Ce quatrième meeting national du Collectif des 39 a été un nouveau succès. Près de 1000 personnes ont participé à cette rencontre centrée sur le projet de révision de la loi de 90, honteusement voté en première lecture le 22 mars à l’Assemblée Nationale.
Ce meeting politique et poétique « UN POUR TOUS ET TOUS CONTRAINTS » s’est déroulé devant la statue de Pinel. Il célèbre les fers brisés et l’humanité rendue aux personnes malades grâce aux actions sur la vie quotidienne de Jean-Baptiste Pussin ancien patient devenu surveillant et de sa femme Marguerite.
Le projet de loi instaurant des « soins » sans consentement y compris en ambulatoire a été adopté à l’Assemblée Nationale et doit être examiné au Sénat. Nous devons amener les Sénateurs dans un sursaut républicain à bloquer cette loi soi-disante relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge.
Tous les participants ont été présents, là, durant les quatre heures de cette manifestation, dans une ambiance chaleureuse et festive, alternant les discours de refus total de cette loi scandaleuse et les performances d’artistes engagés dans une conception de la folie respectueuse de l’humain.
Les partis politiques représentés, partis de gauche, PS, PCF, Europe Écologie –Les Verts, NPA, ont confirmé leur position affirmée lors de notre troisième meeting de septembre 2010, à savoir le retrait immédiat de ce projet de loi antidémocratique et liberticide.
Les syndicats de psychiatres ( SPH, SNPP, USP, SPEP, CASP), le Syndicat national des psychologues, le SNPES/PJJ/FSU ont eux aussi affirmé la nécessité du retrait de ce projet de loi, sécuritaire et anti-sanitaire, élaboré sans aucune concertation.
Il a été rappelé que très récemment Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté et la CNCDH (commission nationale consultative des droits de l’homme) ont condamné fermement cette loi qui associe maladie mentale et dangerosité.
Au-delà d’un consensus de plus en plus large sur le refus total de cette loi scandaleuse, une réflexion s’est engagée sur la nécessité d’un état des lieux des soins et des pratiques en psychiatrie.
Il apparaît de plus en plus clairement au travers des divers témoignages que cette loi est soutenue par une idéologie scientiste qui infiltre la psychiatrie actuelle. Cette idéologie soutenue par l’association Fondamental et de nombreux politiques réduit la maladie mentale à un simple dérèglement des neurotransmetteurs. A ce sujet, un bref et vif débat a eu lieu avec le représentant du parti socialiste, Mr Jean Marie Le Guen, qui ne semblait pas comprendre dans quelles impasses mortifères nous entraîne cette idéologie bio politique.…
Au-delà de l’indignation, le collectif des 39 a présenté les actions entreprises ( Appel aux députés et aux sénateurs pour la mise en place d’un front républicain, Auditions entamées avec différents chefs des groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée Nationales) et les nouveaux rendez-vous à venir.
Cette loi sera débattue à partir du 10 mai au Sénat avant une deuxième lecture devant l’Assemblée Nationale le 24 mai. Nous maintenons l’action auprès de tous les acteurs : les politiques, les professionnels, les parents, les patients et la société civile dans son ensemble. Nous tenons informés les 30000 signataires de notre appel sur Cette déraison d’État de nos actions en cours pour le retrait de cette Loi.
Nous devons rester vigilants et mobilisés face à cette dérive très inquiétante de la psychiatrie
Nous ne voulons pas d’un plan de santé mentale élaboré sans concertation, dans l’urgence qui amènerait, comme cette loi, inexorablement à faire passer la psychiatrie d’un dispositif sanitaire au service des malades à un dispositif de contrôle social au service du ministère de l’Intérieur. Ce plan cautionné par des experts coupés du partage de la vie quotidienne avec les personnes malades est le rêve des laboratoires pharmaceutiques et des apôtres du DSM.
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Nous voulons une réflexion nationale entre tous les acteurs concernés pour faire un état des lieux des soins et des pratiques avant de pouvoir élaborer un grand projet pour une psychiatrie respectueuse de la dignité humaine.
Nous proposons qu'une réflexion nationale concernant l'avenir des soins soit organisée durant deux ou trois jours au début de l'année 2012 : prenons le temps de réfléchir, comprendre, proposer, décider.
vous écrivez :
"… A ce sujet, un bref et vif débat a eu lieu avec le représentant du parti socialiste, Mr Jean Marie Le Guen, qui ne semblait pas comprendre dans quelles impasses mortifères nous entraîne cette idéologie bio politique.…"
Pourriez vous développer ?
J'étais à la manifestation . Effectivement , il y a eu un ( très ) bref débat entre le Dr Bokobza , le Député Le Guen et une personne dans la foule qui a invectivé le Député.
Cette invective a irrité le Député qui a répondu sur un mode allusif .Je pense qu'il voulait critiquer alors la pseudo science d'Etat , le scientisme dans certains états dogmatiques dans le passé :
– les "recherches" dans les asiles soviétiques sous contrôle du ministère de l'intérieur ?
– les "travaux" du Dr Mengele !??….
Il m'a semblé vouloir défendre un débat contradictoire scientifique pour préparer ou expliquer un possible absentéisme de certains députés ou sénateurs de son parti.
Dommage que cet échange ait été si bref !