Collectif des 39
Contre La Nuit Sécuritaire.
Communiqué de presse
Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire se réjouit du succès de la manifestation qu’il a organisée le mardi 15 mars 2011 à l’Assemblée Nationale pour protester contre le Projet de loi de réforme de la psychiatrie et exiger son retrait.
Cette manifestation qui a été soutenue par des associations de patients, de parents, mais aussi par l’ensemble des syndicats de tous les professionnels en psychiatrie, – fait exceptionnel-, des associations de psychanalystes, le Collectif « Mais c’est un homme… », a réuni près d’un millier de personnes pendant quatre heures !
Pendant ces quatre heures, des prises de paroles, des témoignages poignants et émouvants de patients, de parents, des animations créatrices illustrant ce à quoi conduirait cette loi, se sont succédés sans discontinuer.
Toutes et tous ont dénoncé l’axe central autour duquel ce projet de loi est construit : un axe sécuritaire pour valider une politique de suspicion à l'égard des malades désignés comme des criminels potentiels. Cet a priori a été soigneusement entretenu depuis le discours du Président de la République à Antony le 2 décembre 2008.
Toutes et tous ont dénoncé :
- le caractère uniquement sécuritaire de ce dispositif,
- la transformation radicale de la psychiatrie qu’il induirait,
- la transformation des soignants en « auxiliaires sanitaires » de police,
- la suspicion et la disqualification des professionnels psychiatriques,
- l’expropriation de ceux-ci de leur fonction soignante et être assignés à « surveiller, contrôler, injecter »,
- la conception du « soin » réduit par ce projet de loi aux seuls médicaments psychotropes,
- l’institutionnalisation de la peur du malade, de la peur de l’autre.
Toutes et tous ont réclamé à la place de ce projet de loi, confus, absurde, incohérent, l’élaboration à partir d’une authentique concertation et d’un débat public, d’une politique de soins psychiatriques dignes, humains, articulée autour de trois axes essentiels :
- Quelle conception de la maladie mentale ?
- Quelle formation pour les professionnels ?
- Quel budget et quels moyens spécifiques pour l’ensemble de la psychiatrie ?
Nous avons rappelé que depuis les États Généraux de la Psychiatrie qui avaient réuni toutes les organisations syndicales et scientifiques en juin 2003 et déjà à l’époque avaient alerté sur la situation catastrophique de la psychiatrie, aucune des 22 mesures d’urgence réclamées à l’époque n’a été prise an compte !
Une délégation a été reçue par le Groupe Gauche Démocrate et Républicaine.
De nombreux députés du Groupe Socialiste, d’Europe Écologie Les Verts, du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche se sont déplacés pour rejoindre le rassemblement et ont pris la parole.
Une délégation a été reçue par le Rapporteur du Projet de Loi, Mr Guy Lefrand, député UMP de l’Eure, qui a accepté finalement, en dernière limite, de nous recevoir.
Un compte-rendu exhaustif sera rendu public ultérieurement.
Devant ce succès, et parce que cette lutte ne fait que commencer, le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire appelle à d’autres initiatives :
- Il s’associe à la journée d’action pour la défense de l’hôpital public, le 2 avril,
- Il invite aussi à participer dans l’après midi du samedi 2 avril au débat sur les suites du mouvement à propos du projet de loi, débat qui se tiendra au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20ème, dans le cadre du Festival des «Évadés du Bocal »
- Il appelle à l’organisation d’un rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie, le Samedi 9 avril 2011, devant l’entrée de la Salpetrière autour de la statue de Philippe Pinel, le fondateur de la psychiatrie, en 1793 « enlevant leurs chaînes aux insensés », avant l’examen du Projet de Loi par le Sénat.
Le Collectif des 39
Contacts :
Collectif des 39 : yglns39@orange.fr
Dr Hervé Bokobza : 06 85 31 71 61
Yves Gigou : 06 60 48 98 84
Dr Paul Machto : 06 80 65 47 79
Dr Elie Winter : 06 73 24 21 47
Bonjour à tous !
Juste une petite remarque sur les "visuels" et animations que vous avez utilisés pendant la manif : Quand je vois la mise en scène que vous avez faite avec ces injections géantes "punitives", je pense à mon fils qui est schizophrène et qui a rendez-vous tous les 15 jours avec l'équipe infirmière pour son injection retard et ça me fait beaucoup de peine que vous présentiez les injections de cette façon.
Mon fils, comme tant d'autres malades, n'y peut rien d'être malade. Cette façon de prendre son traitement s'est avérée après plusieurs années d'errance et d'interruptions de traitement, la façon la plus stable et finalement, la plus humaine car créant un lien humain avec une équipe.
S'il était diabétique ou s'il avait une insuffisance rénale, il aurait aussi, comme tout malade chronique, des interventions fréquentes. Seulement, personne ne représenterait dans la rue une piqûre d'insuline ou une dialyse comme une punition avec un méchant professionnel de santé qui ne pense qu'à agiter une seringue.
Pourquoi, lorsqu'il s'agit de malades psychiques qui ont besoin de ce traitement, le montre-t-on de cette façon si discriminatoire, dévalorisante, au point que tout le monde se moque de ça?
Je crois qu'il faudrait se pencher sur cette question de l'image médiatique que vous donnez de l' injection de médicaments dans le cadre du traitement d'une pathologie psychique.
Je souligne encore une fois le rôle important de lien humain que jouent les infirmiers et infirmières dans les dispensaires ou à domicile. Ce sont des gens qui ont souvent une grande écoute et un formidable respect, même s'ils font des injections (et elles ne sont pas léthales, ces injections, bon sang ! Mon fils n'est pas transformé en zombie par son traitement, il revit depuis !)
Voila.
Donc, dans les manifs où on cherche souvent l'excès pour attirer les caméras, attention à l'image facile de la grosse seringue qui ramène le public à ses pires stéréotypes.
Et que le psy qui ne traite aucun de ses patients par injection me jette la première seringue.
waltercolor
Bonjour Waltercolor, bonjour à tous,
En tant que psychologue, j'étais à cette manifestation. Je suis seulement signataire de la pétition, je ne fais pas partie de l'organisation. Mais je pense que la volonté d'avoir ces grandes seringues était de dénoncer le fait que la loi veut forcer les soignants à établir une sorte de contrôle médical, dans le même sens qu'un contrôle judiciaire. Cela signifie obliger les patients à prendre leur injection, et les dénoncer aux autorités s'il ne se plie pas à cette injonction de soins…
Ceci dit, vous avez tout à fait raison quant au fait que cette image peut être reprise dans les médias et interprétée dans le sens des stéréoptypes si répandus autour de "la folie"… A nous de faire attention à ne pas utiliser les mêmes armes que ces clichés qui servent la politique sécuritaire…
Je m'aperçois aussi en vous lisant que voir ces soignants "faire les fous" m'a fait penser que j'ai peut-être besoin d'un peu d'humour grinçant, de dérision, face à cette loi si excessive et porteuse de tout ce que je ne veux pas appliquer dans mon métier!!!
Alors j'espère, comme vous, que ces injections pourront continuer à être faites par des infirmiers et infirmières qui auront le temps d'avoir un lien humain avec les patients, et que ces moments proviligiés du soin ne seront pas systématiquement associés à une contrainte stigmatisante et judiciarisée….
GigiPsy