Mais alors soyons concrets.
Au lieu d’une loi mal fagotée qui va augmenter les souffrances de tous, examinons ce que chacun peut faire dès maintenant. D’abord changeons notre regard sur la folie.
L’expérience prouve que devant les souffrances psychiques graves tout le monde partage ou veut partager la souffrance des personnes touchées.
Mais le résultat de cette générosité désordonnée est le chaos, comme l’hôpital psychiatrique actuel (rapport de monsieur Delarue), ou la loi en examen au Parlement ces jours-ci.
Cela vient d’une ‘toute petite erreur’ de perspective prenant des proportions démesurées :
Malgré un point de départ commun, cette souffrance, le désordre s’installe pour deux raisons :
-aucun des acteurs n’a une vision complète de l’étendue de la souffrance psychique des intéressés.
-aucun n’a en mains l’ensemble des réponses rassemblant soins et appuis sociaux.
Chacun cependant pense tout comprendre de cette souffrance : mais ce n’est qu’une ‘impression’ et elle est fausse. C’est là que se trompent aujourd’hui la plupart des acteurs, même l’UNAFAM (union nationale des familles), la FNAPSY (les patients qui se nomment usagers de la Santé Mentale), et les syndicats de professionnels de la psychiatrie et de l’action médico-sociale (chacun croit tout savoir ou tout pouvoir).
A la veille du vote de la loi nous devons agir vite et proposer une série de mesures immédiates que chacun des acteurs ci-dessous peut réaliser sans règle, ni loi :
– familles qui vous plaignez de ne pas être reçues par les psychiatres (ceux-ci sous prétexte de manque de temps ou de conflit d’intérêt, c’est faux, c’est par peur de ne pas savoir parler avec elles).
Voici ma proposition : vous avez totalement raison de vouloir avoir des informations et des conseils, alors frappez chaque jour à la porte des psychiatres, au bout de quelques jours sans réponse allez à plusieurs ‘casser’ la porte du psychiatre !
– patients : rassemblez-vous dans des associations de patients (les procureurs de la République sont hors d’atteinte) car celles-ci se fédérant dans la FNAPSY, les élus seront à l’écoute de votre parole, allez leur dire que les cellules d’isolement et les camisoles de force (disparues entre 1970 et 2000), qui se multiplient en ce moment, sont des instruments de torture inhumains, à détruire définitivement.
-tous les professionnels de la psychiatrie qui êtes actuellement objets de toutes les critiques (seules les deux précédentes sont justifiées) avez perdu la confiance de l’ensemble du pays à cause des propos infâmants d’un grand nombre de Médias (ne parlant que des scandales qui existent là comme dans le reste de la société, cela leur permet de dire que la folie est la cause de tous les maux sociaux, sauf Libé, Médiapart, Le Monde), des directeurs, des Préfets (qui eux sont aux ordres du grand père fouettard) : expliquez leur que votre courage est atteint violemment par cette perte de confiance générale, par l’abandon dont vous êtes l’objet par l’Etat depuis 1990 et qui vous maltraite de façon totalement inacceptable.
–psychiatres d’abord, dont le nombre diminue (il y aura bientôt un psychiatre pour deux postes en moyenne), dès la loi refusez de signer tout papier administratif (nous l’avons fait dans les années 1974, 1980 et 1990), et tout certificat médical surtout ceux concernant la loi de 1990 : cela bloque toute la machine directeur, Préfet, ARS : solide grève administrative !
–infirmiers dépossédés de votre identité par la disparition de leurs diplômes et depuis abandonnés : demandez à recevoir une reconnaissance économique et une formation spécifique, obtenez que les psychiatres et les directeurs vous respectent, vous serez alors bien placés pour demander avec les autres soignants un plan d’établissement relocalisant les lits hospitaliers hors hôpital dans le quartier ou la commune de votre secteur, besoin vital mettant fin à la stigmatisation des patients, voulant être prohes des leurs, leur ‘tissu humain’.
– psychiatres privés qui gagnez pas mal d’argent depuis que le service public se détériore (et qui avez abandonné ce service public qui vous a formés). Au lieu d’être passifs devant l’aggravation du service public, quittez un peu votre fauteuil, allez travailler un quart de votre temps dans ce service public auprès de vos frères. Cela résoudra ‘aussitôt’ leur pénurie grave actuelle, croissante depuis 15 ans, même les analystes ! si utiles à penser.
– directeurs d’hôpitaux qui allez selon la loi nouvelle (loi médicale totalement inadéquate à la psychiatrie) nommer et dégommer les chefs de services de secteur, vous avez été formés à mettre les soignants au service de la gestion, soyez au contraire attentifs à mettre votre capacité honorable de gestionnaire au service des outils forgés par les soignants pour que la gestion soit au service des soins, et non l’inverse comme maintenant, c’est-à-dire que, selon le projet de la politique de secteur, au lieu de veiller à renforcer sans cesse les services hospitaliers, recommencez à déployer les soins dans la ville et d’abord les lits.
–ensemble personnels des équipes et administratifs, au lieu de créer des espaces ‘‘intersectoriels pour telle ou telle pathologie’’ ce qui affaiblit ou fait disparaitre le soin de proximité et l’appui de l’entourage relationnel, donc le secteur : créez dans chaque équipe un espace d’accueil et de préalable aux soins ouvert 24/24h dans le secteur (surtout pas dans l’hôpital) (sachant que ce ‘travail préalable’ doit impliquer entre ¼ et 1/3 de l’ensemble de l’équipe de secteur); ce dispositif dans chaque secteur permet de répondre à toutes les demandes dites urgentes, toutes les ruptures de soin, ils supplantent les grands systèmes couteux et perturbants que sont les SAMU-psy, les équipes ambulatoires, ou les services d’urgences des grands hôpitaux ; il va établir d’emblée un lien entre la réponse à un épisode dit aigu et le soin en continuité, cette mise à disposition permet en plus de faire des économies.
– juges qui avez en France (seul pays) été écartés depuis deux siècles de cette atteinte aux libertés que sont les « internements » (appelés hypocritement ‘placements d’office’ puis ‘hospitalisation sous contrainte’) et qui allez être amenés à veiller aux demandes de soins ‘obligatoires’ (avant que le Conseil Constitutionnel ne les dénonce car cette mesure est anticonstitutionnelle), demandez dès maintenant à décider ‘vous-mêmes’ de la nécessité ou non d’une atteinte aux libertés, non seulement après 15 jours, mais forcément quand il faut décider, c’est-à-dire au début et à la fin, au lieu de laisser ce pouvoir discrétionnaire à des administratifs, directeurs et Préfets qui vivent sous la peur permanente et croissante de l’opinion et du ‘Père Fouettard’.
– professionnels de l’Action Sociale et Médico-sociale qui avez l’impression d’être deux fois malmenés par la loi de 2002 organisant votre travail autour de vos ‘usagers’, puis par le rapprochement avec les ‘fous’ avec le ‘handicap psychique’, établissez des espaces de concertation avec le champ de la psychiatrie par le biais des MDPH et des liens de ‘continuité’ au service de ces patients-usagers qui le même jour ont besoin de vous deux.
–Madame la Ministre qui avez largement laissé aller la psychiatrie vivre les mêmes règles que le reste de la médecine, alors qu’elle est soumise à deux autres exigences incontournables qui sont du ressort de deux autres Ministres : l’atteinte aux libertés, et l’appui social engageant dépenses et réflexions différentes voire contradictoires simultanément, Madame la Ministre vous pouvez re-créer (elles ont existé jusqu’en 1990) deux instances modestes et capitales :
-La Commission des Maladies Mentales réunissant des ‘sages’ de toute profession et usagers veillant à la nécessaire ré-évaluation et adaptation de la ‘politique’ de santé mentale, dite de secteur depuis 1960.
-Et le Bureau de la Psychiatrie ayant mission de suivre et de faire face aux défaillances et difficultés de croissance de chacune des 1127 équipes (830 adultes, les autres enfants) de vos 830 secteurs (c’est leur absence qui a mis en abandon la psychiatrie de secteur).
-Elus, qui avez à débattre en urgence d’une loi sur la psychiatrie alors que vous manquez de données globales appréciant la diversité et la dimension humaine de cette question, vous n’avez devant les yeux ni nos témoignages directs ni un bilan historique de la psychiatrie de secteur (50 années sont indispensables à connaitre, une journée suffirait), ses liens avec l’ensemble du fonctionnement de la société, vous, élus qui êtes en tel désarroi devant l’ampleur de la question, exigez que ces tâches soient sériées en trois temps :
–votez une loi faite d’un seul article ce jour impliquant la présence du juge pour toute mesure portant atteinte aux libertés en psychiatrie ; puis
–organisez avec vos électeurs une vase campagne de concertation sur un ou deux ans en France pour apprécier l’intérêt humain de la folie au quotidien, la question de la psychiatrie associant soins et appuis sociaux ; vous en dégagerez une vision humaine (ce qui n’est pas le cas actuellement), qui vous guidera pour toute décision;
-enfin dans les deux ans préparez (non une loi nouvelle, la psychiatrie en a trop et est devenue illisible et kafkaïenne) mais un « Plan Cadre ».
Dès aujourd’hui, par contre, veillez à ce que dans chaque secteur soit créé (il en existe déjà quelques dizaines) un ‘Conseil de Santé Mentale local’ (surtout à ne pas confondre avec les instances départementales ou régionales). Ce n’est pas une nouvelle instance de décision ni de contrôle, mais une instance de concertation, bénévole, citoyenne, avec divers acteurs, menés par l’élu et le responsable du secteur, et permettant régulièrement de réfléchir à la complexité que joue la représentation de la folie et de ses implications et réponses diverses (et pas seulement psychiatriques) dans une communauté (quartier, commune, ville, Cité).
L’âme de la Cité est la référence citoyenne de chacun associée avec la définition nationale des tâches et des services.
La folie fait partie de l’âme de tout homme, elle s’exprime soit quotidiennement dans l’amour et dans la haine, soit en vrillant notre être et en nous faisant souffrir; dans ces deux moments c’est la qualité humaine du regard qui permet à chacun de trouver les réponses juste ‘assez bonnes’ pour reprendre le cours de notre vie dans une Cité où chacun trouve sa place.
Guy Baillon
[1] Dernier livre paru
Quel accueil pour la folie ? par BAILLON Guy , Éditeur : Champ Social Editions : www.champsocial.com
Je connais quelques psychiatres qui vont se faire enfoncer leur porte plus d'une foi!
Cette façon de manifester notre mécontentement va faire le bonheur des magasins de bricolage!
les usagers ont effectivement un rôle à jouer dans la cité et à montrer qu'ils ne sont pas des citoyens de seconde zone. Fédérons nous dans des associations de patients et faisons entendre notre voix et que la santé mentale ne se fera sans nous, nous les premiers concernés.
Je reste tout de même réservé sur les familles et les psychiatres. Cela reste un sujet sensible pour le patient et je ne suis pas sûr que l'attitude des psychiatres soit la mauvaise. J'imagine mal pouvoir parler à un psychiatre qui s'entretiendrait par ailleurs avec ma famille. On est tout même là sur un sujet plus que sensible.
Même si la famille n'est pas la cause des tourments, elle en est le creusé ce qui rend difficile à démêler ce qui est ou n'est pas. Continuer ce mélange des genres ne peut être que préjudiciable. Si la famille veut vraiment savoir qu'elle aille voir un autre psychiatre pour se former et ainsi pouvoir comprendre. Elle ne pourra qu'en retirer des bénéfices.
Bravo, Guy Baillon, pour la pertinence de cette prise de position radicale. En tant que psychiatre de secteur, je viens d'évoquer mercredi à Libourne, avec des associations, des citoyens, des usagers de la santé mentale, des familles, des élus, la nécessité d'inverser cette pente régressive du soin psychique (non seulement le retour vers des modes inhumains d'enfermement, mais, pire, l'imposition de soins ambulatoires contraints qui altèreront davantage la position subjective et le choix, certes partiellement altéré, mais pas entièrement s'il est bien accompagné et éclairé, du patient), d'articuler les objectifs de soins avec le moins de temps hospitalier possible avec le tissu environnant la personne en souffrance psychique, et pour la création dans le Libournais d'un conseil local de santé mentale. Pour frdp, recevoir l'entourage familial s'entend, bien entendu, non pas dans son dos, mais en sa présence, s'il y a donné évidemment son accord et dans une optique que certains d'entre nous nomment systémique.
Même message avec un mot manquant (pas le moindre) rajouté ici en gras
Bravo, Guy Baillon, pour la pertinence de cette prise de position radicale. En tant que psychiatre de secteur, je viens d'évoquer mercredi à Libourne, avec des associations, des citoyens, des usagers de la santé mentale, des familles, des élus, la nécessité d'inverser cette pente régressive du soin psychique (non seulement le retour vers des modes inhumains d'enfermement, mais, pire, l'imposition de soins ambulatoires contraints qui altèreront davantage la position subjective et le choix, certes partiellement altéré, mais pas entièrement s'il est bien accompagné et éclairé, du patient), d'articuler les objectifs de soins avec le moins de temps hospitalier possible avec le tissu environnant la personne en souffrance psychique, et pour la création dans le Libournais d'un conseil local de santé mentale. Pour frdp, recevoir l'entourage familial s'entend, bien entendu, non pas dans le dos du patient, mais en sa présence, s'il y a donné évidemment son accord et dans une optique que certains d'entre nous nomment systémique.
cher dencuff
il suffirait que nous soignants soyons soit plus modeste, soit ayant moins peur de ce que veulent nous dire et demander les familles
il suffirait que la formation soit plus collective entre les professionnels
il suffirait que l'apprentissage des conditions qui font naître la confiance dans le soin et dans nos équipes soit premier
c'est simple! non?
bon courage
frdp
c'est loin d'être facile en effet !
les distances, voire les désaccords entre famille et patient paraissent insurmontables parfois, mais
écouter les parents ce n'est pas se soumettre à eux
C'est alors qu'il faut percevoir la souffrance des familles persuadées d'avoir raté quelque chose, il faut donc d'abord passer du temps à les écouter assez longtemps, comme l'on doit écouter le délire du patient assez longtemps; il n'est pas question de chercher à mettre l'un et l'autre en accord, mais simplement à accepter d'écouter des souffrances qui semblent contradictoires, les écouter d'abord l'une après l'autre; il n'est pas question de prendre parti (chacun d'entre nous pense que c'est l'autre qui l'empêche de vivre pleinement, … et pourtant il est absolument impossible de vivre seul; prenons un peu de temps, …)
avec la patience chacun arrive à accepter que l'autre dise quelque chose qui n'est pas la même que ce que lui ou elle dit
écouter l'un puis l'autre
écouter ensemble tout le monde ensuite, et montrer que chaque discours est "pleinement vrai", nous pouvons parler différemment des choses et vivre ensemble
Je dis autrement ce que dit rastafouan avec sa coquille (je ne l'avais pas encore lu)
et je suis heureux de voir que ces propos dis aussi bien dans le Périgord (à Périgueux et le lendemain à Bergerac), à Rennes qu'a Caen, où j'ai été tout au long de la semaine dernière entraînent le même enthousiasme que dans le Libournais, à ce que nous en dit rastafouan
Cela fait chaud au coeur, nous sommes de plus en plus nombreux à penser ainsi
Et même si la loi est votée par des élus "à la botte du Père fouettard" affirmons que nous partons sur les routes pour une année de pédagogie tout azimuth et que comme dit Dimitri Karavokyros à Laragne dans les Hautes Alpes:" nous nous préparons à élire des députés dont le premier travail en 2012 sera d'ABROGER LA LOI INHUMAINE DE MARS 2011"
voilà une belle année de mobilisation: il nous faut ce temps pour expliquer à chaque citoyen ce qu'est la folie, ce que tente de faire la psychiatrie associée à l'action sociale
beau programme
amitiés
guy
Merci, c'est gentil de vouloir sauver tout le monde, mais on n'avait pas demandé un messie.
Parce que, malgré tout, entre la psychiatrie, les patients et la famille, il y en a un seul qui a vraiment besoin d'être sauvé : c'est le patient, car il est malade.
Vous dites que la folie fait partie de l'âme de tout homme et qu'elle s'exprime dans l'amour et la haine, ou bien dans une souffrance psychique que tout le monde veut partager.
Ce n'est pas exactement comme cela que la folie se présente. Elle est souvent asymptomatique, imperceptible par le malade, et quand elle est souffrance, elle fait fuir tout le monde, soignants compris. Ce sont là les deux caractéristiques qui font de la maladie psychique une maladie différente des autres demandant un suivi particulier auquel vous appliquez un stéréotype à connotation négative pour vous : sécuritaire.
Un traitement n'est pas une punition et un malade soigné ne subit aucun préjudice.
Alors, pas la peine de jouer les Nostradamus et de nous prévoir une apocalypse qui de toutes façons, n'aura pas lieu.
Demain, nous nous réveillerons sans que la psychiatrie soit morte ou que les malades soient maltraités et la maladie psychique sera encore et toujours un défi que nous devrons relever sans paniquer.
Alors si c'est juste pour faire des propositions comme "dans les deux ans, préparez une loi cadre", c'est pas non plus révolutionnaire… Pfff..
Merci watercolor de me répondre !
Je ne vais pas mâcher mes mots puisque vous me faites procès de tout! alors qu'il est nécessaire de rassembler nos forces, mais vous affirmez trop de contrevérités!
-alors d'un côté me voilà le messie! parce que j'ose proposer des pistes comme le faisaient tous nos anciens depuis Bonnafé, Bailly-Sallin, Ayme, Chaigneau et tant d'autres, depuis 1969 je n'ai pas arrêté, vous n'allez pas m'arrêter
-et de l'autre me voilà Nostradamus ! parce que je dis le mal que je pense de la nouvelle loi (comme je l'ai dit de la loi de 1990 et qui elle produit l'inverse de son objectif comme vient enfin de le démontrer le contrôleur des libertés Delarue), et je ne vais pas m'arrêter
-enfin si je nous donne rendez vous non pas dans 2 mais dans "un" an aux élections c'est pour mobiliser la population dans son ensemble, pour que les futurs élus commencent par abroger cette loi car ce sont les députés dans notre pays qui décident pas, l'homme de la rue que je suis (vraiment ni Messie, ni Nostradamus); et ce travail de concertation large vers l'ensemble de la population est indispensable : tout ne se joue pas dans l'espace de soin. Par exemple vous n'abordez à aucun moment l'appui social à développer avec nos amis de l'action sociale, une fois de plus vous laissez croire que la psychiatrie en France peut seule répondre à toutes les difficultés des personnes qui souffrent (relisez l'histoire de notre psychiatrie pour comprendre qu'elle a été coupée en 2 aigus et chroniques, et qu'il nous appartient de les réunir, mais pas seul)
Vous n'avez pas encore évoqué Dieu! mais j'y pense, et je le crois un peu, car la psychiatrie est un vrai rendez vous avec Dieu, les patients nous le disent souvent, …
Vous croyez aussi m'épingler sur une légèreté de mes propos sur la folie, facile! en quelques phrases en effet il est impossible de dire la multiplicité des choses qui sont nécessaires pour éclairer notre attention à la folie, si complexe.
Pour nos échanges ce sera plus simple quand vous aurez lu mon dernier livre "Quel accueil pour la folie?" en vous précisant que je n'ai pas fait là oeuvre de grand clinicien, mais effort pour permettre à chaque français de commencer à comprendre la folie. Lisez nous parlerons ensuite. Il, est essentiel que nous ayons les mots et les phrases que tout le monde comprend, d'où mon modeste et critiquable effort
Vous n'avez pas bien lu mon papier de Médiapart du 23 mars (Et si nous sauvions nous aussi …) je fais là des propositions concrètes, par exemple pour les psychiatres et les équipes : une grève administrative immédiate est possible dans toute la France: elle a un effet à court et moyen terme insupportable pour nos directeurs et Préfets. Je me permets d'évoquer les autres acteurs aussi, je ne prétends ni 'mener' les hommes ni savoir, c'est inviter à chercher chacun une piste pour que chacun 'dès aujourd'hui' se mette à réfléchir et passe à l'action
Contrairement à ce que vous dites aujourd'hui il n'y pas que les malades qui souffrent (ceux-ci en dehors des soins, ne veulent plus être stigmatisés par ce terme et se disent 'usagers' pour échapper à votre désir de maîtrise), il y a aussi les familles (et les psy n'ont pas encore compris la violence de cette souffrance, comme une vrille dans les tripes, sa durée, 10 à 30 ans!, et les écouter cela nous aiderait à comprendre la nôtre), car ce que vous oubliez c'est la douleur des soignants, la nôtre elle fait partie de notre travail mais elle n'est jamais évoquée et elle devient de plus en plus grande depuis 1990 date à laquelle le Ministère n'a plus soutenu les équipes, elle est totalement laissée pour compte par l'Etat comme par … les familles, d'où la complexité de notre démarche; et cette douleur des soignants a des conséquences dramatiques: elle inhibe, et empêche de 'penser', le danger le plus grand que les soignants ont à assumer, et dépasser, mais comment? allez cher ami 'au travail'!
Mon propos n'est pas simpliste comme vous le dénoncez : je souligne que dans les contextes d'obligation de soin il y a deux logiques en présence, comme l'a admirablement souligné Monsieur Delarue, et hier sur Canal + un infirmier d'Evreux : celle du soin et la sécuritaire arrimée sur la 'peur' et la recherche du risque zéro. De ce fait c'est toujours la logique sécuritaire-peur-risque qui prime et s'infiltre partout, et hier c'était évident: il n'y a plus de place pour le soin!
Je n'accepte pas que l'on parte battu lorsque l'on est comme vous je pense en pleine activité, je continue malgré des désaccords avec les responsables de l'UNAFAM à écouter familles et usagers crier qu'il ne veulent pas de la psychiatrie actuelle qui ne sait plus les soigner et qui est dans le chaos! Et ils ont raisoni pour toutes les raisons que nous venons d'évoquer et d'autres
Mais je refuse tout discours pessimiste: et là je dénonce la responsabilité des psychiatres qui tout en ayant peu de pouvoir ont celui de parler et de mobiliser: aujourd'hui et depuis trop longtemps ils sont trop peu à le faire
Mais je connais cela ! Pendant toute ma carrière j'ai rencontré ces discours tristes et pessimistes, je me suis battu contre ces propos, et avec toute notre équipe nous avons pu en 30 ans, ainsi que 7 autres équipes de Ville-Evrard sur les 17, quitter en totalité l'asile, y compris avec les lits et réaliser enfin après 30 ans une vraie psychiatrie de secteur s'appuyant sur les habitants des villes; ce n'était jamais seul, je n'étais qu'un membre de l'équipe, et surtout grâce à ne concertation et une convergence avec tous (les élus, les divers soignants, les ouvriers, le directeur, les familles, …) et cette psychiatrie continue aujourd'hui et mieux qu'avant car plus proche des familles! grâce à nos successeurs!
Je n'aurai pas l'audace de vous demander pourquoi vous ne nous dites pas ce que vous faites vous au quotidien pour vous battre, mais si vous vous donnez le mal de m'écrire c'est que vous avez de l'énergie à revendre!Alors continuez à vous battre, mais ne vous laissez pas entraîner au pessimisme de nos collègues psy à décourager (leur péché originel la mélancolie et l'inhibition ,ou la soumission à l'Etat)
je vous souhaite bon courage, vous qui avez la chance d'être en activité
mais "Pfff…" parlez nous de vos combats, nom de Dieu !
cela nous fera du bien
Surtout je tiens à le souligner: êtes vous d'accord je pense qu'aucun combat dans le champ de la souffrance psychique et des grands troubles psychiques ne peut se mener seul? d'où l'importance de se rassembler
Alors si j'ai utilisé les mauvais mots excusez moi. Prenez le relais avec ce qui vous parait meilleur
bon courage et amitiés
Guy Baillon
Merci Guy Baillon pour cette réponse détaillée que j'ai lue avec intérêt, même si je ne vois pas les choses comme vous.
Je ne suis pas (déçu?) une professionnelle de santé, mais une proche de malades psychiques. J'ai perdu mon père par suicide en 1957 et mon neveu, par suicide également en 2007. Ma soeur a été soignée sans relâche pendant plus de 20 ans à Saint Antoine pour troubles bipolaires et actuellement, elle va très bien.
Mon fils aîné de 31 ans est schizophrène. Soigné depuis 8 ans avec des hauts et des bas au CHE et HUS à Strasbourg, il va actuellement du mieux qu'il peut.
Je suis très reconnaissante envers les soignants qui ont su les prendre en charge. Je peux attester, et cela va peut-être vous étonner, que toutes les personnes que j'ai vues sortir d'un hôpital psychiatrique allaient mieux qu'en y entrant, ce qui est déjà une bonne nouvelle en soi, même si le parcours de soin est difficile et les issues incertaines dans ce domaine.
Je ne pense pas que la souffrance empêche de penser, et c'est pour cela que je rédige en ce moment un livre sur la psychiatrie actuelle, car ce domaine de soin est mal considéré, mal connu du public et souffre de nombreux stéréotypes.
L'angle que j'ai choisi est ouvert et je tiens à donner des informations de qualité en la matière.
La maladie psychique est un défi redoutable que nous avons les moyens, aujourd'hui, de relever avec une palette de soins remarquables et des institutions qui peuvent assurer honorablement cette tâche. N'en faisons pas un enfer par maladresse.
L'essentiel de la vie d'un malade psychique se passe désormais en-dehors des murs, et chacun d'entre nous est ou sera un jour confronté à la maladie psychique d'un proche, d'un voisin, d'un collègue, d'un client… C'est pourquoi plus d'information sur la maladie psychique et la psychiatrie doivent circuler dans la société. Il est évidemment hors de question que cela se passe sous la forme d'un pugilat généralisé.
La question que je pose généralement à mes interlocuteurs psys ou non psys est : "Quelles sont pour vous les 10 conditions de réussite d'une prise en charge psychiatrique?". Si vous avez envie de donner vos propres éléments de réflexion sur cette topique, je suis prête à vous interviewer.
N'hésitez pas à me recontacter.
Cordialement
Pascale Camus-Walter
Strasbourg
chère Pascale
les psy ne sont pas très malins! moi qui vous prenais pour un collègue, bravo
je n'ai bien entendu rien à vous apprendre sur la souffrance
et c'est vous qui avez raison, j'ai une parente qui est en train de nous quitter aux prises avec un cancer; eh bien elle est plus lucide que moi sur la vie et sur nos mesquineries, passionnée par ce qu'il faut faire pour l'avenir, elle en parle malgré ses douleurs
Cependant ce que je veux dire c'est que les professionnels de la psychiatrie, comme les parents, sont trop souvent "pétrifiés" par l'expression de la folie d'un autre, et nous arrêtons de penser
nous souffrons alors de cette inhibition qui nous bloque, et qui est la cause de tant de malentendus entre psy, familles, société, et en plus nous en sommes terriblement honteux devant nous-mêmes d'abord,
Merci pour ce que vous dites des capacités actuelles de la psychiatrie, cela réconforte les soignants; il faut que vous puissiez en témoigner, car je trouve insupportables les critiques venant de partout et qui mettent en question nos compétences et notre éthique
Cela n'empêche que au quotidien, nombre d'équipes de secteur sont aux prises avec tant de difficultés qu'elles ne savent plus où elles en sont et ne sont pas disponibles, les familles en témoignent ; c'est vrai, et cela doit changer
L'urgent est que l'Etat leur redonne confiance et les remette tous sur pieds
Dans mon dernier livre "Quel accueil pour la folie?" vous auriez quelques réponses aux questions que vous posez, car je ne suis plus en activité et ne saurai donc tout mettre en 10 réponses, en plus cela me rappelle les protocoles que l'administration 'médicale' nous demande et qui ne sont pas adéquats
Mais surtout que ma réponse ne ralentisse pas votre écrit ce sera passionnant de vous lire et nous aidera à tisser des liens tous ensemble au lieu de nous diviser, ce qui comme vous me fait du mal
très cordialement
guy Baillon
Cher Guy,
Si vous n’êtes plus en activité, il faudrait que vous réfléchissiez à l’opportunité de proposer une grève, car cela devrait, à mon sens, venir uniquement de gens en activité, qui prennent les risques afférents.
Il en est de même pour la violence du ton et des formules (« nuit sécuritaire »). Il faut faire attention de ne pas lancer des mots d’ordre de son fauteuil, car cela serait se transformer en général qui manipule ses troupes et les envoie au casse-pipe de son QG. Indéniablement, ça coûte plus cher aux gens qui sont sur le terrain qu’à ceux qui sont retraités.
Laissons faire la nouvelle génération, ne plombons pas d’avance par des prophéties de mauvaise augure un futur dont nous ne savons rien.
La génération de psychiatres à laquelle vous appartenez à été partie-prenante de la désinstitutionnalisation, mais profondément, ces personnels de santé ont gardé une mentalité asilaire. Bien que physiquement, les murs de l’asile se soient évanouis, il est resté chez toute une génération de psychiatres une incompréhension profonde de la réalité de la maladie psychique en milieu ouvert.
C’est ce qui a expliqué, je pense, leur indifférence au sort des malades en-dehors de leur sphère institutionnelle propre, leur difficulté à effectuer une prise en charge régulière et structurée, leur rejet d’une désormais nécessaire communication écrite et orale, leur opposition à toute évaluation.
Vous savez, je n’ai jamais rencontré d’équipe qui ne savait plus où elle était et qui n’était pas disponible. En revanche, j’ai vu bien des équipes mal dirigées par des chefs de service qui s’en foutaient et fuyaient le quotidien du travail psychiatrique.
Je rencontre beaucoup plus souvent aujourd’hui, des équipes dirigées par des chefs de service qui répondent présent, qui se coltinent le quotidien psychiatrique et travaillent en réseau.
La société a ouvert les murs de l’asile, c’est un choix que nous avons fait ensemble et que la société toute entière doit assumer.
Mais ce choix a un prix : celui d’un suivi rigoureux, d’une bonne communication et d’une nécessaire évaluation.
C’est pourquoi je pense que le terme « nuit sécuritaire » n’est pas adéquat pour décrire les évolutions législatives qui accompagnent cette mutation.
Il n’y aura pas de retour à l’asile, le soin évolue, une nouvelle complexité est possible et il ne faut pas l’aborder avec des lunettes idéologiques déformantes ni crier au loup si vous n’êtes pas absolument certain de ce que vous avancez.
Quant à la question du cotoiement de la folie d’un autre, je ne pense pas que l’ expression de la folie a pour effet d’ inhiber et empêcher de penser l’entourage.
Je pense, au contraire, que c’est la folie elle-même qui, dans son incurie et son impériosité, procède en bloquant l’entourage afin de se maintenir et prospérer.
Pour contrer ce phénomène, il faut le travail de toute une société, de toute une équipe de soignants, de tout un entourage pour dégager par tous les moyens le malade de cette attraction mortifère qui à la fois l’éloigne des autres et se les approprie dans une étreinte mortelle.
Il faut desserrer cet étau, ne soyez pas pessimiste sur les moyens proposés aujourd’hui. Ils seront sagement employés s’ils sont clairement évalués. L’évaluation est en effet la clé de cette nouvelle donne et le rempart contre les abus.
Bien cordialement
Pascale Camus-Walter
chère Pascale
je vois que vos idées sont bien arrêtées, je ne vais pas chercher à les mettre en question, vous les avez fait 'mûrir' c'est bien
Mon expérience m'a appris autre chose
Mais je ne me trompais qu'à moitié la première fois : vous vous situez avec la même assurance que les professionnels, c'est comme si vous en étiez. Pourquoi pas?
Mais je vais vous rassurer je ne pense pas comme un certain nombre de mes collègues, justement parce que après ma retraite j'ai rencontré les familles et les usagers en association, et hors des soins et j'ai beaucoup appris. Sauf sur un point je ne suis pas d'accord avec les notions de 'pairs-aidants' proposé à des usagers, ni 'd'aidants familiaux' que cherche à promouvoir le président de l'UNAFAM qui est prêt à demander que les familles soient rémunérées comme tel. Je pense que c'est tout mélanger pour les deux projets et que cela va entraïner des confusions totales
Pour conclure je remarque seulement que vous avez pris la place et les propos de certains de mes collègues psychiatres, qui ne sont pas les miens
De toute façon je ne me permets aucun conseil à votre égard
je vous souhaite bonne route
cordialement
guy Baillon
Cher Guy,
Je vous sens très concentré sur les problèmes de pouvoir (Qui est qui? Qui fait quoi?), beaucoup plus que sur les problèmes de fond : comment créer cette dynamique d'échanges que vous appelez pourtant de vos voeux.
Ce n'est certainement pas en faisant "bonne route" chacun de nos côtés que la psychiatrie française va avancer.
Il faut remplacer la violence des discours par l'énergie du dialogue, mener des échanges de points de vue plus loin, plus longtemps et plus souvent et ne pas s'arrêter à un simple étalage d'opinions.
En avez-vous encore la force?
Cordialement
Pascale
waltercolor :"Il faut desserrer cet étau, ne soyez pas pessimiste sur les moyens proposés aujourd’hui. Ils seront sagement employés s’ils sont clairement évalués."
C'est une plaisanterie, vous avez un peu trop abusé sur la bouteille? D'où vous vient cet optimisme béat, quand jusqu'à présent tout démontre le contraire.
faut-il vous rappelez le rapport des sénateurs, pas de dangereux gauchiste, plutôt une allure de retraité évidement, mais ce rapport était plus qu'alarmant sur les conditions de la psychiatrie. Peut-être qu'eux aussi devraient rester dans leurs pantoufles
Les évaluations faites par qui et comment?. On a vu ce que cela a donné dans la police, super résultat.
Mais on reconnait bien là la position de l'UNAFAM, qui s'est fait piégé par le gouvernement et qui plutôt que de le reconnaitre, affiche un optimisme béat qui tiens plus de la foi du charbonnier que d'autre chose. Vous avez d'ailleurs oublié de cité l'engagement du gouvernement à la définition d'un plan malade mentaux. Excusez moi, je suis pris d'un fou-rire nerveux.
Enfin quand je dis piégé par le gouvernement, c'est la version soft, parce que comme l'UNAFAM sont aussi des contribuables, on peut s'autoriser à penser que la solution proposé par le gouvernement contente pleinement leur portefeuille.
Et les retraités ont tout à fait leurs mots à dire, ceux qui sont en activités assez grand pour faire leur choix. Etrange façon de voir la démocratie.
La nuit sécuritaire, trop exagéré? Avez vous entendu les discours de Sarkozy. Des modèles sans doute de tact et de légèreté. Non du racolage populisme qui a fait a ravage parmi les malades et les psychotiques, dont je suis, désignés à la vindicte populaire. Vraiment ça n'a même pas l'air de vous effleurer. S'il y a des reproche à faire adressez vous à l'Elysée, le problème il est là et pas ailleurs.
Je vois bien que supporter un schizophrène est une lourde tache. Mais posez vous la question pourquoi ? Vraiment en profondeur. Consulter un psychiatre aussi pour vous faire aider en plus de lire des livres et consulter des forums ou l'UNAFAM. Je crois que le grand problème entre malade et parent est la respectabilité mise à mal par le malade. Et ce problème n'a fait qu'être accru par les discours de Sarkozy.
Watercolor,
Je conserve votre pseudo puisque je garde le mien.
Quelques rectifications par rapport aux psychiatres en général et à Guy Baillon en particulier. S'il en est un qui, bien que retraité, ne stagne pas dans sa tour d'ivoire et reste militant d'une psychiatrie de secteur aboutie et respectueuse du sujet malade et de son environnement, c'est bien lui. Et il a la pudeur et le respect qu'il conserve de ne pas souligner combien de nos collègues sont moins militants qu'il y a trente ans et plus "carriéristes" (je suis pour ma part psychiatre en exercice et je fais grève avec les risques inhérents quand il le faut), même s'il en reste beaucoup de compétents et d'engagés, ce dont je me félicite -et vous aussi manifestement.
Quant au thème de la nuit sécuritaire, vous semblez lui en attribuer (à Guy Baillon) la paternité, alors que c'est au départ la signature de 39 personnes impliquées en réaction au discours d'Anthony de Sarkozy en décembre 2009 (suite au meutre de Grenoble), "appel des 39" qui fut quand-même co-signé par 30000 personnes, des soignants, des patients et des citoyens ! Sarko est alors (à Anthony) allé jusqu'à proposer des bracelets électroniques pour les patients (sic), montrant ainsi son ignorance complète de ce qu'est la psychose et de ce qu'un tel dispositif rendrait assurément dangereuse toute personne qui en serait munie et persécutée à la fois dans son corps et dans son être.
Pourquoi ce collectif demande à présent (près de 25000 signatures) que cette loi sur le soin ambulatoire sans consentement soit retirée ? C'est parce qu'elle vient faire front à la réaction du pouvoir politique à des événements (le drame de Pau, le drame de Grenoble) qui signent les insuffisances de notre action et qui, au lieu d'y donner l'impulsion humaine qu'elle requiert, y amènent la (ré) pression littéralement sécuritaire qui est (cliniquement et socialement) contre-productive.
Je vais tenter de vous dire pourquoi :
Je vais ici aller jusqu'au bout de mon raisonnement, ce que Guy Baillon ne peut pas faire, mais ce que me permet l'anonymat de mon pseudo. Quoique si je dis que je suis psychiatre à CAP-Lib à Libourne, tout le monde peut me reconnaître.
Eh bien voilà : le double coupeur de têtes de Pau, Romain Dupuy, avait été hospitalisé contre son consentement à l'hôpital Saint-Luc, à Pau, un an auparavant ces faits. Il présentait des troubles schizophréniques sévères, avec des éléments paranoïaques marqués et un attrait pour les armes blanches. La façon dont il avait été attaché et piqué alors avait produit chez lui une position persécutive et agressive envers les soignants, entraîné conséquemment l'absence d'adhésion (si ténue qu'elle eût sans doute été sans cela) ultérieurement à ces "soins" (en "ambulatoire"). Bien sûr, cet exemple peut à lui seul justifier "le soin ambulatoire sans consentement". mais, comme celui-ci n'existait alors pas, ce précédent a rendu ce jeune homme dangereux en l'amenant à vouloir se venger contre l'institution. (je signale ici pour ceux qui l'ignorent, qu'il s'est rendu avec ses couteaux nuitamment, sans traitement antipsychotique qu'il eût pu consentir si l'on se fût antérieurement montré humain envers lui, et sous l'effet de produits hallucinogènes, à l'hôpital Saint-Luc, se dirigeant d'abord vers l'ancienne unité de son hospitalisation précédente, désormais désaffectée, puis, "par défaut" vers l'unité voisine de psychogériatrie qui n'avait rien à voir mais qui représentait pour lui "par défaut" la logique de l'institution persécutive).
À Trieste (où l'on n' a jamais attaché un patient depuis plus de tente ans) ou à Bondy (avec Guy Baillon, puis actuellement Patrick Chaltiel, encore en exercice donc capable de faire gève !!!), ce triste fait divers n'aurait jamais eu lieu, tant les patients sont accueillis, et leurs familles, sans pression, avec humanité, avec proposition de soins et non imposition (parfois violente ailleurs) de ceux-ci.
Quant au meurtre de Grenoble, j'ose dire que l'observation comportementale d'un homme, désormais -apparemment- calme ne suffit pas si l'on ne sait pas où il en est avec ses voix qui lui disaient de longue date de tuer un inconnu à l'arme blanche ?
Je vais me faire pas mal d'ennemis, mais j'ai l'habitude, il faut appeler un chat un chat et cesser de marcher sur la tête
Voulez-vous que j'aille plus loin ? Oui, j'y vais,
L'an dernier, lorsque j'ai interrogé la psychiatre désormais responsable des urgences psychiatriques à Pau (au congrès de l'AFERUP à Lille) sur les leçons que l'on avait tirées là-bas des effets persécutoires sur Romain Dupuy de ses précédents soins sur son passage à l'acte ultérieur (alors qu'il n'était évidemment plus "soigné" et sous l'effet d'hallucinogènes) la psychiatre m'a répondu tranquillement : "Maintenant, nous associons aux injections initiales, du Rivotril, ce qui fait que les patients ne se souviennent plus…. [de l'agression]. J'en suis resté sans voix.
Et je vois aujourd'hui qu'un patient suivi dans cette institution de Pau, vient de scalper sa mère, qui est entre la vie et la mort. Qui a raison ? Basaglia et Colucci à Trieste et Baillon et Chaltiel à Bondy (pour ces quatre, l'accueil bienveillant et entouré est plus efficace (le taux bas de malades en hôpitaux judiciaires, donc médico-légaux à Trieste, ainsi que la meilleure acceptation là-bas de la "folie" par la population -enquête du CCOMS en sont la preuve)) ou les psychiatres de Pau, Sarko et le super facho Jean-Paul Garraud qui est hélas mon député ?
Je redoute des balles dans mon corps, mais lisez-moi, avant ou après.
Rastafouan
Merci pour ces réactions que je lis avec attention. Je réponds d'abord à frdp :
Oui, bien sûr, je suis optimiste, surtout quand je peux lire votre contribution dans ces commentaires alors que, si j'ai bien compris, vous souffrez vous-même de troubles psychiques.
Savez depuis combien de temps des malades psychiques peuvent s'exprimer ainsi sur la place publique et avoir aussi sur eux-mêmes, leur propre regard sur leur maladie? Mais c'est très récent.
C'est même une première dans l'histoire de l'humanité ! Je crois que jamais, depuis que la maladie psychique existe, c'est à dire depuis que l'homme existe lui-même, le malade psychique n'avait eu voix au chapitre dans toute l'histoire du monde. Il était soit relégué dans sa seule famille, soit enfermé avec d'autres malades dans des institutions. En Occident, dans les années 1950, on a atteint le point culminant du nombre de personnes enfermées pour troubles psychiques. Aujourd'hui, les soins médicaux existant (les médicaments ont une soixantaine d'années seulement) cela permet aux malades de retrouver leurs moyens psychiques et d'être autonomes. Ils passent donc l'essentiel de leur temps dans la vie civile au lieu de moisir dans un asile. Et bien ça, c'est nouveau, c'est formidable et cela me remplit de joie.
Mais ce qui est encore plus nouveau, car c'est très récent, c'est que les malades maintenant s'expriment, parlent avec tout le monde, mais aussi discutent entre eux, racontent leur propre histoire, posent des questions. Mais c'est passionnant ! C'est un territoire nouveau que nous découvrons avec émotion ! Par exemple, j'aime beaucoup le forum schizophrénie d'atoute.org , créé par le Dr Dominique Dupagne, un médecin généraliste qui modère ce forum d'une façon remarquable. C'est un forum de très grande qualité et les témoignages et les discussions apportent beaucoup.
C'est génial et des initiatives comme ça, il y en a partout dans le monde.
Concernant les soins sous contrainte à domicile qui vont venir avec la nouvelle loi, pouvez-vous me dire ce qui empêchera un patient traité de cette manière d'aller lui aussi sur internet, de participer à des forums de discussion et de parler de sa situation? Il sera tout de même plus en contact avec le monde, avec la vie, que s'il devait avoir son soin sous contrainte dans un hôpital, non?
Donc, voila, je ne veux pas vous empêcher d'être pessimiste, mais personnellement, je pense que le pire de la psychiatrie, nous l'avons derrière nous, et pas devant. Et je crois sincèrement qu'il vaut mieux pour vous être malade psychique de nos jours que dans les années 1950.
Concernant les rapports sur la psychiatrie en France, ne vous inquiétez pas, je passe au peigne fin tout ce qui sort et je lis aussi, en plus, tout ce qui sort dans les autres pays, les publications de l'OMS ainsi que les archives et l'histoire de la psychiatrie en France et dans les autres pays. Pourquoi? Parce que je ne suis pas nationaliste – j'ai horreur du nationalisme – et je prends toujours beaucoup de soin à comparer tous les systèmes, les lois, les époques, les discours.
C'est un bon filtre pour éviter les gros mensonges, les arnaques intellectuelles et toutes les couleuvres que les uns et les autres essaient de nous faire avaler. De la précision, de la qualité. Voila ce qu'il faut dans l'information psychiatrique.
Concernant votre recommandation de consulter un psychiatre, merci, c'est fait. J'ai passé près de 10 ans en psychanalyse et j'ai repris des consultations pendant plusieurs années pour me faire aider quand mon fils a commencé à montrer des signes de schizophrènie. Je n'a jamais regretté ces entretiens, ils m'ont fait évoluer, ils m'ont permis de voir clairement la situation de mon fils et ils m'ont beaucoup aidée à tenir. C'est même probablement pour cela, voyez-vous, que je suis optimiste.
Ça m'a donné pour toujours, confiance en l'âme humaine, même en la mienne peut-être, dans ces moments les plus terribles où on lance un SOS (save our soul).
Bien cordialement et encore une fois, ravie de voir que les publics se mélangent, que psys, non psys, usagers, se parlent. C'est essentiel.
Pascale
@Waltercolor
Les grandes avancés de la psychiatrie date des années 70 et non pas de maintenant.
Sachez qu'en 79 j'ai fait une bouffée délirante, que je suis entré à l'hôpital de mon plein grès que j'ai pu faire des fugues sans que l'on me mette en chambre d'isolement. Je n'ai tué personne, mais cela m'a permis de reprendre contact avec la réalité en douceur sans traumatisme. Pourtant j'ai fait des bêtise rien de grave, mais on m'a laissé les faire. Si comme vous dîtes je m'exprime sur internet et autres c'est bien grâce à cela. A partir des années 2000 les choses se sont fortement dégradées, j'en sais quelque chose puisque mon amie a fait des séjours à plusieurs reprise entre 2000 et 2005 et je peux vous dire que si j'avais fait ma bouffée délirante en 2005, je ne m'en serais jamais relevé. En effet à cette époque les portes de l'HP ont été fermées à double tour, plus possible de sortir. Cela m'aurait définitivement brisé. Ceci pour abonder dans le sens du message plus que claire de Rastafouan et je l'en remercie.
J'ai eu aussi l'occasion de voir que les psychiatres d'étage changeaient tous les deux ans, juste le temps de se former et d'avoir un début de clientèle. Alors qu'à mon époque sur les trois séjours que j'ai fait en HP, sauf la première fois j'ai eu le même psychiatre. Sachez que pour un malade c'est plus qu'important de retrouver une personne qui vous connait et que vous connaissez. J'ai donc plus que vu la lente dégradation de l'hôpital psychiatre.
Ma connaissance de la psychiatrie ne sort pas des livres mais du vécu, sur une trentaine d'année. Et c'est bien à une dégradation auquel on assiste.
Je vois aussi que vous ne dîtes pas un mot des discours sécuritaires de Sarkozy, ce qui montre le peut d'empathie que vous pouvez avoir pour les schizos, tels qu'ils ont été livrés à la vindicte populaire.
Ma réponse à Rastafouan :
C'est intéressant ce que vous avancez comme corrélation possible entre des soins par contrainte et un épisode violent (Romain Dupuy à Pau), mais est-ce que vous avez écrit un article là-dessus? Sinon, avez-vous des références d'articles allant dans ce sens?
J'ai lu pas mal d'articles médicaux et de bouquins sur la question violence/maladies psychiques, mais il ne me semble que je n'ai jamais vu passer d'études mettant en relation un soin forcé et l'éclosion d'un épisode violent.
Concernant Pau, j'ai cru comprendre d'après les différents articles de presse, qu'il y avait un problème à l'hôpital de Pau, mais personne n' a mentionné la nature du problème. Je pense que les précisions que vous donnez sont intéressantes et qu'il y a un réel problème dans les protocoles de soin de cet établissement. Il faudrait faire un check up professionnel pour pouvoir s'expliquer exactement ce qui s'est passé là, car c'est à la fois complexe et représentatif de la maladie, de l'évolution du malade dans un environnement de soin carencé et du type exact de carence de soin.
Là on n'est pas dans la partie "grand public" mais dans un nécessaire regard de professionnels à professionnels. On éviterait beaucoup de dysfonctionnements si ce travail de régulation entre pairs pouvait exister, mais c'est ce qui manque le plus. Le milieu psychiatrique est minuscule, environ 13 500 psychiatres (cad à peu près l'équivalent du nombre de stations service en France, ça donne un repère) et donc, c'est comme un petite ville, les gens se connaissent tous et se détestent tous, pas cordialement du tout d'ailleurs. Du coup, les pratiques des uns et des autres ne sont pas toujours très claires.
Sinon, concernant les risques de violence de patients psychotiques, il est vrai et attesté dans la littérature que seule une meilleure introspection (insight) conjuguée avec une prise régulière de traitement permettent de faire baisser significativement le nombre de violences graves. Et il est important de constater que ces deux éléments (introspection, prise de traitement) sont obtenus essentiellement par un suivi personnalisé du malade, des sorties progressives et une assistance pour la prise du traitement. Je suis tout à fait d'accord avec vous que les modalités de prise en charge des patients changent effectivement le taux de risque d'épisodes violents.
Il est parfaitement exact qu'un bon suivi évite les cas graves et ces bonnes pratiques doivent être encouragées et répandues.
Mais ce qui manque en France, me semble-t-il, c'est la publication d'articles médicaux sur ces questions. Je constate un manque réel de publications spécialisées françaises à ce sujet et ça me chagrine beaucoup (vous voyez, je ne suis pas tout le temps optimiste). Alors, à vos claviers.
Par exemple, le dernier rapport sur la dangerosité contenait pas mal de références, mais pas grand chose du côté français.
Il y avait aussi deux défauts dans cette analyse :
1. la notion de dangerosité était appliquée à une personne alors que la dangerosité est un état, ce qui n'est pas du tout la même chose. Il ne faut pas rechercher des personnes susceptibles de dangerosité, ça ne sert à rien car c'est une vraie passoire statistique qui tombe toujours sur les mêmes profils, bloque inutilement des gens non concernés qui auront le malheur de correspondre au profil type sans en porter les caractéristiques réelles et laisse passer tous les cas réels atypiques.
Il faudrait, à mon sens, plutôt chercher à estimer chez les patients le potentiel, à un temps donné, d'entrer dans un état de dangerosité, ce qui n'est pas la même chose. Cela permet, en-dehors des états de crise, de travailler avec le patient sur sa propre conscience de la montée d'un état de dangerosité.
2. L'autre défaut c'est d'être passé à côté de la notion d'insight, sans laquelle on ne peut pas traiter de la question de la dangerosité. Comme le balayage de la littérature s'arrêtait en 2005, je crois, des ouvrages fondamentaux comme "Insight et psychosis" d'Amador et David de 2004, n'ont pas été inclus. Ça prouve que ces recherches bibliographiques sont faites en routine sans refléter une réflexion en cours et qu'il n'y a pas de spécialiste en France qui parle couramment de l'insight et fasse connaître cette question aux professionnels et au public. Faire un colloque sur la dangerosité sans citer Amador et Fuller Torrey, qu'on soit d'accord ou non avec eux, c'est quand même juste n'importe quoi.
Moi, je ne suis pas médecin, mais je connais quand même un minimum de références sur l'insight et je ne comprends pas pourquoi on ne cite pas l'insight comme une clé essentielle pour faire baisser la dangerosité.
Concernant le terme "nuit sécuritaire", si ce n'est pas Baillon, vous n'avez pas dit qui a introduit ce terme. C'est l'idée d'une seule personne, car on ne peut pas créer à 39.
Voila.
Echanges un peu longs, mais les sujets sont tellement sensibles qu'il vaut effectivement mieux être précis.
Echanges de qualité, aussi, j'espère !
Bien cordialement
Pascale
watercolourn rastafouan,frdp
je suis tout ému de voir se déployer autant d'énergie pour permettre à chacun d'expliquer sa position, et à quel point chacun y va de ses tripes
Comme vous vous êtes beaucoup exprimés dans diverses directions, c'est difficile de se montrer intelligent quand on arrive après quelques heures d'absence; plus que l'intelligence l'essentiel est le plaisir que l'on prend à s'expliquer et à écouter les autres
Pour la suite, ne pensez vous pas qu'il serait plus facile qu'on prenne une question après l'autre?
Ce que je retiens pour les soins c'est la parole de watercolour sur l'aide que l'on a à chaque fois que allant mal on rencontre quelqu'un qu'on connait déjà: cela nous donne un appui immense;
C'est à partir de ce constat là que nous avons construit une unité dite d'accueil qui offrait une disponibilité constante
Je sais aussi que c'est le travail de 'supervision' mutuelle' (que je préfère à régulation, mot utilisé à bon escient par les urgentistes de médecine) qui permet à une équipe de suivre ce qui se passe pour chaque patient pour les soins dont il a besoin, et pour apprécier les interactions dans cet espace (associant soignants et patients)
Merci beaucoup d'avoir réagi autant
ce soir j'ai trop sommeil pour aller plus loin
à bientôt
amitiés
guy Baillon
Merci pour l’échange, le glorieux échange. ¿Sais je ce que je vous dois ? Oui, le privilège d’avoir fait en sorte de vous comprendre plus ou moins dans la contingence et, je crois, pas loin du fondamental. ¡ Quel beau cadeau pour qui le cherche malgré tout ! « Le bonheur est comme une envie de dormir » disait Mallarmé. Je crois, sans trop savoir en fait, qu’il rigolait par rapport au bonheur… Moi non. Bonne nuit avec un peu de retard.
Merci infiniment Juan
Ces quelques mots me dopent et me permettent d'affronter l'émission de france inter 3D demain dimanche de 12 à 13 de S Paoli
C'est toujours pour la folie et la psychiatrie un risque extrême que d'affronter les médias, mais Paoli est très 'à l'écoute' et nous aurons la chance outre un comédien et un philosophe d'avoir Delarue son courage et sa probité pour centrer l'échange sur "les conséquences de la nouvelle loi sur la psychiatrie"
Merci Juan et les autres acteurs de ce forum de nous y avoir préparés
à bientôt
guy
Pour waltercolor, (ça y est je l'ai bien écrit !)
Les infos sur le vécu persécutif par le patient qui se rendit l'année suivante doublement meurtrier à l'hôpital Saint-Luc de Pau viennent des médias juste au moment de l'interpellation de Romain Dupuy. Cette dimension de l'affaire a ensuite immédiatement disparu, a été "effacée de la photo" médiatique dont l'opinion n'a conservé que l'aboutissement terrible du processus. Quant à avoir analysé, dans un article par exemple, ce processus, c'eût été aux acteurs professionnels impliqués de la faire (j'ai évoqué plus haut les déductions incroyables qu'en avait tiré une collègue : ajouter du Rivotril dans l'injection !). Pour les autres, il y a une certaine déontologie pour ne pas dire un loi du silence, un tabou. Mais c'est lorsque le pouvoir politique exploite le mauvais bout de la lorgnette, qu'il faut remettre les choses à l'endroit pour que tout le monde comprenne de quoi il s'agit.
En Italie, la loi 180 votée en 1978 sous l'impulsion de Franco Basaglia a exclu la notion de dangerosité et c'est beaucoup plus clair car ici en France, on élargit la notion de dangerosité, pour autrui, pour soi-même. Les personnes qui font des tentatives de suicide, par exemple et que nous rencontrons quotidiennement à l'hôpital de Libourne, ont pour l'immense majorité besoin d'un accueil psychothérapique solide et d'une disponibilité pour un accompagnement immédiat. Un des zélateurs de la future loi au "téléphone sonne" l'autre jour argüait autour de ces personnes suicidantes. Mais quasiment toutes celles que je vois viennent sans contrainte à nos rendez-vous car nous les avons dialectisés avec elles, proposés, non imposés, pas dans la peur qu'elle réitèrent leur geste, mais dans l'engagement le plus confiant possible visant à inventer avec elles d'autre solutions que la mort face à leur souffrance.
En Italie, donc, les malades psychiques auteurs de crimes et de délits sont pris en charge par la justice dans des hôpitaux judiciaires. Les équipes de secteur y rencontrent les patients qui y sont placés pour préparer leur réinsertion. Je me souviens d'avoir fait le calcul selon lequel pour la région de Trieste, vers 2004 ou 2005, il y avait deux malades de cette région sanitaire en hôpital judiciaire, qui étaient tous les deux prêts à sortir et à revenir en suivi psychiatrique ordinaire. Mon calcul d'alors, je n'en ai plus le détail, indiquait que le nombre de patients en hôpital judiciaire était très significativement moindre pour Trieste par rapport au reste de l'Italie. J'en déduisais donc (il faudrait certes une élaboration plus scientifique) que les soins "alternatifs" prodigués à Trieste entrainaient incontestablement une moindre évolution délictueuse ou criminelle pour les populations qui y étaient probablement mieux traités, avec une dimension préventive d'un éventuel tournant dangereux, que dans d'autres régions d'Italie. Étant lui aussi très modeste, Mario Colucci ne se vanterait pas de cet aspect des choses, mais ça vaudrait le coup, là aussi pour montrer que ce n'est pas la contrainte, la maîtrise et la coercition qui favorisent l'adhésion aux soins et l'ouverture à l'introspection, mais l'hospitalité du collectif soignant, son aptitude à l'accueil singulier de chaque patient, chaque famille. Et que si les malades psychiques ne sont pas plus dangereux que tout un chacun surtout s'ils sont bien traités, ils peuvent à l'inverse devenir dangereux s'ils sont mal traités (à écrire en un ou deux mots, selon). J'interromps ici ma contribution. Merci à frdp de m'avoir renvoyé que mon message est lisible.
Cher frdp,
Merci pour cette réponse. J'ai bien entendu ce que vous voulez dire de votre vécu, mais je ne peux pas vous laisser dire que je n'ai pas d'empathie pour les schizos. Au moment où je vous écris, mon fils tourne autour de moi. Il est aujourd'hui légèrement délirant et parle tout seul en passant d'une pièce à l'autre pendant que je tape sur le clavier.
Il est en soins depuis 2003 avec de nombreuses rechutes et hospitalisation, certaines volontaires, d'autres sous HDT. Il a eu affaire à plusieurs équipes différentes pour des raisons de secteur et pour des changements de direction, mais actuellement est la période où il est le mieux soigné sur tous les plans, aussi bien le suivi personnel, que la médication, le travail complémentaire de l'hôpital de jours avec toute la socialisation, mais aussi la prise en compte des risques de dangerosité qui n'ont été ni dramatisés, ni déniés par le service actuel (je ne peux pas vous raconter ici ce parcours mais cela a été très chaud et je pense sincèrement avoir pu éviter le pire, c'est à dire l"irréparable, en allant frapper sans relâche à des portes qui se fermaient et bien des gens qui s'en foutaient de le voir disparaître dans la nature ou finir en prison).
Cela reste un témoignage individuel et n'a pas de valeur universelle. J'ai aussi constaté des progrès formidable pour ma soeur récemment, et après des années d'hospitalisations à répétition et de moments très durs, une stabilisation durable obtenue au cours d'une prise en charge qui a toujours été très humaine. C'est un grand bonheur, croyez-moi et je suis vraiment en admiration devant un tel boulot.
Je ne laisserai pas dire que tout va mal et la situation se dégrade. Ça n'est pas vrai partout. J'ai plein d'autres exemples où la tendance est plutôt au positif qu'au négatif sur des cas parfois horriblement compliqués avec des parcours très chaotiques.
Quand il y a une bonne discussion, une volonté de travailler en réseau, des écoutes mutuelles et des chefs de services concernés et compétents, ça marche. On sent vraiment une bonne intelligence à l'oeuvre et une utlisation à bon escient de la palette de soins sans que les gens se noient dans un verre d'eau.
Maintenant, je pourrais aussi raconter tous les cauchemars de soins, les dysfonctionnements que j'ai vus. Ça vaut le coup des les analyser, mais moi, je ne donne pas une conclusion à l'emporte-pièce avant. Je veux bien la donner après et au vu de faits précis. Pour l'essentiel, les dysfonctionnements portent sur le fait que ce n'est pas le malade qui est au centre du parcours de soin mais les institutions, ce qui rend la mission impossible pour tout le monde.
Voila.
Cordialement
Pascale
Pour Rastafouan :
Concernant le vécu persécutif de Romain Dupuy, je n'ai pas trouvé cet élément dans les articles de presse que j'ai consultés. Si vous avez la référence?
Je vais revenir un instant aux médias : Je relève systématiquement depuis quelques temps tout ce qui sort dans la presse sur la question de la psychiatrie et des troubles mentaux.
C'est particulièrement intéressant de voir comment la presse sélectionne et traite les sujets et quel est le niveau de connaissance des journalistes sur la psychiatrie.
Je prends l'exemple récent de Lewis Alexander Mawhinney, un schizophrène irlandais jugé irresponsable pour une agression sur un collègue en 2008 et qui s'est fait embaucher comme prof d'allemand à Digne après s'être échappé de l'hôpital où il était soigné.
Voici quelques titres de la presse. Vous remarquerez qu'il y a de grandes différences de traitement et que l'énonciation du titre donne déjà en lui-même une vision de la pychiatrie. En 2011, certains journalistes écrivent encore le mot "asile" pour désigner un établlissement de soins psychiatrique.
Je crois qu'il y a un réel travail pour les psychiatres de faire des informations spécifiques en direction des journalistes. En effet, la psychiatrie n'ayant ni "Journées portes ouvertes" ni Téléthon, peu des gens savent réellement comment les établissements fonctionnent en 2011. Leur dernière référence, c'est souvent "Vol au-dessus d'un nid de coucou".
Les journalistes ont un angle de vision qui recherche le sensationnalisme. Selon la phrase célèbre de Alfred Harmsworth "Un chien qui mord un homme, ce n'est pas un scoop, un homme qui mord un chien, c'est un scoop".
Dans ce sens, les meurtres commis par des malades psychiques ont 100% de chance de se retrouver à la une dans les journaux, non pas parce qu'ils tuent plus, mais parce que, tout ce qu'ils font, ils le font différemment des autres, même tuer. La particularité des meurtres de Romain Dupuy venait de la manière dont il les a commis, avec ce rajout de la tête coupée posée sur la télé. Ces modes opératoires qui sont le signe de la maladie sont étranges et attirent l'attention des médias. Les faits sont souvent dans la rubrique "insolite". Il faut travailler sur cette question de l'insolite avec les médias et les journalistes pour bien faire la différence entre l'aspect saugrenu d'un événement et l'événement lui-même et bien expliquer effectivement en quoi consistent les manifestations des pathologies mentales et ce que le public peut faire pour aider le malade lorsque de telles manifestations sont constatées, au travail, dans la rue, à la maison :
« Digne-les-Bains. Le lycée embauche un prof évadé de l'asile » (Le télégramme),
« Un Irlandais enseignant dans un lycée de Digne-les-Bains cachait un passé de schizophrène, échappé d’un hôpital après une tentative de meurtre. » (Le Parisien),
« Le professeur d'allemand était un psychopathe » (La Provence) ,
« Un schizophrène britannique recruté par l'Education nationale » (La Provence) ,
« Le prof était en fait un dangereux schizophrène » (Yahoo),
« Un meurtrier schizophrène enseigne l’allemand à des lycéens et des collégiens » (Le Post),
« Un schizophrène britannique recruté par l'Education nationale » (Reuters),
« Évadé d'un hôpital psychiatrique en Irlande, il se fait embaucher comme prof en France » (20 Minutes),
« Schizophrène et dangereux, il s’était fait engager comme prof d’allemand » (Entrevue.fr),
« Un Irlandais évadé d’une unité psychiatrique se retrouve professeur » (Dna),
« Evadé d’un asile, il devient prof » (Europe 1),
« Evadé d’un hôpital psychiatrique, il se retrouve professeur » (France Info),
« Un Irlandais évadé d'une unité psychiatrique se retrouve professeur à Digne » (Le Point),
« Un schizophrène enseignait dans un lycée » (I télé),
« Une histoire de fou (en plusieurs langues !) (Jim.fr),
« Un schizophrène recruté par l'Education nationale » (Rmc),
« L'évadé d'un hôpital psychiatrique se retrouve professeur d'allemand » (Le Figaro)
Je m'arrête là pour revenir dans la vraie vie.
@+
Cordialement
Pascale
Bravo, Pascale, pour ce florilège édifiant de titres de journaux.
Pour ce qui concerne le vécu persécutif de RD lors de son séjour antérieur à Saint-Luc (en HO je crois), je l'avais entendu à la radio, donc pas de référence écrite. Mais je suis certain de cette dimension et la psychiatre des urgences psychiatriques de Pau l'an dernier au congrès de l'AFERUP à Lille n'avait pas contredit ce point essentiel du "passé" "psychothérapique" de Romain Dupuy.
Il y a en effet, à cause de l'organisation administrative de la psychiatrie non consentie et de la façon dont "pense" l'opinion (hélas mal éclairée par certains de nos dirigeants), des confusions entre folie, dangerosité, criminalité. Presque tout le monde se plaint que ce soit toujours l'administratif (maire, préfet) qui gère le "trouble à l'ordre public et à la sûreté des personnes" lié à un état "psychiatrique" (contrairement à ce qu'exige la loi de juin 1990, les certificats médicaux (quand l'autorité administrative ne s'en passe pas, dans le "HO péril imminent") sont rarement cliniquement circonstanciés et les arrêtés des autorités ne le sont jamais en terme de "faits constatés"). Donc les personnes troublant l'ordre public ont plus ou moins de troubles psychiatriques ou du comportement, mais c'est très flou, de même que le dimensionnement de la qualification de trouble à l'ordre public. Il semble que le risque pour la sûreté des personnes soit largement débordé par le fait que l'on délire même gentiment dans la rue, que l'on se comporte bizarrement, que l'on fase un petit peu trop de bruit un peu tard, etc… Le pire, c'est que les psychiatres signataires du certificat des "24 heures" ont parfois du mal à "infirmer" le HO, assez souvent d'ailleurs parce qu'ils n'ont pas d'alternative ambulatoire à proposer. En fait, la frilosité récemment établie des préfets à accorder pour les personnes en HO les sorties définitives ou d'essai (sur un injonction politique du début d'année), va paradoxalement sans doute amener nos confrères à être plus pointilleux dans l'acceptation antérieurement "complaisante" jusqu'alors d'hospitalisation de personnes en HO qui n'avaient souvent ni rime ni raison.
Une petite histoire illustrative :
Il y a quelques mois, un jeune monsieur qui était assez perturbé psychiquement et qui avait appelé les pompiers pour un feu de poubelles dans le Cubzaguais, s'est vu de façon erronée attribuer la responsabilité du feu parce qu'en attendant l'arrivée des pompiers, il avait démonté un panneau de signalisation pour tenter -en vain- de défaire le couvercle d'une bouche d'incendie en fonte. Donc il était fou, donc il était coupable et dangereux !!! Il était aux urgences de l'hôpital Robert Boulin de Libourne avec le certificat médical et l'arrêté municipal de HO. Je l'ai écouté (ce qu'aucun des précédents protagonistes n'avait pris la peine de faire avant), puis j'ai mené ma propre enquête auprès des pompiers, des gendarmes et du maire, pour constater que le Monsieur (certes perturbé psychiquement) n'avait fait que son devoir de citoyen en appelant les pompiers et en tentant, de façon certes mal adaptée, de circonscrire le sinistre…. J'ai fait invalider le HO, j'ai procuré un bon à ce monsieur pour qu'il s'achète des chaussures (après un conflit avec son camarade, celui-ci était parti seul en voiture avec les chaussures du quidam). Il a regagné sa région d'origine, disposé qu'il était à se soigner de son propre gré, lui qui avait auparavant maintes fois hospitalisé contre son gré.
Grâce au conseil constitutionnel et à une citoyenne perspicace, il a été introduit le contrôle du juge des libertés après 15 jours "d'internement" (j'utilise exprès ce terme anachronique car on entend toujours des patients parler de leur "internement" passé (alors qu'ils étaient en hospitalisation libre") où on les a "diagnostiqué bipolaires"…
Bon promis, je ne réponds plus aux réponses, mais je suis heureux de ce débat où, au départ, chacune ne comprend pas trop l'autre et au final, nous nous entendons, nous nous écoutons, nous nous respectons, même si beaucoup de thèmes se mélangent encore.
A écouter demain sur France Inter : 3D, le Journal, de Stéphane Paoli, thème : la psychiatrie et le courage en politique. Il y aura Guy Baillon.
Voir aussi sur le site du collectif des 39 l'annonce sur notre journée de Libourne : "Juger et punir les malades mentaux ? Questionnements du citoyen", le vendredi 13 mai, avec le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, le député UMP Jean-Paul Garraud que j'ai calomnié hier ici même (je redoute les conséquences juridiques, mais j'assume), des psychanalystes, des juristes, des usagers-patients, des citoyens…
Je reviens moi aussi définitivement dans la vraie vie et je vais répondre à l'injonction Voltairienne de "cultiver son jardin".
Rastafouan, alias François Castandet (Rastafouan Scandé étant mon pseudo "anaphonétique")
chers Rastofouan, et Pascale deux fois
merci de ces remarques et de ces précisions
l'empathie ne se décrète pas de façon générale et surtout pas a priori
le lien entre mère et enfant n'est pas l'empathie, mais l'amour
Franco Basaglia que vous avez cité avec pertinence, si mal connu et 'mal-entendu' en France avait la finesse et l'intelligence devant une personne prétendument 'malade mentale' qu'on lui présentait pour un éventuel soin, de vouloir lui parler d'abord en tant que citoyen; il voulait d'abord savoir s'il avait un logement, des ressources suffisantes, ne parlant de troubles psy et de soins qu'après, et si soins nécessaires les associer toujours avec le souci que ses liens relationnels et sociaux soient solides, jusque dans la recherche d'une activité sociale
En France on continue à vouloir soigner des personnes qui n'ont pas de logement, alors que le premier besoin est un logement et à partir de là ds liens sociaux: en retard de 50 ans !!!
Savez vous quel est le geste qu'avaient il a peu d'années à Trieste les soignants de la salle d'urgence de l'hôpital général dans la salle réservée aux troubles et agitations psy pour recevoir la nouvelle personne 'agitée'?:
lui mettre , eux mêmes des pantouffles neuves aux pieds !
je n'ai jamais vu aussi peu d'agitation aux urgences que là, portes toujours ouverte, pas de cellule, les chambres n'étaient jamais toutes occupées, moitié seulement
comme pour la psychothérapie institutionnelle: la qualité du soin se concrétise et se voit dans les détails
Quand aux médias il y en a qui sont assoiffées de sang, flatter le goût du scandale
et d'autres sont intéressées par l'humain
à chacun de nous de réagir pour avoir les médias que nous méritons: nous avons un pouvoir considérable sur eux: nous les achetons ou ne les achetons pas, et nous pouvons en plus leur écrire, … à force …!
Pour les soins c'est pareil, mais nous avons le devoir d'aider ceux qui sont en miettes pour x raisons, de les aider à se relever qu'ils fassent tous le travail aussi bien que ceux dont vous parlez et dont les patients 'et leur famille' ont besoin
amitiés
guy
J'associe ave la métaphore des souliers de Félix Leclerc (Moi, mes souliers) et de Guy Béart (Dans la neige, y'avait deux souliers). Merci, Guy Baillon pour ce lien chaussant. Car, comme me disait hier ma fille qui rechaussait ses baskets, l'important est de viser à y être le mieux possible dedans.
Rastafouan, François
merci Rastafouan François
merci de cette vigilance et des réparties bien visées
au passage j'ai une interprétation de plus sur Pau qui ne concerne pas la défaillance des hommes mais les institutions qu'ils ont malheureusement mis en place deux ans avant et qui ont produit ce que l'on sait et que tu décris : des espaces de son désertiques sans présence médicale dans les lieux dits 'des no man's soins', bigre ça sonne mal, tant pis, …
Je vais maintenant tenter de me mettre au calme jusqu'à demain 11h
bonne soirée
amitiés
guy
Pour conclure je citerai une phrase donnée par Laurence Martin et venant d'un auteur de science fiction:
"Vous sur une rive, nous sur l'autre, nous resterons des étrangers".
entre les deux l'océan tumultueux de nos vécus et de nos souffrances. Sur ces flots la barque fragile des soignants qui infatigablement va d'une rive à l'autre porter les messages et leur signifiant.
Merci Guy Baillon et Rastafouan pour votre infatigable énergie à essayer de nous éclairer.
Pour conclure je citerai une phrase donnée par Laurence Martin et venant d'un auteur de science fiction:
"Vous sur une rive, nous sur l'autre, nous resterons des étrangers".
entre les deux l'océan tumultueux de nos vécus et de nos souffrances. Sur ces flots la barque fragile des soignants qui infatigablement va d'une rive à l'autre porter les messages et leur signifiant.
Merci Guy Baillon et Rastafouan pour votre infatigable énergie à essayer de nous éclairer.
Désolé pour le bis repetita, mais votre logiciel n'aime pas du tout les copier coller à partir de word et laisse passer une border d'injure peu saillante.
seyante au lieux de saillante
Musclons nos pieds pour éviter la sarcopénie
……………………………………………………………………………………………….
SARCOPENIE
site wikip(i)édia
Étymologie
De sarco- (« chair ») et de -pénie qui vient du grec ancien πενία (« pauvreté »).
Nom commun
Singulier
Pluriel
sarcopénie
sarcopénies
/saʁ.kɔ.pe.ni/
sarcopénie féminin
Diminution progressive de la masse musculaire en vieillissant.
La baisse du taux de testostérone est – entre autres – responsable de la sarcopénie.
Traductions
Enrouler
Perte musculaire due à l’âge
anglais : sarcopenia (en)
Au web master et aux autres , rectification: je recherchais en fait l'article de Guy Baillon. EXCUSES.
@resilience : le site n'est quasiment jamais modéré (puisque tout se passe bien), et quand c'est le cas (une fois ou deux en 6 mois), les commentaires retirés sont stipulés comme ayant été modérés et les personnes prévenues. Pas la peine de monter des théories du complot sur une modération de l'ombre du webmaster des 39… 🙂
Le 29 mars 20120 .
A Guy Baillon , Rastafouan (quel pseudo! ) et aux autres intervenants :
Mon pseudo est Résilience , je suis professionnel de la santé mentale exerçant au titre d'infirmier de secteur psychiatrique , diplômé en 1977 par l'institut de formation en soins infirmiers de l' hôpital psychiatrique Sainte-Anne .
Monsieur GUY (j'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur d' une telle familiarité):content de voir que votre texte à permis de fournir du "grain à moudre " à la pensée , notamment en faisant référence à l' expérience et la politique de soins en Italie menée par un collectif citoyen regroupant professionnels de la santé mentale , habitants,associations,et enfin "usagers"- les malades mentaux. Cette politique de soins qui fut vite qualifiée en France particulièrement d' Antipsychiatrique à l'instar des approches des psychiatres anglais Laing et Cooper ou encore des approches théoriques, philosophiques et cliniques des Guattari et Deuleuze- dont l"'ANTI-OEDIPE" devint le pavé à lancer dans le corpus" scolastique " de la discipline psychiatrique ; Résultat: à trop vouloir "déplacer les bornes des limites" des champs conceptuels et sémantiques ,ces approches différentes de la maladie mentale se retrouvèrent marginales et/ou au mieux expérimentales.
Ce qui m'amène à évoquer le silence des" pré-retraités" de la marginalité expérimentale,d'une clinique bien française et mondialement reconnue,( voire " congrès et conférences" ),celle du docteur et professeur Claude Olivenstein ,fondateur de l'hôpital MARMOTTAN, structure publique qui s'inaugura de l'adoption par l'assemblée nationale de la loi du 31 décembre 1970 organisant la prévention ,la répression du trafic et de l'usage des produits stupéfiants, et in fine définissant une articulation soins / répression originale – l' INJONCTION THÉRAPEUTIQUE ou toute une série de mesures plus ou moins coercitives en fonctions des juges d'applications des peines .
Le tour de force d'OLIVE et de ces conseillers et amis fut d'introduire et de fonder cette clinique autour de principes "éthiques et thérapeutiques" :" Volontariat de la demande de soins" en particulier ,garantie du respect de l'anonymat des personnes et enfin gratuité des soins allant de l'accueil au sevrage en milieu hospitalier en passant par les centres de post-cure; et pour clore le sujet :cette offre de soins sortait les "drogués" de la sectorisation (sauf pour ceux bénéficiant de soins sans consentements sous la forme de l' HDT) et offrait à ces malheureux la possibilité d' aller se refaire une santé physique et morale "gratos" dans des" lieux de vie" au doux nom de " la Gentillade" pour évoquer un de ces lieux défunts.
Alors au delà de cette interpellation sur le silence des soignants"intervenants en toxicomanie" qui je le suppose ne doit pas vous surprendre, je voudrais faire quelques propositions concernant la probable et possible adoption de cette loi "démocratiquement" votée et adoptée par le parlement et qui n'attend plus que son adoption par le sénat et sa validation par le conseil constitutionnel puis la parution des décrets d'applications au journal officiel. A moins de me tromper ,pour l'instant cette loi reste" lettre morte " et il est encore temps de saisir le conseil constitutionnel via "les questions prioritaires de constitutionnalité" ou le conseil d'état et de demander par exemple que soit renforcées et précisées les dispositions d'accueil des personnes 'en soins sans consentement" sous le mode du "péril imminent" dont celles qui seront dirigées ou orientées vers une unité spécialisée – les SAU à l'hôpital général ou les centres d'accueils et de soins psychiatriques permanents du pôle ou le service d hospitalisation du secteur. De telles précisions me semblent utiles avant les décrets d'application ainsi que soit préciser le rôle et la composition des collèges de soignants. Ne faudrait-il pas demander comme pour la garde à vue qu'un avocat et non seulement un médecin généraliste et un officier de police judiciaire pour signer le certificat d"hospitalisation en péril imminent, comme je crois l'avoir compris après examen minutieux du projet de loi ("nul n'est censé ignorer la loi" dit le code civil).
Citoyen encore un effort, demandons ce qui est possible et juste:que toute hospitalisation et organisation de soins sans consentement de toute personne soit soumise à la mise en place d'un dispositif de surveillance et de contrôle de la procèdure :s'agissant d'une privation de liberté il semble normal que le législateur exige la présence d'un avocat dès le début de la"mise en examen sanitaire et sociale" de ceux qui restent encore des concitoyens.Exigeons des enregistrements vidéos des entretiens avec les médecins et que leurs certificats soient clairs et compréhensibles pour tout le monde. Demandons des garanties et exigeons des réparations en cas d'erreur.Mettons les médecins à l'amende comme cela se fait déjà mais par le préfet quand ils ne sont pas assez sérieux dans leurs productions de certificats.
Voilà , c'est tout pour le moment. j'espère ne pas avoir dit de bétises .
Amicalement votre.
au web master du collectif des 39:
je ne monte pas ce complot , je ne suis pas parano, je me suis même excusé de mon erreur en ce qui concerne l'article concerné: que vous faut-il de plus? Alors si vous avez lu mon intervention, je préfèrerais avoir des commentaires sur mes propositions ,en particulier la saisine du consei d'état, du conseil conseil constitutionnel,voire de la cours européenne de justice concernant les controles , notemment la présence d'un avocat ou d'un conseillé juridique assermenté lors de l'établissement d'un certificat de péril imminent ou d!HDT ou encore des HO. Cela ne me parait pas déplacé comme question !!!
Merci encore de me permettre de nous exprimer.
Messieurs les lecteurs désolé pour les fautes d'orthographes mais je débute sur le clavier et donc dans ma dernière intervention ,je corrige: "je ne monte pas de complot "et à la fin :"merci de nous permettre ..
salutations distinguées.
°
…."Demandons des garanties et exigeons des réparations en cas d'erreur.Mettons les médecins à l'amende comme cela se fait déjà mais par le préfet quand ils ne sont pas assez sérieux dans leurs productions de certificats.
Voilà , c'est tout pour le moment. j'espère ne pas avoir dit de bétises .
Amicalement votre"….. dit résilience le 29.3.2011.
…………………………………………………………………………………………………………….
T'inquiète pas résilience , les médecins seront mis à l'amende si ils ne remplissent pas leur protocole "de soins (SNCF?) défini en conseil d'état" à l'heure dite.
Et on pourra résilier leur contrat de travail . Ils seront sans résilience .
extrait du projet de LOI :
L’article L. 3215-4 est ainsi rédigé :
« Art. L. 3215-4. – Est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende le fait pour un médecin d’un établissement mentionné à l’article L. 3222-1 de refuser ou d’omettre d’établir dans les délais prescrits les certificats médicaux relevant de sa responsabilité en application des articles L. 3211-2-2, L. 3212-7, L. 3213-1 et L. 3213-3. »
Lettre ouverte au collectif des trente neuf :
Comme vous l'aurez compris je suis infirmer actuellement en fonction dans un hôpital psychiatrique et si je tiens à garder un relatif anonymat par un pseudo ,je tiens à vous exprimer ma solidarité tardive dans ce combat quelque peu désespéré pour sauvegarder une psychiatrie à visage humain; toutefois il me faut préciser ma pensée quant à ma position actuelle. Si je crois qu'il est important d'accueillir au mieux les malades mentaux, les personnes en souffrance psychologique , les toxicos en galère, les schyzos , les PMD,les bipolaires, les anorexiques ,que sais je encore, dans le cadre du service public et de leur proposer une écoute et des soins de qualité associant spécialistes en neurologie,psychothérapeutes divers et variés, psychiatres et biologistes,infirmier ,aide soignant,ergothérapeutes,psychomotriciens,et de proposer aux personnes hospitalisées des participer à des ateliers divers et variées, il me semble que ce qui fait le coeur d'une prise en charge des personnes en souffrance c'est d'une part leur consentement ou leur accompagnement dans le soin que l'on prend d'eux et ce dans le cadre de" la psychothérapie institutionnelle" dont je me demande si elle à encore quelque avenir dans le service public ;sans doute survivra t elle dans le pendant associatif dudit service public comme un luxe réservé à une élite ou le privé si tant est que les patients aient une bonne mutuelle ou un tiers capable de financer les soins avec ou sans le consentement de la personne. Alors les combats d'arrière garde ont sans doute du panache et je crois m'etre assez battu dans ma vie professionnelle pour défendre une éthique de soins dans le cadre des règles fondatrices de ladite institution celles je crois de la "psychothérapie institutionnelle" que ce soit par jean Oury, félix Guattari, ou tartanpion et qui stipule entre autre si ma mémoire est bonne: premièrement dans ce cadre de soins la parole d'un médecin fusse t-il psychiatre psychanalyste ou neurologue ou éthologue ou encore spécialiste des addictions n'a pas plus de valeur que celle d'un infirmier, d'un cuisinier, d'un patient,s'il n'est pas capable de justifier et d'expliquer sa position ,de la rendre pédagogique-ce qui rime bien avec thérapeutique . C'est à ma connaissance le seul garde fou que je connaisse à la tentation de la toute puissance qui nous guette tous ou à son double négatif l'impuissance et ses avatars dont la soumission au Savoir détenu par quelques initiés. Les nouveaux mandarins seront des neuro scientifiques,biologiste des passions,
spécialistes des théories nouvelles du comportement qui n ont vraiment pas besoin des théories freudiennes pour règler un problème parfois dramatique de béguaiement par exemple. Ils n'ont pas à s'interroger sur "l'intentionnalité du soin" comme le disait un vieux chef de service en preretraite, ils sont au service du progrès scientifiques dans le cadre d'une approche objective de la subjectivité et non pas de temps à perdre avec ces notions oiseuses de transfert et de contre tranfert; les psychologues cliniciennes feront passer des tests pour évaluer le degré d'attachement secure ou non des psychotiques et les psychiatres débordés par tant de responsabilités et de personnes "en péril imminent" à sauver
Alors et in fine si je consacre du temps à écrire sur ce sujet c 'est comme le disait déjà monsieur
jean OURY dans les défuntes éditons Maspéro; "la psychiatrie est faite et sera défaite par tous".
En vous remerciant de votre attention et de votre vigilance, amicales salutations
Lettre ouverte au collectif des trente neuf :
Comme vous l'aurez compris je suis infirmer actuellement en fonction dans un hôpital psychiatrique et si je tiens à garder un relatif anonymat par un pseudo ,je tiens à vous exprimer ma solidarité tardive dans ce combat quelque peu désespéré pour sauvegarder une psychiatrie à visage humain; toutefois il me faut préciser ma pensée quant à ma position actuelle. Si je crois qu'il est important d'accueillir au mieux les malades mentaux, les personnes en souffrance psychologique , les toxicos en galère, les schyzos , les PMD,les bipolaires, les anorexiques ,que sais je encore, dans le cadre du service public et de leur proposer une écoute et des soins de qualité associant spécialistes en neurologie,psychothérapeutes divers et variés, psychiatres et biologistes,infirmier ,aide soignant,ergothérapeutes,psychomotriciens,et de proposer aux personnes hospitalisées des participer à des ateliers divers et variées, il me semble que ce qui fait le coeur d'une prise en charge des personnes en souffrance c'est d'une part leur consentement ou leur accompagnement dans le soin que l'on prend d'eux et ce dans le cadre de" la psychothérapie institutionnelle" dont je me demande si elle à encore quelque avenir dans le service public ;sans doute survivra t elle dans le pendant associatif dudit service public comme un luxe réservé à une élite ou le privé si tant est que les patients aient une bonne mutuelle ou un tiers capable de financer les soins avec ou sans le consentement de la personne. Alors les combats d'arrière garde ont sans doute du panache et je crois m'etre assez battu dans ma vie professionnelle pour défendre une éthique de soins dans le cadre des règles fondatrices de ladite institution celles je crois de la "psychothérapie institutionnelle" que ce soit par jean Oury, félix Guattari, ou tartanpion et qui stipule entre autre si ma mémoire est bonne: premièrement dans ce cadre de soins la parole d'un médecin fusse t-il psychiatre psychanalyste ou neurologue ou éthologue ou encore spécialiste des addictions n'a pas plus de valeur que celle d'un infirmier, d'un cuisinier, d'un patient,s'il n'est pas capable de justifier et d'expliquer sa position ,de la rendre pédagogique-ce qui rime bien avec thérapeutique . C'est à ma connaissance le seul garde fou que je connaisse à la tentation de la toute puissance qui nous guette tous ou à son double négatif l'impuissance et ses avatars dont la soumission au Savoir détenu par quelques initiés. Les nouveaux mandarins seront des neuro scientifiques,biologiste des passions,
spécialistes des théories nouvelles du comportement qui n ont vraiment pas besoin des théories freudiennes pour règler un problème parfois dramatique de béguaiement par exemple. Ils n'ont pas à s'interroger sur "l'intentionnalité du soin" comme le disait un vieux chef de service en preretraite, ils sont au service du progrès scientifiques dans le cadre d'une approche objective de la subjectivité et non pas de temps à perdre avec ces notions oiseuses de transfert et de contre tranfert; les psychologues cliniciennes feront passer des tests pour évaluer le degré d'attachement secure ou non des psychotiques et les psychiatres débordés par tant de responsabilités et de personnes "en péril imminent" à sauver
Alors et in fine si je consacre du temps à écrire sur ce sujet c 'est comme le disait déjà monsieur
jean OURY dans les défuntes éditons Maspéro; "la psychiatrie est faite et sera défaite par tous".
En vous remerciant de votre attention et de votre vigilance, amicales salutations
résilience
multipliée par 4
excusez moi de n'avoir pas répondu aussitôt à vos réactions successives toutes animées de passion, ce qu'il faut pour défendre patients et psychiatrie
mais la vie nous rattrape une parente psychiatre de plus vient de nous quitter cela exige de moi et mes proches un peu de calme et de silence pour lui dire adieu
je ne réagirai pas plus demain et vendredi appelé à intervenir dans une colloque international sur les urgences psy (ce piège) à Bruxelles; je tenterai de porter le même message bien que les scènes internationales soient néfastes pour la psychiatrie de secteur, puisque celle-ci n'existe qu'en France (et en Suisse), et que la plupart de nos 'professeurs' ne réagissent que dans la perspective internationale qui seule publie leurs écrits (ce qui explique le retrait que font les profs de la psy de secteur)
Quelques mots seulement aujourd'hui, surtout sur votre premier texte
Nous devons tous beaucoup à Basaglia, mal connu en France (par jalousie , et partialité)
J'ai beaucoup estimé votre maitre, notre collègue Olive Olivenstein et ralé contre sa carrière fulgurante nous pourfendant par son amour des paradoxes; j'ai toujours été admiratif du travail qu'il a réalisé pour les toxicomanes
Seulement aujourd'hui sachons continuer comme il le faisait les différences entre les réponses sur la toxicomanie et celles pour les psychotiques
le contrat et la menace du gendarme (qu'il savait jouer) sont d'excellents outils pour les toxicomanes
ils sont nuls et néfastes pour les patients ayant des troubles psychiques graves (avec des bémols certains PMD peuvent évoluer en quelques jours)
C'est pour cette raison que la loi actuelle est un projet inhumain et inacceptable (d'abord ce piège des 72 h), et tout amendement ne fera que l'aggraver, tout comme avant la loi de 1990 a "aggravé" celle de 1838 qui tombait en désuétude
Luttons tous pour faire reconnaitre son ignominie
bon courage
et tous aux prochaines manif
amitiés
guy
Bonjour Guy
Merci d'avoir pris le temps de me répondre malgré les circonstances . Comme vous le comprenez,je suis opposé à ce projet de loi mais au vue de la mobilisation ridicule en nombre malgré l'illusion générée par la pétition en ligne qui ne "mange pas de pain" comme on dit mais qui ne représente rien politiquement mes propositions adressées au collectif des 39 de bloquer le processus législatif par un recours auprès du conseil d état ou par une question de priorité au conseil constitutionnel car s' agissant, en particulier dans la mesure de "péril imminent"' d'une privation de liberté comme pour la garde à vue et compte tenu de l'avis de la commission européenne demandant au gouvernement actuel de revoir sa copie, il me semble que ma proposition est tactiquement à étudier.En attente d'une réponse du collectif sur ce sujet je voudrais préciser que monsieur claude Olivenstein ne fut en aucun cas mon maître à penser et si je rend hommage à son habilité politique c'est qu' il me semble que c'est ce qui manque à ce mouvement de protestation qui tourne au meeting de potaches et qui ne risque pas de faire plier un gouvernement qui n'a pas céder pour la réforme des retraites qui m' en souvient il mobilisa beaucoup plus de monde.
Merci encore pour votre mobilisation ,salutations amicales en attendant de vous retrouver sur le site.
bonsoir, le premier poisson du mois
C est le premier avril, il fait beau à Paris et les gens flânent en pensant à tout et à rien sans doute?
A quoi je pense en consultant le site, j'espère quoi? Une réponse de quelqu'un du collectif des 39 à la lettre ouverte que je leur ai adrèssée oubliant que ce collectif est en alerte rouge, en surchauffe des circuits de distribution de la parole militante et reflexive au sein des réseaux d'élaboration de la psychiatrie de demain et de comment la subvertir dans un double jeu "marrane" pense l'un ou dans le détournement de la langue de bois du" managemenent ".TOUT EST ENVISAGEABLE en ce domaine en fonction des objectifs et des situations personnelles et institutionnelle. AINSI je connais un infirmier à qui des patients demandaient pourquoi il n'animait pas un atelier dans le service alors que celui-ci se peuplait sous l'impulsion de groupe de réflexions du pole auquel il ne participait pas faute de temps et auquel il n'avait pas été convié/ on peut pas tout savoir et être partout comme lui fit remarquer " lapalissadement " la chef de service; L'INFIRMIER RÉPONDIT qu'il animait depuis longtemps un atelier tout en arpentant les différents espaces de l'hospitalisation: il appelait cela l' atelier WOUWAI en réference a ses origines et à sa longue et jeune pratique des arts de santé du kung-fu. Comme on lui demandait en quoi cela consistait, il sourit et répondit que cela consistait à "faire sans faire", peut-etre l'avez vous déjà rencontré sans le savoir?
Passez lui mon bonjours si vous avez la chance de la rencontrer,salutations et rendez-vous demain quelque part ?
merci résilience de continuer à demander la continuité d'u dialogue
comme vous je trouve regrettable que ces jours derniers l'échange ne s'élargisse pas
Ceci étant me voici revenu de ce colloque en Belgique sur les urgences psychiatriques; j'y ai retrouvé beaucoup d'amis et d'autres qui ont tourné casaque et ne s'occupent plus que de leur nombril
il a fallu le leur dire avec la même véhémence que vous
les débats du coup se sont élargis
un nombre un peu plus grand commence à se lever contre la loi
(tout en sachant qu'il y a peu de chances qu'elle ne soit pas votée puisque l'UMP est majoritaire), c'est une des raisons, je pense, pour laquelle le reste des 39 ne se mobilise pas pour vous répondre; il n'y a pas d'urgence
mais je pense que maintenant nous devons nous organiser pour provoquer une mobilisation qui se continue pendant 12 mois pour informer les futurs députés que nous allons élire, tout en informant le reste de la population, et que le débat soit aussi large que possible autour de la folie et la psychiatrie
je vous ai reparlé d'Olive parce que vous en avez parlé, et que je l'estimais. C'était une occasion pour souligner l'erreur faite par le projet de centres de 72 h et dire que ce projet prenait comme modèle les toxicomanes, et donc ne pouvait s'appliquer à la psychiatrie et aux troubles psychiques graves
Demain beaucoup de gens manifestent pour défendre l'hôpital en général, mais aussi la psychiatrie : il va y avoir aussi une mobilisation autour des 39 dans ce cadre.
Vous pourrez donc retrouver les 39 à 14h30 à la Bastille et poser vos questions en direct
amitiés
guy Baillon
résilience
je tenais à ajouter quelque chose à cette demande réitérée et juste de réponse à votre "lettre ouverte"
j'en ai moi aussi usé à différentes reprises
et comme vous, à chaque fois ce fut sans succès
Puis je me permettre de vous parler de cette expérience ? Vous en tirerez ce que vous voulez, qui sera peut-être une autre conclusion que moi, vous le saurez à la fin.
Puisque vous êtes infirmiers cela a dû vous tenter, comme moi :
la première fois c'était au printemps 1967; j'étais interne de psychiatrie chez Philippe Paumelle où je découvrais une psychiatrie que je n'avais pas imaginée lors de mes deux années précédentes dans les 'asiles' de Maison-Blanche et de Ville-Evrard
Je découvrais qu'il était donc possible que des conditions de vie quotidienne humaines soient proposées à des personnes "étrangères" enfermées dans leur délire; à partir de là on pensait que les liens humains étaient possibles aussi au lieu de l'indifférence ou de la crainte ; alors que dans les asiles on avait l'impression terrifiante d'un monde d'abandon où rien ne pouvait changer
Ainsi stimulés par la qualité des échanges entre soignants, la qualité des liens avec les patients nous avons découvert un monde où le changement était possible ; cela nous donnait un espoir sans limite ; et encore je ne connaissais pas Laborde qui allait me dynamiser encore plus grâce aux échanges institutionnels créés par Guattari et Oury. Du coup chez Paumelle j'ai eu envie de participer aux changements de façon plus active et plus directe, j'avais compris que ceux-ci se faisaient à partir d'une réunion médicale qui se tenait au domicile de Paumelle, certains soirs, …. Je me suis mis à écrire une lettre ouverte pour demander à Paumelle et à tous les médecins en même temps que cette réunion qui "changeait tout" puisse aussi accueillir les internes car je pensais que nous avions des choses à dire qui seraient utiles pour l'ensemble, et d'abord pour soutenir l'évolution des patients
Ainsi sans le savoir je demandais au fond la création d'un lieu d'analyse institutionnelle avec la participation de tous (avant d'avoir connaissance de l'existence et du sens de cette proposition de travail si forte qu'est la psychothérapie institutionnelle; chose que j'allais découvrir l'année suivante en devenant interne chez Hélène Chaigneau dans l'asile de Ville-Evrard avec laquelle j'allais faire le choix de carrière dans le service public)
Je ne me rendais pas compte que je demandais à Paumelle par cette lettre ouverte une chose révolutionnaire et qui constituait une ligne de séparation différenciant le fonctionnement de cette équipe très moderne entrainée par un homme d'un "punch" extraordinaire, qui était Paumelle et l'équipe de Laborde qui avait créé le modèle de la psychothérapie institutionnelle (que je ne connaissais pas encore)
Pourquoi ai-je fait une lettre ouverte? Parce que sans le savoir je savais que ma demande formulée directement à Paumelle allait se bloquer sur la hiérarchie du pouvoir installée par Paumelle et ses amis, et que son ouverture à d'autres acteurs nécessitait une "philosophie" du soin trop différente. Je faisais donc une tentative pour mobiliser d'autres acteurs contre le pouvoir de Paumelle; c'était un peu fou, sans être méchant, parce que mon pouvoir était bien mince
Cela n'a eu aucun résultat. Mais Mousson, cadre infirmier très ouvert qui a fait presque toute sa carrière dans le 13ème, et qui a quitté le 13ème l'an dernier, m'a raconté que fouillant dans les archives il avait été amusé de retrouver "ma lettre ouverte". Elle avait eu assez de poids pour être ouverte, mais était restée "lettre morte", non prise en compte.
Ma dernière lettre ouverte, 54 ans plus tard (j'en ai commis d'autre entre temps, mais ce sera pour une autre fois), est celle que vous avez vu sur Médiapart, en 4 épisodes, il y a quelques semaines, avant le vote de la loi, adressée au Président de la République et rendue publique à tous les français!
Pourquoi une telle lettre? parce que je savais très bien que le Président ne me répondrait pas et de toute façon ne réagirait pas sur le fond (comme Paumelle) car cela remettait en cause trop de choses, d'où mon idée saugrenue de vouloir mobiliser d'autres personnes autour du Président pour l'aider à changer d'avis …
Vous comprenez que j'étais un peu sincère avec ma lettre à Paumelle, mais je ne l'étais pas du tout lors de ma lettre au Président, je savais que je n'avais aucune chance d'être entendu par son entourage, c'était seulement un espoir modeste de rencontrer l'émotion de quelques amis autour de cette loi (allez voir sur Médiapart combien de personnes ont répondu). Mon intention était très limitée, c'était ce qui continue à me mobiliser aujourd'hui, c'était de participer comme les 39 et quelques autres à se préparer pour la longue bataille qui nous attend avant les élections de 2012 pour obtenir une maturité d'un nombre de citoyens suffisant pour faire évoluer la psychiatrie vers plus d'humanité qu'avec la nouvelle loi
Pour résumer ma première lettre ouverte était naïve, la dernière ne l'était pas
Dans les deux cas la lettre était "ouverte" parce que la personne à laquelle je m'adressais était hors d'atteinte, et que mon but était plutôt de parler à d'autres.. Donc une "lettre ouverte" est en général faite pour d'autres personnes que celle à laquelle elle est adressée.
Par contre vous,je crois avoir compris que votre lettre en réalité vous vouliez l'adresser aux 39, mais que ne les connaissant pas directement vous aviez choisi le mode "lettre ouverte".
Je crois que c'est plus simple Je suis persuadé que les 39 si vous leur écrivez directement se sentirons "honorés" et se mettront à vous répondre sans que vous ayez besoin de rendre public son contenu.
En effet une lettre est plutôt un geste "intime". Si vous écrivez directement aux 39 ils vous répondrons, je les connais
On fait une lettre "ouverte" lorsque l'on pense que notre interlocuteur ne répondra pas et parce que nous avons déjà essayé. Elle devient alors comme un "J'accuse" de Zola. Elle devient blessante. Vous n'en êtes pas là, d'autant que j'ai cru comprendre que vous vous sentiez en bonne compagnie avec les 39. Vous semblez d'accord avec eux
Ne vous découragez pas. Ecrivez leur. Ils vous répondront
Par contre j'ai été à la Bastille, cet après midi !
Vous avez vu comme moi que nous n'étions pas beaucoup et la psychiatrie, perdue, était encore moins nombreuse
Croyez vous qu'ils sont nombreux ceux qui veulent se mobiliser pour la psychiatrie ?
N'êtes vous pas du coup découragé?
amitiés
guy
Bonjour Guy
M erci d avoir repondu et de me faire part de ton experience de lettre ouverte restee lettre morte. Contrairement a ce que tu peux croire ,je ne suis pas proche du collectif des trentreneufs sages et je crois que je les derange plutot. Je suis un dinausaure qui utilise peu les nouveaux medias et je n ai pu lire ta lettre au president .je ne connais que celle du deserteur . Si tu peux m adresser tes messages maintenant que j ai une adresse mail je t en remercie a l avance. Pour hier je n ai pas ete a la manif mais ecouter la bonne parole de mr jean Oury a qui j ai demander de nous parler des electrochocs qu il pratiquait racontat il .Ce fut interressant de l ecouter ainsi que mr Chemla et les autres . B on il est vrai que si je dis parait il des choses interressantes et parfois pertinentes ,la forme laisse souvent a desirer disent souvent les personnes responsables.
Alors cher Guy je te laisse car l ordi du cafe est aussi prehistorique que moi. j aurais beucoup de plaisir a te rencontrer et dialoguer avec toi de vive voix. Je pense aller cet apres midi au lieux dits pour le film et la cloture provisoire des travaux,,rencontres et debats .
Continuons le combat, Ainsi je suis convie par radio libertaire mercredi matin a un dialogue, c est une premiere ou presque pour moi.
Amities
« Lorsqu’il s’est réveillé, le dinosaure était encore là ». Augusto Monterroso disait que sa petite création est le conte le plus petit du monde. Lorsque je participais avec un petit mot dans ce forum je « faisait » une bronchite. Plus d’une semaine au lit. Toutefois, je me suis dit Carpe Diem et j’ai lu un très intéressant, et émouvant, libre d’Elena Poniatowsca dont le titre est « Leonora » (Editeur Seix Barral). Je ne sais pas s’il est déjà traduit au français. Leonora Carrinton est une peintre surréaliste dont le parcours créatif a dû être formidable. Son internement psychiatrique est à compendium de ce qu’on ne doit pas faire avec une personne en souffrance psychotique. C’est émouvant de voir comment elle essayait de se protéger en défendant sa dignité d’être humain, d’artiste. ¿Qui disait dans d’autre forum des 39 que la personne psychotique ne peut pas créer ? Non seulement elle a produit art, mais sa vie était en quelque sorte une élaboration artistique.
Resilience j’ai eu affaire aux media puisque chargé de le faire d’après une association citoyenne qui cherchait initier la sectorisation à Santander (Espagne) : je crois que nous sommes tous de dinosaures face à la tâche de traiter des questions très complexes avec peu de temps et avec un langage approprié (même Guy Baillon exprime la difficulté). D’autre parte, je ne sais pas ce qu’il pourrait dire Jean Oury sur sa pratique avec des l’electrochocs. Je crois qu’au moment d’utiliser une telle « thérapie » il faisait beaucoup d’autres choses qu’humanisait son travail. En tout cas ce que Laborde este devenu est bien parlant dans le sens de l’humanisation du soin. La clinique à Santander où Leonora a été internée n’utilisait que des méthodes provoquant des convulsions… ou presque. J’ai eu un patient hospitalisé depuis 40 ans qui avait été dans cette clinique si cher. Lorsqu’il s’est « réveillé », le dinosaure que j’étais s’est mis à l’écouter avec mon petit bagage des lectures de Freud, Lacan, les surréalistes… Il m’a toujours frappé comment les « vieux chroniques » « verdoyaient » à l’abri de petits gestes d’humanité informés par ces sauries du dernier siècle. Le problème, je crois, c’est d’éviter la toxicité qui jaillisse dans nos sociétés et dans nous même en tant qu’individus dès qu’on ne sait plus essayer quelque perfectionnement. Heureusement dans ce forum on essaie ce perfectionnement. Il me vient â l’esprit quelque vers de Machado (ils sont difficiles de traduire, dessolé)
“Al olmo viejo, hendido por el rayo y en su mitad podrido, con las lluvias de abril y el sol de mayo, algunas hojas verdes le han salido (…) Antes que el río hasta la mar te empuje por valles y barrancas, olmo, quiero anotar en mi cartera la gracia de tu rama verdecida. Mi corazón espera también, hacia la luz y hacia la vida, otro milagro de la primavera” (Antonio Machado).
Amitiés
ami Juan merci mais
fais encore un effort
traduis nous Antonio Machado
amitiés
guy
Voilà Guy ma traduction de Machado (que ceux qui la lisent et le poète me pardonnent)
« À l’orme vieux fendu par la foudre et à demi pourri, avec les pluies d’avril et le soleil de mai, quelques feuilles vertes lui sont sorties (…) avant que la rivière vers la mer te pousse par des vallées et fondrières, orme, je veux noter dans mon portefeuille le charme de ta branche verdoyée.
Mon cœur attend aussi, vers la lumière et vers la vie, un autre miracle du printemps » (Antonio Machado)
J’espère que ma traduction et ce qui suit n’apparaisse avec deux sortes de lettres comme c’était le cas dans mon dernier message : si c’est le cas, je n’y peux rien puisque je suis un dinosaure aussi pour cette technologie.
J’espère que l’émission de France Inter 3D sur La psychiatrie et le courage en politique se soit bien passée. Un beau titre. Malheureusement je n’ai pas d'accès à la TV français. Je vous ai écouté dans un vidéo, lords’ une autre occasion, et on voit que vous avez de l’expérience. Pour ma part, comme je lui disais à resilience, je trouve très difficile la tâche : surtout après m’avoir fait disqualifier de façon répété, et chaque disqualification supposait une nouvelle répétition d’un parlement que je devais mettre en deux minutes, par une journaliste avec laquelle j’ai fini par me fâcher. Le journaliste qui filmait s’est fâché aussi avec sa compagne… Si je peux, et je peux, je l’évite. Toutefois, vous avez raison aussi lorsque vous dites qu’il faut être bien accompagné pour aller dans les medias.
Amitiés
@Juan A. Heredia
France Inter 3D sur La psychiatrie J'en ai commencé une transcription à cette adresse :
http://www.lepost.fr/article/2011/04/03/2454723_reveillez-vous_1_0_1.html
pour l'instant juste l'interview de Guy Baillon, je ferais la suite quand j'aurais le temps
Merci beaucoup Juan
c'est très beau l'orme de Machado et la traduction elle-même est émouvante, …
merci de nous avoir fait partager ce beau printemps
Pour l'émission des 3D j'ai eu la chance d'être aidé par un pro, plein de générosité et d'exigence, et c'est formidable le travail de 'frdp', mais le parler transcrit est toujours difficile, il vaut mieux écouter avec les hésitations et bégaiements; ceci étant cela fait partager avec ceux qui ne peuvent écouter la radio de France-inter en mémoire ('podcast' qu'y disent). C'était Stéphane Paoli qui m'a guidé et fait accoucher, il est remarquable. Comme tu le sais c'est rare. Continue à nous mettre en poésie
amitiés
guy
Merci frdp, c'est trés aimable de ta parte.
Amitié
Merci à nouveau frde. Je viens de lire avec plaisir les propos de Guy Baillon sur les questions que lui pose S. Paoli. En Espagne je commence à voir quelques émissions de TV maintenant qu’on n’a plus de la publicité sur les chaines publiques. TV 2 a maintenant, en plus, des émissions de qualité.
Amitiés
Je sais que par maladie je suis un peu beaucoup paranoïaque mais comme dit mon psychiatre, si vous le savez, c'est que vous ne l'êtes pas, il est gentil mon psychiatre. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de penser, vicieuse, la succession des deux questions, la guérison, puis la loi sur les soins contraints. Vous êtes obligé de répondre sur la guérison et c'est normal, on ne peut pas laisser passer cela, c'est vitale, et d'y revenir, du coup vous éludez la question sur les soins contraints.Ca m'a un peu titiller les nerfs.
Sinon pour le podcast, c'est ce que j'ai employé, on peut télécharger ce logiciel:
http://juicereceiver.sourceforge.net/
et entrer cette adresse internet :
http://track.polenord.net/transform_radiofrance.php?idc=310&lead=1&var1=RSSfrance%20inter&var2=3D,%20le%20journal&url=http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_11558.xml
à l'aide du bouton vert "+" après je ne me souvient pas très bien j'ai cliqué partout, et j'ai eu l'émission. Voilà, voilà, pas très clair mais faisable.