez pas, vous qui maudissez le gouvernement actuel et pensez qu’il est le principal responsable de la société sécuritaire de surveillance qui se met en place : leurs potes de gauche ne sont pas en reste et ont été les premiers à en faire la promotion. Pour ceux qui étaient encore très jeunes à l’époque, rappelons que c’est Elisabeth Guigou, cette splendide blonde humaniste qui était garde des sceaux, lorsqu’en 1998 la loi sur le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été votée (FNAEG) avec une majorité socialiste à l’assemblée et un gouvernement tout pareil. Quelques-uns avaient mis en garde sur une dérive qui ne manquerait pas de survenir, mais nos bons républicains de gauche juraient la main sur le cœur que ces empreintes ADN ne seraient réservées, bien entendu, qu’aux criminels sexuels. Madame Michu était rassurée, Marcel pouvait se resservir un Pastis en lançant « qu’enfin on allait s’occuper de tous ces salopards de violeurs et de pédophiles ». Ouais, ouais, ouais…
Aujourd’hui on est à plus de 1 700 000 empreintes dans le FNAEG : n’importe quel gamin ayant participé à une manif, s’il est embarqué au poste à droit à son fichage ADN, aidé par une « circulaire Dati » qui soustrait le FNAEG au contrôle des juges. FNAEG grossit de 1000 fiches par jour ce qui nous donne 365 000 par an. Mais comme il est toujours possible d’aller encore plus loin, un professeur de l’INSERM n’a pas trouvé mieux que de prélever (en 2007) 6000 échantillons ADN de lycéens pour étudier la génétique des comportements (1). Ah ouais ? La génétique des comportements, c’est quoi ce truc ? Et bien comme nous allons le voir, si l’on parle de contrôle social dans le cadre de la surveillance des communication des populations, c’est qu’il y a un rapport étroit entre les deux.
Ils en rêvaient depuis des siècles, l’informatique leur ouvre les portes du contrôle social
Un excellent bouquin du célèbre linguiste Noam Chomsky « La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie » rappelle avec moult détails et précisions comment dès le XVIIIème siècle les dirigeants politiques et grandes fortunes du monde occidental se sont enquis des possibilités d’influencer les masses et surtout parvenir à un contrôle de leurs populations qui leur assurerait une continuité dans l’exercice du pouvoir et la transmission de leurs patrimoines financiers. Le principe est simple d’un point de vue théorique, mais compliqué dans sa mise en œuvre. Pour faire court, l’idée centrale est de parvenir à une société où les individus sont à la fois convaincus du bien-fondé du système dans lequel ils évoluent, pratiquent une auto-censure permanente et défendent leur propre asservissement pour conserver une cohésion collective. Cette « société parfaite » propose d’abolir le crime, la violence, la sédition pour que tout un chacun puisse se sentir protégé, sécurisé, (et que les classes possédantes puissent surtout ne pas être remises en cause par le reste de la population, c’est à dire la très grande majorité).
« 1984 » de Georges Orwell, roman d’anticipation écrit juste après la seconde guerre mondiale nous décrit avec une précision diabolique la société dans laquelle nous sommes déjà entrés : omniprésence des écrans et de l’information, « discours de peur » permanents des dirigeants, technologies de surveillance généralisées, détournements sémantiques des appareils d’Etat et des concepts (« la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage »), police de la pensée, ennemi éternel (le terrorisme permanent justifiant la surveillance), guerres et alliances modifiées en permanence…
Le ministère « de l’immigration et de l’identité nationale » est un bon exemple de pratique de détournement sémantique « à la 1984″. Comme la réception d’un Khadafi en 2008 déclaré ennemi sacré 3 ans plus tard. Le plan vigipirate ré-activé chaque année. Les slogans politiques de type « ensemble tout est possible ». « Les fous dangereux laissés en liberté », dénoncés par le courageux président lui permettant d’implémenter des caméras de surveillance dans les hôpitaux et proposer la « géo-localisation par bracelet électronique des schizophrènes (sic) alliée à la loi de soins sous contraintes en psychiatrie ». La surveillance des échanges de fichiers. Arrêtons-là les analogies pour nous pencher sur le contrôle social tel qu’il est insidieusement mis en place…et ce qu’il génère.
Le contrôle social, mais pourquoi ?
L’idée politique du contrôle social, dans une société vieillissante, et donc par essence plus inquiète et influençable, est avant tout la réalisation d’un fantasme originel de la haute bourgeoisie, des classe possédantes, en un mot de l’élite. Ce fantasme est celui de l’imposition à tous, d’un environnement social étanche et profondément contre-révolutionnaire dans sa structure même. La hantise des classes dirigeantes (cette bourgoisie ayant remplacé la noblesse) depuis l’apparition des démocraties, est la perte de ses privilèges, perte du contrôle des appareils d’Etat lui assurant sur plusieurs générations l’équivalent d’une immunité de sa rente financière, donc de sa totale mainmise sur les ressources les plus importantes, garantes de sa jouissance à tous les sens du terme.
La force brutale ne fonctionnant pas pour conserver cette mainmise, puisque poussant les classes les moins favorisées, dont la jeunesse fait souvent partie, à se rebeller, à vouloir « changer la société » et pouvant produire des révolutions, la classe dirigeante doit alors mettre en place un vaste système d’influence [des esprits, des mentalités], d’auto-régulation des masses [dans leur capacité à défendre les outils de contrôle que les dirigeants mettent en œuvre] et passant par plusieurs étapes. Ce qui est appelé contrôle-social n’est rien de moins qu’une vaste toile d’araignée dans laquelle on englue la population. Cette toile est constituée de plusieurs éléments, mais elle ne peut être mise en œuvre qu’avec des solutions technologiques qui n’étaient pas assez performantes il y a quelques dizaines d’années encore.
Comment faire passer la pilule et activer l’auto-censure ?
L’idée d’une société dangereuse parce que constituée d’individus néfastes et criminels, irrécupérables parce que « génétiquement programmés pour nuire » est le premier point à étudier pour comprendre comment fonctionne le contrôle social. La génétique est indispensable à une partie du discours, elle dédouane d’un côté le politique dans ses échecs d’amélioration sociales, éducatives, et permet un doublé extraordinaire : il faut surveiller les « délinquants génétiques », et « vous, les bons citoyens n’êtes pas de ceux-là, donc la surveillance ne vous concerne pas, même si elle s’exerce sur vous et que vous le savez plus ou moins ». Le rapport de l’INSERM de 2005 soutenu par les politiques dont l’actuel président de la république indiquait qu’un dépistage dès l’âge de 3 ans des comportements à risques était nécessaire. Avec ce types de développements comme « Le taux d’héritabilité génétique du trouble des conduites est proche de 50 % ». Rien d’étonnant, puisqu’on pense au sommet de l’Etat, par exemple, qu’on « nait pédophile ».
Sarko s’improvise « scientifique » par sarkonon
Le principe (sans aucune preuve formelle et scientifique) des causes génétiques des maladies mentales comme la schizophrénie est clamé sur tous les toits depuis quelques années. Les fichiers ADN cités plus haut ont été proposés comme outil de gestion de l’immigration, et on comprend très bien ce que permettrait la constitution d’un tel fichier. Parce que voilà le centre du sujet : passer de la lutte des classes (dangereuse pour la classe dirigeante) à la « lutte des comportements d’origine génétiques » [ethniques aussi par rebond, c’est en cours) , bien plus productive en termes de contrôle et de gestion des populations.
La toile, pour bien fonctionner, doit aussi étendre les outils de surveillance le plus loin possible afin, non pas de chercher à « coincer » n’importe qui, mais afin de dissuader le plus grand nombre de pratiquer toute forme de sédition. Parce que la limite entre parler de terrorisme et être terroriste n’est pas grande. Parce que dépasser de 4 km/heure une limitation de vitesse devient un acte délictueux qui vous pénalise immédiatement par l’automaticité de l’envoi du procès-verbal par le radar connecté au central des cartes grises. Fumer est délictueux dans la plupart des lieux. L’obligation de placer des détecteurs de fumée avec alarme à son domicile est prévue pour 2012. Comme l’obligation de posséder un alcotest dans son véhicule. Le fichier Base-éleve instruit les comportements des élèves. La liste est trop longue…mais tous ces éléments participent à une seule chose : établir un « état d’être » des populations soupçonneuses et soupçonnées, sous surveillance de l’Etat garant du mieux-être, de la sécurité du plus grand nombre, d’une société immobile nettoyée de ses éléments perturbateurs, ou en surveillance étendue.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Plein de choses. Parce que l’utilisation de l’inspection profonde de paquets par Amesys (et bien d’autres) en Tunisie, Libye etc… pour espionner les populations est gravissime, mais doit créer un électrochoc au sein de notre société : ces entreprises vendent des technologies de surveillance de masse à l’étranger, il n’y a aucune raison qu’elles ne fassent pas de même en France. Et au delà de cette possibilité, le simple fait qu’une loi Hadopi permette déjà d’opérer la surveillance des échanges de fichiers des citoyens en peer-to-peer est une démonstration que l’opération « je suis partout, je vous surveille, faites gaffe à ce que vous faites » est en cours. Et le but de l’opération n’est pas de faire baisser le téléchargement illégal. Le but de l’opération, qu’on va nommer « Internet civilisé » dans le cas des outils de surveillance numériques est de monter d’un cran le contrôle social déjà en place. Parce que plus vous aurez l’impression qu’on vous surveille, plus vous ne ferez que le strict minimum. Vous vous censurerez. Comme en Tunisie à l’époque de Ben Ali où discuter dans un bar était très risqué puisque la probabilité qu’un client soit un agent de Ben Ali était proche de 100%. Il y avait un flic pour 10 habitants en Tunisie à cette époque. Imaginez ce qu’il est possible de faire avec l’espionnage massif des communications, une surveillance urbaine totale par caméras, un fichage génétique de grande ampleur. Et ce que cet « état de fait » peut déclencher psychologiquement et socialement chez les citoyens.
Le Patriot Act de Georges W. Bush a pu par exemple permettre que toutes les coordonnées des emprunteurs de livres de bibliothèques parlant de l’islam soient immédiatement transférées au FBI. FBI qui déboulait chez les dits emprunteurs, et pas avec de bons sentiments. « 1984 » n’est pas loin. C’est le moins qu’on puisse dire. Alors quelques solutions : faire partager cette information au plus grand nombre, en parler autour de soi. Utiliser des outils sécurisés sur le net, surveiller les surveillants ou aider à le faire. Mais surtout travailler à démonter les pseudo-sciences du comportement, dénoncer les fichages quels qu’ils soient, la pseudo-société de l’insécurité massive qui n’est qu’une pure fabrication, un mensonge politique ; demander des moyens sociaux pour permettre aux populations les plus défavorisées de participer correctement à la vie collective, éteindre les postes de télévision, dénoncer la mise en place du contrôle social. Et aussi, se dire et faire savoir, qu’une dictature n’a pas besoin de se nommer pour se mettre en place. Ni de coup d’Etat. La dictature la plus puissante qui soit est celle des esprits. Rien ne nous dit qu’elle n’est pas déjà bien entamée ou qu’elle ne va pas encore aller plus loin, jusqu’à que nous ne soyons plus en mesure de dire « Non ». Ou mieux, quand l’emprise du contrôle en place sera telle qu’il ne nous sera même plus possible de penser dire « Non ».
(1) : source « Big Brother Awards – Les surveillants surveillés »
J'ai même reçu un sympatique email de la cia un jour, aprés avoir parcouru des sites "sensibles" traitant de l'islam. Et c'était il y dèja plusieurs années. Aujourd'hui c'est pire avec le iphone et autre portables… Et c'est moi qui passait pour un grand parano.
J'ai déjà dit ce que je pensais des recherches sur la psychiatrie, sur la recherche du moi. "Oui, j'en parlerais à mon cheval" est un exemple parmis tant d'autres,ça pourrait d'ailleurs mettre fins à des hostilités futiles dont moi même, un dénommé "MARCEL aussi, prétends vomir en vrai et non en faux, IL prétend s'attribuer de manière tangible, ce qui n'appartiens à personne, mais quand quand même sa maturité lui reviens pour ne pas vomir des mots, toujours plus faux, les uns que les autres, Après tout, ce ne sont que mes, ou tes mots, interrompant l'agressivité d'un tel ou d'unetel, Comme cela pourrait et se passe partout en France, que l'idée soit ou ne soit pas décadante, avouons nous, chers tous, qu'on s'en est toujours foutus. Ainsi voir qu'on l'as éprouvé sans cesse, parce que tel ou tellle t'indiquera sans cesse, "Que t'est pas d'ici, ou que tu c'est pas trop si tu le hais ou si tu va finir par l'aimer, ou encore, que du fait qu'il est impoli, incorect, tu propose LA Verite, etc.., etc..vais d'un seul coup d'oeil, dire à toi, ou toi qu'il s'agit de regarder ou de surveillance, en référence à vos articles sue "IL SE MEFIE DE TROP", est-ce vraiment grave, d'en interner en prétendant ensuite "Qu'il a raison de trop surveiller ou de se méfier, même de tout ce qui au fur et à mesure, nuit. Après tout l'homme se rend bien compte au fond ce qui lui nuisait hier et lui nuit toujours, donc si ça lui nuit qu'il n'y aille pas sous peine de nuisannce. Ecologique, c'est bien politique psychiatrique aussi vrai, que les mots ont un sens qu'il faut connaitre, vite très vite, car après tout tout à un sens, un vrai, le faux n'a aucune existence, ni caché, ni actuel. Ce qui sur le fond revient à dire qu'on va arêrter d'avoi "cent ans de retard, le professeurs sont "fort en chocolat," peut-être quand ils le confient à leurs élèves, il ya alors pas de trop se méfier du professeur, il fait confiance, puis après la confiance semble ne plus régner quelque part, , mais en tout cas elle règne en maittre pour le chirurgie, jamis pour l'élève, POURQUOI. Sommes nous SAQUER ABUSIVEMENT. MA REPONSE EST TOUJOURS INUTILE, "il n' y a pas de fumée sans feu, ce raisonnement selon lequel, il y a justemnt, une surveillance accrue, des moyens appellés DE SECURITE, au besoin JUSTE APPELE , au sens réputé comme tel, est à versé au rang du conditionnel. Car l'homme reste qu'un homme, il veut avoir le dessus en oubliant que le dessous existe, d'où la psychiatrie analytique qui manque de sens au procès d'intention qu'on pourrait faire au sens de l'exploit, si constamment en critiquant l'indisciple extérieur, par l'indisciple intérieur, soit l'indiscipline très ou trop courte au risque de perdre ses exploits, son travail, en ayant tord pour en avoir trop fait, etc… Y at-il une rason que la RAISON ignorerait VRAIMENT PARTOUT, devant et part de part nous, oui, encore et toujours cette psychiatrie des coeurs, Faut-il se soigner sans raison, ou faut-il que la saco sainte SAINTE RAISON puisse un jour être reconnue aux plus faibles parce qu'un jour il aura clamé sa fureur aux faibles en le rouant d'un seul coup, de quolibets, voir plus. C'est "tout le mal" que je souhaiterais au "TROP PLEIN dont je dispose, sans défoulement récent, on réagit toujours ailleurs, trop ou pas assez, mais sait-on jamais où s'écroule le sens de l'action, le sien celui qui dirige laction, le supérieur, sa hiérarchie, les changements de l'action dont dispose lACTION, enfin vous me comprenez, C'est déjà assez"dur de craquer, ou "TROP C'EST TROP" mais fichez la paix à marcel, il a pas les mêmes repaires que l'auto-suggestion, ou l'auto-surveillance, donc de toutes manières, la lutte est inégale, la lutte n'est hélas pas la même, jamais. La théorie arrive après la pratique, c'est un bienfait mais c'est pesant,
Des details ici:
http://bigbrotherawards.eu.org/
Très intéressante revue des mécanismes de fichage.
Personnellement, je suis pour le dépistage de certains troubles, comme le préconise le rapport de l'INSERM, puisqu'on peut anticiper très tôt des problèmes de violence plus tard. Il faut alors travailler sur ces problèmes dans un cadre professionnel, avec la famille. C'est déjà ce qui est fait de manière informelle par les enseignants, soit dit en passant.
Mais je suis contre le fichage !!
NB : il n'y a pas de cause génétique, mais des corrélations avec la génétique, c'est différent. Et bien sûr, les facteurs environnementaux sont importants.
La cour des comptes s'en mêle
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