Mais le corps hospitalier y voit également la conséquence d'une approche sécuritaire de la psychiatrie et en redoute les effets pervers. Et la question a fait plus que traverser le congrès inter-UMD annuel, qui vient de se tenir au centre hospitalier de Montfavet, à Avignon.
"Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle dans le sens où cela traduit le retour à une conception de la psychiatrie très hospitalo-centrée",estime le Dr René Pandelon, chef du pôle de soins intensifs sécurisés et en milieu pénitentiaire (PSISMP) et responsable de l'UMD de Montfavet.
A partir des années soixante, une politique de prévention et de soins au plus près des populations avait été mise en place, avec des petites unités sur tout le territoire. Ce qui permettait d'éviter l'hospitalisation dans de nombreux cas, les patients restant le plus souvent dans leurs familles tout en étant soignés en ambulatoire.
"Or, depuis quelques années, par manque de moyens, on reconcentre et on hospitalise beaucoup plus, poursuit René Pandelon. Il est évident que nous avons besoin d'accueillir dans des conditions particulières les patients très dangereux qui ont commis des actes médico-légaux mais la majorité de ceux qui sont accueillis en UMD aujourd'hui sont des patients ayant commis de simples agressions ou proféré des menaces à répétition contre le personnel psychiatrique. Et s'ils sont là, c'est surtout parce que les unités normales n'ont pas les moyens de les prendre en charge. En ce sens, la multiplication des UMD, où les patients sont soignés par des équipes qui ne les connaissent pas, est le signe d'une dégradation du système".
Le projet de loi sur la psychiatrie, toujours en discussion, inquiète également René Pandelon. En particulier la possibilité de contraindre tous les malades à se soigner, même ceux qui ne sont pas hospitalisés, sur le double avis d'un médecin et du juge des libertés.
"Outre qu'on néglige le consentement, qui est la condition nécessaire du soin, on sait bien qu'il sera extrêmement difficile de lever cette obligation puisque la décision sera judiciaro-administrative,souligne-t-il. Quel préfet va prendre ce risque alors que la prise de médicaments ne coûte pas grand chose ? Aucun… On risque de créer des malades à vie et sous prétexte de favoriser l'accès aux soins, on met en réalité en place un système de contrôle des populations. Tout ça à cause de quelques faits divers, concernant des personnes dont je reconnais qu'il faut les enfermer pour les soigner, mais en exploitant ces cas dans une perspective sécuritaire".
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Montfavet réputé pour ses ateliers artistiques
A Montfavet, les directeurs des cinq unités pour malades difficiles de France ont également partagé leurs expériences, chacun explorant au-delà des protocoles habituels communs des voies de soin spécifiques. René Pandelon, à Avignon, met tout particulièrement l'accent sur la pratique artistique, à travers des ateliers de peinture, de poterie, d'écriture ou même de théâtre avec des créations présentées dans le festival Off.
"Tous les UMD font des ateliers mais ici, nous les pratiquons de manière plus intensive, explique René Pandelon. C'est l'une des meilleures manières de traiter la psychose car elle permet au patient de suppléer à ce qu'il ne peut être. En atelier, il n'est pas que délirant ou fou, il devient acteur, peintre, etc.".
Joël RUMELLO (jrumello@laprovence-presse.fr)
Article publié sur http://www.laprovence.com
Que dire d'une discussion sur de mauvaises bases, en réalité des croyances de juristes sur la liberté que certains auraient entièrement et d'autre pas du tout? C'est uniquement cela qui est au centre du débat, et dans ces conditions, insoluble, face à une violence sociale qui, qu'on le veuille ou non, augmente inexorablement. Si les psychiatres se sont appropriés un savoir sur le marché de la délinquance, il est légitime que ceux qui les paient pour cela attendent des résultats probants. Le pont entre le savoir et le savoir-faire est encore loin d'être construit.
Il serait infiniment plus simple de définir nos limites comme elles l'ont toujours été : un médecin se consulte. Il soigne. Dieu seul guérit. Ceux qui ne font pas la démarche de consulter sont donc dans un autre domaine que le domaine médical.
Je ne comprends pas la phrase : "des UMD, où les patients sont soignés par des équipes qui ne les connaissent pas".
Je ne connais pas la taille moyenne des UMD, mais je suppose que les patients ne doivent pas y être des milllions et les équipes doivent rapidement faire connaissance avec les nouveaux patients, non?
Et si en plus du soin, il y a des ateliers, des pratiques artistiques, etc… comme cela semble être le cas, je suppose qu'on crée du lien et que les patients ne sont pas traités comme des inconnus?