Archives de catégorie : Expressions

Communiqué de presse de la Fnapsy

Paris, le 24 mars 2016

Communiqué de presse

La Fnapsy remercie la Contrôleur Générale des Lieux de Privation de Liberté pour son action concernant le Centre Hospitalier Psychothérapique de l’Ain à Bourgen- Bresse. La Fnapsy avait alerté, il y a quelques années, sur les dysfonctionnements au sein de cette institution. Elle va suivre avec attention la suite donnée et le travail qui sera fait pour le respect des patients hospitalisés. La Fnapsy se félicite du démarrage au sein de la HAS d’une réflexion sur la contention en psychiatrie et espère que ces pratiques d’un autre âge n’auront plus cours.

Claude Finkelstein Présidente

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Des nouvelles du côté de Bourg en Bresse !

Des nouvelles du côté de Bourg en Bresse !

La Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté, Madame Adeline Hazan, ancienne maire de Reims, a rendu public le rapport qu’elle avait adressé à la Ministre de la Santé en février. Comme l’écrit le journal « La Croix » dans son édition du 16 mars 2016, il s’agit « dun rapport sidérant. Le récit de violences ordinaires, presque banalisées contre des personnes atteintes de pathologies psychiatriques ». Ces faits ont été constatés au centre psychothérapique (sic !!!) de l’Ain. Un établissement de 412 lits implanté en périphérie de Bourg-en-Bresse.

 Bourg en Bresse 2016 SM

Outre les « très graves » entraves à la « Liberté de circulation » – si chère à Jean Oury dans la perspective d’une dimension thérapeutique dans un cadre institutionnel -, les mises en pyjama systématiques, les contrôleurs ont constaté une banalisation des mises en chambres d’isolement et des contentions. Continuer la lecture de Des nouvelles du côté de Bourg en Bresse !

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> Nous ne céderons pas !

Appel unitaire
Nous ne céderons pas !

Ceux qui, au nom de Daech, ont fait subir à Paris et à Saint-Denis un moment d’inhumanité absolue ne nous feront pas céder. Rien ne peut justifier ces assassinats, ici ou ailleurs. Chacune des victimes vit en nous parce que nous appartenons à la même humanité. Notre solidarité à leur égard et à l’égard de leurs familles est totale. Ce crime est immense mais c’est en continuant à vivre librement et fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.
Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que ces actes de terrorisme appellent des réponses à la mesure du danger qu’ils représentent. Comme nous savons que le rôle des forces de l’ordre et de la justice est essentiel pour protéger nos libertés. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux réponses que notre société doit apporter à ces actes et à celles déjà mises en œuvre. Continuer la lecture de > Nous ne céderons pas !

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> Communiqué de l’Appel des appels

Nous partageons ce communiqué de l’Appel des appels

Avec une infinie tristesse, nous avons appris les massacres dont la haine aveugle et sourde à toute humanité s’est rendue coupable. Oui nous sommes tristes, meurtris, révoltés et en colère. Nous sommes affectés par cette haine qui a atteint en priorité notre jeunesse. Oui nous revendiquons ces sentiments face à de nouveaux fascismes qui célèbrent la mort au nom de Dieu. Nous revendiquons la dignité et la liberté pour tous les humains, oui tous les humains, même ceux qui sont instrumentalisés par un nihilisme abominable qui en fait des machines de mort. À cette volonté du néant qui émerge du chaos d’un monde déboussolé nous devons tous ensemble opposer les valeurs humanistes, que l’Appel des appels défend spécialement dans la pratique de nos métiers. Nous devons tous ensemble revendiquer les ambitions de la démocratie, de la vraie démocratie, celle des citoyens. Il faut prendre toute la mesure de ces propos de Camus, aux lendemains d’autres massacres : « dans les temps déchirés ou chaotiques que nous vivons, l’idée qu’on va réparer tant de maux dus à l’argent, par une politique de confiance à l’égard de l’argent est une idée puérile ou malheureuse. » À l’argent nous devons, tous, préférer cette liberté dont nous avions pris l’habitude, sans toujours nous rendre compte que nous avions aussi à la défendre comme un bien sacré. C’est à cette défense collective que nous devons, après nos pleurs, nous atteler.
Aujourd’hui, au nom de l’Appel des appels, toutes nos pensées vont aux victimes, à leurs familles, à tous les proches, aux survivants de ces actes cruels, lâches et barbares qui tentent de détruire l’humanité des hommes.

Le Bureau de l’Appel des appels

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> Déranger, création théâtrale

 

Édition : Contes de la folie ordinaire – Médiapart
Car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse
PAR PAUL MACHTOFlyer_DRG_recto__-_copie

« Déranger ». Un spectacle fou, littéraire, populaire… et curatif à la fois ! Une plongée dans l’ordinaire folie d’une unité de soins psychiatriques, un jour comme tant d’autres. Enfin pas tout à fait : les alertes attentats se répandent sur les ondes et le service organise son gala de charité. Salle Jacques Brel à Pantin les 6, 7 et 8 novembre 2015.

Voir l’article: ICI

 

Communiqué de presse 22 octobre 2015

Bureau de presse Sabine Arman – info@sabinearman.com
01 44 52 80 80 – 06 15 15 22 24
CREATION DÉRANGER car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse de Guy Benisty – Cie Le GITHEC
Vendredi 6, samedi 7 novembre, 20h30 Dimanche 8 novembre, 16h Salle Jacques Brel 42 avenue Édouard Vaillant Ligne 7 – M° Aubervilliers – Pantin – Quatre Chemins Tarif A : de 3 à 18€ /
Durée : 2h /
01 49 15 41 70
Le théâtre en plein coeur Le GITHEC, Groupe dʼIntervention  Théâtral et Cinématographique, créé en 1993 et basé à la Maison de quartier des Courtillières à Pantin, réunit professionnels et amateurs en vue de réaliser des oeuvres théâtrales originales avec et en direction dʼun public souvent absent des salles de spectacles. La saison culturelle de la ville de Pantin soutient cette compagnie qui partage le même combat culturel qu’elle, à savoir, décloisonner la culture afin de la rendre accessible à tous. Elle programme la nouvelle création du Githec Déranger les 6, 7 et 8 novembre 2015 à la salle Jacques Brel. Au coeur de ce que l’on nomme pudiquement « exclusion sociale », le travail de Guy Benisty envisage un théâtre puissant qui garde serré dans une même force son appétit esthétique et ses aspirations populaires. Au rythme du quotidien, ancré dans la réalité de la ville, le théâtre du GITHEC se place dans un lieu favorable à la création : à l’écoute du monde. Déranger est une création ambitieuse qui nous plonge dans l’ordinaire folie d’une unité de soins psychiatriques. Des patients des centres psychiatriques du 93, des jeunes du quartier des Courtillières, des musiciens, et des comédiens de la Compagnie partagent le plateau transformé, dans un dispositif bi-frontal, en couloir hospitalier. Les urgences se multiplient, les vies et les délires s’entrechoquent. Comme au PMU, les spectateurs doivent parier sur une course, course de rats, ici, organisée en direct sur scène, et avec chaque soir une tablette numérique à gagner. Depuis huit ans, Guy Benisty a collecté de nombreuses histoires de vies lors des ateliers réalisés avec l’Établissement Public de Santé de la Ville-Evrard et Le Centre de jour de Clichy-sous-Bois-Montfermeil. Ces rencontres l’ont mené à écrire Déranger. Un théâtre, en plein coeur des quartiers populaires, participatif et vivant, en hommage à la folie du monde et des êtres. Retrouvez toute la saison culturelle de la ville de Pantin sur www.ville-pantin.frDSC05799

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> Lieu d’asile – Manifeste pour une autre psychiatrie

Sortie du livre de Thierry Najman.

Lieu d’asile
Manifeste pour une autre psychiatrie

Les mesures d’enfermement, de contrainte, d’isolement, de contention et de surveillance des patients se développent actuellement dans la psychiatrie hospitalière, colonisée par la logique sécuritaire ambiante.

Pour autant, la sécurité est-elle mieux assurée par la fermeture des portes des services de soins ? Les patients sont-ils ainsi mieux soignés ?

Thierry Najman est médecin, praticien hospitalier et chef d’un pôle de psychiatrie dans un hôpital de la région parisienne. Il a déjà publié, comme coauteur, un livre sur la psychanalyse de l’enfant Les Enjeux d’une psychanalyse avec un enfant.

Préface
Pierre Delion est médecin psychiatre, professeur à la faculté de médecine de l’université Lille-II.

Postface
Pierre Joxe est avocat, premier président honoraire de la Cour des comptes.

 

Lieu d'asile

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> STOP DSM

Communiqué de STOP DSM :

COMMUNIQUE du Collectif Initiative pour une Clinique du Sujet STOP DSM :

Jean-Claude Aguerre, Guy Dana, Marielle David, Olivier Douville, Francis Drossart, Tristan Garcia Fons, Nicolas Gougoulis, François Kammerer, Patrick Landman, Claude Léger, François Leguil, Geneviève Nusinovici, Bernard Odier, Michel Patris, Frédéric Pellion, Gérard Pommier, Louis Sciarra, Jacques Sédat, Jean-François Solal, Dominique Tourrès Landman, Jean-Jacques Tyszler, Alain Vanier

Au moment où le DSM 5 est publié en français nous tenons à réaffirmer notre opposition radicale aux fondements et à l’utilisation de ce manuel.Depuis plus de trente ans, le DSM a imposé sa domination sur la psychiatrie mondiale. Conçu comme un instrument statistique pour la recherche épidémiologique et pharmacologique, il a, petit à petit, envahi l’ensemble des domaines de la psychiatrie et, en particulier, l’enseignement aux différents acteurs de la santé mentale, ainsi que la pratique clinique.Se voulant un instrument de renouvellement et de modernisation de la démarche diagnostique et de sa fiabilité, il a échoué : les diagnostics qu’il répertorie ne sont ni fiables, ni valides, comme le prouvent la généralisation des comorbidités.

Qui plus est, ils ne sont pas vraiment utiles pour la recherche scientifique. Le DSM a contribué à détruire les bases de la clinique traditionnelle au nom d’un espoir dans l’arrivée prochaine de marqueurs biologiques, qui ne sont pas au rendez vous. Il a ainsi, en soutenant cette croyance, fait le lit du pire réductionnisme scientiste en privilégiant le modèle biologique et médical, au détriment de l’environnement social et de la réalité psychique. Sa démarche, fondée sur une mise en coupe réglée, comportementale, des troubles mentaux, a brouillé la ligne de partage entre le normal et le pathologique, entraînant des fausse épidémies, l’invention de chimères, une surpathologisation des émotions et des comportements, jusqu’aux excès qui font partie de la vie, avec des surdiagnostics, en particulier chez les enfants.

En isolant les troubles mentaux de leur contexte d ‘apparition, il en a fait des cibles privilégiées pour les médicaments et a favorisé la surprescription en abaissant les seuils d’inclusion.Le DSM, qui n’a aucun fondement scientifique solide, s’est imposé néanmoins comme instrument de référence de l’économie de la santé et des pratiques d’évaluation des administrations sanitaires. Il a permis le développement d’une pensée unique, d’une novlangue, ruinant les conditions d’un débat scientifique honnête dans le champ de la santé mentale d’autant que les conflits d’intérêts qui ont émaillé son histoire, ont créé une grave crise de confiance, de légitimité et de fiabilité au sein de la psychiatrie mondiale.

Pour toutes ces raisons cliniques, éthiques, scientifiques et de santé publique, nous appelons à récuser la référence au DSM 5, à utiliser préférentiellement la CFTMEA (la Classification française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de L’Adolescent) et la future CFTMA(classification Française des Troubles Mentaux de l’Adulte) qui va paraître à la fin de l’année 2015 , et à ouvrir un large débat sur les classifications.

OFFICIAL STATEMENT of The Collective Initiative for the Clinic of the Subject STOP DSM:
On the occasion of the publication of the French version of the DSM 5 (fifth edition of the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), we wish to reaffirm our radical opposition to the foundations and use of the Manual. For more than thirty years, DSM has dominated the world’s psychiatric community. Originally a statistical tool intended to serve epidemiological and pharmacological research, it progressively invaded the entire field of psychiatry and especially its teaching to the different mental health actors, as well as its clinical practice. The DSM has failed in its effort to renew and modernize the diagnostic procedure and its reliability: the diagnostic categories listed in it are neither reliable nor valid, as the generalization of comorbid disorders clearly shows. Moreover, their usefulness for scientific research is equally dubious. The DSM has helped destroy the foundations of traditional clinical psychiatry, in the name of a hope for a soon-to-come discovery of biological markers, a hope that has failed to materialize. In supporting this belief, it has created a fertile ground for the worst kind of scientific reductionism, favoring the biological and medical model over the social environment and psychic reality. Its approach, based on the systematic behaviorist exploitation of mental disorders, has blurred the lines between the normal and the pathological, giving rise to false epidemics and chimeras, encouraging the over-pathologizing of emotions and behavior, including the extremes that are part of human life, as well over-diagnosis, especially concerning children. Separated from the context in which they manifest, mental disorders have become the priority targets of medication, leading to over-prescription by lowering the inclusion thresholds. The DSM, which lacks any kind of solid scientific basis, has nevertheless become the reference tool for the entire healthcare economy and the assessment methods used by healthcare authorities. It has encouraged the development of a uniform way of thinking and a kind of newspeak, destroying the conditions of a honest scientific debate in the field of mental health; because the numerous conflicts of interests in its history, it has also created a severe crisis of trust, of legitimacy and reliability within the world’s psychiatric community. For all these clinical, ethical, scientific and public health reasons, we call for a rejection of the DSM as a reference. Instead, we encourage clinicians to refer to the CFTMEA (The French Classification of Child and Adolescent Mental Disorders), as well as the future CFTMA (French Classification of Adult Mental Disorders), which will be issued in late 2015, and open up a wide public debate on the questions surrounding these classifications.

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> Résistance à Saint-Alban

Publié le vendredi 19 juin 2015 – Édition Libération

Droit d’asile chez les fous

Propos sans appel : «Nous sommes dans l’antichambre de notre propre liquidation… On se rencontre moins, on piétine. Comment se mobiliser pour résister à cette machine infernale ? Qu’en est-il de la valeur humaine de la folie ?» Voilà un texte rédigé par l’Association culturelle du personnel de Saint-Alban, et distribué ces jours-ci, au cours des Rencontres annuelles de Saint-Alban. Sinistre télescopage ! Alors que sort le récit de Didier Daeninckx sur les années de guerre de l’hôpital psychiatrique Saint-Alban – où se mélangeaient alors résistants, poètes et fous -, les héritiers du lieu se disent aujourd’hui effondrés, abattus, et évoquent leur disparation.
Et pourtant… S’il reste un lieu psychiatrique marqué du sceau de l’histoire, c’est bien à Saint-Alban, dans cette ancienne forteresse perdue en Lozère, situé à 1 000 mètres dans le plateau de grès rouge du Gévaudan. Ce petit village a toujours vécu autour de son château féodal, racheté en 1821 par des religieuses, puis devenu hôpital pour femmes aliénées ; avec le temps, le lieu s’est agrandi pour abriter jusqu’à plus de 600 malades. C’est dans ce bout du monde, qu’ont atterri, le 6 janvier 1940, François Tosquelles et, quelques mois plus tard, Lucien Bonnafé. Le premier est un anarchiste espagnol rescapé de la guerre civile, l’autre un militant communiste, résistant proche des surréalistes. Tous deux sont psychiatres. Et tous deux seront à l’origine de ce qui sera la plus formidable aventure de la psychiatrie d’après-guerre : la psychothérapie institutionnelle.

Bonnafé et Tosquelles sont inséparables, couple magnifique, unique, où les divergences théoriques sont fortes, les tempéraments aussi, mais une amitié sans faille les unit. Il fallait voir ce duo, dans les années 90, pourtant vieux et malade, revenant comme chaque année dans les ruelles de Saint-Alban au cours des «Rencontres annuelles». Lucien Bonnafé a été formellement le directeur de Saint-Alban de 1941 à 1943, mais Bonnafé restait toujours un pas en arrière de François Tosquelles, qui fut par la suite le directeur pendant plus de vingt ans, extraordinaire clinicien à l’accent catalan impossible.

JARDINAGE, COUTURE ET TROC
Saint-Alban fut un miracle, une incroyable ouverture à l’autre, dans un des endroits les plus reculés – ou abrités – de France. C’était l’idée qu’il fallait soigner l’asile autant que les personnes qui le fréquentent. C’était l’idée que «sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît». En 1941, François Tosquelles a beau n’avoir que 29 ans, il a un passé impressionnant de psychiatre qui a monté pendant les années de guerre civile des dispensaires sur le front, où il se servait des prostituées comme personnel soignant. Et quand il débarque à Saint-Alban, il n’a pas la tête dans les étoiles. Surgit une urgence : la faim. Dès 1940, apparaissent en effet des difficultés de ravitaillement. Et ce sont près de 2 000 personnes qu’il faut nourrir. Tosquelles ne se trompe pas d’urgence : toutes les valides sont mobilisés. Dans cette région agricole mais isolée, les malades vont alors sortir, assurer le jardinage, le ramassage de pommes de pin, de champignons. Des liens se créent. A l’intérieur de l’asile, les femmes font des travaux de couture, de filage et de tricotage pour les paysans du village : ils servent de troc contre des produits alimentaires introuvables, dont le beurre. Et ce n’est pas tout : les malades échangent la ration alcoolique qui leur est octroyée contre des pommes de terre. De ce fait, Saint-Alban est l’hôpital psychiatrique français qui a compté le moins de décès dus à la famine. En France, 40 000 malades mentaux sont morts de faim entre 1940 et 1944.

Couv.D.Daenincks_72dpi1L’AUDACE OMNIPRÉSENTE
Et ce n’est pas tout. Saint-Alban va devenir un territoire où la folie se fait résistante. Lucien Bonnafé, lors d’une rencontre, dans les années 90 : «A Saint-Alban, Tosquelles habitait un étage, moi un autre, et on s’est constitués en société savante, on a appelé nos réunions, les réunions de la société du Gévaudan.» Tosquelles : «Nos réunions étaient presque permanentes, on avait beaucoup de temps, il fallait attendre souvent, par exemple, le parachutage ou l’arrivée d’un visiteur clandestin. Alors, on parlait de psychiatrie. Des rencontres presque journalières, ou nocturnes. On analysait ainsi l’hôpital psychiatrique, on disait, entre blague et sérieux, que c’était un marquisat, le territoire d’un marquis. La structure du médecin chef était celle du châtelain, avec les classes sociales étagées, les infirmiers, les malades.»

A cause de la guerre et de cet emplacement difficile d’accès, l’audace est alors omniprésente. «On a beaucoup travaillé avec les paysans, les gendarmes. Il y avait beaucoup de gendarmes qui avaient participé à la résistance, ne parlons pas de quelques curés, des instituteurs», racontait Tosquelles. Lieu unique. Des fous et des résistants. A Saint-Alban, on vit, on travaille, on dessine, on peint, on écrit, on se bat, et on discute sans fin, avec Eluard qui passe, Tristan Tzara aussi, ou encore le philosophe Canguilhem, comme le rappelle Didier Daeninckx dans son livre. Un moment de grâce, où tout peut être possible. Soixante-dix ans plus tard, la guerre est finie. Et Saint-Alban s’épuise.

Eric FAVEREAU – Libération

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> Communiqué du CNPP

Le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP), regroupant les principaux syndicats et sociétés savantes de la psychiatrie française*, alerte ce 18 juin par la voix de son président, le Dr Maurice Bensoussan, sur les dernières directives ministérielles sur les actions de formation relatives à l’autisme (lire ci-dessous). Une alerte qui sonne comme une nouvelle manifestation de l’inquiétude des professionnels de la psychiatrie, que soit privilégié le champ médico-social pour l’orientation des prises en charge du trouble autistique, au détriment du champ sanitaire…

COMMUNIQUE DU CONSEIL NATIONAL PROFESSIONNEL DE PSYCHIATRIE CONCERNANT LES DIRECTIVES MINISTERIELLES SUR LES ACTIONS DE FORMATION RELATIVES A L’AUTISME

Un dispositif de référence est fixé par voie législative pour le développement professionnel continu (DPC) des médecins. Il s’applique quelles que soient les spécialités médicales et  les pathologies.

Les directives ministérielles énoncées lors du Conseil National de l’Autisme du 16 avril 2015 apparaissent au Conseil National Professionnel de Psychiatrie (CNPP) de nature à remettre en cause les principes de ce dispositif. La  secrétaire d’Etat chargée du handicap envisage, dans le cadre des troubles du spectre autistique, de restreindre les possibilités de DPC aux seuls programmes sélectionnés par un jury dans le cadre d’un appel d’offre. Le CNPP, dont la régulation du DPC est une des missions essentielles, tient à alerter sur les risques que constituerait cette voie parallèle de contrôle et de choix. Il convient de préserver de l’immixtion de directives politiques ou d’options idéologiques le champ sensible de la formation à l’élaboration des diagnostics et des thérapeutiques, qui appartient au domaine scientifique.

Le CNPP rappelle que le dispositif de DPC, créé depuis fin 2011, associe une Commission Scientifique Indépendante, un Organisme gestionnaire et un Conseil National Professionnel dans chaque spécialité. Ces instances sont  chargées de valider les programmes et  de donner des orientations. La proposition ministérielle discrédite la compétence des professionnels et des organismes en charge d’élaborer des programmes mais aussi le dispositif construit par voie législative. Il convient aussi de veiller au respect de la liberté académique reconnue aux universitaires, notamment en ce qui concerne le contenu de leur enseignement.

 Le CNPP soutient la nécessité de formations ouvertes, diversifiées, issues d’une méthodologie de recherche rigoureuse, définies par des professionnels qualifiés, agréés et demeurant indépendants, et ce quel que soit le domaine des soins psychiques concerné.

Dr Maurice BENSOUSSAN, président du Conseil national professionnel de psychiatrie

Le Conseil national de psychiatrie (CNPP) regroupe l’ensemble des syndicats et sociétés savantes de la psychiatrie française :

Collège national pour la qualité des soins en psychiatrie (CNQSP)

Collège national des universitaires de psychiatrie (CNUP)

Fédération française de psychiatrie (FFP)

Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP)

Syndicat national des psychiatres privés (SNPP)

Syndicat des psychiatres d’exercice public (SPEP)

Syndicat des psychiatres français (SPF)

Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH)

Syndicat des psychiatres salariés de la  Confédération française de  l’encadrement (SPSCFE-CGC)

Syndicat universitaire de psychiatrie (SUP)

Union syndicale de la psychiatrie (USP)

 

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> Est-ce la fin de l’hôpital de Saint Alban ?

Le Centre Hospitalier François Tosquelles, à Saint Alban sur Limagnole en Lozère, est connu et reconnu non seulement par ce moment historique qui, après-guerre, a bouleversé la psychiatrie française et la vie asilaire mais aussi parce que son traitement institutionnel des psychoses, et les effets et conséquences qui s’en suivent, constituent à ce jour un outil thérapeutique d’une grande pertinence.

Certains, et non des moindres, ont pu dire qu’ « heureusement qu’il y a eu St Alban pour donner une dignité à la psychiatrie française » pendant la seconde guerre mondiale. Ce souffle novateur a pris le nom de « Psychothérapie Institutionnelle » dans un moment où la conjoncture sociale et politique ne s’y prêtait guère et a su se prolonger malgré les difficultés multiples et protéiformes que nombre d’initiatives rencontraient.

À ce propos, François Tosquelles a pu dire « L’occasionnelle conjoncture politique se montre paradoxalement toujours ouverte à l’espoir. » …mais est-ce la fin de l’hôpital de Saint Alban ?

Aujourd’hui, alors que l’hôpital est implanté en divers endroits, dans le département ce moins peuplé de France, qu’en est-il de ce souffle?

Février 2015, arrivée d’une nouvelle direction. Le tempo est donné : l’hôpital psychiatrique de St Alban, « entreprise comme les autres », avec son économie de gestion et son augmentation de la productivité, reçoit son coup de grâce.

Modèle paradoxal où tout se trouve standardisé, nous sommes dans le « tout normé », il faut « séquencer » les opérations de travail tout en proposant un service exclusif et personnalisé devant respecter la singularité de chacun. Dans ce système mis en place seule la logique managériale prévaut. Et c’est une performance financière que doit réaliser l’hôpital cette année : 900 000 euros d’économie (dont 300 000 euros de débasage) ; des éclaircissements ont été demandés par le conseil de surveillance. Pris en otage par cet « endettement », l’hôpital doit dégorger du « cash » ; et le « cash » pour un hôpital psychiatrique c’est les soignants : non renouvellement des départs à la retraite, récupération de 23 équivalents temps pleins… La direction propose de mutualiser les moyens (humains, cela va sans dire…), ce qui s’apparente plus à une compression des effectifs qui ne stoppe pas l’hémorragie mais qui l’accélère par la suppression de perspectives.

D’autant plus que notre département ne facilite en rien cette politique… Petit extrait du quotidien : ici, c’est en temps que nous évaluons les distances kilométriques, -Marvejols à 35 min de St Alban -Florac à 1h30 de St Alban -Langogne à 1h de St Alban -St Chély à 16 min de St Alban -Mende à 45 min de St Alban. Pour vous donner une idée plus précise, une visite à domicile peut prendre une demi-journée dont les 2/3 sur des routes dites sinueuses voire vertigineuses, en Lozère. Nous sommes à flux tendu et en manque d’avenir.

L’équation est simple : diminuer le nombre d’employés abaisse les dépenses et donc augmente le profit (économique). Mais y a-t-il moins de patients ou sont-ils abandonnés ? C’est donc toute une organisation du travail qui est saccagée, comme le décrit le personnel de St Alban :

-Réduction de 40% du budget thérapeutique -Réduction de 40% de l’enveloppe des supervisions -Fermeture des hôpitaux de jour adultes, enfants du site de Florac

-Licenciement des accueillants familiaux thérapeutiques à échéance de juin 2015 -Validation de la fermeture des hébergements alternatifs à l’hospitalisation (maisons communautaires, appartements thérapeutiques)

-Remise en cause des liens du C.H.F.T. et de l’association Société Lozérienne d’Aide à la Santé Mentale

-Fermeture de la crèche du personnel : mort entérinée pour cet été

-Fermeture de l’unité C.D.R. (Centre de Réadaptation) à St Chély : « interface entre les unités de soin et la réinsertion ouvrant à la réadaptation sociale et / ou professionnelle » : mort annoncée pour octobre 2015 Nous sommes dans l’antichambre de notre propre liquidation .

Impression qu’il n’y a rien à faire, que tout le monde est pris à la gorge. Sentiment accentué par l’isolement des individus qui n’auront d’autres choix que de se soumettre. On se rencontre moins, on piétine. La direction assène un discours et un vocabulaire de management et trouve même des services qui « descendent » d’autres services, collaborant par là même au démembrement de l’hôpital.

Dans ce climat qui pourrit, cette ambiance délétère, chaque salarié doit proposer des idées pour améliorer son poste, chaque unité des idées pour améliorer son service, sa méthode pour organiser sa douce agonie, en tout cas silencieuse. C’est dans ce suprême déni du soin et mépris des soignants que nous baignons, et l’Association Culturelle du Personnel en est touchée de plein fouet, tout comme la majorité des hôpitaux psychiatriques de France.

Comment se mobiliser pour résister à cette machine infernale ?

Qu’en est-il de notre socle commun, de nos valeurs éthiques et politiques ?

Qu’en est-il de la valeur humaine de la folie ?

« Où commence et où finit la clinique ? »

L’ Association Culturelle du Personnel de St Alban.

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> lettre aux célébrités mobilisées A l’occasion de la Journée Mondiale de Sensibilisation à l’Autisme

A l’occasion de la Journée Mondiale de Sensibilisation à l’Autisme du 2 avril 2015, un grand nombre d’associations lance des campagnes appelant à promouvoir l’inclusion des personnes avec autisme dans tous les domaines.
L’association « SOS Autisme » pour lutter contre la discrimination faite aux autistes mobilisent des célébrités qui militent contre les préjugés et les clichés faites à ces personnes.
Or cette campagne a soulevé un certain nombre de questions et d’idées dont il conviendrait de débattre.
C’est donc dans cette optique que j’adresse une lettre aux célébrités mobilisées avec lesquelles il serait, il me semble, intéressant d’ouvrir une discussion.

Matthieu Chedid, Marc Lavoine, Calogero, Marie-Claude Pietragalla, Henri Leconte, Emmanuel Petit, Frédéric Michalak, Gérard Klein, Philippe Geluck, Eric Dupont-Moretti, Axel Kahn, Cyril Hanouna, Michel Cymes, Laurent Savard, Brunon Wolowitch, Davis Douillet, Guillaume Canet, Charles Berling, Philippe Candelero, Sophie Davant, Laurent Ruquier, Zoe Félix, Patrick Montel, Victor Lazlo, Philippe Bas, Ary Abittan, Jean Felix Lalane, Wiliam Leymergie, Lea Seydoux et Patrice Leconte.

Je vous adresse un appel à la prudence.

Ce message est une mise en garde contre un excès de simplification qui ne rend pas peut-être pas autant service que vous le croyez aux autistes, notamment quand vous dites que sans l’accès à l’éducation, au sport et à la culture les jeunes autistes sont condamnés aux hôpitaux de jour et restent sans perspectives.

Mesdames et messieurs les célébrités, vous vous êtes exprimés dernièrement au sein d’un clip de Patrice Leconte « un artiste un autiste », pour soutenir la cause des personnes autistes que vous prenez très à cœur.

Je voudrais à mon tour m’exprimer car en vous entendant, je suis inquiète et je me demande si on vous a bien renseigné sur la cause que vous défendez et sur la réalité du terrain, qui vous en conviendrez, ne doit pas être pris à la légère.

Vous parlez d’une privation du droit à l’éducation, à la culture, au sport.

Quand d’autres se lamentent d’un accès au soin toujours plus long et difficile à mettre en place avec des temps d’attente dans certaines régions pouvant aller de quelques mois à quelques années.

Vous parlez d’une privation au droit à l’éducation, à la culture et au sport…

Chaque équipe de soin doit  lutter et se battre et le fait sans doute davantage que ce que vous supposez, pour que chaque individu qui peut y prétendre puisse s’ouvrir au monde et à la culture ou au sport.

Mais malheureusement tous les enfants autistes ne peuvent pas y accéder et votre clip n’envisage pas les cas où cela ne serait pas possible. Vous n’ignorez pas qu’il y a autant d’autisme que de personnes autistes et vouloir uniformiser le propos n’est pas sans risque.

Croyez-vous que les salles de sport, les conservatoires et les écoles savent vraiment faire avec les automutilations, les morsures et les excréments de certains qui cherchent désespérément les limites de leur corps ou a en boucher les orifices?

C’est un long travail courageux et de tous les instants que de pouvoir les y amener et les parents sont les premiers à en connaître la mesure.

Il n’est pas question d’enfermer les enfants  autistes dans une image de petits sauvages repoussants et étranges qu’on ne peut pas approcher.

Il s’agit plutôt de ne pas méconnaître qu’ils ont parfois des besoins spécifiques et ne pas passer sous silence que ce qu’ils sont amenés à vivre demande à être entendu avec une certaine lecture par exemple du vécu corporel et dans une certaine temporalité qui peut être longue.

Vous a-t-on bien expliqué ce qu’est un hôpital de jour, qui y travaille, comment on y travaille et quel public y est accueilli ?

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ne vous semble pas suffisamment respectée dans le cadre scolaire et elle ne me semble en effet pas très réaliste à appliquer au regard de l’école telle qu’elle est organisée aujourd’hui.

Et pourtant de nombreux enseignants font des efforts considérables pour accueillir dans leur classe des petits enfants de maternelle ou de primaire qui n’ont pas toujours les repères et les ressources nécessaires pour s’organiser dans un milieu scolaire ordinaire.

Vous a-t-on rendu sensible à la place que pouvaient occuper dans les classes des enfants angoissés par trop de stimulation et qui peuvent du coup se replier sur eux quand l’environnement devient incontrôlable? Comment peuvent faire des enseignants peu spécialisés dans cette problématique et dans des classes surchargées?

Vous a-t-on rendu compte de ce qu’il coûte à ces mêmes enfants de devoir s’adapter à un cadre scolaire qui ne peut pas  toujours s’ajuster à leurs besoins spécifiques? Des besoins d’expériences et de réassurance que le dispositif d’une classe ne permet pas?

Et que vous a-t-on dit des enfants qui passent de longs moments à tenter de se rassurer sur leur intégrité corporelle parfois à coup d’automutilation et sur leur continuité sensorielle? N’accumulent-ils pas parfois un certain retard dans leurs acquisitions? Êtes-vous bien sûrs que ces enfants qui ne se construisent pas tout à fait comme les autres, ne demandent pas une attention et une écoute toute particulière relevant d’un autre registre que de celui de l’enseignement?

Pour finir, je voudrais vous mettre en garde, vos propos risquent de vous emmener vers une voie qui n’est peut-être pas celle à laquelle vous pensiez en vous inscrivant dans ce projet.

Auriez-vous imaginez que votre projet puisse être vécu comme une dépréciation du travail des équipes soignantes des hôpitaux de jours qui chaque jour relèvent le défi de la rencontre et de l’altérité avec des personnes autistes ? Auriez-vous envisagé que votre clip viendrait annuler le travail de ces soignants qui accueillent les patients et leurs familles parfois jusque dans leur chair et leur psychisme pour tenter de les comprendre et de s’ajuster à leurs angoisses?  Pensez-vous vraiment que des soignants puissent ne pas s’inscrire dans des perspectives d’avenir avec des patients? Et si certaines familles ont ce sentiment, ne serait-il pas plus judicieux d’aller comprendre ce qui se passe.

Vous qui savez créer, savez-vous comment crée-t-on et invente-t-on avec des enfants et des adolescents qui ont parfois plus besoin d’immuabilité que de transformation de leur monde environnant ?

Créer à petits pas et parfois renoncer aux velléités trop créatives car trop intrusives tout en maintenant ses capacités de penser voilà à quoi doivent se confronter quotidiennement les équipes souvent volontaires.

Vous a-t-on parlé de tous ces enfants et familles qui accordent leur confiance aux institutions de soin ou de ces familles qui attendent dans l’anxiété et la détresse des places en hôpital de jour?

Ces familles partagent pourtant les mêmes soucis et les mêmes espoirs que les vôtres et que bon nombre d’équipes soignantes.

En tant que psychologue clinicienne forte d’une expérience de nombreuses années dans différentes structures de soin et dans l’accompagnement de jeunes enfants, il me paraissait nécessaire de vous interpeler sur l’intégralité des enjeux de cette problématique.

Pour vous en rendre compte par vous-même peut-être accepterez-vous mon invitation, celle d’oser jouer le jeu de la rencontre avec des soignants et d’écouter leur préoccupation qui sont proches de celle des familles.

La tentative de simplification dans laquelle vous vous êtes inscrits dans ce clip me parait préjudiciable pour la cause que vous défendez.

En rencontrant ces soignants que vous dépréciez en rejetant les hôpitaux de jour et qui, de fait, n’apparaissent pas à vos côtés dans le clip, vous pourriez sortir d’un discours trop tranché à l’égard du soin.

Accompagner les familles et leurs enfants dans des perspectives d’avenir toujours ouvertes est fondamentale, sensibiliser l’opinion publique aux besoins des personnes autistes, alerter sur les manques de moyens existants pour les accompagner est une démarche primordiale à soutenir, mais laisser penser que les personnes autistes n’ont pas de besoins spécifiques me parait déraisonnable. La loi 2005 dans le cadre scolaire et culturelle sans aménagement et sans moyen n’est pas applicable. Or certains parents ne comprennent pas cet écart entre la loi et la réalité des structures publiques et votre clip ne devrait pas les aider à y voir plus clair.

Nous partageons les mêmes préoccupations et pourtant j’ai le sentiment que nous ne parlons pas tout à fait des mêmes problématiques. Militer pour l’autisme c’est à mon sens, avant tout accepter la rencontre dans ce qu’elle peut avoir de plus complexe et d’énigmatique, c’est aussi respecter les particularités, les rythmes et les paradoxes de chacun et ne pas faire comme si la différence n’existait pas.

Séverine OUAKI

 

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> La pédopsychiatrie du secteur de Saint-Denis indignée !

ça bouge, mais en ordre dispersé, Corbeil, les 5 de Paris (Esquirol, MB, Ste Anne, Perray-Vaucluse et ASM 13) après Villejuif, Caen, Uzès et d’autres l’an dernier, une coordination ne ferait pas de mal, non ?

Communiqué de presse – jeudi 4 juin 2015

Grève le 8 juin du secteur de pédopsychiatrie rattaché à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis

La pédopsychiatrie du secteur de Saint-Denis indignée pour ses enfants et leurs familles.

Objectif : Interpeller le gouvernement français sur les effets dévastateurs des conditions de travail du secteur de pédopsychiatrie sur les enfants et leurs familles.

Un enfant, en souffrance psychique, et ses parents attendent entre 7 mois et 1 an, ce qui correspond à 400 familles en détresse, avant que nos structures de soins puissent les accueillir et les écouter. Nous ne pouvons plus assurer nos missions de service public.

Pourquoi ces délais humainement et éthiquement inacceptables ?

L’agence Régionale de santé, et l’hôpital Delafontaine, sous la tutelle du ministère de la santé, ont décidé depuis quelques années, et de manière unilatérale, d’amputer les moyens humains et financiers dédiés aux structures de soins de psychiatrie infanto-juvénile alors que la demande est en augmentation constante. Le taux de natalité (+30% en 3 ans) alimente cette demande, alors que sa nature s’aggrave du fait de la précarité extrême de la population.

Les conséquences sont très graves :

Pour l’enfant : sa prise en charge tardive va à l’encontre des dépistages précoces recommandés. Les troubles qui s’enkystent alors sont susceptibles d’aggraver son retard dans les apprentissages scolaires et rendre son lien aux autres de plus en plus délétère.

Pour les parents : leur sentiment de rejet et d’abandon par notre institution est massif. Ils sont face à un désarroi avec lequel ils n’arrivent plus à composer.

Pour la collectivité : cette situation contribue à fracturer les structures de protection de l’enfance, mais aussi celles sociales, médicales, judiciaires, à cause des passages à l’acte répétés qu’elle peut produire. Un enfant ou un adolescent qui n’est pas écouté dans sa parole, se fait souvent entendre par un passage à l’acte contre lui-même (mutilations, suicide…), ou bien contre son environnement : école, famille, proches. Le décrochage scolaire, l’alcoolisme, la toxicomanie, la délinquance, la radicalisation, la violence contre la société … sont autant d’appels possibles d’adolescents qui, trop souvent, n’ont pu être accueillis et entendus à un âge plus jeune. Ce coût budgétaire pour notre pays étant bien plus élevé que les réductions de postes, et les érosions salariales au regard de ces enjeux fondamentaux.

Le 8 juin, le secteur de pédopsychiatrie rattaché à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis est en grève et participe à l’action auprès du ministère de la santé.

Rendez-vous à 14h00 dans le hall principal de l’hôpital Delafontaine.

– Le collectif du personnel du secteur de pédopsychiatrie de l’hôpital Delafontaine : psychologues cliniciens, pédopsychiatres, cadre socio-écucatif, éducateurs, enseignants, infirmiers, secrétaires, assistantes sociales, orthophonistes, psychomotriciennes, agents de service,

– Sud, CGT, CFDT

Pour signer c’est ICI

Contacts :

Christophe Vandeneycken, cadre socio-éducatif, hôpital Delafontaine

Christophe.vandeneycken@gmail.com 06 61 75 49 93

Laurence Boski-Weiss, pédopsychiatre, hôpital Delafontaine

Laurence.boski@free.fr 0621414448

Francis Piot, psychologue clinicien, hôpital Delafontaine

0622967561

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> La psychiatrie asphyxiée

Une Situation de la psychiatrie

Un exemple de démantèlement d’une équipe de psychiatrie, la situation au CHSF (Centre Hospitalier Sud Francilien)


La psychiatrie asphyxiée

Alors que la politique officielle du Ministère prétend promouvoir les soins ambulatoires, les équipes de psychiatrie de secteur rattachées au CHSF qui les ont développés depuis 40 ans, en multipliant la diversité des offres de soins en relation avec les partenaires des champs social et médico-social du territoire sont mises à mal, voient leurs moyens réduits brutalement et leur travail clinique disqualifié, fragilisé et finalement remis en question au nom des objectifs du Plan de Retour à l’Equilibre Financier.

La psychiatrie de secteur repose en effet sur quelques principes simples et fondamentaux :

-Une disponibilité des soignants au traitement des sollicitations multiformes qui leur sont adressées.

-Une grande fiabilité des relations au long cours établies entre soignants et soignés.

-Une facilité d’accès aux diverses unités de soins territoriales de proximité.

Nos différents secteurs, historiquement, à l’initiative de Lucien Bonnafé, ont été parmi les premiers, en France à leur donner une réalité effective. Personne ne le conteste. Mais, dans les faits, aujourd’hui, quand on travaille à flux tendu, quand les équipes s’amenuisent, quand la précarisation des postes (généralisation des recrutements en CDD) ne garantit plus les continuités relationnelles, quand des dispositifs de soins sont menacés localement de fermeture, c’est toute une conception du service public de psychiatrie qui se trouve attaquée.

En effet si l’on peut comprendre le principe de la prise en compte des impératifs financiers qui dicte l’évolution actuelle de nos secteurs du fait des économies à réaliser, les décisions prises par leur brutalité, leur imprévisibilité et leur soudaineté remettent en cause l’organisation même des soins apportés aux personnes en difficulté et la possibilité de leur prise en charge, le mouvement de réduction drastiques des équipes étant de plus en plus amplifié, s’opérant de manière aléatoire sans ligne d’action apparente autre que l’opportunité d’agir au cas par cas des économies.

Ainsi:

-Dans le secteur de Vigneux, Montgeron, Crosne manquent : 3 postes de psychiatres, 1 psychologue, 1 infirmière.

-Dans le secteur de Yerres, Brunoy, Quincy/Sénart manquent : les ASH (agents du service hospitalier) sont retirées des unités d’hospitalisation, un CMP va fermer, il manque un psychologue, des psychiatres s’en vont.

-Dans le secteur de Corbeil, St Germain les Corbeil, St Pierre du Perray, Tigery, Villabé,

manquent : 1 psychologue, 1 psychiatre, 3 postes infirmiers au moins.

-Dans l’Unité des Urgences Psychiatriques et de Liaison (UPLI), il manque 2 psychiatres et des infirmiers, ce qui entraine actuellement une crise majeure.

-Quant à l’intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile, tout comme les autres services de psychiatrie adulte, il est confronté en première intention aux effets du malaise social. Là aussi, les objectifs du COM (Contrat d’Objectifs et de Moyens), fixés par une mission d’appui en santé mental venue enquêter en 1999 en psychiatrie (et reconnaissant une psychiatrie sinistrée), ne sont pas respectés. Ce COM signé en 2004 devait permettre à la psychiatrie infanto-juvénile la création de 3 « structures d’accueil supplémentaires » et l’augmentation de places en Familles d’Accueil Thérapeutiques.

Les enveloppes budgétaires attribuées à l’hôpital pour la psychiatrie infanto-juvénile ont probablement été englouties dans le retour à l’équilibre financier alors même, que jusqu’à très récemment, le directeur de la psychiatrie nous avait promis chaque année qu’avant la fin de l’année en cours nous aurions tous les personnels promis.

Si bien qu’au regard du COM 2015 non encore réalisé manquent aujourd’hui dans le service de psychiatrie infanto-juvénile : 1 cadre infirmier, 12 infirmiers, 4éducteurs spécialisés, 1,5 ortophonistes, un mi-temps de psychomotricien, 3 psychologues, 0,5 assistants sociaux, 1,5 secrétaires, 1 PH temps plein, 2 PH temps partiels, 1 assistant spécialisé, 8 vacations médicales.

Toutes les équipes des secteurs sont au bord de l’asphyxie et devront, si la tendance annoncée se confirme, cesser une partie de leurs activités. Dans les CMP les délais d’attente s’allongent, les urgences sont débordées,  et les services hospitaliers ne pourront plus disposer du temps, des moyens, et des conditions de sécurité indispensables à la qualité des soins en psychiatrie. Déjà, un CMP, à Vigneux sur Seine, s’est vu contraint de fermer l’accueil au public à plusieurs reprises par manque de médecins psychiatres.

Dans chaque service les saignées sont dramatiques. Des soignants recrutés sur des contrats précaires ne sont pas reconduits du jour au lendemain, ceux qui partent en retraite voient leurs postes supprimés, d’autres sont retirés des unités de psychiatrie afin de combler les manques de l’établissement, quand ce n’est pas confier leur fonction à des entreprises privées.

Ces restrictions sont donc désastreuses, alors que toutes les structures de soins sont confrontées à une inflation de nouvelles demandes, qui ne sont pas sans rapport avec la crise sociale et la précarisation des conditions de vie des habitants de nos différents secteurs. A l’inverse de ce que l’on constate, c’est une donnée qui pourtant devrait-être prise en compte en priorité.

Par ailleurs, tout le monde sait que la qualité des soins en psychiatrie dépend des relations de confiance personnelles et durables qui s’établissent entre les soignants et les patients et leurs familles. Comment la préserver si les usagers sont contraints, en permanence, de changer d’interlocuteurs

Aujourd’hui la question posée par l’évolution des secteurs réside donc dans la possibilité même d’assurer des soins cohérents et donc efficaces aux populations concernées.

Il est donc urgent aujourd’hui qu’une concertation enfin s’instaure entre l’administration et les secteurs pour déterminer ensemble les solutions de nature à conserver un service public de soins adapté à sa mission.

Jusqu’à aujourd’hui les tentatives de concertation se sont heurtées à un refus absolu de dialogue.

A nos différentes alarmes, l’administration de l’hôpital objecte en effet qu’elle ne peut faire autrement. Elle doit, nous dit-on, obéir aux directives de l’Agence Régionale de Santé qui, elle-même met en œuvre les orientations du Ministère. Quelles que soient les réalités de terrain, leurs histoires et leurs particularités, seules importeraient désormais les économies drastiques dans le financement des services publics, dont les modes de gestion et de management devraient se calquer sur ceux des entreprises performantes. La santé et donc la psychiatrie n’y échapperaient pas. C’est un choix politique. Mais pour nous c’est d’abord une illusion dangereuse. Nous avons affaire à des patients en souffrance et non à des objets, et nos services ne sont pas des « produits », mis en vente sur un marché concurrentiel.

C’est pourquoi nous tenons alerter les politiques, nos partenaires, les familles des patients, et tous ceux qui se sentent concernés par la qualité des soins proposés aux personnes en grande souffrance psychique, afin de réagir à la catastrophe qui s’annonce.

Le Collectif des équipes de psychiatrie du CHSF.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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> MOBILISATION POUR UNE PRESERVATION DE LA QUALITE DES SOINS

LA MOBILISATION DES SALARIES DE L’APSI POUR UNE PRESERVATION DE LA QUALITE DES SOINS SE POURSUIT

Depuis plus d’un an maintenant, les salariés de l’APSI*, toutes professions confondues (association du secteur médico-social du Val de Marne, oeuvrant dans le champ de la pédopsychiatrie et du handicap psychique) sont en lutte pour la préservation de la qualité des soins. En Mars 2014, l’accord d’entreprise fixant la répartition du temps de travail des psychologues en Temps clinique- Temps DIRES (Documentation, Information, Recherche, Elaboration, Supervision) a été dénoncé par notre direction. Il est menacé de disparaître, ce qui constitue une attaque de la fonction de psychologue et du travail engagé avec: – les patients et leurs familles. – les autres membres des équipes de chaque centre (orthophonistes, psychomotriciens, médecins, éducateurs, assistants sociaux, secrétaires…) – les partenaires extérieurs (écoles, services sociaux, éducatifs, judiciaires…). Le dialogue avec notre direction visant à la convaincre de la nécessité de conserver ce temps pour une qualité de soin de nos patients et de leur famille est resté vain. Une grève d’une semaine en janvier a été largement suivie par le personnel (psy et non psy), soutenu par l’ensemble des médecins-directeurs et un collège d’orthophonistes et psychomotriciennes, très inquiets des dérives autoritaires de notre Direction Générale. Les cliniciens, très soucieux des patients et de leurs familles ne souhaitent pas un travail à la chaîne, à visée adaptative, sans souci qualitatif. Le temps DIRES est garant d’une qualité des soins que nous souhaitons préserver. Les psychologues et autres personnels de l’APSI mobilisés auprès des familles

*L’APSI 94, compte 310 salariés regroupant 14 CMPP, 2 CMP, 1 ITEP, 2 SESSAD, 1 ESAT, 1 FAM, 1dispositif d’insertion par le logement (SAS, SAVS, maisons-relais, foyer mères-enfants, foyer d’hébergement de jeunes majeurs, gestion DALO).

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> LETTRE OUVERTE D’UNE PSYCHOLOGUE MISE À LA PORTE…

LETTRE OUVERTE D’UNE PSYCHOLOGUE MISE À LA PORTE
AUX DIRECTEURS DE L’HÔPITAL, DE L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ  ET À MADAME LA MINISTRE DE LA SANTÉ

Je travaillais comme psychologue dans un service de psychiatrie adultes à Corbeil-Essonnes, secteur des Mozards. Embauchée le 1er septembre 2013 en contrat à durée déterminée, j’ai repris le poste de titulaire d’une psychologue partie à la retraite. Ceci revenait à supprimer un poste de fonctionnaire en le remplaçant par un poste aléatoire en CDD de six mois : sacré tour de passepasse. Quant à la partie administrative de mon recrutement, elle s’est faite par courrier et par téléphone, je n’ai jamais rencontré d’interlocuteur en chair et en os. J’ai eu droit à deux reconductions de six mois et, fin février, je devais signer mon quatrième CDD. A chaque renouvellement de contrat, la chef de service a demandé un contrat à durée indéterminée et à chaque fois, il a été refusé pour des motifs différents. Or, le jeudi 26 février 2015, pendant mes vacances, j’ai reçu une lettre recommandée de l’hôpital me signifiant le non-renouvellement de mon CDD. Selon cette lettre, le samedi 28 février devait être mon dernier jour de travail dans ce service. Un préavis de deux jours ! Aujourd’hui l’hôpital public peut virer une de ses salariés en deux jours. Aujourd’hui l’hôpital public peut virer une psychologue-psychanalyste qui travaille avec vingt-cinq patients en thérapie et onze patients en atelier thérapeutique. Aujourd’hui l’hôpital public peut virer une thérapeute du jour au lendemain alors que celle-ci a rendez-vous avec tous ces patients la semaine suivante sans lui permettre de préparer cette séparation. J’ai été mise à la porte pour des raisons « budgétaires et financières » afin que le « plan de retour à l’équilibre financier » de l’hôpital soit en meilleure voie. Marie-Paule Chardon n’est pas un être humain en relation thérapeutique avec d’autres êtres humains. C’est une variable d’ajustement pour un plan. Comme a pu dire Monsieur Toulouse, le directeur de l’hôpital, « il ne faut quand même pas exagérer les conséquences d’une fin de CDD… » Même leur travail, ces gestionnaires le font mal ! La chef de service avait reçu confirmation du renouvellement de mon contrat le 13 février, suivie le 23 février par l’information contraire. Soit un retournement complet de la situation en dix jours ! Autre indice d’une gestion calamiteuse : dans notre service, une psychologue a été embauchée en CDD, deux mois avant ma mise à la porte. Il serait aussi légitime de poser une question de fond : pourquoi ce trou abyssal dans les finances du centre hospitalier sud-francilien ? A qui incombe la responsabilité de ce dysfonctionnement ? Il faut savoir que l’hôpital a ouvert en 2012, en étant déjà en déficit ! Sur le plan professionnel, je me retrouve du jour au lendemain sans travail. Mais au-delà de ma personne, il y a les patients et le peu de cas qui est fait d’eux. Alors qu’ils ont souffert dans leur vie trop souvent de ruptures traumatiques, l’institution soignante leur inflige à nouveau des discontinuités de soins sans explication et sans paroles. Et comme le dit un collègue du service : « Avertir une psychologue au dernier moment (…) n’est pas seulement indigne sur le plan humain, c’est aussi une faute clinique ». Un souci de rentabilité sert de prétexte à ces gestes irresponsables. Comme si on ne pouvait pas agir autrement ! Stratégies misérables pour que personne ne puisse être désigné comme responsable de l’inhumanité de ces procédés. Ces tours de passe-passe technocratiques rendent illégitime toute discussion sur le fond et pire encore, découragent d’aimer son métier. J’ai écrit cette lettre pour dénoncer ces faits mais aussi pour mettre ces dits serviteurs de l’Etat devant leur responsabilité et leur demander des comptes. Enfin j’ai écrit cette lettre pour que d’autres que moi, en proie à des mésaventures comparables, les dénoncent aussi et que nous puissions unir nos refus dans une action commune contre tant de gâchis. Ne restons pas dans l’impuissance et dans l’isolement !

Marie-Paule Chardon Avril 2015 mpchardon@yahoo.fr

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> Isolement: L’article 13 relatif à la psychiatrie

Loi de Santé
L’article 13 relatif à la psychiatrie reçoit un accueil mitigé du secteur

Publié le 17/04/15 – 18h19 – HOSPIMEDIA
Des réactions divergentes venant de la part des représentants de professionnels, de patients et de familles du secteur de la psychiatrie ont suivi le vote de la loi de Santé. L’article 13, entièrement réécrit par amendement du Gouvernement, a permis des évolutions. Mais certains regrettent l’absence de questionnement sur les pratiques.
Après le vote de l’article 13 du projet de loi de modernisation de notre système de santé relatif à la psychiatrie par les députés, les professionnels du secteur restent partagés entre une certaine satisfaction face aux évolutions constatées et le sentiment que le texte reste insuffisant. « Le projet de loi sur la santé réduit la question des soins en psychiatrie à la portion congrue », regrette le Collectif des 39 créé pour lutter contre une réforme sécuritaire de la psychiatrie et qui rassemble à la fois des organisations de professionnels, de patients et de familles. Il estime que « le plus large débat est indispensable pour amener à une loi cadre pour la psychiatrie absolument nécessaire et réclamée par tous les professionnels, les associations de patients et de parents de patients. » Si l’adoption d’un amendement destiné à limiter et surveiller les isolements et les contentions a le mérite de questionner à nouveau ces dispositifs, les membres du collectif craignent qu’il conduise en même temps à les banaliser. En proposant que soit recensée dans un registre la mise en pratique de telles mesures, l’amendement « cautionne » leur utilisation sans s’interroger sur leur bien fondé, observe Dominique Besnard, psychologue et ancien directeur du département des politiques et pratiques sociales des Ceméa. « C’est une réponse administrative qui ne s’intéresse pas à ce qui va se passer concrètement », ajoute le Dr Paul Machto, psychiatre et psychanalyste, association Champ Libre, et membre fondateur du Collectif des 39. Et de prendre l’exemple de la mise en place d’un protocole de mise en chambre d’isolement par la Haute Autorité de santé (HAS) qui a été suivie par l’augmentation du recours à ce dispositif. Pourtant rappelle l’association de patient HumaPsy, « il est possible de se passer de ces dispositifs mais les soignants n’apprennent plus à la faire pendant leur formation. Dans les faits certaines équipes n’utilisent ni contention ni isolement. »
Une évolution positive pour le secteur

De leur côté la Conférence des présidents de CME de CHS, la Fehap, la FHF, la Fnapsy et l’Unafam ont fait part dans un communiqué commun de leur satisfaction quant à l’évolution « très positive » de la rédaction de l’article 13. « Sa formulation comporte à de nombreuses reprises la marque des propositions conjointes émises le 31 octobre 2014 », observe les organisations signataires. Elles se réjouissent que soit affirmée « l’importance des missions et de l’organisation sectorielle de la psychiatrie de service public, tout en en actualisant les termes et modalités » et que le texte présente « une approche décloisonnée de la politique de promotion de la santé mentale, impliquant également les usagers et leurs proches dans sa conception, comme les professionnels du champ social et médico-social dans sa mise en œuvre ». Elles notent aussi que nombreuses autres dispositions « témoignent de l’écoute attentive des pouvoirs publics » : sur l’intégration des conseils locaux de santé et de santé mentale dans la démocratie sanitaire de proximité, articulée avec les conseils territoriaux de santé, ou encore l’adaptation des groupements hospitaliers de territoire pour les établissements publics de santé. Les organisations signataires indiquent qu’elles se tiennent à la disposition des pouvoirs publics pour les travaux relatifs aux décrets d’application, ainsi que pour la co-construction du volet « psychiatrie et santé mentale » de la stratégie nationale de santé.
La mise en place d’une politique globale saluée

Le texte de l’article 13 « est à marquer d’une pierre blanche » salue dans un communiqué par le Collectif pour une psychiatrie de progrès, « d’autant qu’il va permettre des évolutions conséquentes dans notre façon d’envisager l’avenir de l’organisation de notre système de soins psychiatriques ». Le collectif nuance toutefois : « Il reste beaucoup à faire pour qu’il ne finisse pas au cimetière des réformes inachevées de notre psychiatrie française. » Il note en particulier l’évolution du cadre législatif de la psychiatrie qui selon eux, « correspond autant aux évolutions des attentes des usagers » qu’aux conceptions inscrites dans leur livre blanc de 2012. Parmi les évolutions positives, la mise en place d’une politique « globale » associant tous les acteurs et qui repose sur l’élaboration d’un projet territorial de santé mentale. Il est défini sur la base d’un diagnostic auquel participent tous les partenaires. Le collectif déplore néanmoins l’absence de référence « explicite » à l’exercice libérale. Reste à déterminer les conditions de la mise en place d’une « authentique » démocratie sanitaire.
Aude Malaret

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> La lettre des 39 du mois de mars 2015

collectif des 39

39
12.000 signataires à l’Appel « Ça suffit ! »

Après le meeting du 01 novembre 2104 à la Maison de l’Arbre à Montreuil qui a réuni près de 700 personnes mobilisées dans une grande qualité d’écoute et de débats, c’est le nombre de signatures recueillies à ce jour. Dans cette période de troubles et d’évènements qui interrogent les rapports à la démocratie, de désinvestissement et d’abandon par les pouvoirs publics et de certains professionnels de ce qui fait l’essentiel dans le soin à savoir la relation, le temps et l’accueil, cette mobilisation est un bon signe, signe d’une vitalité d’oppositions qui se doivent d’être créatrices.

La situation dans les lieux de soins continue cependant de se dégrader, le découragement est toujours manifeste, les attaques au nom de la gestion de plus en plus insupportables.

Ainsi l’A.R.S. du Languedoc –Roussillon a imposé la fermeture du C.A.T.T.P. et de l’Association de suivi en appartements de l’équipe rattaché à la Clinique de Saint Martin de Vignogoul. Une psychologue de l’équipe du secteur de Corbeil, créé par Lucien Bonnafé, a vu son CDD non reconduit du jour au lendemain, sans aucune prise en compte de tous les patients en traitement ; l’équipe déjà réduite, avec des non –remplacements des nombreux départs en retraite, voit même son C.A.A.T.P. –seul lieu d’accueil de jour- menacé. Une éducatrice d’un SAMSAH à Marseille est virée sans préavis ni indemnité pour « faute grave » pour avoir alerter sur les risques pesant sur la qualité du suivi par une décision de déménagement et de cessation de suivi d’un certain nombre de patients.

Il est important, essentiel de signaler au Collectif toutes les attaques, les dérives dans les pratiques, les effets dans la continuité des soins de la stricte gestion comptable, des économies justifiant fermeture de lieux de soins, licenciements, etc.

La délégation a été reçue par Mme Mathilde Marnier (Conseillère pour les droits des usagers, personnes vulnérables, questions de société, santé mentale),- et qui depuis a quitté le Cabinet…, Mme Christine Gardel (Conseillère chargée des ressources humaines du système de santé), et par Mr Laurent Jacquet (Direction Gle de l’Organisation des Soins, chargé de la santé mentale).

L’objet de notre demande de rendez vous était de remettre au ministère, les 12.000 signatures de l’Appel du 1er Novembre 2014 « Ça suffit ! »

A la revendication de l’ouverture d’un grand débat national, pour l’élaboration d’une loi –cadre pour la psychiatrie, fut répondu, que «la psychiatrie était une spécialité comme les autres et qu’une loi spécifique serait une stigmatisation » ! Joli retournement et la « stigmatisation » est devenue la tarte à la crème pour éviter tout débat.

Si les interlocuteurs se défendent de poursuivre la politique de la précédente majorité, aucune prise en compte sérieuse de nos analyses n’est effective. Seule ouverture, la proposition qui nous est faite de rencontrer Mr Michel Laforcade, directeur de l’A.R.S. d’Aquitaine et chargé depuis un an d’une mission sur la santé mentale par Marisol Touraine. Un rendez vous est prévu début avril.

Le Collectif des 39 a été enfin reçu au ministère de la Santé le 3 mars dernier. Comme cela avait été décidé lors du Meeting du 1er novembre, se sont associés à cette démarche, le Fil Conducteur, collectif de parents et de proches, HumaPsy, associations de patients, La CGT santé, le Parti Communiste, le Parti de Gauche et Ensemble.

Dans ce contexte nous avons décidé la tenue le 17 avril à 11 heures d’une conférence de presse du Collectif des 39 afin de signaler les situations difficiles rencontrées par les équipes par leurs témoignages, faire savoir les responsabilités de la casse du secteur en marche et rappeler nos positions éthiques et politiques.

Des nouvelles des groupes :
– Le fil Conducteur s’est réuni le 14 février
ICI

– Le groupe Enfance s’est réuni le 14/03
voir le lien

– Le Collectif Alternatif Formation s’est réuni le 31/01

Dates à retenir :
– 29 ème journée de la FIAC le 11/04 à Blois

Cliquez pour l’info

-Association ISADORA les 22 et 23 mai « Et si nous racontions nos mythes»?
Plus d’infos
Centre Psychothérapique St Martin de Vignogoul – 34570 PIGNAN
Tel : 04 67 07 86 86

– Nîmes les 2 et 3 Avril 2015 – cliquez ci-dessous

LA PRATIQUE DE LA PSYCHOLOGIE EN INSTITUTION ET EN PRIVÉ ET LA QUESTION DU POLITIQUE.

-Tunisie : les huitièmes rencontres de l’ALFAPSY les 1,2 et 3 mai à Tunis ICI

Quelques textes pour alimenter nos réflexions et échanges :
– Intervention de Patrick Chemla aux journées de l’AFREPSHA à Gap

Cliquez sur le lien ci-dessous
« Le collectif à venir »

– Dire l’indicible de P. Sadoun

cliquez ICI

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> La grande Braderie du social

A la suite de la journée du 22 novembre à Paris et à la rencontre au ministère du 12 décembre derniers, la mobilisation se poursuit. Notre prochaine étape est un débat de Lille, bientôt suivi par Orléans, Nantes, Toulouse, Marseille, Paris, etc …

La projet de refonte des métiers s’accélère : voilà un extrait de l’article des ASH du 24 mars 2015 : »Etats généraux du travail social » : le détail de la mission confiée à Brigitte Bourguignon »
« Brigitte Bourguignon devra aussi proposer les grandes lignes d’une refonte du travail social, en précisant son rôle dans la société et en identifiant les évolutions souhaitables avec ce qui fait consensus et ce qui fait débat. La lettre de mission précise par ailleurs que « les éventuelles perspectives d’évolution des conditions d’emploi [doivent] être renvoyés aux discussions avec la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique ». Les conclusions de la députée sont attendues pour juin 2015. »Debout pour nos métiers mail A42Debout pour nos métiers mail A4

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> Les gendarmes du médicament faisaient affaire avec les labos

A lire sur le site de Médiapart:

CONFLITS D’INTÉRÊTS ENQUÊTE
Les gendarmes du médicament faisaient affaire avec les labos
24 MARS 2015 | PAR MICHAËL HAJDENBERG ET PASCALE PASCARIELLO

La mise sur le marché de médicaments et leur remboursement sont soumis à des commissions supposées indépendantes. Or, plusieurs mois d’enquête ont permis à Mediapart de découvrir que, pendant des années, des membres éminents de ces commissions (dont un président) ont conseillé secrètement les laboratoires pharmaceutiques. L’affaire, au-delà des questions déontologiques et de conflits d’intérêts, interroge la probité du système sanitaire français.

Les gendarmes du médicament faisaient affaire avec les labos

via @Mediapart

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Suite au Meeting du 1er Novembre 2014: un groupe initié par le Collectif des 39 pour l’Enfance

Lors de ce meeting où nous  avons participé à un forum « pédopsy » relatif aux modalités actuellement proposées pour aider/ accompagner/éduquer/ soigner des enfants en grande difficultés. Certains membres des 39, travaillant plus spécialement auprès d’ enfants et leurs parents, ont souhaité pouvoir se rencontrer régulièrement afin de :
– faire connaître leurs lectures des situations institutionnelles, leurs positionnements et leurs idées à partir de leurs constats,
– créer dans chaque région des instances de réflexions et de lutte pour défendre l’accueil, l’hospitalité, le temps de penser et de se parler /d’écouter….compte-tenu du saisissement que ns subissons tous, en  réalisant  combien nos métiers, nos cadres de travail et nos valeurs sont  attaqués de façon de plus en plus violente et contraignante.
Le 15 décembre et le 22 janvier ont réunis  sur ces questions ceux et celles qui habitent Paris où sa proximité et nous avons décidé que les prochaines réunions devaient se tenir une fois par mois, un samedi pour permettre à ceux et celles qui habitent en province de nous rejoindre.
LA PROCHAINE REUNION SE TIENDRA  LE SAMEDI 14 MARS de 10H à 13H :
141 rue de Charenton PARIS 12
 -car la prochaine réunion des 39 se tiendra à la même adresse le vendredi 13 mars de 20H à 23h-.et chacun(e) y est le ou la bienvenu(e)-Ces réunions sont OUVERTES à tous ceux et toutes celles qui ont pris conscience de la gravité du « rouleau compresseur » qui menace, sous couvert de restrictions budgétaires, et orchestre une partition où soumission rime avec stigmatisation/exclusion.
Il est temps de fédérer nos luttes et nos îlots de résistance PLUS LARGEMENT ! Nous avons à conjuguer nos efforts de lucidité et nos colères avec nos volontés pour faire entendre combien CETTE CASSE DE L’ENFANCE DOIT CESSER tout autant que ce mépris haineux pour tous nos métiers de la relation HUMAINE, nos années de pratique et nos savoirs faire spécifiques et complémentaires.
J’invite  donc chacun (e) à  RESTER mobiliser activement  ET à MOBILISER tous ceux et celles qui sont empêchés d’exercer leur art et leur patience, ceux et celles interdits de parole, de pensées ou d’initiative, à nous rejoindre, pour que nous dépassions les constats de démantèlement d’équipes, de destruction de services, de suppression de postes, de disqualification des fonctions…..et que nous cherchions ensembledes voies  pour rester solidaires et créatifs et initier un contre-pouvoir.
Bien amicalement,
Liliane IRZENSKI
Ps : je vous transmets en PJ  l’annonce de 3 journées de travail où interviendront nos amies Janine Altounian et Christine Davaudian. L’entrée y est libre. A diffuser. Merci.
 document:
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l’AFPEP-SNPP à la journée STOP-DSM

Lors des journées de Lyon de l’AFPEP-SNPP, dont le thème était « Résistances », Patrick Landman nous a présenté son idée d’un colloque « Stop-DSM » (voir numéro 161 de la revue Psychiatries que tous les adhérents viennent de recevoir par la poste). La tentative « d’OPA » lancée par « l’entreprise DSM » sur le diagnostic en psychiatrie nous apparaît tant partie prenante de la main mise qui s’organise sur nos pratiques, que avons soutenu l’initiative de Patrick sur le champ. C’est à nos yeux un enjeu majeur.
Ne nous y trompons pas, l’objectif du DSM est la soumission des acteurs de la santé et de ses « consommateurs ». Une multitude diagnostique, telle que nous la présente le DSM, est sensée saturer les cas de figures en psychiatrie et rendre inutile toute réflexion singulière. C’est là le seul moyen de contrôler de bout en bout le marché des psychotropes. Il s ‘agit de cocher des cases pré-établies qui permettront à l’ordinateur de dicter l’ordonnance. Tout colloque particulier devient une entrave à cette démarche.
Les diagnostics DSM sont jetables selon les aléas du marketing. Inutile de se battre au sujet de leur essence, ils seront abandonnés d’un revers de main et remplacés par d’autres selon les péripéties du marché. Le combat ne se situe pas là. Le DSM a été récupéré par la finance qui a besoin de la prévisibilité des cours boursiers pour exercer son emprise. La soumission réclamée au psychiatre, la même que celle demandée au patient, rassure les investisseurs qui pourront ainsi asseoir leurs investissements sur des opportunités stables, statistiques à l’appui. Si nous feignons d’ignorer la stratégie politico-économique mise en avant avec le DSM, nous n’avons que peu de chance de tirer notre épingle du jeu, faut-il rappeler qu’il s’agit de celle de nos patients ! La lutte à laquelle on nous oblige se situe au niveau politique.
Mais revenons au plus près du diagnostic.
Classifier est un pouvoir social majeur et l’histoire de la psychiatrie en France est à cet égard bien éclairante. L’évolution de la psychiatrie française depuis deux siècles nous oblige à répondre à certaines questions et notamment: Comment se fait-il que le seul bouleversement politique d’envergure qui n’ait pas donné lieu à l’émergence d’un nouveau cadre diagnostic en psychiatrie soit le mouvement d’émancipation des années 60 ? Pourquoi la mise en place du secteur psychiatrique, de la psychiatrie de proximité, de la disparition de l’asile, n’a pas eu besoin d’un nouveau diagnostic mais bien plutôt d’un objectif éthique que nous pourrions appeler « le fou à délier » ? Vous en conviendrez, il ne s’agit pas là d’un diagnostic courant mais plutôt d’une perspective.
La révolution française a permis l’émergence de la monomanie, le retour de la monarchie après Bonaparte celle de la dégénérescence, la troisième république celle de l’hystérie et des psychoses chroniques, le nazisme celle du parasite, le néo-libéralisme actuelle celle de l’handicapé. L’émancipation des années 60 n’a non seulement pas été un événement historique radicalement violent mais a porté une évolution éthique de la société qui n’a pas eu besoin de stigmatiser ses concitoyens. Bien au contraire. Tous les changements politiques radicaux ont porté au pinacle un nouveau diagnostic psychiatrique. L’entreprise DSM conforte cette observation et  sa multitude peut se résumer à une seule question, celle du handicap. La révolution néo-libérale est un bouleversement politique de grande envergure qui possède un besoin massif de classification.
L’histoire nous enseigne également, et c’est là un fait et non une option partisane, que les courants humanistes ont porté, plutôt plus que moins, une psychopathologie tandis que les courants réactionnaires ont toujours préféré des théories dégénératives ou génétiques. Cela en dit long sur la révolution néo-libérale.
Comme vous le voyez, pas moyen de faire de psychiatrie sans en mesurer la dimension politique. Il y en a d’autres, bien évidemment, mais la volonté contemporaine d’enfermer la psychiatrie uniquement dans la science n’est-il pas un moyen de la dénier.
Faire un diagnostic, pour un soignant, est une nécessité. Mais il s’agit d’un cadre dans lequel les soins vont se développer et non d’une étiquette définitive sensée clore un processus. Une psychose décompensée, une névrose invalidante, un état limite ou une perversion, engageront la partie selon des modalités différentes. Les soins, dans le sens de prendre soin, ouvrent des perspectives à l’inverse d’un catalogage de l’autre qui ne serait plus qu’à éduquer. Le diagnostic en psychiatrie fait déjà partie des soins et n’en est pas le préalable.
En France tous les leviers passent progressivement du côté de la finance. Le diagnostic, les cabinets groupés, les plateaux techniques, les médicaments, la recherche, les lieux d’hospitalisation, les entreprises de formation ou de psycho-éducation, les remboursements des soins surtout avec l’émergence du tiers payant généralisé et la part grandissante des assurances privées et des paniers de soins, tous ces flux de capitaux gérés jusque-là par l’assurance maladie et l’état passent sous l’emprise du « marché ».
Présent à tous les niveaux du processus, la finance pourra ainsi fixer son prix, assurer les rendements, exercer sa prééminence.
Le diagnostic est un enjeu politique majeur. Celui qui en dicte les contours est certainement celui qui en tire les ficelles.
Nous avons à tenter de préserver des zones à l’abri des spéculations stérilisantes. Nous avons besoin d’une recherche réellement indépendante, de lieux de soins convenables, de protéger les populations fragiles, de mettre en place des traitements adaptés aux patients et non à l‘industrie, de proposer un épanouissement plutôt qu’un abrutissement.
Nous ne pouvons compter sur un sursaut humaniste du « marché ». Il nous faudra bien compter sur autre chose. Cette journée « stop-dsm », la nouvelle classification française en cours d’élaboration, les mouvements de résistance qui émergent ici ou là, la partie des professionnels qui gardent le cap, tout cela va dans le bon sens.
L’AFPEP-SNPP, fidèle à ses fondamentaux, soutiendra ces initiatives et présentera les siennes.
Je vous remercie

Dr Patrice Charbit  Président de l’AFPEP-SNPP

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Intervention pour la journée de STOP DSM, le 22 novembre 2014

Patrick Chemla, pour le Collectif des 39

J’interviens ici comme représentant du Collectif des 39, mais je parle aussi bien entendu en mon nom propre. Ce collectif a été fondé à l’initiative d’Hervé Bokobza au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy  à Antony en décembre 2008, discours  qui voulait criminaliser les prétendus « schizophrènes dangereux », et qui maintenant rassemble familles, patients et soignants.

 J’ai rejoint aussitôt ce collectif d’autant plus que j’avais été à la fondation de la Criée à Reims voici 28 ans : lieu d’une critique radicale de la psychiatrie normative, et de la volonté déjà d’une évaluation lancée à l’époque par un psychanalyste qui croyait mesurer ainsi la pertinence de son orientation.

 Nous avons aussi au niveau du collectif des 39, également remis en cause d’entrée de jeu la conception de la folie qui sous-tendait le discours sarkozyste, concrétisé d’ailleurs par des mesures rapides aggravant l’enfermement dans les HP, et  se cristallisant dans la promulgation d’une nouvelle loi le 5 juillet 2011, étendant la contrainte jusqu’au domicile du patient. Loi à l’époque récusée par l’ensemble de la gauche, et depuis entérinée et tout juste toilettée par le nouveau gouvernement. Dès notre premier meeting, nous avons avancé une critique radicale de la dégradation de la clinique psychiatrique promue par le DSM. Le souci proclamé, comme chacun sait, était celui d’une langue partagée entre les cliniciens et les chercheurs pour améliorer les échanges scientifiques et la recherche. La réalité est tout autre, se concrétisant par l’appauvrissement du regard et de l’écoute du psychiatre et des soignants, la réduction du patient à une sommation de signes, ce qui ferait renoncer à toute recherche de sens au symptôme et au délire qui affecte un sujet parlant. Nous n’avons pas varié dans cette critique de la « clinique du DSM » qui transforme le psychiatre en gestionnaire de populations à risques, instrument du biopouvoir, exécuteur zélé de protocoles de soins basés sur les recommandations de la HAS, lesquelles sont elles-mêmes construites par des experts issus d’une caste où l’on retrouve les PUPH de psychiatrie générale, les laboratoires pharmaceutiques et les lobbies  comme Fondamental. Continuer la lecture de Intervention pour la journée de STOP DSM, le 22 novembre 2014

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Le 1er novembre 2014 – un meeting de résistance

Le 1er novembre 2014 à la Maison de l’arbre à Montreuil les 39 organisent un meeting de résistance

Nous continuons d’affirmer que ceux qui souffrent de graves maladies psychiques ont et auront besoin à des moments de leur existence de recourir à des lieux d’accueil. Lieux où les rencontres nécessaires à tout soin qui se réclame « humain » ne sont pas dictées par des protocoles aliénants. Lieux où les règlements ne sont pas l’unique proposition « contenante », lieux où prendre du temps est possible et reconnu comme nécessaire, avec une écoute de ce que les personnes en souffrance psychique reconnues dans leur singularité ont elles-mêmes à nous apprendre. Lieux où les psychiatres et les équipes soignantes s’engagent dans un accompagnement au long cours.

Or depuis deux ou trois décennies toutes les conditions nécessaires à cet accueil se dégradent progressivement pour atteindre un niveau insupportable. Les moyens diminuent, la formation est scandaleusement pauvre et inadaptée, les théories s’étiolent, se rigidifient, perdent le caractère complexe indispensable à la pratique soignante. Toute une expérience soignante, toute une histoire collective de la psychiatrie française risque de disparaître.
Lors des Assises de la psychiatrie et du médico-social, les témoignages de patients, de familles et de professionnels ont fait apparaître que de nombreuses équipes, en l’absence de réflexions institutionnelles et micropolitiques, utilisaient des méthodes coercitives s’appuyant sur des théories réductrices de la folie. De plus, l’abandon des principes de base du secteur et du développement du potentiel soignant des patients au sein des clubs thérapeutiques favorise la démission et le désinvestissement des travailleurs en psychiatrie devant la perte du coeur de leur métier et renforce les mauvaises conditions d’hospitalité et de soins aux patients ainsi que l’accueil défaillant des familles. Continuer la lecture de Le 1er novembre 2014 – un meeting de résistance

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Mobilisation des salariés de l’A.P.S.I. pour une préservation de la qualité des soins

Nous sommes 300 salariés dont une soixantaine de psychologues de l’APSI (Association de Prévention Soins et Insertion), association du secteur médicosocial œuvrant dans le champ de la pédopsychiatrie et du handicap psychique, située dans le Val de Marne et regroupant 13 CMPP, 2 CMP, 1 ITEP, 2 SESSAD, 1 ESAT, 1 FAM, 1 SAS, 1 SAVS, des Maisons-Relais et 1 foyer mèresenfants.
Nous sommes mobilisés, toutes catégories professionnelles confondues, pour lutter contre des décisions de notre direction générale qui auraient pour conséquences la dégradation de la qualité des soins, reconnue depuis plus de 40 ans par nos partenaires sur le département.
Notre activité clinique constituée d’abord d’un certain nombre d’actes effectués en présence des patients ou usagers et de leurs familles, ou en implication institutionnelle directe, nécessite également un travail continu de rédaction, de réflexion, d’élaboration, de recherche et de supervision (à la charge financière des cliniciens), parfois même en dehors de l’institution. Ce temps – qui nous était jusqu’ici reconnu par un accord d’entreprise aujourd’hui dénoncé   est contesté par notre direction sous couvert d’économies budgétaires et d’hypothétiques embauches.
Sans ce temps DIRES (Documentation, Information, Recherche, Elaboration, Supervision), élément fondamental de notre fonction clinique, notre travail perdrait toute dimension thérapeutique ; il deviendrait un simple « travail à la chaine » à visée adaptative, sans souci qualitatif ni respect du sujet souffrant et de sa famille.
Nous refusons ces dérives gestionnaires administratives et technocratiques, méconnaissant totalement le soin psychique et qui mettent en péril une clinique respectueuse du sujet, pour le maintien de laquelle nous sommes aujourd’hui engagés.

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> micro résistance locale en préparation du meeting du 1er novembre

Au centre Antonin-Artaud, «on met sur un pied d’égalité psy et patient»
PUBLIÉ LE 17/09/2014 dans le journal L’Union
http://www.lunion.presse.fr/region/au-centre-antonin-artaud-on-met-sur-un-pied-ia3b24n409241
Par Mathieu Livoreil

REIMS (51). Depuis sa création en 1985, ce centre propose une vision humaniste de la psychiatrie. Avec toujours cette question essentielle : quelle place pour les fous dans notre société ?

Ce matin-là, c’est jour d’assemblée générale à Antonin-Artaud, dans les locaux de la rue Talleyrand, en plein centre-ville. Dans une salle, une quarantaine de personnes ont pris place. Patients, psychiatre, infirmiers, éducateurs et stagiaires. Ici, il n’y a ni blouse blanche ni pyjama. Les projets des semaines à venir sont évoqués : journée de la solidarité, fête de la Salamandre, sortie en Alsace, etc. Une femme lève la main : « Et on ne pourrait pas faire une sortie au quai Branly ? » Patrick Chemla, fondateur du centre Antonin-Artaud, répond : « Oui, pourquoi pas ? Il faudra voir qui est intéressé… » Des personnes acquiescent déjà en silence. Ce qui frappe, c’est la qualité d’écoute. Est ensuite abordé le meeting qui se tiendra le 1er novembre, à Montreuil, avec le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire.
Au programme : les enjeux actuels de la psychiatrie, et dénoncer le projet de loi de la ministre de la santé Marysol Touraine « qui nous inquiète », commente M. Chemla. « La conséquence possible, c’est qu’on risque fort de se retrouver avec une absence de liberté et d’indépendance par rapport à ce que nous faisons. » Le projet de loi ne prévoit « rien de moins qu’une uniformisation » des pratiques psychiatriques. « Une homogénéisation qui se fait de manière extrêmement normative, avec toujours plus d’administratif, etc. On est mesurés sur notre capacité à appliquer le protocole. », nous détaillait quelques jours plus tôt M. Chemla. Lorsque nous avions démarré dans les années 80, on était presque des illégaux. On est passé de la tolérance à l’institutionnalisation. Et avec l’institutionnalisation est venu la normalisation. »
Retour à l’AG. Une femme au regard révolté propose une « grande pétition parce qu’un meeting, franchement je sais pas, les médias de toute façon, ils ne montrent que la guerre !» Clément, qui semble avoir un goût prononcé pour les horaires de train, se lance à son tour : « C’est peut-être utopique mais pourquoi on n’uniformiserait pas à notre manière ? » Sourires dans l’assemblée. «Les gens travaillent comme ils le souhaitent », lui répond doucement un autre psychiatre.
Ainsi va la vie au centre Antonin-Artaud, que certains sceptiques ont depuis longtemps rebaptisé « centre Antonin-Marteau », rit M. Chemla. L’idée de départ était celle du « club thérapeutique (…) On met sur un pied d’égalité psy et patients dans la prise en charge. La relation n’est pas hiérarchisée. Quand je vois un patient pour la première fois, je demande toujours : Qu’est-ce que vous voulez faire ? » Le choix des médicaments, s’ils sont jugés nécessaires, est débattu. Surtout, le médicament n’est qu’un élément de la thérapie proposée par l’équipe de M. Chemla. Pas question donc, de « mettre les gens dans des cases » mais au contraire de « responsabiliser » le patient, considéré « comme une personne. » Bien sûr, celui-ci, à Antonin-Artaud comme ailleurs, les rechutes sont possibles et certains patients peuvent par moments se retrouver davantage rassurés par un cadre hospitalier que par un centre de jour libre et ouvert. « Tout ce qu’on tente ne réussit pas forcément, bien sûr ! », rappelle en guise d’évidence M. Chemla.
Offre de soins plurielle
Comment arrive-t-on à ce centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) ? « Les patients viennent librement, peuvent être envoyés par leurs familles, par des psy ; il est aussi arrivé qu’un patient se soit vu recommander le centre par un autre patient», résume Gérard Rodriguez, cadre santé à Antonin-Artaud.
Centre de jour mais aussi appartements thérapeutiques, centre d’accueil rural et hôpital psychiatrique : l’offre de soins est plurielle. 90 % des patients sont suivis en ambulatoire, contre 10 % en HP. Entretiens, groupes d’entraide mutuelle (Gem), ateliers d’art ou discussion informelle autour d’un café, etc. : les soins, « basés sur la psychothérapie institutionnelle, avec une orientation psychanalytique», revêtent de multiples formes. Mais pour combien de temps encore ?
Au début des années 1980, il exista dans le pays, selon les souvenirs émus des psychiatres rencontrés, jusqu’à « une centaine de structures comparables » au centre Antonin-Artaud. « Là, on est les derniers dans la région, sûr. Et on ne doit pas être plus de dix en France. » Le volet psychanalytique de la formation des psychiatres a été réduit en poussières depuis une quinzaine d’années, et la spécialité psychiatrie s’est retrouvée supprimée.

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> Innover, créer, inventer, s’adapter ? Sans aucun doute…

Vendredi 5 septembre 2014 Centre équestre « Les Cavaliers du Pays Cathare » à Magrin (81) 20 heures
Réformer, changer… pourquoi pas. Mais alors pour quels modèles ?
Innover, créer, inventer, s’adapter ? Sans aucun doute…

Serions nous rentrés dans une aire de lutte contre le singulier,de la mise au pas ? Une aire de l’évitement du conflit psychique, voirede sa négation ? Qu’en est il en psychiatrie ou dans le médicosocial, que constatons nous ? Que pouvons nous proposer comme initiatives ?
Comment prendre en charge la psychose, comment prendre en compte cette « existence psychotique » ?

Guy DANA nous propose des pistes ou plus exactement un antidote, une bouffée d’air frais.
Pour éviter l’asphyxie ?
Partageons son expérience clinique, professionnelle, de terrain, comme la création d’un hôtel
thérapeutique nommé « L’inattendu »…

Comment penser des espaces psychiques pour soigner la maladie mentale en proposant des espaces
hétérogènes ? Quels outils nous restent ils ?
Tentons de construire un lien possible avec l’Autre, un lien construit sur la présence et l’hospitalité.
Elaborons une clinique de l’accompagnement dans des lieux novateurs.

Ré inventer l’hospitalité !

Finalement participons à la (re) conquête des espaces, pour une libre circulation psychique…
06 14 38 06 90 Mail : lespsycausent@gmail.com
Site: http://lespsy-causent.over-blog.fr/
Avec la participation de Guy DANA,auteur de  » Vendredi 5 septembre 2014 Centre
équestre « Les Cavaliers du Pays Cathare »
à Magrin (81) 20 heures
Réformer, changer… pourquoi pas. Mais alors pour quels modèles ?
Innover, créer, inventer, s’adapter ? Sans aucun doute…
Serions nous rentrés dans une aire de lutte contre le singulier,
de la mise au pas ? Une aire de l’évitement du conflit psychique, voire
de sa négation ? Qu’en est il en psychiatrie ou dans le médicosocial, que
constatons nous ? Que pouvons nous proposer comme initiatives ?
Comment prendre en charge la psychose, comment prendre en compte cette « existence
psychotique » ?
Guy DANA nous propose des pistes ou plus exactement un antidote, une bouffée d’air frais.
Pour éviter l’asphyxie ?
Partageons son expérience clinique, professionnelle, de terrain, comme la création d’un hôtel
thérapeutique nommé « L’inattendu »…
Comment penser des espaces psychiques pour soigner la maladie mentale en proposant des espaces
hétérogènes ? Quels outils nous restent ils ?
Tentons de construire un lien possible avec l’Autre, un lien construit sur la présence et l’hospitalité.
Elaborons une clinique de l’accompagnement dans des lieux novateurs.
Ré inventer l’hospitalité !
Finalement participons à la (re) conquête des espaces, pour une libre circulation psychique…
06 14 38 06 90 Mail : lespsycausent@gmail.com
Site: http://lespsy-causent.over-blog.fr/
Avec la participation de Guy DANA,Vendredi 5 septembre 2014 Centre
équestre « Les Cavaliers du Pays Cathare »
à Magrin (81) 20 heures
Réformer, changer… pourquoi pas. Mais alors pour quels modèles ?
Innover, créer, inventer, s’adapter ? Sans aucun doute…
Serions nous rentrés dans une aire de lutte contre le singulier,
de la mise au pas ? Une aire de l’évitement du conflit psychique, voire
de sa négation ? Qu’en est il en psychiatrie ou dans le médicosocial, que
constatons nous ? Que pouvons nous proposer comme initiatives ?
Comment prendre en charge la psychose, comment prendre en compte cette « existence
psychotique » ?
Guy DANA nous propose des pistes ou plus exactement un antidote, une bouffée d’air frais.
Pour éviter l’asphyxie ?
Partageons son expérience clinique, professionnelle, de terrain, comme la création d’un hôtel
thérapeutique nommé « L’inattendu »…
Comment penser des espaces psychiques pour soigner la maladie mentale en proposant des espaces
hétérogènes ? Quels outils nous restent ils ?
Tentons de construire un lien possible avec l’Autre, un lien construit sur la présence et l’hospitalité.
Elaborons une clinique de l’accompagnement dans des lieux novateurs.
Ré inventer l’hospitalité !
Finalement participons à la (re) conquête des espaces, pour une libre circulation psychique…

06 14 38 06 90 Mail : lespsycausent@gmail.com
Site: http://lespsy-causent.over-blog.fr/

Avec la participation de Guy DANA,auteur de  » Quelle politique pour la folie ? : le suspense de Freud  »
éd érès 2011
Psychiatre, Psychanalyste, Chef de Service à
l’EPS Barthélémy DURAND à ETAMPES

PS : Pas question d’évitement ni de mise en ordre…
de tes plats ou bouteilles, juste une pensée unique : les
partager, ensemble !
RÉ-INVENTER L’HOSPITALITÉ !
Entrée libre… et sortez libre !

Psychiatre, Psychanalyste, Chef de Service à
l’EPS Barthélémy DURAND à ETAMPES
PS : Pas question d’évitement ni de mise en ordre…
de tes plats ou bouteilles, juste une pensée unique : les
partager, ensemble !
RÉ-INVENTER L’HOSPITALITÉ !
Entrée libre… et sortez libre !

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> internement abusif au CH Sainte-Marie de Nice …

Médiapart -Édition : Contes de la folie ordinaire

Audience publique devant la Cour d’appel d’Aix-en-Provence jeudi 24 juillet, sur un internement abusif au CH Sainte-Marie de Nice
21 JUILLET 2014 | PAR ANDRÉ BITTON

La Cour d’appel d’Aix-en-Provence mettra-t-elle fin au clavaire que vit depuis le 9 janvier 2014 un jeune étudiant gabonais de 26 ans, hospitalisé sous contrainte au CH Sainte-Marie de Nice, sur fond de persécutions racistes sur le campus de Polytech-Nice Sophia Antipolis ?

l’article en suivant le lien ci-dessous:

http://blogs.mediapart.fr/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/210714/audience-publique-devant-la-cour-dappel-daix-en-provence-jeudi-24-juill

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> soutien aux mouvements de grève dans les hôpitaux.

Communiqué de soutien aux mouvements de grève dans les hôpitaux.
Soutien à la grève de Paul Guiraud Villejuif

Le collectif des 39 s’est réuni le vendredi 4 juillet, après avoir pris connaissance de la situation en particulier de Paul Guiraud Villejuif, du Bon Sauveur de Caen et de l’Hôpital Sud Francilien. L’état poursuit sa politique d’économies dans le domaine du soin, ce qui se traduit par la suppression de postes et par la réorganisation des amplitudes de travail par les directions de tous les hôpitaux. Nous dénonçons cette attaque des espaces de travail.
Nous soutenons sans réserve le mouvement de grève engagé depuis 5 semaines par le personnel soignant de l’hôpital Paul Guiraud Villejuif. Soutien pour les frais engagés dans les procès que la direction de cet établissement engage contre eux, soutien aux pertes de salaires des salariés acteurs de ce conflit. Ce mouvement lutte contre la volonté de réduire la journée de 8h à 7h36, ce qui aurait pour conséquence de réduire le temps de travail au moment du chevauchement des équipes ou de rendre ce temps de travail – que les équipes continueraient d’assurer – gratuit. Les personnels se défendent contre cette dégradation croissante des conditions de soins et du climat social au sein des établissements, contre le manque de concertation des directions avec les communautés médicales et soignantes, contre l’absence de considération à l’égard des soignants et professionnels, des patients et des familles.

Nous apportons un soutien particulier, à toutes ces luttes à partir de notre question « Quelle hospitalité pour la folie ? »
Paris le 7 juillet 2014
Pour apporter un soutien financier (l’argent sera reversé à l’intersyndicale de PGV) : ci-joint le RIB de l’association, crédit mutuel, notez pour le destinataire  » soutien à PGV ». Le virement électronique est à privilégier, sinon vous pouvez adresser votre chèque libellé au nom de l’association :
« Quelle hospitalité pour la folie ? » à l’adresse:
Collectif des 39 – 10 rue Jules Joffrin 94800 Villejuif.
Identifiant national de compte bancaire – RIB
Banque : 10278 Guichet : 06066 N° compte : 00020271801 Clé 69
Identifiant international de compte bancaire IBAN (International Bank Account Number) FR76 1027 8060 6600 0202 7180 169
BIC (Bank Identifier Code)
CMCIFR2A
Titulaire du compte (Account Owner)
QUELLE HOSPITALITE POUR LA FOLIE ? -10 RUE JULES JOFFRIN 94800 VILLEJUIF

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Le forum des 39 à REIMS

Le forum citoyen des 39 qui s’est déroulé le 17 mai dans le cadre des journées de la Criée à Reims, a été enregistré : vous pouvez l’écouter en suivant le lien :

La plupart des interventions sont sur le blog de la Criée

http://lacriee51.blogspot.fr

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Communiqué de presse – Jean Oury 1924 – 2014

Communiqué du 19 Mai 2014.

– Jean Oury –

Jean Oury, ce grand Monsieur aura laissé une empreinte décisive sur la psychiatrie française depuis plus de 60 ans.

Il vient de disparaître brutalement dans la nuit du 15 mai.

Il nous laisse une œuvre immense et la marque d’un penseur infatigable. Au-delà de toutes ses élaborations théoriques, il a manifesté un engagement constant auprès des patients.

Profondément humain dans l’approche de la folie, il a su transmettre inlassablement un enseignement refusant le simplisme et articulant la complexité avec la tranquille fermeté d’un discours articulé autour de fondamentaux, tels notamment, la rencontre, la différenciation statut-rôle-fonction, la liberté de circulation, la nécessaire distinction entre l’aliénation psychopathologique et l’aliénation sociale, l’analyse institutionnelle permanente, l’accueil et l’ambiance, le Club, le collectif, et surtout la nécessité de lieux d’hospitalité.

Il rappelait sans cesse que la fonction soignante est partagée par tous dans une institution, du jardinier au psychiatre, en passant par les cuisiniers, les administratifs, les infirmiers, les psychologues et sans oublier les patients eux-mêmes.

Résistant de toujours, il s’insurgeait contre l’entreprise de destruction de la psychiatrie, du soin, avec la logique managériale, la gestion envahissante et deshumanisante, une évaluation abêtissante déconnectée des pratiques, les protocoles, les procédures et autres certifications stérilisantes, l’enfermement.

Il savait ce que l’engagement voulait dire, l’importance du politique. Il nous l’a montré.

Il a apporté immédiatement son soutien à la création du Collectif des 39, participant à de nombreux meetings et initiatives.

Prenant la parole dès le premier meeting des 39 à Montreuil en février 2009, après le discours insultant du président de la République de l’époque, il filait la métaphore avec humour, à propos de la puce qui réveille, mais… qui peut aussi apporter la peste. Et de nous inviter tous à « nous regrouper, et nous mettre en position de réfléchir collectivement ».

Outre son œuvre, ses références éthiques et politiques, il nous laisse en héritage, la poursuite du combat pour une hospitalité pour la folie.

Comme il le disait à propos de La Borde, « Cela fait 60 ans que cela dure, mais cela ne fait que commencer. »

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> Disparition de Jean Oury

Disparition de Jean Oury
Communiqué des Ceméa

Il était là depuis tellement longtemps que nous pouvions penser qu’il serait toujours présent. Jean Oury, 90 ans, est mort. Fondateur de la clinique de La Borde en 1953, il ne l’a jamais quitté, comme il n’a jamais quitté les malades, les pensionnaires comme on les nomme en ce beau lieu d’accueil de la folie, lieu de référence de la psychothérapie institutionnelle.

Ce grand monsieur à la voix si douce et au regard malicieux, d’une érudition encyclopédique, clinicien hors pair et toujours soucieux de la transmission, a sans cesse porté sur la place publique une conception de l’attention aux grandes souffrances psychiques basée sur ce qu’il a défini comme une double aliénation, mentale et sociale. D’où l’indispensable recours au travail collectif et à la fonction soignante de chacun, malades comme professionnels. D’où l’impérieuse obligation de soigner l’hôpital pour mieux soigner les malades. C’est lui qui dès les premiers stages du secteur des « équipes de santé mentale » (ESM) des CEMEA, dans les années 50, secteur que dirigeait Germaine Le Guillant, a défendu le savoir infirmier et la fonction thérapeutique de leur action au quotidien. Position qui lui a valu des désaccords forts de la part de psychiatres qui voyaient d’un mauvais oeil cette perte de pouvoir. Il a toujours pensé que les premiers stages des CEMEA ont été des lieux fondamentaux de l’expression de la parole infirmière qui ont contribué à la création du diplôme d’infirmiers de secteur psychiatrique. Et il parlait encore aujourd’hui avec beaucoup de respect et de connaissance du travail des CEMEA ; d’ailleurs les soignants à La Borde sont des « moniteurs ». Les militants des CEMEA lui sont redevables de ses apports, de ses écrits nombreux et importants. Si aujourd’hui notre association agit encore dans la formation des soignants en psychiatrie et des travailleurs sociaux, si nous pouvons affirmer des prises de position référées à l’Education Nouvelle dans le champ du soin, c’est aussi par les travaux de Jean Oury et ses théorisations sur la question du « Collectif » et de l’analyse institutionnelle ou de la fonction soignante, pour ne prendre que ces trois exemples.

Jean Oury est et reste un point de référence pour un mouvement comme les CEMEA, d’autant plus actuel dans ces temps troublés. Nous continuons à oeuvrer pour cet idéal commun de l’hospitalité en psychiatrie.

Un prochain numéro de Vie Sociale et Traitements (VST) lui sera consacré.

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> C'est désormais l'ARS qui dicte le bien et le mal en thérapeutique et en formation.

LE PIRE ETAIT ANNONCE: NOUS Y SOMMES . C’EST désormais l’ARS qui dicte le bien et le mal en thérapeutique et en formation.

merci de faire circuler le plus largement possible cette lettre

Direction de la santé et de la prévention

BP 90054 – 94311 ORLY CEDEX

Centre médico-psycho-pédagogique (Cmpp)

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La motion de soutien de l’équipe du centre Antonin Artaud de Reims

Cher ami,

Nous équipe du Centre de Jour Antonin Artaud de Reims soutenons en tous points la lettre adressée à l’ARS que vous avez diffusée par voie de mail.
La police de la pensée que voudrait nous imposer les tenants des administrations sanitaires est intolérable. « Les recommandations » ont du mal à masquer le conditionnement idéologique qui rétrécit les champs de la créativité dans l’exercice qui est le notre des soins psychiques au quotidien.
L’hétérogénéité nécessaire aux pratiques ne fait que repousser ces carcans simplificateurs et réducteurs. La question de l’argent n’est en fait que l’instrument de ce type de projet.
Nous membres de l’équipe du Centre Antonin Artaud de Reims souscrivons à votre démarche et appelons ceux qui auraient lecture de votre lettre, et de la notre, à manifester leur engagement à vos côtés.

Equipe du Centre Antonin Artaud

4, rue du docteur Calmette

94310 Orly

Tél : 01 48 84 11 68 – Fax : 01 48 84 49 53

Réf : FP/JPD.0314 Affaire suivie par Dr Jean-Pierre Drapier

Objet : Compte administratif 2012 –

Date : 4 avril 2014

AGENCE REGIONALE DE SANTE

D’ILE DE FRANCE

25 Chemin des Bassins

Lettre recommandée avec AR CS 80030

94010 CRETEIL CEDEX

A l’attention de Madame MAROUZE

Madame,

J’ai bien reçu votre rapport relatif au Compte Administratif 2012 du C.M.P.P. et vous en remercie.

Je prends bonne note que vous validez globalement les résultats que nous avons proposés.

Ceci étant, je ne saurais laisser passer sans réagir une mesure symbolique (80 €) et des propos d’une gravité sans précédent dans l’histoire du C.M.P.P., des établissements médico-sociaux et de la liberté de formation des psychologues.

En effet, vous écrivez : « Vous indiquez que Mme V. et M. DE D. ont participé à une formation de l’Ecole de psychanalyse des Forums du Champ Lacanien le 29 septembre 2012 intitulée « Le psychanalyste et l’autiste ». Tel que mes services vous l’ont indiqué lors de la rencontre du 13 novembre 2013, je vous rappelle que les recommandations de la Haute Autorité de la Santé relatives aux interventions auprès des enfants avec TED et autisme de mars 2012 ont classé comme non consensuelles les interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle. Sont recommandés auprès de l’enfant avec autisme ou TED les interventions personnalisées, globales et coordonnées fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale. De ce fait, je rejette la dépense de formation d’un montant de 80 €. Conformément aux recommandations de la Haute Autorité de la Santé, cette dépense ne peut être considérée comme justifiée par les nécessités de gestion normale de l’établissement. »

D’un point de vue strict du droit, je vous renverrai au texte même de la H.A.S. : il s’agit d’une recommandation et non pas d’une obligation de fonctionnement. On peut donc estimer que vous sur- interprétez ce texte, déjà grave dans son parti pris.
De plus, les orientations cliniques et thérapeutiques peuvent donner lieu à débats, controverses, etc… entre cliniciens et théoriciens mais ne peuvent en aucun cas, sauf à rappeler de sinistres époques, donner lieu à une décision administrative qui se substituerait à la responsabilité des cliniciens.

Enfin, je vous rappellerai que, sous l’autorité du médecin-directeur, les enfants atteints de troubles autistiques sont effectivement traités par « des interventions personnalisées, globales et coordonnées » comme recommandé par la H.A.S., incluant psychiatres, psychologues, psychanalystes, orthophonistes, psychomotricienne, groupe relationnel comprenant une éducatrice, maintien à l’école tant que possible et recours au bilan dans les centres de référence si nécessaire.
Sur un autre plan, ce refus de financement de ces formations équivaut à une immixtion dans les choix des formations des psychologues, choix qui, encore une fois, relève d’un compromis entre leur désir et les besoins de l’établissement.

Je vous demande, en conséquence, de bien vouloir revenir sur ce rejet ou bien d’en expliciter les attendus administratifs, une « recommandation » ne pouvant en tenir lieu.

Je vous prie de croire, Madame, à l’assurance de ma considération distinguée.

Dr J.P. DRAPIER

Médecin-Directeur

Chers collègues,
je vous remercie de vos trés nombreuses réactions de soutien par mail et télephone ,me confortant dans le désir de ne rien lâcher ; d’autant que beaucoup diffusent largement cette lettre et leur indignation et demandent des actions/réactions associant le plus grand nombre de collègues et/ou d’associations dans leur diversité;visiblement la dimension du précédent pernicieux créé par cette mesure a été bien saisie de même que la nécessaire mobilisation.
Profitant du relâchement relatif des emplois du temps lié aux vacances de Paques je vous propose une rencontre LUNDI 14 AVRIL DE 11H à 13H ; l’EPFCL a accepté de nous accueillir dans son local ,situé en plein centre de Paris : 118 rue d’Assas (6ème) ,métro Port-Royal .

merci de bien vouloir diffuser cette information autour de vous

bien à vous,
Jean-Pierre DRAPIER

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> Soutien au secteur de psychiatrie de Blois (41)

Les psychiatres du secteur de Psychiatrie générale rattaché à l’hôpital de Blois sont en grande difficultés .
Nous vous transmettons cet appel à soutien qui met une nouvelle fois en évidence les effets dévastateurs
de la loi HPST.

Soutenez-nous

Merci à ceux qui ont signé notre pétition qui regroupe à ce jour 137 signatures de professionnels de la santé, famille et patients… Résultats, un frémissement de l’ARS et de la direction qui ont horreur de la médiatisation. Pour enfoncer le clou, je mets ci-après l’historique du conflit pour ceux qui hésitaient et je vous rappelle les diverses adresses internet, la page Facebook : https://www.facebook.com/CD2PB, la pétition : http://goo.gl/reNvWs et nouveautés, un blog : http://cd2pb.over-blog.com et une adresse mail cd2pb@orkal.net…
Par ailleurs, les secteurs de Poissy sont aussi en difficulté et ont mis en ligne une pétition ici : http://www.petitionpublique.fr/PeticaoAssinar.aspx?pi=P2014N46151
Transférez ce message à vos réseaux habituels et continuez à faire boule de neige !
Historique :
Les dysfonctionnements du pôle de Psychiatrie générale de l’hôpital de Blois sont à inscrire dans un contexte national de désintérêt qui ne cesse toujours de croître depuis des décennies (quels que soient les gouvernements en place) pour la psychiatrie publique, du non-respect des budgets alloués à ce secteur, de la difficulté à recruter des psychiatres du fait de la pénurie, de la fin de la spécialisation au métier de l’infirmier psychiatrique et localement, dans une politique de recrutement menée par certains encadrants issus des services de soins somatiques donc non formés eux-mêmes à la spécificité des soins psychiatriques et, ne pouvant alors soutenir le travail des soignants, et enfin, dans l’absence de mise en place du tutorat entre infirmiers alors que des professionnels y avaient été formés.

Depuis dix-huit mois, le pôle de psychiatrie a été le théâtre de nombreux conflits en intra-hospitalier. Ceux-ci ont entraîné un problème de sous-effectif dans les équipes soignantes, encadrantes et médicales.
Trois psychiatres sur les cinq du service ont été mis en arrêt maladie suite à un épuisement professionnel. Ce qui a provoqué la fermeture de 25 lits sur les 85 pour un secteur de 136 000 habitants, un redéploiement du personnel soignant et une grève de ce dernier découragé et mis à mal.

Des difficultés de communication avec la direction et la politique managériale ont aussi été à l’origine de la disparition progressive de la cohésion entre les différents professionnels. En effet, l’équipe de direction de notre hôpital (qui est un hôpital général) appréhende mal le fonctionnement et les spécificités des soins en psychiatrie et propose des solutions inadaptées ou qui viennent raviver les dissensions comme le laisse présager une note d’information récente.

De plus, il semblerait que la volonté de la direction serait d’intégrer le secteur de Psychiatrie à un pôle de Médecine somatique, ce qui rendrait encore plus opaque, (si cette organisation est possible) l’utilisation de la dotation annuelle de fonctionnement.

Cette situation illustre les difficultés actuelles de la Psychiatrie et, en particulier, la volonté qui semble effective de la considérer comme une sous-spécialité médicale.
Notre situation est d’autant plus parlante qu’elle survient sur la circonscription de Maître Denys ROBILIARD, député de la 1e circonscription du LOIR-ET-CHER qui vient de rendre un rapport sur la psychiatrie.

Actuellement l’ensemble du personnel puise dans ses réserves pour continuer, au mieux, à être auprès des patients, des familles et des intervenants médico-sociaux.
La collaboration, la cohésion, la sérénité, l’échange et la confiance nécessaires à l’exercice de nos missions sont à retrouver.

Ce sont les raisons pour lesquelles, nous avons décidé de créer un Collectif pour la Défense de la Psychiatrie publique blésoise car l’hôpital appartient à nous tous, citoyens.

« Penser globalement, agir localement » disait René DUBOS

Les psychiatres du secteur de Psychiatrie générale rattaché à l’hôpital de Blois.

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> Une bande annonce choquante

Communiqué du « Fil conducteur »

Objet :
– la bande annonce de l’émission diffusée sur France 5 le 18 mars 2014, « Dans la peau d’un bipolaire : de l’ombre à la lumière ».
– la rediffusion consécutive à cette émission, à 21h45, d’un reportage déjà diffusé le 16 novembre 2010 sur les schizophrènes, « Schizophrénie, l’ennemie intime ».

– La bande annonce de l’émission « Dans la peau d’un bipolaire : de l’ombre à la lumière », largement diffusée sur les sites des médias, mais également sur des sites tels que Dailymotion, est choquante.
Choquante pour plusieurs raisons :
Par des images choc, elle donne une vision fausse et caricaturale de personnes souffrant d’une maladie psychique. Elle joue sur les ressorts de la peur fantasmée du public, à la manière d’un thriller. Et par là, contribue à stigmatiser les personnes atteintes d’un trouble bipolaire. Cette bande annonce est une insulte à la souffrance, celle des malades, comme celle de leur entourage.
La question du choix de cette bande annonce se pose, qui joue sur l’attrait de « l’horreur » pour attirer le spectateur à regarder une émission qui se veut documentaire. Non seulement elle n’en est pas le reflet, mais elle va à contre-sens du contenu de l’émission. Elle représente une véritable trahison à la fois de l’esprit de l’émission, et du téléspectateur confiant.
Enfin, comment une chaîne du service public peut-elle valider un tel message, de nature stigmatisante et discriminante pour tous les malades psychiques ?

Après cette émission et le débat qui l’accompagnait, à 21h45 a été rediffusé le reportage « Schizophrénie, l’ennemie intime », déjà diffusé le 16 novembre 2010 sur France 5. Et ce sans aucun commentaire l’accompagnant, alors que depuis 2010 il y a eu beaucoup de changements dans la prise en charge des patients, avec la loi n°2011-803 du 5 juillet 2011, ramenant le soin psychiatrique à la simple contention, physique et médicamenteuse, et à l’enfermement.
Comment se fait-il que ce reportage, datant d’il y a quatre ans, n’ait pas été accompagné de commentaires ou de débat ? Diffuser un document sur un tel sujet sans une réflexion sur ce qu’est la maladie et la souffrance qu’elle génère, mettant en avant la dangerosité potentielle de malade souffrant de schizophrénie, ne fait que renforcer un faux message d’une dangerosité présumée. Et donc, là encore, incitant à une discrimination de personnes en souffrance.

Nous, Fil conducteur, sommes un collectif émanant du Collectif des 39, composé de professionnels (psychiatres, infirmiers, éducateurs, psychologues, psychanalystes). Nous regroupons parents, familles, patients, soignants, tous concernés par l’accompagnement et la prise en charge de la maladie mentale, qui tous veulent œuvrer à une mise en place d’une psychiatrie humaine.

Nous demandons le retrait immédiat et total de la bande annonce de l’émission « Dans la peau d’un bipolaire : de l’ombre à la lumière » de tout site et média, quel qu’il soit.

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> Manifeste du groupe Le Fil conducteur

Manifeste du groupe Le Fil conducteur
Pour une refondation de la psychiatrie et de l’accueil de la folie dans notre société dans la perspective de la loi de la Santé publique, pour une psychiatrie humaine.

Le « Fil conducteur » est un espace de parole émanant de l’atelier Familles des Assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social, qui ont eu lieu les 31 mai et 1er juin dernier, organisées par le Collectif des 39. Cet espace réunit des parents ou familles de jeunes adultes hospitalisés en psychiatrie, des patients et des soignants, tous concernés par la place des familles dans l’accompagnement et la prise en charge de la personne malade.

Le Fil conducteur est un groupe de réflexion qui a pour objectif d’élaborer des propositions à faire valoir auprès des responsables de la Santé. Rassemblés et unis par une expérience douloureuse basée sur un vécu semblable, tous ont la volonté de faire bouger et changer des dysfonctionnements criants et insupportables. Inventer ensemble autour des questions de l’accompagnement, de l’accueil, du soin, du suivi. Familles, patients, soignants, avec cependant des positions différentes, nous tenons à faire œuvre commune pour formuler ce que nous entendons par « soins en psychiatrie ».

Actuellement, les parcours dits « de soins » se révèlent inorganisés la plupart du temps, voire anarchiques, et représentent un véritable parcours du combattant pour les familles.

Pour cela, et pour un renouveau de la psychiatrie de secteur et de l’accueil de la folie dans notre société dans la perspective de la loi de Santé publique, nous, Fil conducteur, demandons :

Concernant les familles

– L’accueil des familles (parents, frères et soeurs, enfants…), lorsqu’un membre de la famille fait l’objet d’une première hospitalisation, afin d’expliquer la maladie, ses conséquences possibles. C’est un moment crucial pour le groupe familial, qui est en plein désarroi et en grande souffrance.

– Une reconnaissance du « savoir familial » (des parents et de la fratrie) par les soignants : la famille a une « connaissance affective » du patient, qui n’est pas un « savoir médical ». Ce savoir et cette connaissance ont une valeur qui mérite d’être reconnue.
Les parents connaissent l’histoire du patient depuis sa naissance, et souvent il apparaît qu’ils font office de « radars ». Il faut donc savoir utiliser cette connaissance, sans la nier ou la considérer comme superflue, voire toxique. Cette connaissance peut et doit être associée au soin.

– La prise en compte de la parole d’une famille lorsque celle-ci lance une alerte pour une situation de crise.

– Des entretiens de l’équipe soignante avec la famille seule, sans le patient, et ce dans l’objectif d’une explication vraie de la situation, lorsque celle-ci n’offre pas d’amélioration ; et une dédramatisation et une meilleure communication de la famille avec le patient.

– La reconnaissance des limites de la famille dans ses capacités d’hospitalité d’une personne malade.

Concernant les malades

– Supprimer le passage obligatoire par le service des urgences lorsqu’un malade est en crise, et l’intégrer directement dans le service où il est suivi habituellement. Passer par les urgences est non seulement inutile et une perte de temps, mais une source de perturbation supplémentaire.

– Lorsqu’un patient est emmené à l’hôpital par la police ou les pompiers et qu’il est suivi habituellement dans un hôpital, l’emmener directement dans cet hôpital, sans obéir à des contraintes administratives d’un secteur qui feraient que le malade serait dirigé vers deux, voire trois services successifs, comme cela arrive couramment.

– Une véritable coordination du suivi par un seul médecin ou une seule équipe d’un patient. On pourrait imaginer un « médecin référent » ou « coordinateur », qui assurerait la continuité des soins et la coordination entre les différents intervenants successifs dans le soin, et ce dans toutes les structures accompagnant le patient, quelles que soient ces structures : hôpitaux de jour, foyers de nuit, CMP (Centre médico-psychologique)…

– Suffisamment de structures type CMP pour répondre aux besoins de la population qu’ils desservent. Avec la possibilité de répondre rapidement à une demande d’aide ou de soutien provenant d’un patient ou de la famille (les familles n’étant pas là pour pallier les manques des structures de soins : ce n’est pas leur rôle).
Des équipes de CMP constituées de soignants formés à l’écoute, capables de soutenir et de dialoguer avec les familles, et pouvant accompagner les malades dans leur « vie dans la cité ».

– Une plus large ouverture des CMP, tant en horaires qu’en jours, et une permanence téléphonique 24 heures sur 24.

– L’organisation de déplacements, en cas d’urgence, d’une équipe de CMP, afin que le patient, déjà dans une souffrance exacerbée, soit mis en état de confiance et immédiatement pris dans une structure de soins.

– Un échange et une communication, lorsque le malade vit hors hôpital, entre le CMP et la famille, afin d’assurer un suivi et une attention communs et cohérents.

Concernant les professionnels

– Révision à la hausse du numerus clausus de la spécialisation en psychiatrie.

– Le rétablissement d’une formation d’ « infirmiers psychiatriques » (formation qui avait été supprimée en 1992). Les infirmiers ont un rôle « pivot » dans le soin, et souvent ceux qui sont en poste actuellement ne savent même pas ce que le terme « psychose » signifie au niveau clinique.

– Bonne gestion budgétaire ne veut pas dire moyens réduits et rapidité d’action menant à la contention, solution facile et rapide. Cela induit des coûts en souffrance qui, eux, ne sont pas chiffrés –ni chiffrables. Ce n’est pas du soin.

– Une augmentation du nombre de logements thérapeutiques ou de solutions de logements dans la cité, afin de répondre aux besoins réels des patients.

– La création de lieux d’accueil et de soins au long cours pour les personnes souffrant de troubles psychiques importants, pendant la période où ils n’auraient leur place ni à l’hôpital ni dans des logements thérapeutiques.
Ces espaces seraient des lieux dans lesquels des équipes soignantes pourraient travailler sur le long terme, et prodiguer une attention réelle et humaine aux patients en grande souffrance, à l’instar des institutions existantes qui pratiquent la psychothérapie institutionnelle. Les personnes en grande souffrance pourraient ainsi s’y reconstruire, le temps nécessaire.

D’une manière générale

– Une réflexion sur ce qu’est la souffrance psychique.

– L’emploi du terme « usagers », qui est inadapté. Euphémisme peut-être louable, il cache une réalité douloureuse : celle de personnes qui utilisent ces structures de soins et qui n’ont pas le choix, car souffrant de maladie. Ce qui les différencie de ceux qui souffrent de « mal-être » et qui suivent une filière de soins aussi et qui, eux, sont effectivement des usagers. Faire cet amalgame est dangereux, car pouvant induire une banalisation de la maladie mentale.

– Le soin, c’est de l’écoute, c’est de la parole, c’est de l’attention. Cela demande du temps, cela demande des efforts et de l’implication aux soignants, mais si cela mène à moins d’hospitalisations et surtout permet d’éviter des allers-retours hôpital-maison parce que les patients reçoivent un « vrai » soin et une vraie attention, ce seront au final des économies énormes pour l’Etat.

En conclusion

Si l’on parle de rénovation du secteur, il faut penser l’organisation des soins psychiatriques à partir d’une proximité sur le terrain qui facilite la mise en place des soins, du suivi dans la durée, du dialogue avec les proches et évite d’avoir recours aux urgences psychiatriques (qui représentent un moment traumatisant pour tous).

Fermer des lits (50 000 depuis quelques années), sans penser à des structures adaptées ou à un accompagnement approprié qui soutiendrait les patients dans une transition entre hôpital et autonomie revient à une non-assistance à personnes en danger avérée vis-à-vis de personnes reconnues « fragiles ».

Si une telle organisation demande des moyens financiers (nombre de soignants, formation à l’aspect relationnel des soins, locaux…), elle ne sera pas plus onéreuse pour l’Etat que tout ce qui est mis en place actuellement et qui, sous prétexte d’être efficace, devient « inhumain » et peut avoir des conséquences dramatiques pour les patients et pour les familles.

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> Connaître n’est pas mesurer

Nous proposons à la réflexion cet article

Connaître n’est pas mesurer

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 27.01.2014

Tout a peut-être commencé chez de très lointains ancêtres avec la récupération des « restes » des repas destinés à être consommés le lendemain, y compris sous la forme élaborée de soupes ou gratins. Eviter le gaspillage : qui ne souscrirait à un tel principe ? Puis on a affiné, innocemment, des outils mathématiques pour rechercher « l’efficacité » : recherche opérationnelle, optimisation discrète ou continue, etc.

Il devint alors nécessaire de quantifier : les ressources disponibles, leur utilisation, le comportement des utilisateurs. Peu à peu s’est répandue la croyance naïve que tout est mesurable et quantifiable, voire que c’est la seule manière d’appréhender le réel. Une manière de prendre au pied de la lettre l’expression attribuée au philosophe français
Léon Brunschvicg (1869-1944) : « Connaître, c’est mesurer » qui a inspiré, à rebours, le titre de cet article (1).

C’EST AINSI QUE FURENT INVENTÉS LES INDICES…

Comme – heureusement – beaucoup de choses échappent à la mesure ou à la quantification, on décida d’inventer puis d’appliquer de force des critères paramétriques à des objets non clairement mesurables : de manière politique avec, par exemple, la notion de « pollueur payeur » ou de manière économique avec, imaginons, des objectifs ou injonctions de « rendement ». C’est ainsi que furent inventés les indices. Destinés au début à contourner l’oxymore de la « quantification de la qualité », ils devinrent progressivement sacro-saints. Personne ne remet en cause (ou si peu) la
fabrication de ces indices, encore moins leur existence, ni même leur fondement épistémologique. Interrogeons nos voisins d’autobus : savent-ils (savons-nous) comment sont calculés l’indice du coût de la vie, le salaire moyen des Français ou l’espérance de vie ? Et même si beaucoup sentent confusément les manipulations insensées des instruments de « mesure », personne ou
presque ne remet en question l’idée même que l’on puisse vraiment mesurer tout et n’importe quoi. Pire, les idées véhiculées par l’exploitation de ces indices s’enracinent dans notre pensée : un seul exemple, il a tellement été martelé que le salaire moyen des fonctionnaires était supérieur au salaire moyen des autres salariés que ceci est communément
admis comme un dogme, sans même qu’il soit possible de faire remarquer que le calcul n’est jamais fait « à diplôme égal »…

L’IDÉOLOGIE ILLUSOIRE DE L’ÉVALUATION QUANTITATIVE

Tant que ces questions restaient dans le domaine de l’industrie (comme optimiser la découpe de vêtements dans une pièce de tissu), elles n’affectaient qu’indirectement la vie de tous les jours, sauf peut-être hélas celle des travailleurs soumis à des objectifs de rendement dont nous nous souvenons bien (notamment le chronométrage du temps passé aux toilettes). Mais voilà que ces indicateurs débordent dans des domaines où leur utilisation est encore plus illégitime : classement de Shanghaï des universités, rentabilité des services publics, mesure du bonheur et autres fariboles, sornettes et billevesées.

Dans le domaine académique, l’idéologie illusoire de l’évaluation quantitative – et l’un de ses corollaires, l’utilisation aveugle de la bibliométrie – a été dénoncée à maintes reprises (voir par exemple le numéro 37 de la revue Cités, www.cairn.info/revue-cites-2009-1.htm (http://www.cairn.info/revue-cites-2009-1.htm) ), mais continue hélas à être prise au sérieux par ceux-là mêmes qui ont les outils intellectuels pour en montrer l’inanité.
Entendons-nous bien : il ne s’agit pas, comme essaient de le faire croire ceux qui veulent imposer ces indices, de prôner un laisser-faire ou laisser aller général dans des domaines qui seraient ainsi privilégiés, mais de comprendre que non seulement ces « calculs » n’ont pas grand sens, mais encore qu’ils favorisent des comportements qui sont de fait nocifs pour la communauté tout entière et qui aboutissent à l’opposé du résultat recherché.

EFFETS PERVERS

Le délicieux livre de Maya Beauvallet Les Stratégies absurdes. Comment faire pire en croyant faire mieux (Seuil, 2009) donne plusieurs aperçus des effets pervers de l’utilisation d’indices et mesures : ainsi, pour tenter d’éviter que les parents ne viennent à la crèche trop tard pour chercher leurs enfants, le directeur décide que les retardataires paieront une amende
proportionnelle à leur retard ; et aussitôt les retards explosent : les parents ont calculé que l’amende leur coûtait moins cher qu’une baby-sitter ! Ou bien, pour favoriser le don du sang dans un pays, on décide de rémunérer les volontaires ; et les dons s’effondrent : ceux qui donnaient leur sang sont choqués qu’on puisse rémunérer ce qui, pour eux, relève de la solidarité humaine et s’abstiennent désormais, tandis que les autres trouvent que la rémunération est largement insuffisante et ne modifient pas leur comportement.
Naturellement, la mise en place et la « sanctification » de ces indices ne sont possibles que grâce à la complicité, volontaire ou pas, des individus à qui on les applique. Même lorsque ces derniers pourraient avoir le choix de contester le bien-fondé ou l’utilisation de ces critères quantitatifs, ou même lorsqu’ils en comprennent parfaitement le fonctionnement pervers, ils les acceptent, par passivité, de peur de déplaire aux « décideurs » ou parce qu’ils comptent bien tirer leur épingle du jeu… au détriment de leurs pairs.

« EXPERTS » AUTO-DÉCLARÉS AUX CONTREMAÎTRES EMPRESSÉS

Plus grave, s’il est possible, est l’émergence de plusieurs catégories d’agents, tout aussi illégitimes que les calculs qu’ils prétendent imposer : des « experts » auto-déclarés aux contremaîtres empressés (pour utiliser un mot désuet, même si le concept de la contremaîtrise n’a jamais été aussi présent), des gouvernements utilisant des chiffres choisis uniquement pour confirmer leur prise de décision idéologique aux vérificateurs maniaques de bas étage.
Le choix de ce dernier vocable, volontairement péjoratif, a pour but de dénoncer la « caporalisation » de la société dont nous voyons les progrès chaque jour : une fois la mesure (ou l’indice) choisie et son infaillibilité posée en principe absolu et incontestable, se développe toute une confrérie d’adorateurs de l’indice qui, sous couvert de respecter les critères d’optimisation venus « d’en haut », donnent libre cours à leur autoritarisme haineux, faux prophètes d’une religion qu’ils cherchent à imposer comme une eschatologie ou un messianisme prétendument aussi souhaitables qu’inévitables.

Jean-Paul Allouche est mathématicien, directeur de recherche au CNRS.

(1) L’expression « Connaître, c’est mesurer » est attribuée à Léon Brunschvicg ; nous n’avons pas retrouvé la référence précise, mais, dans « La Philosophie de l’esprit » (PUF, 1950), Brunschvicg écrit : « Cette condition de mesure est préalable à toute conception, à tout langage, même d’ordre scientifique : “Je dis souvent, écrit Lord Kelvin, que si vous pouvez mesurer ce dont vous parlez et l’exprimer par un nombre, vous savez quelque chose de votre sujet, mais si vous ne pouvez pas le mesurer, si vous ne pouvez pas l’exprimer en nombre, vos connaissances sont d’une pauvre
espèce et bien peu satisfaisantes.” »

Le supplément « Science & médecine » du journal Le Monde.

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> Halte à la destruction d’un secteur Pilote

Halte à la destruction d’un secteur Pilote

L'administration de l'Hôpital Sainte Anne a décidé de rassembler sur un seul site, l’Institut de Puériculture de Paris (IPP) toute la pédopsychiatrie du Centre Hospitalier Sainte Anne (CHSA).
Concentrer sur un seul site, dans un projet unique, un axe pédopsychiatrique d’expertise non sectorisé et un axe pédopsychiatrique de soins sectoriels est un non sens en termes de complémentarité et d’articulation et va à l’encontre de l’esprit du secteur (cf circulaires de 1960 et 1972).
Le secteur de pédopsychiatrie du 14ème arrondissement s’est organisé en ayant des centres de consultations distincts tout en étant assez proches les uns des autres. Ces centres de consultation sont de petite taille, ou des maisons de quartier, recherchant la contenance et la sécurité nécessaires aux enfants accueillis tout en effectuant un travail de proximité facilitant l'accès aux soins des enfants et l'accompagnement de leur famille. Cette inscription au sein de la vie locale lui permet de tisser des liens de soutien et de complémentarité avec les différents partenaires que l'enfant rencontre dans son parcours de soin.

La Circulaire du 16 mars 1972 complète la circulaire du 15 mars 1960 et précise la raison d'être du secteur psychiatrique infanto juvénile en revendiquant l'originalité des objectifs et des moyens exigés pour l'approche des enfants et des adolescents dans leur milieu de vie habituel : « celui-ci n'est pas pure entité abstraite et statique mais il se définit par l'action d'une équipe dans un aire géographique donnée dont la situation, la délimitation sont en rapport direct avec la nature des besoins à satisfaire et des actions à entreprendre….. Cette limitation des distances permet également à une équipe médico-sociale, grâce à des déplacements restreints, non seulement d'avoir un meilleur rendement, mais aussi de prendre en charge des institutions diversifiées et implantées en des endroits distinct. »

Ce déménagement, concentrant l'ensemble de l'offre de soins sur la porte de Vanves, sans aucun projet médical et dans des locaux en l'état, avec l'attribution au 3ème étage de boxes de consultation le long d'un couloir borgne, va à l’encontre des missions de Secteur qui sont actuellement assurées au quotidien sur le terrain dans la complémentarité et à la satisfaction des patients, de leurs familles et des partenaires : écoles, collèges, lycées, services sociaux, médecins libéraux, PMI, MDPH.

La circulaire conteste la création de « complexes d'établissements » tel celui que Sainte-Anne est en train d’effectuer sur le site de l'IPP à travers le projet « Nouvel IPP Centre Référence Enfance » : « par le jeu de groupements, on ne peut être amené à envisager la création de « complexes d'établissements » importants ce qui n'est pas sans risque. Il faut éviter les groupements humains trop considérables sur une même assiette géographique, surtout si elle est restreinte.
On palliera cet inconvénient par un fractionnement de l'ensemble en des points géographiques distincts quoique assez proches les uns des autres, tout en maintenant l'unité de gestion. »

Afin de réaliser ce projet « Nouvel IPP centre Référence Enfance », un déménagement initial doit s’appliquer dès juillet 2014, aux unités de soins sectoriels implantées dans différents lieux du 14ème arrondissement.
Cette décision de l'administration de l'Hôpital Sainte Anne donne à penser qu'on pourrait se passer de la circulaire du 15 mars 1960 alors que le rapport d'information par la commission des affaires sociales en conclusion des travaux de la mission sur la santé mentale et l'avenir de la psychiatrie présenté par M. Denys Robiliard souligne que la prise en charge organisée autour du « secteur » est toujours un dispositif novateur.

Il est urgent d’intervenir afin de s’opposer à ce déménagement initial, premier pas vers le démantèlement de l’intersecter du 14éme.

Voir l’extrait de la lettre adréssée à Claude Evin, parue dans Libération
jeudi 23 janvier 2014 –

Il faut garder une psychiatrie de proximité

Par Sandrine Deloche pédopsychiatre et Yann Diener psychanalyste, pour le Collectif 14

Ernesto est l’enfant fou et génial de la Pluie d’été, publié par Duras en 1990. Ernesto est en retard sur certaines choses, en avance sur d’autres. Il est «dans sa bulle». Il refuse d’aller à l’école, «parce qu’on y apprend des choses qu’on ne sait pas». Ernesto aurait pu bénéficier de consultations au centre médico-psychologique (CMP) de son quartier. Les CMP font partie des secteurs de pédopsychiatrie mis en place dans les années 70 : structures extra-hospitalières, lieux d’accueil à taille humaine, loin de l’asile, ils sont inscrits dans la ville. Les enfants et leurs parents y viennent plus facilement qu’à l’hôpital, à la recherche d’une adresse pour parler des angoisses, des traumatismes, des difficultés scolaires et autres cauchemars qui peuvent compliquer la vie jusqu’à la rendre impossible. Le travail des équipes de secteur se fait en partenariat avec les écoles spécialisées, les hôpitaux de jour, les jardins d’enfants, dans un maillage local qui permet d’appréhender la complexité d’un symptôme dans son contexte. La proximité avec le lieu d’habitation de l’enfant et de sa famille permet ce travail d’orfèvre, sans lequel bien des instituteurs ne tiendraient pas longtemps, sans lequel la violence des adolescents serait encore plus vive.
Mais aujourd’hui, les agences régionales de santé (ARS) poussent les hôpitaux à faire des économies sur ce réseau extra-hospitalier qui a un coût. Pour tenter d’équilibrer son budget étranglé par l’ARS, l’hôpital Sainte-Anne s’apprête à démantibuler l’historique et symbolique intersecteur infanto-juvénile du XIVe arrondissement de Paris, créé et tissé pendant plus de trente ans, par Michel Soulé, Yann du Pasquier, Jean Bergès et beaucoup d’autres. Le CMP des 6-12 ans est ainsi en passe d’être fermé, et son personnel affecté à un bloc hospitalier excentré. Cela aura pour effet de démanteler les pratiques de proximité et de rompre les parcours de soin, que l’ARS est pourtant censée garantir. Ces économies à court terme auront, à long terme, un coût énorme pour la santé publique.
Nous avons affaire à une politique hospitalière qui tente de faire passer une pure opération gestionnaire pour un projet d’expertise : un soi-disant «pôle référence enfance» avec mutualisation des moyens. «Mutualisation des moyens» : une expression de la novlangue administrative pour ne pas dire fermeture de postes, appauvrissement du travail, isolement des équipes. Une régression qui va avec un alignement sur les méthodes comportementalistes : la psychanalyse est attaquée en même temps que le secteur, la parole des patients et des équipes se referment. Ce qui se profile à l’horizon de ces fusions-mutualisations, c’est une régression au temps où l’on saucissonnait les enfants pour traiter leurs «troubles» hors de leur contexte, selon une conception mécaniste et localiste du symptôme, qui réduit les intervenants à des techniciens spécialisés et cloisonnés.
Les professionnels de la santé, qui se réfèrent à la psychanalyse, doivent tenir sur la conception qu’ils se font du symptôme comme d’une vérité à entendre. Nous devons tenir sur nos pratiques pour que les symptômes des enfants, comme des adultes, puissent encore leur servir à dire non, et pour que nos interventions (et nos institutions) ne servent pas à les museler. Lorsqu’ils refusent la place qui leur a été assignée, les enfants comme Ernesto nous apprennent à dire non. Monsieur Evin, directeur de l’ARS de l’Ile-de-France, peut encore dire non : ne pas laisser faire le démantèlement d’un maillage nécessaire à la parole de ces enfants qui déjà ne la prennent pas facilement. Vous pouvez empêcher la fermeture de ces espaces de parole et de soin nécessaires au lien social.

Pour soutenir le collectif 14, une pétition est en ligne :

http://www.petitions24.net/defendons_les_droits_des_patients_aux_soins_de_secteur

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Audition à l'Assemblée Nationale du collectif alternatif formation à l'initiative des 39

« Dans la suite des Assises sur l’hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social qui se sont tenues à Villejuif les 31 mai et 1er juin dernier, nous avions décidé de former le collectif alternatif formation. Nous nous sommes réunis le 16 novembre dernier afin de créer un réseau et d’élaborer des propositions en vue de l’audition avec la Mission d’information sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie (MISMAP). Denys Robiliard, le rapporteur de la mission nous a auditionnés hier. Ci joint les propositions qui lui ont été faites. »

Propositions pour les formations initiales
Collectif alternatif formation

– Formation initiale des psychiatres

o insister sur le partage des pratiques comme vecteur de formation, d’enseignement, de recherche et de transmission : supervision, groupe de partage d’expérience
o Valoriser la spécificité de la psychiatrie au sein de la médecine : pour la maquette de formation des internes privilégier les stages en psychiatrie (plutôt que la mise en place des stages hors filières en neurologie et en pédiatrie) dans les services de secteur et pas préférentiellement dans les secteurs universitaires
o Valoriser la dimension psychothérapique de l’exercice de psychiatre, dans sa dimension de psychothérapie individuelle, de psychothérapie de groupe et de psychothérapie institutionnelle
o Valoriser les formations indépendantes de l’industrie pharmaceutique
o Valoriser la recherche en sciences humaines et la recherche fondée sur l’expérience de la pratique quotidienne

– Formation initiale des médecins généralistes

o 20 à 25% des consultations de médecine générale touchent à des problèmes psychiques
o Mettre en place pour chaque interne de médecine générale, une possibilité de stage en psychiatrie (6 mois) avec préférence sur le dispositif ambulatoire de secteur (activités d’accueil, d’orientation et de consultations) afin de sensibiliser les futurs généralistes aux problèmes psychiatriques fréquents et de
limiter le recours à la prescription de psychotrope (valoriser les lieux de stages indépendants de l’industrie pharmaceutique)
o A défaut d’un stage : possibilité de mettre en place une consultation régulière durant l’internat (lors des demi-journées de formation hebdomadaire qu’ont les internes dans leur cursus) pour valoriser la dimension psychothérapique et le travail dans la durée.
o Privilégier le partage d’expérience à partir des groupes Balint (partage d’expériences entre pair visant à aborder les difficultés dues à la maladie, au malade, au médecin dans la relation thérapeutique)

– Formation initiale des infirmiers

o Mettre en place une formation spécifique pour les étudiants se destinant à la psychiatrie à partir de la deuxième année de formation une orientation sur les acquisitions théoriques et pratiques lors de stages de psychiatrie (adulte, enfant, gérontopsychiatrie, addictologie…) pour un diplôme IDE avec orientation psychiatrique (et non une spécialisation infirmière prenant un ou deux ans de plus au diplôme d’Etat)

– Formation initiale des psychologues

o Valoriser une formation diversifiée ou les psychothérapies dans les différentes dimensions soient envisagées (tant individuelle, de groupe qu’institutionnel). Faire une place à l’enseignement spécifique de la psychanalyse puisque de nombreux UFR de psychologie clinique n’enseignent plus la psychodynamique et les thérapeutiques institutionnelles
– Formation initiale des éducateurs spécialisés
o Sensibiliser aux problématiques psychiatriques avec le partage d’expérience à partir du terrain (possibilité sous la forme de supervision ou de groupe de parole lors du cursus initial)

Argumentaire concernant l’exigence d’un diplôme en Y pour les infirmiers

L’instauration du diplôme unique en 1992 a mécontenté tous les soignants. Le contenu de celui-ci étant jugé insuffisant tant pour les infirmiers amenés à travailler en soins généraux que pour ceux travaillant en psychiatrie.
Ce nouveau diplôme a entrainé une réduction considérable des heures de cours de psychopathologie, psychanalyse, psychologie, soins infirmiers en psychiatrie etc.
Par ailleurs, précédemment l’essentiel des stages étaient effectués dans des services de psychiatrie, le nouveau diplôme ne prévoyait plus qu’un stage obligatoire : soit en psychiatrie ou en gériatrie. Et un autre : soit en pédopsychiatrie ou en pédiatrie.
Ainsi un certain nombre d’infirmiers ont pu obtenir leur diplôme sans n’avoir jamais effectué de stage en psychiatrie.
Cette insuffisance particulièrement criante en psychiatrie à obligé le ministère à la reconnaitre à de multiples reprises (uniquement pour la psychiatrie et pas pour la MCO) au travers de circulaires, préconisant, puis obligeant : les infirmiers primo arrivant en psychiatrie à suivre une formation complémentaire dans le cadre de la formation continue, afin de pallier au manque de bases en psychopathologie et d’approche psychodynamique (psychanalyse, psychothérapie institutionnelle…) les établissements à mettre en place un dispositif de tutorat de ces primo arrivant par des infirmiers séniors, aptes à leur transmettre, pour palier le manque de stages en psychiatrie durant la formation initiale par la transmission in situ des savoirs faire et des compétences acquis des anciens « ISP » (Infirmiers de secteur psychiatrique).
Cette situation s’est encore aggravée avec l’instauration de la nouvelle formation universitaire des IDE. Du fait d’une nouvelle amputation des temps de cours consacrés à la psychopathologie et aux soins infirmiers en psychiatrie.

Pour compenser ce déficit de formation depuis 1992 un débat oppose les tenants de la spécialisation aux tenants de la spécificité.
L’intérêt de la spécialisation serait une reconnaissance statutaire et financière de ces infirmiers spécialisés en psychiatrie au même niveau que les IBODE (infirmiers de Bloc opératoire). Mais dans la mesure où tous les infirmiers exerçant en psychiatrie n’auraient pas obligatoirement cette spécialisation, cela ne règlerait pas la question de la formation adaptée au champ de la psychiatrie pour tous les infirmiers exerçant en psychiatrie.
La spécificité permettrait de redonner à chaque infirmier exerçant en psychiatrie une formation adaptée. De même que la formation des infirmiers exerçant en MCO serait, du coup, elle aussi revalorisée.

Suite aux Etats Généraux de la psychiatrie de 2003, cette question a été travaillée par un certain nombre de syndicats et d’associations aboutissant à l’élaboration d’une proposition de diplôme en « Y » soutenue par les associations Serpsy et CEMEA et par les fédérations CGT, SUD et FO.
Ce diplôme comprendrait une première année commune puis l’étudiant choisirait une option, soit Psychiatrie, soit MCO. A terme on pourrait même envisager une formation en « chandelier » en augmentant les options possibles (santé publique, gériatrie,…).
Après la première année commune de formation tous les étudiants étudieraient l’ensemble des « systèmes » somatiques et l’ensemble de la psychopathologie. Mais l’étudiant étudierait de manière plus approfondi l’option choisie. De même que l’essentiel des stages s’effectueraient dans ce champ.
Lorsque l’infirmier souhaitera changer de champ, il bénéficiera d’un dispositif d’adaptation comprenant des formations complémentaires et un tutorat, équivalent à ce qui se fait actuellement pour les primo arrivants en psychiatrie.

Voir les textes complet sur le site d’UTOPSY

http://www.utopsy.fr/IMG/pdf/proposition_pour_la_formation_collectif_alternatif_formation_-_collectif_des_39.pdf

http://www.utopsy.fr/IMG/pdf/audition_mismap_collectif_alternatif_formation_-_collectif_des_39.pdf

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> On ferme une UHTC alors qu'il faudrait en créer !

Communiqué du Collectif des 39 – « Quelle hospitalité pour la folie ? »

à propos de la destruction d’une unité d’hospitalisation pédopsychiatrique temps plein au CHU de St Etienne (Loire).

On ferme une UHTC alors qu’il faudrait en créer !

La pédopsychiatrie a vocation à apporter une réponse à toutes situations nécessitant des soins psychiques appropriés aux troubles présentés par chaque enfant.

Le manque crucial de places d’hospitalisation à temps complet en France ne permet pas d’assurer une hospitalité suffisamment bonne à de nombreux enfants. Dans la plupart des secteurs de pédopsychiatrie, les enfants très malades qui ont été soumis a des traumatismes relationnels précoces, sont abandonnés par les équipes de soin en ambulatoire qui n’ont pas à leur disposition les unités d’hospitalisation à temps complet qui leur conviendraient. Ces enfants sont surnommés les « incasables ».
Pour une fois qu’un service de pédopsychiatrie, dépendant du CHU de Saint-Etienne, assumait sa mission en développant une « clinique spécifique » concernant la psychopathologie des enfants protégés par l’ASE malades pédopsychiatriquement parlant et alors que de nombreux services de pédopsychiatrie ont du mal à les soigner, cette pratique se voit condamnée.
Or elle représente une exception souvent mal comprise mais novatrice dans ce domaine. De telles compétences, une telle expérience sont en train d’être cassées, rejetées.

En créant une Unité d’Hospitalisation à Temps Complet (UHTC) ainsi qu’un accueil familial thérapeutique (AFT), unités adossées à deux hopitaux de jour recevant les enfants en journée complète, nous ne pouvons qu’être consternés d’apprendre que l’ensemble de ce dispositif est remis en question comme la dénonciation par le CHU de la convention le liant au Conseil général.

Ces possibilités d’hospitalisations et de suivis doivent être préservés, reconnus et développés, car tous les secteurs de pédopsychiatrie devraient avoir un panel d’outils semblable à celui mis en place à Saint-Etienne, ce qui est bien loin d’être le cas.

L’administration du CHU de Saint-Etienne aurait-elle trouvé qu’il n’était pas productif de s’occuper des enfants de cette tranche d’âge-là (3-12 ans) car ils seraient encore trop jeunes pour représenter un danger pour autrui? Que ces unités, indispensables dans le champ de la santé publique de l’enfance, soient actuellement menacées dans leur existence par une gestion qui se montre aveugle à la valeur de ces dispositifs de soin spécifiques est tout simplement scandaleux.

Actuellement, d’autres structures sont menacées de fermeture : le CMP du 14ème arrondissement de Paris, l’école de Bonneuil…etc. Leur point commun avec le service de pédopsychiatrie de Saint-Etienne est qu’elles sont aussi des structures alternatives, des lieux singuliers, alors que nous sommes dans une période d’homogénéisation et de regroupement des structures.

Afin de lutter contre la suppression de l’AFT et des hôpitaux de jour, le Dr Maurice Berger, qui a dirigé ces unités pendant 34 ans, demande de l’aide en appelant à écrire à 6 personnes en plus de lui-même (cliquez sur ce lien pour avoir accès à sa lettre).

Nous demandons la réouverture de l’Unité d’Hospitalisation fermée en juillet ainsi que le maintien des Hôpitaux de Jour et de l’Accueil Familial Thérapeutique qui seraient actuellement gravement menacés.

Paris, le 25 novembre 2013

Un lien vers un article de presse sur la situation:
http://www.ouest-france.fr/chu-saint-etienne-soutiens-mondiaux-au-service-de-pedopsychiatrie-ferme-1726320

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