>Le sécuritaire, l'incurie devant chez nous : appel à solidarité citoyenne

Il y a plus d'une centaine de jeunes Tunisiens coincés dans un square de Paris, celui de la Porte de la Villette,et ce, depuis au moins 4 jours.

C'est une sorte de nasse à ciel ouvert où ces réfugiés de l'après Ben Ali attendent, sans nourriture, sans sanitaires, sans aide médicale pour ceux qui ont des problèmes de santé. Les CRS ont déjà profité que certains sortent un peu du square pour les placer en garde à vue. 

Cette situation d'urgence scandaleuse risque de durer encore ce week-end.

Aucune ONG n'est présente pour les aider. Ils marchent la nuit pour avoir moins froid. Ce sont des membres de la communauté tunisienne qui essayent tant bien que mal de les aider en amenant un peu de nourriture, une association Solidarité Jasmin essaye elle aussi de procurer de l'aide, mais leurs moyens sont complètement sous dimensionnés.

Il faut aller au square par solidarité.

Il faut des médecins pour consulter les réfugiés les plus affectés.

Twitter : refugiessquare 

Recherchez avec le hashtag #refugiessquare

Mail pour proposer de l'aide : refugiesdusquare@gmail.com

Mise à Jour : Médecins du Monde s'est déplacé et met en place une veille sanitaire, un médecin membre des 39 est passé évaluer la situation. L'association Des Tunisiens de France fait un super boulot sur place bien que très démunie.

 

 



Share

11 réflexions sur « >Le sécuritaire, l'incurie devant chez nous : appel à solidarité citoyenne »

  1. Et cela ne fait que commencer, quelle tristesse, comment les gens peuvent-ils rester si indifférents à la souffrance des hommes, de nos frères.
    Je suis si loin, je me sens impuissante.

  2. Un Tunisien disait que les Lybiens réfugiés en Tunisie sont bien mieux traités, et c'est vrai, alors même qu'ils sont 200 000 et que la Tunisie est plus pauvre que la France.

  3. Je tiens à vous faire partager ce mail que j'ai reçu :
    Voici un récit poignant d'amis revenus de Tunisie il y a 15 jours
    A diffuser largement
    Objet : Vacances tunisiennes
     

    Bonjour à tous,
    nous voilà rentrés de Tunisie où nous pensions passer une semaine de repos total à ne rien faire et à ne penser à rien… mais l'actualité en a décidé autrement !
    Suite à la révolution tunisienne, les langues se sont déliées et les tunisiens sont ravis de pouvoir enfin dire aux touristes intéressés tout ce qu'ils ne pouvaient pas exprimer auparavant, et ils ont de quoi parler des heures et des heures ! Discussions passionnantes et interminables donc, mais ce n'est pas tout.
    Dès le début de la semaine, nous avons vu débarquer 350 réfugiés à l'hôtel, venant tous de Lybie et n'ayant pas mangé depuis 5 jours… sacré choc pour nous autres ! J'ai réalisé en les regardant que je ne connaissais pas dutout la vraie faim.
    En tentant de communiquer avec eux dans un anglais très accentué thaïlandais, nous avons compris qu'ils n'avaient eu le temps de rien récupérer avant de partir et qu'ils n'avaient même plus de papiers. Ils travaillaient en Lybie pour une grosse boîte allemande de BTP, qui a gardé tous leurs papiers et n'a pas pris en charge leur rapatriement vers la Thaîlande.
    Nous avons ensuite compris que la ville de Zarzis vers laquelle nous nous trouvions était remplie de réfugiés également, dormant dans tous les lieux publics, les mosquées et même chez l'habitant.
    Les tunisiens ont conscience d'être à l'origine de ces révolutions et prennent à coeur leur responsabilité en accueillant les bras ouverts tous ces réfugiés. Ils étaient tous étrangers, employés en Lybie comme main d'oeuvre à très bas prix, la plupart par des entreprises européennes…
     
    Mardi, les ONG n'étaient pas encore sur place, mais tout était pris en charge par l'armée et le peuple tunisien. Nous avons vu des familles entières dans Zarzis apporter leurs tapis et leurs matelas pour donner un lit aux réfugiés, les hommes distribuer les quelques médicaments qu'ils avaient, les femmes cuisiner des énormes couscous et distribuer des parts dans les rues, les hôtels organiser des distributions de sandwichs et ouvrir grand leurs portes**_(sauf le Club Med…)._**
     

    Une belle leçon de solidarité…
    Le mercredi sont arrivés à l'hôtel les représentants et coordinateurs de toutes les ONG présentes sur le terrain. 92 000 réfugiés avaient déjà passé la frontière, des campements de fortune installés tout le long des routes, et toujours pas d'eau. Deux enfants sont morts de froid dans la nuit du mardi au mercredi. Les premiers campements de l'UNHCR ont été montés et des listes circulaient pour toutes les denrées alimentaires manquantes.
    Spontanément, chacun s'est mobilisé pour charger des voitures, des charrettes, des taxis et aller remplir les entrepôts des ONG.
    C'était tout simplement incroyable.
    A l'hôtel, les touristes aussi ont donné beaucoup d'argent. Jeudi, nous voilà donc partis, 4 touristes et 3 taxis, faire les courses avec cet argent, remplir les coffres pour aller déposer tout cela sur le campement de l'armée tunisienne à la frontière lybienne.
    Mais nouvelle surprise : après les thaïlandais, les chinois et les égyptiens, les nouveaux arrivants venaient du Bengladesh. Ils étaient apparemment les plus exploités, les plus démunis et avaient fait la route à pied depuis Tripoli. Lorsque nous sommes arrivés sur place, une procession de 10 km d'hommes à la queue leu leu avait déjà passé la frontière dans un calme impressionnant. Ils nous rencontraient avec le sourire, tout étonnés d'être accueillis, prenant en s'excusant et en nous bénissant les bouteilles d'eau que nous leur tendions.
    Samedi soir, plus de 100 000 réfugiés avaient déjà quitté l'aéroport de Djerba à destination principalement de leur pays d'origine, mais aussi quelques uns vers l'Europe. A Zarzis et Djerba, tout s'est passé dans le calme et la spontanéité. Personne n'avait peur de personne (sauf au Club Med…) et chacun s'est senti avant tout concerné et responsable de ce qui est en train de se passer.

    J'espère que nous entendrons parler dans les médias où par internet de la réaction du peuple tunisien, et pas seulement des sondages qui annoncent que 67% des français ont déjà peur d'être envahis. Nous allons bientôt ouvrir un blog avec Nicolas, pour y déposer quelques photos et témoignages de touristes et de tunisiens qui ont tenu à parler et nous ont demandé de diffuser ce qu'ils avaient à dire. Nous vous donnerons l'adresse dès qu'il sera créé.
    Ce mail est un peu long mais l'émotion a été très forte pendant toute cette semaine et j'avais besoin de la partager !
    Merci et à bientôt.
    Les photos de tout ça, ici :
    https://picasaweb.google.com/hernic/Mar42011TunisieFrontiereLybienneExodeEtCampsDeRefugies#

     

  4. La solidarité tunisienne commence à s'organiser à Paris pour les réfugiés du square de la Villette : un planning a été monté sur Google, des bénévoles se relayent, et ils arrivent à mettre à l'abri tous les soirs la totalité des réfugiés (dans des lieux de type entrepôt). De la nourriture  a été distribuée par deux association ATDF (Association des Tunisiens De France) et Une Chourba pour tous. Le problème reste d'avoir des médecins pour ausculter les 6 ou 7 jeunes mal en point. Le manque de coordination entre les associations et l'absence de la municipalité (hormis des employés du nettoyage) est un problème : il peut y avoir un jour sans nourriture ou presque et un autre avec trop de nourriture.

  5. Je déplore tout comme chacun ici sans doute le rejet viscéral de ces migrants, de tous les migrants  tel qu'il est "étatiquement" pratiqué dans notre pays aujourd'hui. Cependant, sans pour le moins du monde remettre en cause ce qui précède, je m'interroge aussi sur cet afflux de migrants tunisiens au moment de "l'après Ben Ali", c'est-à-dire au moment de tous les possibles dans leur propre pays. Je sais que la "Révolution du Jasmin" n'a encore pas trouvé tous ses fondements, que le bouleversement espéré de tous n'est pas encore au rendez-vous, mais c'est normal ; on sait bien que l'effort ne vaut que dans la durée dans ce domaine de la politique et de la culture. J'ai parfois l'impression, et j'en parle chaque jour avec mes amis Tunisiens qui se veulent acteurs de ce devenir dans leur pays, que l'habitude de la dictature a émoussé le sens général de l'initiative. Mais ça vient ; les mentalités ont changé ; les choses se mettent en place. Je souhaite que tous ces désespérés du temps de Ben Ali vont le comprendre et retrouver le chemin de leur pays, de leurs familles pour bâtir ensemble la Tunisie de demain. Ceci n'étant que mon point de vue, forcément étroit, du moment.

  6. PS au message précédent : Lire "Je souhaite que tous ces désespérés du temps de Ben Ali le comprennent

  7. L'après Ben Ali ne se résume pas à la liberté retrouvée, à l'initiative de reconstruction, il se raconte aussi sur un trop plein de liberté utilisée parfois à mauvais escient et à un manque de sécurité qui rend la vie dangereuse.
    Etant également présente sur le square de la porte de la Villette, j'ai pu parler avec des tunisiens et des tunisiennes pour certains vivant en france et pour d'autres partis de là bas, ils relatent tous la même chose : un manque de sécurité, des zones où il est quasiment impossible de se balader sans prendre un coup de couteau ou se faire dilapider, la nourriture qui n'arrive plus dans certaines zones du pays, les lybiens qui arrivent eux aussi rajoutant du chaos au chaos. C'est cela aussi l'après Ben Ali;
    La révolution du Jasmin a un nom très poêtique mais je pense qu'on est très loin d'imaginer ce que certains tunisiens fuient.
    Nous savons tous qu'un pays ne se reconstruit pas en un jour. 
     
    Maintenant, pour avoir pu un peu aider là bas, sur le square, en fin de compte l'enjeu politique n'est pas l'important. On a juste 400 être humains en perdition sans ou presque aucune main tendue. Savoir si ils auraient dû rester ou pas, si ils doivent rentrer ou pas, n'est pas très intéressant. On ne connaît pas leur histoire, ni leur passé, le seul truc qu'on sait d'eux c'est qu'ils ont besoin d'aide et de façon urgente.

  8.  

    Très juste, Myriam : ce n'est pas l'enjeu politique qui se trame là-bas, mais un enjeu humanitaire. D'où l'appel à aller sur place, ce que je fais aussi depuis jeudi. La veille sanitaire indiquée par Médecins du monde (depuis vendredi) est étrange : personne n'a vus ces fameux médecins parmi les Franco-Tunisiens qui "gèrent" comme ils peuvent le square…
    Nous y étions encore hier après-midi et ça se détériore gravement. Ce soir, plus d'entrepôt pour les loger…

  9. Oui j'y étais aussi, je pense que vous ne m'avez pas reconnue, nous nous sommes croisés 🙂

Les commentaires sont fermés.